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Ligue des droits de l'Homme

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Archives de l'auteur : psenegas

Appel urgent à vous retirer du projet Mozambique LNG de TotalEnergies et à appeler à l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur les violations des droits humains qui auraient été commises en lien avec le site d’Afungi. 26 janvier, 2025

Appel à se retirer du projet Mozambique LNG de TotalEnergies et à appeler à l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur les violations des droits humains
Appel à se retirer du projet Mozambique LNG de TotalEnergies et à appeler à l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur les violations des droits humains
Appel à se retirer du projet Mozambique LNG de TotalEnergies et à appeler à l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur les violations des droits humains

Appel à se retirer du projet Mozambique LNG de TotalEnergies et à appeler à l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur les violations des droits humains

Lettre ouverte de 126 organisations de la société civile du monde entier, dont la LDH, aux financeurs du projet de TotalEnergies Mozambique LNG

La présente lettre fait suite à celle que nous vous avions adressée il y a un an – le 16 novembre 2023 –, dans laquelle nous exposions les raisons pour lesquelles votre participation financière au projet de TotalEnergies Mozambique LNG devrait être reconsidérée. Un grand nombre des problèmes et des impacts que nous avions soulevés n’ont pas été résolus ou se sont aggravés. Un an plus tard, la sécurité dans la région du Cabo Delgado et les processus démocratiques au Mozambique se sont détériorés, de nouvelles enquêtes ont révélés de graves violations des droits humains associées au projet, et les communautés dont la vie a été bouleversée ont été contraintes de manifester aux portes du site d’Afungi pour dénoncer la privation de leurs moyens de subsistances. Cette lettre détaille de nouvelles informations cruciales, et précise ce que nous attendons des institutions financières.

Fraude électorale, assassinats politiques et troubles civils

Le Mozambique est actuellement en proie à l’instabilité et à la répression, alors qu’ont lieu les « pires violences post-électorales jamais connues ». Cette situation a été déclenchée à la mi-octobre par des allégations de fraude électorale et l’assassinat brutal de deux personnalités de l’opposition. Des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer la justice électorale, mais les manifestants pacifiques ont été confrontés à une répression violente de la part de la police et de l’armée. Des restrictions ont été imposées sur internet, violant les droits humains et notamment les droits à l’accès à l’information et la liberté d’expression. Les manifestations se sont intensifiées, tout comme le niveau de violence infligé aux civils. Au 15 décembre 2024, 128 victimes et des milliers de blessés avaient été signalés, au moins 274 personnes avaient été blessées par balle, et environ 3 450 personnes avaient été arrêtées dans le cadre des violences électorales. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a « exhorté les autorités mozambicaines à prévenir et à mettre immédiatement fin à la violence et à la répression des journalistes, des avocats, des défenseurs des droits humains et des manifestants, et à veiller à ce que les responsables fassent l’objet d’enquêtes et de poursuites”.

La violence de l’État est manifeste dans le pays depuis des années, des escadrons de la mort assassinant des leaders de la société civile, des universitaires, des journalistes, des activistes, et réprimant violemment les jeunes qui manifestent. Des rapports font également état de détentions illégales, de tortures ou de « disparitions » de journalistes qui enquêtaient sur l’insurrection dans la province de Cabo Delgado, déchirée par le conflit, et où se trouve le projet Mozambique LNG. L’Institut d’études de sécurité (Institute for Security Studies, ISS) a averti : « La manipulation des élections par les organes de gestion électorale en faveur du parti au pouvoir paralyse la démocratie, érode la crédibilité des institutions et génère des violences post-électorales”. Le 13 décembre 2024, l’association du barreau du Mozambique a fait part de ses inquiétudes quant aux procédures suivies pour valider les résultats des élections et a appelé à un « recomptage des votes ou à leur annulation ». Les manifestations électorales sont un point de ralliement pour les jeunes du pays qui expriment leur désillusion à l’égard de leur gouvernement, mais il faut aussi reconnaître que les moteurs sont les mêmes que ceux de l’insurrection dans le Cabo Delgado. Dans la partie nord du pays riche en ressources, le niveau de privation de droits est particulièrement élevé, dans un contexte de marginalisation socio-économique qui dure depuis longtemps, et alors que des communautés entières ont été obligées de quitter leurs maisons et leurs moyens de subsistance pour faire place à des méga-projets tels que Mozambique LNG.
Il est important de noter qu’un certain nombre d’autres méga-projets à travers le pays ont été impactés par des protestations, notamment le projet gazier Pande et Temane de Sasol, l’exploitation de sables lourds de Kenmare Resources, la fonderie de Mozal Aluminium, l’usine de Safira Mozambique Ceramics, ainsi que deux centrales à gaz situées près du poste frontière de Ressano Garcia. Les manifestants privés de leurs droits ont érigé des barricades sur les routes et occupé un
chantier naval, entre autres actions. La mine de graphite Balama de Syrah Resources, dans la province de Cabo Delgado, a déclaré la force majeure le 12 décembre 2024, après des manifestations répétées des agriculteurs depuis novembre. Le processus de redémarrage du projet Mozambique LNG se déroule dans ce contexte instable de désillusion, de privation de droits, de protestation et de répression civique à l’échelle nationale, qui s’est développé au fil d’années de violence et de corruption de la part de l’État.

Révélations sur de potentiels violations des droits humains par les forces de sécurité publiques liées au projet

Fin septembre, Politico a publié un article faisant état d’un massacre présumé de civils, qui aurait été commis près du site d’Afungi à la mi-2021 par les forces de sécurité publiques. Ces allégations viennent s’ajouter à la liste des accusations de violations des droits humains liées au projet, avec des recherches qui démontrent l’inadéquation des processus de diligence raisonnable de TotalEnergies, et des procédures judiciaires et des enquêtes en cours. La plainte pénale déposée en 2023 contre TotalEnergies pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger lors de l’attaque terroriste dévastatrice de mars 2021 à Palma fait ainsi actuellement l’objet d’une enquête préliminaire du parquet français.
Dans son article, Politico fait état de violations présumées à l’encontre de civils commises entre juillet et septembre 2021, trois mois après l’attaque de Palma, qui a entraîné une militarisation accrue de la région et a conduit TotalEnergies à déclarer la force majeure sur le projet. Selon Politico, les troupes mozambicaines ont violemment agressé des civils qui cherchaient à se mettre à l’abri, et ont emprisonné les hommes dans des conteneurs d’expédition métalliques sans fenêtre, près de l’entrée du site de Mozambique LNG. Les hommes – 180 à 250 personnes – ont été détenus pendant trois mois, privés d’eau, affamés, battus, asphyxiés, torturés, poignardés et, enfin, la plupart d’entre eux ont « disparu ». L’équipe d’enquête estime que seuls 26 des prisonniers ont survécu. Les femmes auraient été soumises à des agressions sexuelles répétées et à des humiliations avant d’être libérées. Selon l’article, les troupes impliquées « ont mené leur opération de détention et d’exécution depuis la guérite de TotalEnergies » et le chef de l’unité aurait déclaré que sa mission était de protéger le « projet de Total ».
Entre août 2020 et octobre 2023, TotalEnergies a directement fourni de la nourriture, des équipements, des logements et des primes individuelles à la Joint Task Force (JTF) de l’armée mozambicaine, en vertu d’un accord selon lequel la JTF « assurerait la sécurité des activités du projet Mozambique LNG sur le site d’Afungi et dans la zone d’opérations plus large du projet ». Une évaluation réalisée en 2023 à la demande de TotalEnergies par Jean-Christophe Rufin a conclu que ce lien direct entre Mozambique LNG et l’armée mozambicaine « aurait pour effet […] de faire du projet une partie au conflit. En novembre 2024, Le Monde et SourceMaterial ont rapporté que TotalEnergies était au courant que les troupes de la JTF étaient  » accusées d’avoir violé, enlevé et tué des civils ». Les articles rapportent des détails provenant de rapports internes de TotalEnergies et Mozambique LNG – 13 fichiers, 423 pages – datés entre mi-2020 et fin 2022, qui ont été partagés avec la banque publique italienne Cassa Depositi e Prestiti, et potentiellement avec d’autres institutions financières impliquées dans le projet. Selon l’article, des documents datant de 2021 révèlent que « les principales préoccupations des leaders de la communauté étaient l’intimidation, l’extorsion et la violence » et que « les résidents signalaient régulièrement des violations des droits humains, notamment des actes de tortures, d’emprisonnements et des disparitions commis par la task force ». Les violations auraient également touché les habitants du “resettlement village” de Quitunda, situé sur le site gazier d’Afungi. Il convient de noter que dès 2021, Amnesty International avait accusé les forces de sécurité publiques et privées de crimes de guerre dans le cadre d’autres incidents violents.
En réponse à Politico, le ministère mozambicain de la défense nationale « regrette et réfute catégoriquement les allégations » et s’est déclaré « totalement ouvert et disposé à accepter une enquête transparente et impartiale ». Le Parlement européen a demandé aux autorités mozambicaines de fournir « des éléments de clarification afin de faire la lumière sur les événements décrits dans l’article ».
Mozambique LNG a publié une réponse aux allégations de l’article de Politico, dans laquelle il affirme n’avoir identifié aucune information corroborante, bien qu’elle ait maintenu des canaux de communication avec les communautés locales au cours de cette période. L’analyse confirme la présence de la JTF pendant cette période : « Les installations terrestres dédiées aux projets étaient protégées par une force de sécurité composée de soldats et d’officiers de police (Joint Task Force ou JTF) dont la fonction était de protéger la péninsule d’Afungi ». L’entreprise a demandé aux autorités mozambicaines d’ouvrir une enquête.

Cette analyse soulève des questions essentielles :
● Si Mozambique LNG – projet dont TotalEnergies est l’opérateur et le principal actionnaire – ignorait réellement les violations qui auraient été perpétrées par les forces de sécurité qu’il payait, quelles leçons en tirer quant à sa capacité à prévenir efficacement des violations aussi graves des droits humains ?

La déclaration de TotalEnergies selon laquelle elle n’a pas été informée du massacre présumé a-t-elle pour but d’éviter de rendre des comptes ?
Par ailleurs, toute enquête menée par le gouvernement mozambicain ou TotalEnergies poserait des questions évidentes d’indépendance : l’objectivité et la crédibilité des résultats seraient définitivement entachée.

Appel urgent à une enquête indépendante :

Nous lançons un appel urgent pour qu’une enquête internationale indépendante soit immédiatement ouverte sur la série d’atrocités révélée par Politico et qui auraient été commises près du site d’Afungi de Mozambique LNG par des forces de sécurité publiques agissant au service de l’entreprise. Nous demandons que cette enquête indépendante soit menée par un mécanisme intergouvernemental international ou régional de défense des droits humains – tel que le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) et la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples – dans le but de garantir la justice et la vérité pour les victimes, ainsi que la sécurité des survivants, des familles et des témoins. Le travail d’un organisme de défense des droits humains reconnu officiellement au niveau international et régional, doté de l’expertise et du mandat requis, est essentiel à la protection des victimes et des témoins.

Violations en matière de réinstallation et de compensation des communautés affectées par le projet

Dans un élan de courage, les communautés d’Afungi ont exercé leur droit constitutionnel pour exprimer leur mécontentement à l’égard des agissements de TotalEnergies en ce qui concerne l’occupation de leurs terres et les paiements et accords de compensation. Pendant deux semaines en novembre 2024, les villageois, poussés par leur frustration et leur désespoir, se sont rassemblés devant les portes du projet Mozambique LNG dès les premières lueurs de l’aube, menant des actions directes en obstruant les entrées. TotalEnergies a fini par entamer des négociations avec deux des communautés, mais rien n’indique si l’entreprise a l’intention de trouver des solutions satisfaisantes et justes avec toutes les communautés concernées.
Le projet Mozambique LNG est tenu d’indemniser de manière adéquate les familles contraintes de quitter leurs maisons et leurs terres, ou affectées par des pertes économiques et de moyens de subsistance résultant de ces activités gazières. Le processus d’expropriation et de réinstallation s’est avéré complexe. Les Mozambicains ont des habitudes et des coutumes qui les rendent inséparables de la terre où ils sont nés, et attribuer une valeur monétaire à cette terre est culturellement inapproprié et injuste pour les familles. TotalEnergies a déclaré en mai 2024 que toutes les compensations avaient été versées. En juin 2024, l’ONG mozambicaine Justiça Ambiental! a reçu plus de 100 plaintes de familles demandant de l’aide sur des enjeux d’expropriation et d’indemnisation. Au cours des trois dernières années, les familles affectées par l’industrie gazière ont déposé environ 1 300 plaintes concernant leur indemnisation, et 800 plaintes concernant
l’attribution de champs, dont beaucoup restent irrésolues. Il s’agit notamment de familles des villages de Quitunda, Senga, Mangala, Macala, Maganja, Monjane et de cinq quartiers de Palma, qui cherchent une issue face au manque de logements, de machambas – terres agricoles – et à l’absence
partielle ou totale de paiements des compensations.
Les familles et les communautés sont dynamiques : par exemple, les enfants deviennent adultes et ont besoin de leurs propres terres pour leurs familles, et de nombreuses familles sont polygames. Le processus de réinstallation et de compensation doit être réévalué à la lumière de cela, ainsi que des changements dans les populations locales résultant du conflit. En outre, des échanges avec les personnes affectées ont révélé que certains pans des communautés étaient exclus des processus de compensation, par exemple les femmes qui exploitent les ressources côtières ou les pêcheurs qui ne possèdent pas de bateaux. Onze témoignages de personnes affectées, enregistrés en juin 2024, peuvent être consultés ici.
Pour les communautés affectées, la sécurité alimentaire est une préoccupation urgente. Les machambas ayant été prises pour le projet et l’accès à la pêche ayant été coupé ou limité, les familles produisent et récoltent moins de nourriture pour leur consommation domestique et ne tirent plus de revenus de la vente. L’insécurité régionale limite l’accès aux champs et au littoral. Des pratiques culturelles importantes n’ont pas été prises en compte, c’est le cas de la simple protection des manguiers qui sont une source alimentaire importante tout au long de l’année. Le coût des produits alimentaires commerciaux est élevé, et les indemnités versées ou les emplois mal rémunérés ne peuvent compenser la perte des moyens de subsistance d’une vie entière. Les personnes directement affectées par le projet sont ainsi poussées dans la pauvreté.

À l’occasion de conversations avec Justiça Ambiental!, les membres des communautés ont partagé qu’ils pensaient qu’en raison de la longueur du processus d’expropriation, des nombreuses interruptions et des plaintes restées sans réponse, le processus n’arriverait à son terme que parce que les communautés seraient épuisées par la contestation des irrégularités avec lesquelles elles sont obligées de vivre.

Présence continue de l’insurrection au Cabo Delgado

La sécurité au Cabo Delgado reste précaire, avec des activités des groupes insurgés signalées tout au long de l’année. Lorsque les manifestations électorales se sont intensifiées à la mi-octobre 2024, le gouvernement mozambicain a déplacé des troupes du Cabo Delgado vers la capitale de Maputo. Cela a entraîné une augmentation des attaques des insurgés, qui se sont intensifiées au cours du mois de novembre. Une attaque à proximité d’un avant-poste rwandais a entraîné la mort de 12 membres de la milice Namapara, un groupe de civils du Cabo Delgado dont on pense qu’ils enrôlent la population locale pour lutter contre l’insurrection. Les insurgés ont été dispersés en petits groupes à travers la province entre fin novembre et début décembre, et semblaient se concentrer sur leur
ravitaillement, avec un mort signalé.

En octobre 2024, plus de 700 000 personnes déplacées par la guerre ne pouvaient toujours pas rentrer chez elles, et de nouvelles vagues de violence ont entraîné de nouvelles vagues de personnes déplacées, bien que certains villages retrouvent un certain degré de normalité. Plus de 600 000 personnes déplacées par la guerre sont retournées dans leurs villages, mais sont confrontées à des difficultés considérables. Les services d’éducation et de santé s’affaiblissent et l’aide humanitaire est insuffisamment financée. Les personnes déracinées sont privées de maisons, de champs, d’aliments et médicaments sauvages, et de réseaux de soutien. Nombreux sont ceux qui ont été témoins ou victimes de violences brutales de la part des insurgés, et nombreux sont ceux qui subissent ou sont vulnérables à la violence sexiste et à l’exploitation sexuelle. Les forces militaires suscitent également la méfiance, comme l’explique le fait que plus de 13 % des actes de violence politique commis par l’armée mozambicaine depuis le début du conflit ont été dirigés contre des civils.
Le Centre pour la démocratie et le développement (Center for Democracy and Development, CDD) explique que le terreau de la violence armée dans la province est la pauvreté, le chômage, le désespoir et l’exclusion sociale, économique et politique des communautés du Cabo Delgado. Il semblerait que le recrutement des insurgés se fasse à partir d’une large base géographique, y compris les pays d’Afrique de l’est et les pays arabes, mais que les insurgés soient principalement
originaires du nord-est du Cabo Delgado. Selon l’Observatoire de l’environnement rural (Observatório do Meio Rural, OMR), les projets d’extraction n’ont pas amélioré les conditions de vie des populations affectées. « Cette situation alimente le sentiment que la province est riche en ressources naturelles, mais que celles-ci ne profitent pas à la population”.
Cabo Delgado a connu une augmentation de la militarisation, surtout depuis 2021, et en particulier autour des sites du projet gazier, avec des troupes de la Southern African Development Community (SADC), du Rwanda et d’autres pays renforçant l’armée mozambicaine (Forças Armadas de Defesa de Moçambique, FADM). La mission de la SADC au Mozambique s’est officiellement retirée à la mi-juillet 2024. Les forces rwandaises ont augmenté depuis mai 2024 environ, avec la présence de 4 000 hommes signalée en septembre 2024, et une petite force tanzanienne est également maintenue.
Les forces tanzaniennes s’efforcent d’empêcher les insurgés de pénétrer en Tanzanie, tandis que les forces rwandaises sont concentrées dans la péninsule d’Afungi et dans les villes de Palma et de
Mocímboa da Praia, afin de protéger Mozambique LNG. La milice Namapara est également présente dans certains districts.
Les insurgés s’adapteraient à la présence de l’armée, ce qui « risque d’étendre l’insurrection », comme en témoigne leur dispersion dans d’autres villes et districts. Selon le Centre d’intégrité publique (Centro de Integridade Pública, CIP) : « Cette situation génère des îlots de sécurité dans les zones sous influence des projets gaziers, où l’on peut considérer que la stabilité existe […], alors qu’à la périphérie l’insécurité persiste ».

L’OMR prévient que « l’action et l’avancée militaires sont importantes, car elles permettent de capturer des territoires et de limiter l’initiative des insurgés, mais si elles ne s’accompagnent pas d’opportunités économiques, de l’emploi des jeunes, de l’éducation, de la formation technique professionnelle et d’un espace de dialogue et de participation démocratique, nous aurons une situation de conflit armé prolongé et intermittent ». 

Les financiers de Mozambique LNG assumeront-ils leur responsabilité ?

En 2020, 31 institutions financières dont la vôtre ont pris part à des accords de prêt et se sont engagées à fournir un total de 14,9 milliards de dollars à Mozambique LNG. Nous, organisations de la société civile du Mozambique et du monde entier, savons que TotalEnergies a pris contact avec ces banques et agences de crédit à l’exportation afin de s’assurer de leur soutien renouvelé en vue d’une levée de la force majeure. Nous savons également que ce soutien renouvelé ne peut et ne doit pas se faire sans une réévaluation du projet.
Les partenaires financiers de ce projet sont responsables, aux côtés de TotalEnergies, des conséquences dévastatrices du projet pour le Cabo Delgado, le Mozambique et la communauté internationale. Le redémarrage du projet ne peut se faire sans votre soutien actif. Il est entre vos mains de garantir la justice pour les personnes affectées par ce projet, ainsi que pour les survivants et les témoins des violences perpétrées contre les civils. La force majeure vous donne l’occasion de reconsidérer votre participation à ce projet.

Compte tenu des éléments résumés ci-dessus, des impacts sévères pour les droits humains, et des risques réputationnels associés à Mozambique LNG :

nous demandons instamment à tous les financeurs du projet de soutenir l’appel à une enquête internationale indépendante sur le massacre présumé de civils qui aurait eu lieu près des installations gazières d’Afungi entre juillet et septembre 2021 ;
nous demandons à tous les financeurs de ne prendre aucune décision concernant la poursuite ou l’octroi d’un soutien financier à ce projet avant que tous les faits et responsabilités aient été examinés et que le résultat de cette enquête ait été rendu public ;

nous mettons en garde tous les financeurs et toutes les parties liées au projet contre les risques de continuer à soutenir un projet qui est lié à de graves violations des droits humains ; et

nous demandons à tous les financiers de renoncer publiquement à soutenir tout nouveau projet gazier au Mozambique, y compris Rovuma LNG et Coral North FLNG.

19 décembre 2024

Signataires :

Les Amis de la Terre France
Reclaim Finance

Justiça Ambiental! / Les Amis de la Terre Mozambique

Milieudefensie / Les Amis de la Terre Pays-Bas

Friends of the Earth Japan / Les Amis de la Terre Japon

Friends of the Earth US / Les Amis de la Terre États-Unis

Friends of the Earth Europe / Les Amis de la Terre Europe

BankTrack

Urgewald

ReCommon

Solutions for Our Climate

350.org
International
350Hawaii
United States
AbibiNsroma Foundation
Ghana
Accountability Counsel
International
ActionAid International
Global (HQ in South Africa)
ActionAid Italy
Italy
ActionAid Netherlands
the Netherlands
Action Justice Climat Paris
France
Africa Institute for Energy Governance
Uganda
Afrikagrupperna Sweden
Alofa Tuvalu France, Tuvalu
Amazon Watch
International
Andy Gheorghiu Consulting
Germany
AnsvarligFremtid
Denmark
Associação Academia Cidadã
Portugal
Attac Austria
Austria
Attac France
France
Bank Climate Advocates
United States / International
BankTrack
the Netherlands
BLOOM
France
Botshabelo Unemployed Movement
South Africa
BreakFree Suisse
Switzerland
Care For Environment
Cameroun
CCFD-Terre Solidaire
FRANCE
Center for Environment / Friends of the Earth Bosnia and Herzegovina
Bosnia and Herzegovina
Center for International Environmental Law (CIEL)
United States
Centre for Citizens Conserving Environment & Management (CECIC)
Uganda
Centre for Social Change
South Africa
Community Action Against Plastic Waste (CAPws)
Nigeria
Community Resource Centre (CRC)
Thailand
Corner House
United Kingdom
Counter Balance
EU (Belgium)
CRAAD-OI
Madagascar
Debt Observatory in Globalisation (ODG)
Catalonia/Spain
Don’t Gas Africa
Kenya
Earth Action, Inc.
United States
Earthjustice
United States
EKOenergy ecolabel
International
Environmental center for Development Education and Networking
(EDEN)
Albania
Environment Governance Institute Uganda
Uganda
Enviro Vito
South Africa
ETO Watch
Thailand
Extinction Rebellion France Carnage Total
France
Fair Finance International
International
For a Better Bayou
United States
Fossielvrij NL the Netherlands
Friends of the Earth Australia Australia
Friends of the Earth Canada
Canada
Friends of the Earth, England, Wales & Northern Ireland
United Kingdom
Friends of the Earth Europe
Europe
Friends of the Earth Ireland
Ireland
Friends of the Earth Japan
Japan
Friends of the Earth Spain
Spain
Friends of the Earth United States
United States
Génération Consciente pour l’Environnement et la Culture GCEC
Cameroun
Cameroun
Global Atlas of Environmental Justice (EJAtlas.org)
Spain / Global
Global Justice Now
United Kingdom
GreenFaith Africa
Kenya
Green leaf Advocacy and Empowerment Center
Nigeria
Greenpeace France
France
groundWork/ Friends of the Earth South Africa
South Africa
Gulf South Fossil Finance Hub
United States
Hawkmoth
the Netherlands
Innovation pour le Développement et la Protection de
l’Environnement
DR Congo
Instituto Natura
Peru
Japan Center for a Sustainable Environment and Society (JACSES)
Japan
Jordens Vänner – Friends of the Earth Sweden
Sweden
Jubilee Australia
Australia
Justiça Ambiental (JA!) / Friends of the Earth Mozambique
Mozambique
Just Share
South Africa
Kallop Humanitarian and Environmental Center
Nigeria
Lamu women alliance
Kenya
Laudato Si’ Movement Africa
Kenya
LDH (Ligue des droits de l’Homme)

Legal Rights and Natural Resources Center-Friends of the Earth
Philippines
Philippines
Les Amis de la Terre – Belgique asbl
Belgium
Les Amis de la Terre France
France
Les Amis de la Terre – Togo
Togo
Linha Vermelha – Red Line
Portugal
LUCSA- Infohut
Namibia
Marikana youth development organization South africa
Market Forces Australia
Matlhodi organization
South Africa
Mekong Watch
Japan
Milieudefensie
the Netherlands
MIMAMO
Mozambique
Money Rebellion
United Kingdom
Mothers Rise Up
United Kingdom
Mouvement écologique
Luxembourg
Natural Justice
South Africa
Natural Resource Women Platform (NRWP)
Liberia
New Environmental Justice Solutions
South Africa
NOAH – Friends of the Earth Denmark
Denmark
Nordic Center for Sustainable Finance
Denmark and Norway
Notre Affaire à Tous
France
Odeibea Foundation
Ghana
Oil Change International
United States
Peace Point Development Foundation (PPDF)
Nigeria
Positive Money
United Kingdom
PowerShift e.V.
Germany
Profundo
the Netherlands
Quest For Growth and Development Foundation
Nigeria
Rainforest Action Network
United States
RAPEN
Sénégal
Reclaim Finance
France
ReCommon
Italy
Recourse
International
Réseau Action Climat (RAC)
France
Réseau étudiant pour une société écologique et solidaire (RESES)
France
Re-set: platform for socio-ecological transformation
Czech republic
Rettet den Regenwald / Rainforest Rescue
Germany
Rural Communities Empowerment Trust
Zimbabwe
Scientifiques en Rébellion
France
SDI
Liberia
Shujaa-Initiative

Democratic republic of
Congo

Society for Women and Youths Affairs (SWAYA)
Nigeria
Society of Native Nations United States
Solutions for our Climate (SFOC) South Korea
South African Faith Communities Environment Institute (SAFCEI)
South Africa
South Texas Environmental Justice Network
United States
Stand.earth
United States & Canada
Sustainable Development Institute (SDI)
Liberia
The Mekong Butterfly
Thailand
Urgewald
Germany
Waterberg Women Advocacy Organization
South Africa
WeSmellGas
Belgium
Zehar-Errefuxituekin
Euskal Herria, Spain

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Source: Appel urgent à vous retirer du projet Mozambique LNG de TotalEnergies et à appeler à l’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur les violations des droits humains qui auraient été commises en lien avec le site d’Afungi.

Appel à un Rassemblement de Solidarité avec Sihem Ben Sedrine 26 janvier, 2025

Appel à un rassemblement de solidarité avec Sihem Ben Sedrine, soutenu par la LDH, le vendredi 24 janvier 2025, de 18h à 20h, devant la Fontaine des Innocents, place Joachim du Bellay, à Paris 75001 – Métro les Halles.

Le 14 janvier 2025, Sihem Ben Sedrine, 75 ans, ancienne présidente de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), a entamé une grève de la faim illimitée depuis la prison de Manouba pour dénoncer son incarcération arbitraire et les pressions politiques visant à discréditer la justice transitionnelle en Tunisie.

La LDH soutient l’appel du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) à :

  1. La libération immédiate de Sihem Ben Sedrine et des prisonnier.e.s politiques et d’opinion.
  2. La fin de l’instrumentalisation judiciaire à des fins répressives.
  3. Une mobilisation nationale et internationale pour défendre les droits humains et la démocratie en Tunisie.

En ce moment crucial, nous invitons tous les citoyen-ne-s, défenseur-e-s des droits humains et organisations à rejoindre le rassemblement de solidarité, pour soutenir Sihem Ben Sedrine et tous ceux qui luttent pour la dignité, la liberté et la justice.

L’histoire nous appelle à défendre les acquis de la révolution.

Ensemble, montrons que l’injustice ne triomphera pas.

Soyons nombreux-ses et solidaires

Source: Appel à un Rassemblement de Solidarité avec Sihem Ben Sedrine

80ème anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau 26 janvier, 2025

Rassemblement de mémoire et de mobilisation contre les héritiers du nazisme, soutenu par la LDH, le lundi 27 janvier 2025, à 18h, devant le Jardin mémorial des enfants du Vél’ d’hiv’ – 7 Rue Nélaton Paris 15e ( M° Bir-Hakeim)

La date du 27 janvier marque l’anniversaire de la libération du camp et centre de mise à mort nazi d’Auschwitz-Birkenau par les troupes soviétiques le 27 janvier 1945. Elle a été officiellement proclamée, en novembre 2005, Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah par l’Assemblée générale des Nations Unies.

En cette année 2025, nous commémorons le 80e anniversaire de la fin de la 2e guerre mondiale avec la défaite du nazisme. Le « Reich de 1000 ans » promis par Hitler aura duré 12 ans. Il a eu néanmoins le temps de déclencher la 2e guerre mondiale et de mettre en œuvre la Shoah et le génocide des Tziganes. Le dernier camp est « libéré » le 8 mai 1945; il s’agit de Theresienstadt/Terezin, en Tchécoslovaquie.

Nous nous rassemblons pour rendre hommage aux victimes et pour marquer notre détermination à lutter contre toutes les extrêmes-droites et contre toute forme de racisme et d’antisémitisme.

C’est d’autant plus d’actualité au moment où en Europe même l’extrême-droite raciste et antisémite, mais aussi sexiste, lgbtqia+phobe et validiste se prépare à gouverner l’Autriche et à réaliser un score très important lors des élections en Allemagne le 23 février prochain. Dans ce dernier pays, on assiste à l’intervention d’Elon Musk en faveur du parti AFD, lequel banalise le nazisme et défend le projet d’expulsions massives de personnes issues de l’immigration, comme cela va être le cas aux Etats-Unis sur ordre de Donald Trump.

En France, on a pu assister récemment, lors de la mort de Jean-Marie Le Pen, à une opération de minimisation, voire d’enfouissement, de la longue série de déclarations antisémites et négationnistes de celui qui a fondé le FN avec d’anciens Waffen SS et des miliciens.

NI OUBLI, NI PARDON

Rassemblement de mémoire et de mobilisation contre les héritiers du nazisme

Lundi 27 janvier, à 18h, devant le Jardin mémorial des enfants du Vél’ d’hiv’ – 7 Rue Nélaton Paris 15e ( M° Bir-Hakeim)

Signataires : Le Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes, SOS Racisme, Collectif Golem et la LDH (Ligue des droits de l’Homme)

Pour en savoir plus.

Source: 80ème anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau

Il y a dix ans, Charlie… 12 janvier, 2025

Communiqué LDH

Le 7 janvier 2015, onze personnes, dont huit membres de la rédaction de Charlie Hebdo, étaient assassinées par des terroristes islamistes lors d’un attentat contre l’hebdomadaire satirique. L’immense « Je suis Charlie » qui se lève en réponse, en France et bien au-delà dans le monde, dit alors ce que les mots, les formules convenues peinent à traduire : souffrance, peine, colère et, par-dessus tout, la détermination à ne pas subir, à défendre, dans un rassemblement unitaire sans équivalent dans notre histoire, le droit de critiquer, de rire et de penser, de croire ou ne pas croire, bref, d’être libre et heureux de l’être.

Au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, les présidents respectifs de la Licra, du Mrap, de SOS Racisme et de la LDH dans une déclaration commune, lançaient un cri d’alarme : « Sur fond de crise sociale permanente, la cohésion de notre pays a éclaté. Racisme et antisémitisme, stigmatisation d’une partie de la population, retour de la vieille antienne du bouc émissaire dont on ne retient que l’origine, relégation dans des ghettos territoriaux et scolaires, replis identitaires, ignorance de notre histoire, qu’elle concerne l’esclavage, la collaboration ou le colonialisme, et ces mots d’exclusion devenus si quotidiens au nom d’une conception dévoyée de la liberté d’expression. Pire, certains détenteurs de la parole publique n’ont pas su, et parfois pas voulu, respecter les symboles de l’égalité républicaine ». Ils en appelaient à la mobilisation des « hommes et les femmes de ce pays qu’il faut rassembler autour non d’une incantation, mais d’une République effective pour tous. »

Cet appel n’a rien perdu de sa pertinence ni de son urgence. De fait, depuis le funeste attentat contre Charlie, d’autres crimes antisémites, d’autres attentats meurtriers sont venus confirmer l’existence de forces ténébreuses et sanguinaires, déterminées à faire de la terreur l’arme privilégiée d’une guerre contre les valeurs d’égalité, de fraternité, de liberté, celles-là mêmes qui fondent la République et la démocratie. S’ils ont toujours échoué à mettre en péril la paix civile, ils ont, hélas, largement été mis à profit par des forces ouvertement hostiles aux personnes se réclamant de l’islam et ont servi de point d’appui à la mise en place de restrictions toujours plus importantes à l’exercice des libertés et des droits civils.

Dix ans après Charlie, alors que les thématiques d’exclusion racistes ont aujourd’hui pignon sur rue, que les actes et propos antisémites se sont multipliés, que les mesures de censure – franche ou sournoise – prolifèrent contre les militants, associatifs, écologistes, syndicalistes, cet appel à l’effectivité des droits, au rassemblement contre les forces de la haine, de la division et du bâillon, demeure d’une brûlante actualité.

Alors que la France vient de commémorer cette grande loi de liberté qu’est la loi de 1905 portant sur la séparation des églises et de l’Etat, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) entend plus que jamais poursuivre ses efforts de rassemblement dans les engagements multiples de la société civile pour les droits, l’égalité, la liberté et la fraternité.

Paris, le 6 janvier 2025

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RSA : déjà sous surveillance, les pauvres passent sous contrainte 12 janvier, 2025

Communiqué LDH

La loi dite pour le plein emploi est entrée en vigueur le 1er janvier 2025. L’une de ses dispositions concerne le revenu de solidarité active (RSA) et impose aux bénéficiaires de ce minima social une condition de quinze heures hebdomadaires d’activité et d’être inscrits auprès de France travail, ainsi que leur conjoint-e.

Ces deux mesures qui concernent les populations les plus fragiles, vivant souvent la pauvreté et la précarité, introduisent une conditionnalité contraire au droit à un niveau de vie suffisant et mettent ces personnes et leur famille sous la contrainte d’être privées d’une partie ou de la totalité de leurs ressources.

Le RSA était déjà sous un régime de surveillance, au prétexte de s’opposer à une fraude sociale possible. La réalité n’est pas celle-là : compte tenu de la stigmatisation et des risques de discrimination que constatent les titulaires du RSA et aux multiples contrôles opérés par la caisse d’allocations familiales (CAF), avec des algorithmes dont les déviations ont été largement documentées, nombre des possibles demandeurs renoncent à faire valoir leurs droits. L’Etat devrait s’attacher au contraire à lutter contre ce non-recours qui concerne les plus précaires.

Le RSA conditionné, contenu dans la loi, fait passer l’ensemble des bénéficiaires sous la double contrainte de l’inscription à France Travail et de l’exercice d’un temps d’activité. Cette mise en rapport d’un droit et d’un devoir est fausse, et dangereuse dans la mesure où l’on ne devrait pas soumettre l’effectivité d’un droit à une limitation contractuelle et spécialement lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre le droit à des moyens convenables d’existence (le montant maximal du RSA, très en-dessous du seuil de pauvreté, ne répond d’ailleurs pas à l’exigence de « moyens convenables »).

Pour la LDH (Ligue des droits de l’Homme), cette double contrainte est le résultat de la conception du droit social et de la protection sociale uniquement comme un coût prohibitif, le fameux « pognon de dingue » dont l’énoncé est du président de la République. En reportant la responsabilité de leur état sur les personnes elles-mêmes, supposées avoir arbitré en faveur de l’assistance plutôt que de rechercher un emploi, la loi fait du fonctionnement du marché du travail le régulateur de la politique sociale. L’exigence de solidarité est totalement évacuée.

La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), dans sa déclaration du 19 décembre 2024 sur le RSA conditionné, a demandé au gouvernement de surseoir à sa généralisation alors même que les évaluations de la période expérimentale n’ont pas encore été pris en compte. La LDH partage l’entièreté de cette déclaration.

Par ailleurs, ces nouvelles dispositions vont se traduire par une charge de travail supplémentaire pour les agents de la CAF et de France Travail, alors que ceux-ci ne cessent de dénoncer l’insuffisance des moyens dont ils disposent pour l’accompagnement social nécessité par la précarité de certains bénéficiaires. De plus, leur action sera davantage tournée vers le contrôle que vers une démarche pro-active d’aide.

Pressé de donner l’impression d’agir contre un fantasmatique « assistanat », le gouvernement va faire payer par les pauvres leur pauvreté.

Paris, le 8 janvier 2025

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9 janvier 2025 – Tribune de Nathalie Tehio « 2025, bonne année ? Bonne année ! » publiée sur Mediapart 12 janvier, 2025

Tribune de Nathalie Tehio, présidente de la LDH

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La tradition, en cette nouvelle année, est de souhaiter à toutes et tous santé et bien-être ! Au vu de l’année éprouvante dont nous sortons, ce n’est pas qu’une tradition, c’est aussi, surtout, un horizon commun qu’il s’agit de construire.

2024 aura été en effet marquée par la montée de l’extrême droite, une confusion délétère quant à ce qui fait la substance démocratique du pays, et par un recul des libertés et des droits. Tout indique que ces maux vont perdurer en 2025 et qu’il nous faudra y faire face, sauf à admettre l’inadmissible : une dynamique grandissante des haines racistes, xénophobes, misogynes et homophobes, la stigmatisation des pauvres et des étrangers…

En 2024, la LDH a contribué à éviter le pire en se mobilisant fortement, avec d’autres organisations, contre l’arrivée de l’extrême droite au gouvernement. La frustration et la colère n’en sont que plus grandes de voir le président de la République s’obstiner à ignorer ce rejet et à persévérer dans une politique économique profondément inégalitaire, de nature à exacerber tous les ressentiments. Dans ce contexte tendu et dangereux, nous nous devons de continuer à multiplier nos efforts pour que l’extrême droite n’arrive jamais au gouvernement, et pour qu’elle pèse le moins possible au niveau local.

Cette bataille, nous la menons de longue date, dans tous ses aspects. Face aux attaques contre l’État de droit, dont l’actuel ministre de l’Intérieur s’est fait une marque de fabrique ; contre la novlangue de l’extrême droite qui inverse le sens des mots et travestit les agresseurs en victimes, la liberté en oppression, l’assignation à résidence en simple revendication d’identité ; contre enfin les « préférences nationales » de tous ordres, tant elles ne visent qu’à une seule chose : miner le caractère universel des droits fondamentaux en opposant les ayant droits entre eux, entre ceux qui seraient légitimes à s’en réclamer et ceux qui ne le seraient pas. Mise en œuvre, cette philosophie aboutit à élargir toujours plus le cercle des exclus. Pour ce faire, aucune démagogie n’est laissée de côté : on se réclame des luttes féministes pour stigmatiser les étrangers, dans des raccourcis de la pensée qui ne seraient que ridicules si les médias bollorisés n’en faisaient pas leur quotidien. La loi de 1905, loi de liberté dont on va fêter les 120 ans, subit le même sort ; elle se retrouve instrumentalisée contre les musulmans et des maires d’extrême droite s’en réclament pour violer la neutralité des collectivités territoriales en matière de culte, en installant des crèches de la nativité (et revendiquées telles) à l’intérieur même des mairies.

La défense des libertés et d’une justice qui en soit garante reste dans ce contexte au cœur de nos mobilisations. Car les libertés sont évidemment les premières cibles de gouvernements qui ne conçoivent que le passage en force, la neutralisation des contre-pouvoirs et la répression pour imposer leurs politiques de restriction des communs et de la solidarité. Chaque recul dans ce domaine profite mécaniquement à l’extrême droite dans la mesure où elle désarme les mobilisations solidaires, jusqu’à l’idée même de solidarité minant ainsi la démocratie de toute substance. C’est manifestement le cas s’agissant des libertés associatives avec le fameux « contrat d’engagement républicain ». Ce « contrat » qui n’en est pas un, puisqu’il est imposé aux associations et qui n’est pas plus républicain puisqu’il sert à les censurer dans leur expression et leurs projets, à exiger qu’elles contrôlent leurs membres. Il permet également de fragiliser leurs finances et leur capacité d’action. Ainsi voit-on de plus en plus souvent exiger une prétendue « neutralité politique » pour pouvoir bénéficier d’une salle ou pour participer au forum des associations. Plusieurs sections de la LDH y ont été confrontées, au prétexte d’un « engagement politique ».

De fait, oui, notre engagement contre les idées d’extrême droite, notre refus des discriminations et nos plaidoyers en faveur des libertés sont éminemment « politiques », à l’image même de ce qu’est la République. Cela déplait ? Tant pis : ces engagements découlent de la triple promesse de liberté, d’égalité et de fraternité.

Ces trois valeurs ont été largement inscrites au cahier des charges des Jeux olympiques et paralympiques (JOP). Mais les jeux ont aussi été l’occasion d’un saut qualitatif dans la mise en œuvre de la vidéosurveillance. Dans la foulée, il est prévu de généraliser l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans les caméras sans plus attendre un bilan de l’expérimentation. On voit se multiplier l’emploi d’acteurs privés ou publics pour participer au « continuum de sécurité » vanté depuis le livre blanc de la sécurité de 2019, et se mettre en place des dispositifs au gré de lois sécuritaires. C’est ainsi que la proposition de loi « Sûreté dans les transports » risque d’aller encore plus loin dans l’intrusion dans notre vie privée et dans la généralisation de l’emploi de vigiles dans l’espace public.

Lorsqu’on attaque les libertés, on attaque la presse (et la protection des sources), la justice et la culture. Ce dernier secteur, coupable d’être un lieu de résistance au prêt-à-penser, est aujourd’hui pris en ligne de mire budgétaire. Il est donc particulièrement attaqué par certaines régions comme les Pays de la Loire et par l’Etat. La LDH apporte son soutien à toutes celles et ceux qui le font vivre et souligne l’urgence à lutter pied à pied contre l’étranglement financier, pour sécuriser l’épanouissement de projets éducatifs et culturels avec une grande diversité de propositions, seuls à même d’alimenter et transmettre une citoyenneté et une conception démocratique curieuse du monde et ouverte à ses diversités.

Dans sa même logique, le gouvernement prévoit une diminution de l’éclairage des décisions ayant une incidence sur l’environnement par la Commission nationale du débat public (CNDP). D’évidence, la démocratie environnementale dérange. Le tribunal administratif qui a décidé de la suspension de projets de mégabassines et a ordonné de ne plus remplir en eau certaines d’entre elles a, de fait, démontré que ce fameux « impératif pour le développement d’une région » lui est en réalité néfaste. Non content de vouloir marginaliser ce type de résistance, le gouvernement favorise la criminalisation des défenseurs de l’environnement, les qualifie dans une escalade verbale échevelée « d’éco-terroristes[1] »…

La liberté de manifestation est déjà très affaiblie : si la LDH obtient des succès devant les tribunaux, cela ne se réalise parfois que longtemps après les verbalisations pour participation à une manifestation interdite. Et que dire des gardes à vue ou même des poursuites pour apologie du terrorisme dans des cas où la liberté d’expression est en jeu à propos du conflit israélo-palestinien ?

La gestion sécuritaire de l’espace public amène à exclure les pauvres des centres-villes. La LDH attaque ainsi en justice les arrêtés anti-mendicité, anti-regroupement, anti-station prolongée de piétons… Or, les politiques menées de réduction des services publics et de précarisation des salariés, ou même des bénéficiaires de prestations sociales comme le revenu de solidarité active (RSA), ne cessent d’accroître la pauvreté et l’exclusion. L’absence de politique d’éradication de la pauvreté est hélas logique dans le cadre de la politique néo-libérale promue par Emmanuel Macron. Pour cette pensée politique, seuls les « méritants » ont droit à des égards et la richesse est « naturellement » la marque visible « des plus méritants », ce qui revient à légitimer la reproduction des élites financières. On comprend que le président se crispe à la simple évocation d’une taxation des super profits…

Le désastre à Mayotte montre aussi à quel point le non-investissement par les pouvoirs publics, l’absence de respect du droit, le mépris des plus pauvres, aboutit à une situation dramatique.

Plus que jamais, la LDH travaillera à rassembler pour promouvoir un autre projet de société, une alternative écologique, démocratique et sociale, pour toutes et tous.

Dans un monde en proie aux tumultes guerriers, où la guerre totale a fait sa réapparition, où la communauté internationale refuse d’imposer à Israël, alors que le sang coule, le respect des décisions de la Cour internationale de justice exigeant le cessez-le feu et le respect du droit humanitaire à Gaza du fait d’un risque sérieux de génocide, et d’arrêt de la colonisation[2], la solidarité reste un devoir impérieux pour empêcher la course aux catastrophes dont les peuples, d’abord et avant tout, sont les principales victimes. C’est un devoir impérieux envers les victimes, c’est un devoir impérieux envers nous-mêmes car c’est notre humanité commune qui se trouve mise en jeu.  Qu’il s’agisse du peuple Kanak, dans la défense de son droit à l’autodétermination ; du peuple sahraoui ouvertement bafoué par la prise de position solitaire d’Emmanuel Macron au Maroc ; du peuple ukrainien victime de l’impérialisme de la Russie de Poutine… Comment enfin, s’agissant de solidarité, ne pas penser aux femmes afghanes, aux Iraniennes en lutte ? Le procès des viols de Mazan nous a d’ailleurs montré à quel point les violences sexuelles et sexistes imprègnent notre propre société et la nécessité d’une véritable politique d’éducation et de prise en charge pour en venir à bout.

Les périls sont là et la tâche est immense. La LDH aura besoin, en 2025 comme en 2024, de l’engagement de toutes et tous pour rassembler et faire face à l’adversité. Cela reste le meilleur gage d’une bonne année toujours possible. C’est en tout cas le meilleur que nous puissions nous souhaiter.

Nathalie Tehio, présidente

[1] Notion par ailleurs inexistante en droit pénal, destinée à stigmatiser les militants et à justifier par avance une répression totalement disproportionnée.
[2] La CIJ exige aussi la libération des otages par le Hamas : cela implique l’ouverture de négociations.

Source: 9 janvier 2025 – Tribune de Nathalie Tehio « 2025, bonne année ? Bonne année ! » publiée sur Mediapart

20 décembre 2024 – Tribune « Recensement de la population Insee : ne pas répondre à la nouvelle question sur le pays de naissance des parents » publiée dans Mediapart 20 décembre, 2024

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Nos organisations, syndicats comme associations, encouragent l’ensemble des personnes qui vont être interrogées en janvier à répondre au questionnaire du recensement de la population. Le recensement est un bien public et y participer est un acte civique. Grâce à ses chiffres, une image fidèle de la population et de sa répartition locale permet une connaissance fine, nécessaire notamment à la gestion des services publics et à l’aménagement du territoire, même si nous savons combien ils sont malmenés par les politiques en vigueur.

Ceci clairement dit, nous appelons à ne pas répondre à une nouvelle question qui est introduite cette année sur le pays de naissance des parents. Nous le faisons après que certaines de nos organisations aient plaidé auprès de l’Insee, responsable pour le contenu du questionnaire, et de la Commission nationale informatique et libertés pour que cette question ne soit pas ajoutée dans le bulletin du recensement. Nous le faisons car aucune politique publique ne justifie que l’origine immigrée de nos parents soit collectée dans notre bulletin individuel. Cette question présente beaucoup de dangers.

Alors que répondre à chaque question du recensement Insee est obligatoire, ce n’est pas le cas pour cette nouvelle question. Là, dans le questionnaire Internet et dans la version papier il sera bien indiqué que répondre à cette nouvelle question est « facultatif ». Il n’y a donc aucune obligation d’y répondre. Nos organisations, appellent à un mouvement général de refus.

Toutes les personnes habitant les communes de moins de 10 000 habitants sont interrogées tous les cinq ans, et près de la moitié dans les plus grandes. A un moment où un autre, tout le monde doit répondre au recensement. Ainsi, au bout du compte, bien peu de personnes échapperont à l’enregistrement et à la conservation de l’origine immigrée de leurs parents.

L’enregistrement de cette information est un pas vers une possible inégalité de traitement par l’Etat sur cette base. Les déclarations du président du RN indiquant que « des personnes d’origine étrangère, qui travaillent, qui ne font rien de mal, n’ont rien à craindre de son parti » disent clairement que ce serait un critère dans ses politiques d’extrême droite.

Comme pour les fichiers administratifs, qui ne doivent contenir que les informations indispensables à la gestion des services qu’ils rendent, nous ne voulons pas que le recensement ajoute aux informations concernant notre identité (genre, âge, lieu de naissance, nationalité) des informations sur l’identité de nos parents.

Il ne faut pas qu’une information sur l’origine immigrée de chacune, de chacun, permette un  suivi au travers des générations successives.

Disons aussi clairement que nos organisations souhaitent que de bons chiffres soient produits pour montrer les inégalités qui résultent des discriminations pratiquées en lien avec une origine étrangère, une couleur de peau, une religion supposée. Le recensement de la population n’est pas l’instrument adapté, ce n’est pas son objet. Pour cela, nous appuyons le développement d’enquêtes approfondies, menées avec tout le sérieux de la statistique publique auprès d’échantillons représentatifs de la population. Des progrès considérables ont été faits depuis vingt ans pour apporter cette connaissance. Ce travail statistique doit se poursuivre et s’amplifier. Nos organisations engagées dans la lutte contre le racisme et les discriminations portent aussi des propositions pour cela.

Au recensement, nombreux seront celles et ceux qui, spontanément, décideront de ne pas répondre à la question facultative sur le lieu de naissance des parents nés à l’étranger. Nous incitons chacune et chacun à faire de même pour que, par leur nombre, les refus de répondre envoient un message fort de refus d’être mis dans des cases liées à l’origine géographique, à la couleur de peau, à une religion présumée.

Signataires : Nathalie Tehio, présidente de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) ; Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT ; Benoît Teste, secrétaire général FSU ; François Sauterey, coprésident du Mrap ; Julie Ferrua et Murielle Guilbert, co-déléguées Union Syndicale Solidaires.

Source: 20 décembre 2024 – Tribune « Recensement de la population Insee : ne pas répondre à la nouvelle question sur le pays de naissance des parents » publiée dans Mediapart

Pourquoi les crèches de noël, comme tout signe ou emblème religieux, n’ont pas leur place dans les bâtiments publics ? 20 décembre, 2024

Episode 29 « Des Voix et des droits », le podcast de la LDH, avec Nathalie Tehio, présidente de la LDH

Aujourd’hui, “Des Voix et des droits” donne la parole à Nathalie Tehio afin d’expliquer pourquoi la LDH n’est en rien opposée aux crèches de Noël, ni d’ailleurs à tout mode d’expression religieuse. La LDH entend seulement faire respecter le principe de laïcité, qui impose à l’Etat et aux collectivités publiques la neutralité vis-à-vis de toutes les religions et interdit les signes ou emblèmes religieux au sein des bâtiments abritant le siège d’une collectivité publique, conformément à la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat. La préférence religieuse marquée par l’installation d’une crèche de la nativité dans une mairie est contraire à cette neutralité.

Pour en savoir plus : lire le communiqué de la LDH du 12 décembre 2024 « La loi de 1905 sur la séparation des cultes et des pouvoirs publics pose le principe fondamental de la laïcité ».

Source: Pourquoi les crèches de noël, comme tout signe ou emblème religieux, n’ont pas leur place dans les bâtiments publics ?

Mayotte : une « catastrophe naturelle » peut en cacher une autre… 20 décembre, 2024

Communiqué LDH

Les dévastations subies par Mayotte suite au passage du cyclone Chido sont une catastrophe totale, dont le bilan humain reste impossible à évaluer dans les circonstances actuelles. Devant un tel drame, deux questions se posent. La première : y-a-t-il une aggravation de la force et de la fréquence de ces événements ? La réponse est : oui. Après le tsunami en Asie du Sud, les inondations de La Nouvelle Orléans, les crues de Valence, les inondations du Nord de la France – pour ne citer que les plus emblématiques – la contribution du dérèglement anthropique du climat ne fait pas de doute. La seconde : des politiques publiques auraient-elles permis de prévenir et de diminuer les dégâts humains ? Là encore, la réponse est : oui. Dans son premier rapport d’évaluation, publié en 1990, le GIEC évoquait les décisions à prendre. En 2024, soit 34 ans plus tard, aucune politique cohérente et suivie n’a pu empêcher la succession de plus en plus rapide d’événements cataclysmiques.

À Mayotte, les deux effets – climatique et politique – sont aggravés par une situation d’exception discriminatoire permanente. Issu d’une décolonisation inachevée, le statut de Mayotte est régulièrement dénoncé par l’Assemblée générale de l’ONU. Mais incapable de débattre avec la République des Comores, dont Mayotte aurait dû être l’une des régions, la France affronte inéluctablement l’absence d’une issue positive et s’enferme dans une fuite permanente. Toutes les associations de défense des droits le constatent depuis des années : les opérations dites
« Wambushu » et de « décasages » ont organisé de fait la précarisation des populations en acculant à la clandestinité celles et ceux que certaines fractions de la population mahoraise continuent à juger comme des délinquants et des illégaux, même si nombre d’entre eux sont d’ici et pas d’ailleurs. Quand le cyclone s’est abattu sur l’île, ce sont donc les plus pauvres, les plus exclus, les pourchassés, les méprisés, celles et ceux qui tentaient de survivre dans des habitations de fortune qui ont payé le plus lourd tribut à la violence des éléments.

Il s’agit donc, plus que jamais, de prendre conscience de l’urgence d’une politique internationale de lutte contre le dérèglement climatique et de l’exigence d’y inclure la lutte contre la marginalisation de populations entières. La LDH (Ligue des droits de l’Homme) attend du gouvernement qu’il agisse avec les immédiates mesures de protection civile et approvisionnement des populations, qu’il demande à M. Retailleau, ministre de l’Intérieur démissionnaire, de retrouver le sens de la mesure, aux élus locaux, singulièrement celles et ceux qui ont fait de l’opposition entre les populations une stratégie, de revenir à la raison, au préfet de Mayotte de faire rétablir l’accès républicain aux services publics, et à toutes et à tous d’avoir comme exigence l’égalité des droits.

Lire la tribune « Mayotte : la catastrophe qui détruit les personnes, les biens et les droits » de Dominique Guibert, ancien secrétaire général de la LDH

Paris, le 18 décembre 2024

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Source: Mayotte : une « catastrophe naturelle » peut en cacher une autre…

L’heure est à la riposte 20 décembre, 2024

Déclaration du meeting unitaire du 18 décembre 2024 de la Marche des solidarités, des collectifs et intercollectifs de sans-papiers et de Né-e-s ici ou venu-e-s d’ailleurs, l’égalité des droits, c’est pour toutes et tous !

Nous sommes des milliers à avoir manifesté, ensemble, avec et sans-papiers, Français.e.s et immigré.e.s, notre opposition face à la gravité des attaques qui se multiplient contre les populations migrantes et étrangères. Parce que nous ne voulons pas vivre dans une société qui autorise la violence, le racisme, la discrimination, qui nous sépare ou nous oppose en fonction de l’endroit où l’on est né ! Nous vivons ensemble, chaque jour, et voulons continuer à le faire librement, dans l’égalité, la justice et la solidarité.

L’heure est à la riposte !

Nos manifestations partout en France et le meeting de ce soir sont l’expression de notre volonté commune de poursuivre ce combat essentiel pour l’égalité des droits pour toutes et tous, pour la justice sociale et contre le racisme.
Notre détermination est à la hauteur de nos ambitions ! Fortes et forts de notre unité, obligeons le pouvoir à renoncer à ses politiques violentes d’exclusion qui jettent dans l’extrême précarité sociale et administrative un grand nombre de personnes étrangères, quel que soit leur statut, travailleuses et travailleurs avec ou sans titre de séjour, familles, femmes, étudiant.e.s, mineur.e.s isolé.e.s, exilé.e.s, en demande d’asile ou débouté.e.s.

Nous appelons dès maintenant à soutenir les luttes en cours, celles des jeunes, à Paris et sur tout le territoire, celles des femmes en lutte pour leur hébergement, celles des travailleuses et travailleurs en lutte pour leur régularisation et le renouvellement de leur titre de séjour.
Ce meeting s’inscrit dans notre volonté commune de construire ces prochaines semaines, ces prochains mois, les conditions d’une mobilisation unitaire d’ampleur combinant, dans toute leur diversité, nos différentes ressources et répertoires d’actions.

C’est pourquoi :

Nous appelons les immigré.e.s, avec et sans-papiers, à rejoindre les collectifs de sans-papiers et/ou les organisations syndicales sur leur lieu de travail.
Nous appelons toutes et tous à rejoindre les réseaux de solidarité, les collectifs, les associations sur votre ville, votre quartier, à rejoindre les syndicats sur votre lieu de travail.
Dès maintenant nous appelons à faire converger ce mouvement dans la rue le samedi 22 mars dans le cadre de la journée internationale contre le racisme.
Toutes et tous ensemble, agissons, uni.e.s, pour un autre projet de société, humaniste, solidaire et égalitaire contre le racisme, l’exclusion et l’exploitation.

Paris, le 18 décembre 2024

Source: L’heure est à la riposte