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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives par catégorie : Articles

Zemmour nie l’horreur subie par les homosexuels durant la Seconde Guerre mondiale 8 octobre, 2025

Le 23 mars 2022, la LDH, à l’instar de plusieurs associations de lutte contre l’homophobie, a saisi le procureur de la République près le tribunal judiciaire de Paris d’une plainte à l’encontre d’Eric Zemmour à la suite des écrits contenus dans son livre, La France n’a pas dit son dernier mot, paru au mois de septembre 2021 aux éditions Rubempré.

Dans son ouvrage, il est en effet possible de lire : « La déportation en France d’homosexuels en raison de leur orientation sexuelle, comme on dit aujourd’hui, est une légende ».

Ces écrits, par eux-mêmes et du fait de leur diffusion, sont constitutifs du délit de contestation de crime contre l’humanité visé à l’article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881 modifiée.

Le 31 mai 2022, l’association Mousse déposait plainte avec constitution de partie civile.

Si le parquet avait pris des réquisitions aux fins de non-lieu le 27 juin 2023, Eric Zemmour fut renvoyé devant le tribunal correctionnel par une ordonnance du vice-président chargé de l’instruction du tribunal judiciaire de Paris, en date du 10 novembre 2023. La LDH s’est ainsi constituée partie civile aux côtés des associations Mousse, Adheos, Stop Homophobie, InterLGBT, Quazar, Sos Homophobie, Beit Haverm, et les Oublié-e-s de la Mémoire.

L’audience s’est tenue le 10 juin 2025 et le délibéré a été prononcé le 18 septembre 2025.

A cette occasion, les juges ont tout d’abord reconnu sans équivoque que la déportation des homosexuels constitue un crime contre l’humanité en droit pénal international, ce qui constitue une avancée essentielle. Au vu des éléments historiographiques produits par les parties civiles et les témoignages des historiens à l’audience, le tribunal a reconnu la matérialité des déportations d’homosexuels arrêtés pour ce motif en France, y compris hors Alsace-Moselle. Il a affirmé que de tels faits sont susceptibles de constituer un crime contre l’humanité dans la définition actuelle du droit international, au sens de l’article 7 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).

Toutefois, s’agissant de la qualification visant les propos d’Eric Zemmour, le tribunal a jugé que le délit de négationnisme n’était pas constitué, en ce que la législation française réprime la contestation de l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du 8 août 1945, lequel viserait uniquement les persécutions politiques, raciales ou religieuses, sans inclure les persécutions liées à l’orientation sexuelle.

Or l’article 6, c) du Statut du tribunal militaire international de Nuremberg vise les crimes contre l’humanité en les définissant comme « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime ».

Selon les associations partie civiles, la présence du terme « ou bien » permet d’affirmer que la déportation, quelle que soit son motif, entre bien dans les dispositions de l’article 6 c) du Statut du tribunal militaire international de Nuremberg et par conséquent, la négation de cet acte relève du délit de négationnisme.

Par conséquent, nous relevons appel de la décision, et appelons le ministère public à en faire de même afin que la Cour d’appel puisse se prononcer sur ces faits qui ne doivent pas rester impunis.

Source: Zemmour nie l’horreur subie par les homosexuels durant la Seconde Guerre mondiale

« On voit bien que ces gens-là ne sont pas neutres » : la stigmatisation du personnel de confession musulmane travaillant dans les aéroports par Lisa Hirsig 8 octobre, 2025

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« On voit bien que ces gens-là ne sont pas neutres » : la stigmatisation du personnel de confession musulmane travaillant dans les aéroports par Lisa Hirsig

Lisa Hirsig, présentée comme professeure, était l’invitée de CNews, le mardi 12 août 2025, pour réagir notamment à la suspension d’un contrôleur aérien de l’aéroport Paris Charles-de-Gaulle pour avoir exprimé « Free Palestine » lors d’un échange radio avec l’équipage d’un vol de la compagnie israélienne El Al, et à l’annonce du ministre chargé des Transports de l’ouverture d’une enquête administrative.

Par des propos outrageusement stigmatisants, l’intéressée a dénigré une partie du personnel des aéroports – visés à raison de leur appartenance réelle ou supposée à la religion musulmane – affirmant que ces salariés ne seraient « pas neutres », et qu’ils n’effectueraient pas leur travail de la même manière en fonction des différents voyageurs, notamment lors des fouilles, insinuant qu’ils pourraient donc favoriser certains voyageurs, l’intéressée allant jusqu’à s’interroger sur leur potentielle radicalisation et à solliciter la mise en œuvre d’une enquête à leur égard.

A ces interrogations teintées d’islamophobie, Pascal Praud répondit que l’intéressée avait « raison » de poser ces questions.

De tels propos, confortés par le présentateur de l’émission, révèlent un manque d’honnêteté et de rigueur dans la présentation et le traitement de l’information et un défaut de maîtrise de son antenne par l’éditeur.

La LDH a par conséquent saisi l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), conjointement avec l’Union syndicale Solidaires, la Confédération CGT, SOS Racisme, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), l’Union locale CGT Roissy, Sud Aérien Solidaires et la CFTF Transport Aérien, le 10 septembre 2025.

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Désinformation et propos haineux : la LDH porte plainte contre Noëlle Lenoir 8 octobre, 2025

Invitée  du programme « L’heure des pros 2 été » le 8 août 2025 sur CNews, l’ancienne ministre et ancienne membre du Conseil constitutionnel Noëlle Lenoir – dont on peut légitimement attendre davantage de rigueur –  était interrogée par la journaliste sur le prétendu « gouvernement des juges » du Conseil constitutionnel, suite aux décisions rendues sur les projets de lois récemment soumis à son contrôle, et notamment la loi visant à faciliter le maintien en rétention des personnes condamnées pour des faits d’une particulière gravité et présentant de forts risques de récidive.

L’intéressée a alors affirmé qu’en France « vous avez des millions d’Algériens qui présentent des risques majeurs, qui peuvent sortir un couteau dans le métro, dans une gare, dans la rue, n’importe où ou prendre une voiture et rentrer dans une foule, et bien non c’est excessif de les garder six ou sept mois le temps qu’ils fichent le camp puisqu’ils n’ont rien à faire chez nous et qu’en plus ils nous menacent ».

En visant des « millions d’Algériens », Noëlle Lenoir fait ainsi non seulement œuvre de désinformation, mais vise nécessairement l’ensemble des Algériennes et Algériens résidents en France.

Aussi, il importe peu que l’intéressée se soit par suite rétractée en affirmant « Il fallait évidemment entendre milliers et non pas millions. Cela corrigé, je maintiens mes propos », maintenant par la même occasion la teneur de ses propos envers les ressortissant-e-s algérien-ne-s.

De tels propos suscitent indéniablement du public la haine et le rejet des ressortissant-e-s algérien-ne-s résidant en France. Une plainte a donc été déposée le 16 septembre 2025 par la LDH pour provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur nationalité.

L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a également été saisie le même jour, aucun semblant de réaction ou de contradiction n’ayant eu lieu, l’invitée étant au contraire confortée voire encouragée à développer ses propos, laissant alors apparaître un manque d’honnêteté et de rigueur dans la présentation et le traitement de l’information et un défaut de maîtrise de son antenne par l’éditeur.

Source: Désinformation et propos haineux : la LDH porte plainte contre Noëlle Lenoir

Décision de suspension des évacuations de gazaouis : des recours sont introduits 8 octobre, 2025

Le 1er août 2025, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a publiquement et verbalement fait état, sur la chaîne de radio France Info, de la décision de suspendre toutes les évacuations de personnes palestiniennes depuis la bande de Gaza vers la France « tant que les conséquences d’une enquête interne » (portant sur un incident lié au comportement présumé d’une étudiante originaire de Gaza, à Lille) n’auront pas été tirées.

Le ministre a ainsi annoncé le gel des évacuations de gazaouis vers la France pour une durée indéterminée, dans l’attente des conclusions d’une enquête interne.

Par deux requêtes au fond et deux requêtes en référé introduites sur le fondement de l’article L. 521-1 du code de justice administrative, plusieurs associations (le Gisti, le Mouvement pour la Justice, l’Union juive pour la paix) ainsi que plusieurs personnes physiques ont demandé au juge des référés :

– de suspendre l’exécution de la décision du 1er août 2025 par laquelle le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a suspendu les évacuations depuis la bande de Gaza ;

– à ce qu’il soit enjoint de reprendre l’enregistrement et l’instruction des demandes d’admission sur le territoire français sollicitées par des ressortissant-e-s palestinien-ne-s depuis la bande de Gaza ;

– à ce qu’il soit enjoint au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de prendre l’ensemble des mesures utiles afin de garantir l’admission sur le territoire français de ressortissant-e-s palestinien-ne-s.

La LDH a décidé d’intervenir volontairement au soutien de ces requêtes.

L’audience a été fixée au 25 septembre 2025.

Source: Décision de suspension des évacuations de gazaouis : des recours sont introduits

Les associations font partie de notre quotidien, le 11 octobre mobilisons-nous pour les sauver 8 octobre, 2025

Appel commun dont LDH est signataire

Les associations, c’est 20 millions de bénévoles, 1,8 million de salarié-es et 67 millions de Françaises et de Français concernés par leurs actions.

Elles agissent dans tous les territoires, dans toutes les sphères de la vie quotidienne. Solidarités, éducation populaire, culture, sport, santé, environnement, accompagnement des plus fragiles, les associations sont au cœur de nos vies, au cœur de notre société, en France et à l’international. Elles donnent une voix à celles et ceux qui n’en ont pas, elles créent du lien, elles permettent l’engagement citoyen, elles rendent possible l’impossible.

Et pourtant, nous traversons une crise sans précédent :
– baisse de financements ;
– précarité croissante et augmentation des besoins ;
– dégradation des conditions et risque de disparition.

Alors même qu’affaiblir les associations n’a pas de sens :
– elles changent concrètement la vie des gens ;
– elles offrent du pouvoir d’agir et renforcent les liens sociaux ;
– elles sont un remède à la crise démocratique que nous traversons.

Ca ne tient plus !

Consultez la carte des mobilisations partout en France le samedi 11 octobre 2025

A Paris, rassemblement place de la République de 14h à 17h. La LDH tiendra un stand au village des associations.

Soyons nombreux et nombreuses au RDV pour soutenir les associations et célébrer leur diversité et force d’action.




Source: Les associations font partie de notre quotidien, le 11 octobre mobilisons-nous pour les sauver

Procès « AFO » : la LDH reconnue pour porter la voix des victimes de l’extrême droite devant les tribunaux 8 octobre, 2025

Communiqué LDH

Du 10 juin au 2 juillet 2025, s’est tenu le procès « AFO », au cours duquel ont été jugés seize prévenus membres d’un groupe d’extrême droite nommé « Action des forces opérationnelles » (AFO), pour plusieurs infractions dont l’association de malfaiteurs terroriste et la détention d’armes et munitions.

Ce groupe, composé de treize hommes et trois femmes, âgés entre 39 et 76 ans, avait pour projets de tuer deux-cents imams, d’attaquer des mosquées, de lancer des grenades dans des véhicules de personnes supposées musulmanes, ou encore d’empoisonner de la nourriture halal, avec pour ennemi commun à combattre : les personnes musulmanes ou supposées comme telles.

S’agissant d’attaques indiscriminées à l’encontre de membres de la communauté musulmane, visée de façon raciste, islamophobe et xénophobe, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) s’est constituée partie civile, conformément à ses statuts, et cela a été jugé recevable par le tribunal dans son délibéré rendu le 30 septembre 2025. Nathalie Tehio, présidente de l’association, soulevait l’importance de cette reconnaissance : « L’association a non seulement été reconnue recevable pour défendre les victimes de l’islamophobie, mais aussi pour porter la voix de la société civile contre l’extrême droite, la xénophobie et le racisme. Cette décision ne peut que renforcer notre détermination à combattre, par la voie du droit également, l’extrême droite ».

L’organisation d’attaques de lieux de cultes, d’assassinats s’inscrit en effet dans le sillage des discours politiques de l’extrême droite sur un soi-disant « grand remplacement » qui reposerait sur un projet fantasmé de « remplacement » de la population française et européenne par une population originaire, en premier lieu, d’Afrique subsaharienne et du Maghreb. Cette idéologie complotiste sert de substrat à ces actes visant à organiser des attentats.

La réalité de ce qu’est l’extrême droite, qu’on voit de plus en plus clairement à l’international comme en France, doit se combattre tant dans l’espace public que dans les tribunaux.

Paris, le 6 octobre 2025

Télécharger le communiqué LDH « Procès « AFO » : la LDH reconnue pour porter la voix des victimes de l’extrême droite devant les tribunaux » en pdf.

Source: Procès « AFO » : la LDH reconnue pour porter la voix des victimes de l’extrême droite devant les tribunaux

Sans respect pour le climat et le social, refuser l’accord EU-Mercosur 8 octobre, 2025

Communiqué LDH

L’Union européenne (UE) est sur le point d’engager la ratification de l’accord sur les échanges avec les pays du Mercosur. Les autorités françaises semblent prêtes à abandonner les exigences environnementales et sociales qu’elles mettaient en avant jusqu’ici sous pression de la société civile. L’absence de ces exigences fait que l’accord est sans aucun doute dangereux pour le climat, l’environnement et les droits sociaux. L’accélération institutionnelle, poussée par la Commission européenne et certains Etats membres, se fait en prétextant avoir là une réponse à la politique de droits de douanes mise en œuvre par le président des Etats-Unis. Non seulement il n’en est rien, mais la lutte contre la déforestation, contre le réchauffement climatique, pour le respect des droits humains ne peuvent être des variables d’ajustement !

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) appelle donc à manifester le 14 octobre 2025 à Paris en soutien de la mobilisation « Bloquons ensemble l’accord UE-Mercosur » initiée par la Confédération paysanne et relayée par le Collectif national Stop Mercosur. La politique agricole est l’affaire de toutes les citoyennes et de tous les citoyens ; c’est donc le moment d’exiger de manière très large une agriculture recentrée sur les besoins des populations, assurant de bonnes conditions de travail et un revenu décent aux paysans et paysannes, un travail qui puisse être respectueux des écosystèmes, faisant reculer la spéculation, l’exploitation et l’échange inégal, garantissant à toutes et à tous le droit à une alimentation saine et durable.

Le 14 octobre 2025, faisons entendre nos voix pour une politique agricole démocratique, sociale et écologique !

Paris, le 6 octobre 2025

Télécharger le communiqué LDH « Sans respect pour le climat et le social, refuser l’accord UE-Mercosur » en pdf.

Source: Sans respect pour le climat et le social, refuser l’accord EU-Mercosur

#62 Septembre 2025: Laïcité : liberté de conscience, liberté d’expression 29 septembre, 2025

La laïcité ? Elle est mise à toutes les sauces, utilisée, réutilisée, déformée, tordue, jusqu’à devenir le contraire de ce qu’elle est.

Elle justifierait l’interdiction du voile, de la burka et même du burkini !

On associe ainsi la laïcité à un ensemble d’interdits qui concernent la religion musulmane.

Ce sont des directeurs d’école qui prétendent refuser la participation de mères voilées aux sorties scolaires.

C’est Mme Le Pen et Eric Zemmour qui déclarent que l’Islam est incompatible » avec la République, ce dernier demandant en outre aux musulmans d’abandonner leur religion !

Si de tels propos sont tenus ou de telles attitudes prises, c’est que l’islam est présenté comme un danger pour rejeter les populations musulmanes : comme si leur présence en France constituait un problème.

Nous voulons dans ce numéro des Échos préciser les choses, montrer comment la laïcité est le fruit d’une longue histoire en France, comment elle est indissociable de notre conception de la République, montrer tout ce qu’elle permet, car c’est une loi de liberté, indiquer aussi les limites à respecter. Montrer qu’elle est le contraire d’une loi d’exclusion.

Pièces jointes

echos_62 Télécharger

France : démocratie en décrochage – Entraves à l’exercice des libertés associatives et de la liberté de manifester 28 septembre, 2025

Rapport de la LDH et de l’Observatoire pour la protection des défenseur·es des droits humains (un programme conjoint de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture – OMCT)Un rapport publié ce 25 septembre 2025 par l’Observatoire pour la protection des défenseur-e-s des droits humains (un programme conjoint de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture – OMCT), avec la LDH (Ligue des droits de l’Homme), dresse un constat sévère : les libertés publiques connaissent une régression profonde et structurelle en France. Narratifs hostiles, dissolutions administratives et répression policière, réductions des financements publics, harcèlement et violences à l’encontre des défenseur·es des droits humains, marquent le rétrécissement de l’espace civique.

« La France aime rappeler son rôle historique dans la défense des droits humains ; elle se présente volontiers comme la « patrie des droits de l’Homme » et ne se prive pas de donner des leçons aux autres pays en matière de démocratie et de respect des libertés civiles  », rappelle Alice Mogwe, présidente de la FIDH. «  Mais aujourd’hui, son propre modèle démocratique est mis à mal par des pratiques qui sortent des fondements de l’État de droit et bafouent les droits fondamentaux.  »

Un climat de défiance et de stigmatisation

Le rapport met en exergue plusieurs cas très concrets. En 2020, le gouvernement a prononcé la dissolution du Collectif contre l’islamophobie (CCIF) en France. Une mesure d’exception utilisée comme instrument politique, validée par le Conseil d’État malgré des critiques circonstanciées. Pour la FIDH, l’OMCT et la LDH, ce cas emblématique illustre la manière dont la lutte contre le terrorisme a été instrumentalisée pour réduire au silence des voix critiques.

«  La dissolution du CCIF a marqué un tournant,  » alerte Nathalie Tehio, présidente de la LDH. «  Cet usage dévoyé du droit de dissolution, qui est désormais utilisé en raison des seuls propos tenus par les membres des associations en dehors de l’activité de celles-ci, crée un climat de peur et menace toute la société civile. De plus, l’État ne protège pas assez les associations des attaques virulentes de l’extrême-droite. Par ailleurs, les attaques pour museler toute expression discordante collective ne visent pas seulement les associations, elles sont aussi visibles dans la rue, avec une politique de maintien de l’ordre brutale. »

Adoptée dans le prolongement de la dissolution du CCIF, la loi « séparatisme » ajoute des motifs de dissolution des associations et est à l’origine du « contrat d’engagement républicain ». Ce dernier impose aux associations de nouvelles règles de conformité pour l’obtention de financements publics. Cependant, en l’absence de critères précis, ils laissent une large place à l’arbitraire et entretiennent un climat d’autocensure.

Le rapport documente aussi la multiplication des campagnes politiques et médiatiques de dénigrement contre les associations. Menaces de retraits de subventions, accusations d’« écoterrorisme », délégitimation de leur action : ces discours stigmatisants, autrefois marginaux, sont désormais systématiques. Ils sont d’autant plus inquiétants qu’ils émanent aussi des plus haut·es représentant·es de l’État, comme lorsque la première ministre de l’époque, Mme Borne, ou son ministre de l’intérieur, M. Darmanin, s’en sont pris directement à la LDH.

Pour Gerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT, « En période de tensions politiques, le rôle des organisations et des défenseur·e·s des droits humains est crucial. Dans une démocratie, des organisations comme la LDH doivent pouvoir faire entendre leurs alertes et exprimer leurs inquiétudes. Cela comprend le droit de dénoncer des violations présumées, notamment en matière de violences policières. Comme dans le reste de l’Europe, il est essentiel de préserver ce socle fondamental de démocratie et de droits humains. »

Répression policière des mobilisations : démocratie en danger

Autres mouvements citoyens dans le viseur des autorités : les initiatives écologistes. Les mobilisations contre le chantier de l’autoroute A69 et les méga-bassines ont donné lieu à une répression policière particulièrement violente. Arrestations massives, gardes à vue abusives, surveillance intrusive et usage disproportionné de la force : autant de pratiques contraires aux engagements internationaux de la France.

« Les défenseur·es de l’environnement sont criminalisés·es pour avoir exercé un droit fondamental : manifester pacifiquement, » souligne Aïssa Rahmoun, secrétaire général de la FIDH. « La violence et l’impunité policières atteignent un niveau critique, qui met en danger les libertés démocratiques dans leur ensemble en France.  »

Bien que certains mouvements fassent l’objet d’une répression accrue, celle-ci s’étend désormais à toutes les luttes : du féminisme à la cause des exilé.e.s, en passant par l’anti-racisme et les droits des minorités, c’est l’ensemble de la société civile qui est touchée.

La FIDH, l’OMCT et la LDH demandent aux autorités françaises de reconnaître le rôle essentiel des associations et défenseur·euses des droits humains, de garantir le droit de manifester et de rétablir un dialogue sincère avec la société civile.

« Ce rapport ne se limite pas à dresser un constat alarmant. Il appelle à un sursaut. La France doit choisir entre rester fidèle à ses principes démocratiques et continuer à glisser vers une logique de remise en cause des droits fondamentaux et de rupture avec l’État de droit qui, à terme, ne peut que la faire sombrer dans l’autoritarisme », conclut Alice Mogwe.

Télécharger le rapport en français et en anglais.

Paris/Genève, 25 septembre 2025

Source: France : démocratie en décrochage – Entraves à l’exercice des libertés associatives et de la liberté de manifester

31e Université d’automne de la LDH : Laïcité 1905-2025 – Défendre une loi de liberté 28 septembre, 2025

Samedi 29 et dimanche 30 novembre 2025, au Centre des colloques du Campus Condorcet

place du Front Populaire 93300 Aubervilliers (métro Front Populaire – ligne 12 – sortie 2)

La LDH consacre sa 31e Université d’automne à la laïcité. L’occasion du 120e anniversaire de la loi de 1905 permet à notre association de rappeler son attachement à cette loi de liberté en interrogeant le contexte de ses transformations, parfois de ses trahisons.

Vingt-cinq ans se sont passés depuis l’Université d’automne de novembre 2000, consacrée à la laïcité ; le contexte d’aujourd’hui a changé et se sont multipliées les affaires médiatico-politiques en rapport avec de nouvelles lois.

L’Université d’automne de novembre 2000 était intitulée « La laïcité à l’épreuve de la diversité ». Une attention particulière y était portée à « la pluralité culturelle et confessionnelle » d’une « France pluriculturelle », à la question de l’émancipation. Nous y défendions un « pluralisme culturel et religieux ». Cette Université d’automne très ouverte et polémique à la marge s’inscrivait dans une inquiétude qu’avait exprimée notre résolution du congrès de Clermont-Ferrand de 1997 (« Islam et laïcité ») et que devait reprendre le congrès de Limoges de 2001. La résolution de 1997 alertait sur le fait que « l’islam, en tant qu’élément de visibilité sociale, [était] utilisé comme une raison supplémentaire, presque comme un alibi, pour rejeter ces populations dont, en fait, c’est la présence en France qui est mise en cause ».

Nous disions, et disons toujours, qu’il faut défendre la laïcité et la loi de 1905 parce que la loi de 1905 est à la fois un moment et un produit — élaboré par la représentation parlementaire — d’une dynamique collective démancipation, déjà à l’œuvre dans les combats de l’Affaire Dreyfus… et dans la naissance de la LDH. Ce qui allait advenir de la laïcité (le retour d’un néo-républicanisme, de la « nouvelle laïcité » du rapport Baroin) passerait par la mise en crise du collectif, de l’émancipation et de la représentation (notamment parlementaire)… ce qui se joue au moins à partir de 2002. Le dévoiement et la trahison de la loi de 1905 ne sont donc pas surprenants, ainsi a été ouvert le champ au backlash d’ordre moral autoritaire de la droite à l’extrême droite.

Le contexte de notre Université d’automne de 2025 manifeste que nos craintes n’étaient pas vaines. Quand par exemple dans un dossier de notre revue de juin 2012 l’interrogation portait sur la « focalisation sur l’islam », ou quand dans l’éditorial du même dossier nous interrogions le changement d’adversaire des polémiques laïques, visant dorénavant non plus l’Eglise catholique mais « l’Autre, étranger radical et naturalisé dans sa foi, qu’il faudrait résolument éloigner ou détruire », nous cherchions à comprendre le moment d’une « tempête sur [contre] la laïcité ».

De loi en loi, du début des années 2000 à aujourd’hui, nous avons assisté à une extension du principe de neutralité qui concernait d’abord l’Etat et ses fonctionnaires et qui pour la première fois (avec la loi de 2004) s’appliquait aux personnes privées, point d’appui pour les revendications de neutralisation autour de la sphère éducative (parents accompagnateurs, étudiantes…). Plus encore, en adjoignant les « valeurs de la République » à l’idée de laïcité, la loi de 2021 en a changé la nature : la laïcité passait alors de la protection de la liberté (liberté de conscience et de culte) à la promotion d’une morale et à une conception normative de la « bonne vie » sociale. Ce changement conduit à une mise en tension entre ce principe de laïcité dévoyé, qui se veut pourtant toujours émancipateur, et des principes éminemment progressistes comme le féminisme, l’antiracisme, l’internationalisme et même le caractère social et égalitaire de notre République. Suite aux attentats subis par la France, on peut parler d’un double tournant, sécuritaire et substantiel. Il ne s’agira plus seulement de respecter la loi mais de lui faire révérence.

Politistes, juristes, historien-nes nous aideront à comprendre ce qui s’est passé depuis un peu plus de vingt ans, ce qui articulera notre défense de la laïcité au refus des instrumentalisations politiciennes. Une attention au travail de nos sections et de nos juristes montrera nos actions contre les dévoiements de politiciens qui peuvent à la fois défendre les crèches de Noël, en infraction avec la loi de 1905, et interdire les tenues des femmes musulmanes malgré les décisions juridiques. Un retour réflexif sur nos démarches en direction des quartiers populaires nous aidera à œuvrer à la défense de la laïcité et des libertés publiques que promeut la loi de 1905.

Samedi 29 novembre

9h30-10h

Ouverture

10h-12h

Table ronde 1 – La laïcité en France et dans le monde

Animation : Emmanuelle Jourdan-Chartier, cosecrétaire générale de la LDH

Etat du travail de recherche sur la loi de 1905 ? Des diverses inflexions subies par la laïcité ? Où en est-on aujourd’hui : une inflexion sécuritaire ? La France dans l’Europe, y a-t-il véritablement une spécificité française en matière de laïcité ? Qu’en est-il de la finalité émancipatrice ?

Jean Baubérot-Vincent

Bertrand Ogilvie

Philippe Portier

13h30-15h

Table ronde 2 – La LDH et la laïcité

Animation : Marie-Christine Vergiat, membre du Comité national de la LDH

La LDH à l’origine de la loi de 1905 ? La défense de la laïcité est inhérente à l’identité de la LDH. Comment l’association a accompagné (et combattu) les inflexions autoritaires de la laïcité dans les 25 dernières années ? Quels sont ses engagements et ses pratiques aujourd’hui ?

Jean-Pierre Dubois, président d’honneur de la LDH

Emmanuel Naquet, coresponsable du groupe de travail « Mémoires, histoire, archives »

Marion Ogier, membre du Bureau national de la LDH

15h15-16h45

Ateliers – Les actions de la LDH

Interventions en milieu scolaire

Action juridique : l’exemple des crèches

La laïcité à l’hôpital

La laïcité dans l’entreprise, quel rôle de la LDH

La loi sur le voile dans le sport

17h-18h30

Table ronde 3 – Jeunes, écoles, laïcité

Animation : Martine Cocquet, coresponsable du groupe de travail « Education,  jeunesse et droits de l’enfant »

La loi de 2004 a constitué un double point de bascule : d’une part, on est passé de l’obligation de neutralité pour les agents du service public à une obligation pour une partie des usagers, les élèves ; d’autre part, la question des signes religieux à l’école a supplanté la bataille contre l’école privée. Comment apprécier les conséquences de cette loi ? Les discours récurrents sur la difficulté de faire vivre la laïcité à l’école sont-ils conformes à la réalité ? Quels effets ont eu sur les personnels et sur les élèves les attentats, notamment le meurtre de Samuel Paty ?

Vanille Laborde

Françoise Lantheaume

Françoise Lorcerie

19h

Verre de l’amitié

dimanche 30 novembre

9h-9h45

Compte rendu des ateliers

9h45-11h

Table ronde 4 – La laïcité dévoyée, l’offensive réactionnaire

Animation : Daniel Boitier, coresponsable du groupe de travail « Laïcité » de la LDH

Jean Baubérot-Vincent parle de laïcité « falsifiée ». Le rapport Baroin de 2003 opposait laïcité et droits de l’Homme. Aujourd’hui, les partis d’extrême droite se prétendent défenseurs de la laïcité. Comment l’extension de la neutralité s’est retournée contre la liberté de conscience et de culte, inscrite à l’article 1 de la loi de 1905, ou à la liberté religieuse, pourtant défendue par les textes européens et internationaux ? Mais aussi comment la loi séparatisme et le contrat d’engagement républicain ont pu mettre en crise les libertés associatives ? Au point que, si l’on observe les populations le plus souvent visées, notre défense de la laïcité se heurte au soupçon que la laïcité soit devenue discriminatoire ?

Nicolas Cadène

Martine Cohen

Stéphanie Hennette-Vauchez

Alain Policar

11h15-12h45

Table ronde 5 – Laïcité et féminisme

Animation : Joël Roman, membre de la LDH et membre du groupe de travail « Laïcité » de la LDH

On ne compte plus les débats, les mesures – souvent illégales – et les propositions de loi qui au nom de la laïcité se focalisent sur les femmes, plus précisément les femmes musulmanes et/ou racisées. Si la laïcité est incontestablement une garantie pour les droits et les libertés des femmes, quels sont les enjeux et les conséquences de ces débats et des surenchères qu’ils suscitent ? Dans quelle mesure au nom de l’émancipation des femmes aboutissent-ils à rogner leur liberté et à produire des discriminations ?

Hélène Ba

Françoise Dumont, présidente d’honneur de la LDH

Suzy Rojtman

14h30-16h30

Table ronde 6 – La laïcité dans les quartiers populaires

Animation : Joëlle Bordet, coresponsable du groupe de travail « Laïcité » de la LDH

Les quartiers populaires sont souvent montrés du doigt en matière de laïcité. Pourtant, la réalité est complexe et n’a rien à voir avec la vision caricaturale qu’en ont certains. Cette table ronde se place dans le prolongement d’un travail initié par le groupe de travail « Laïcité » dans un certain nombre de quartiers populaires.
Elle vise à montrer la diversité de la réalité vécue en croisant les expériences d’un élu d’une grande ville, d’un religieux intervenant dans une double perspective d’éducation populaire et religieuse, d’un directeur de centre social et d’un sociologue.

Saliou Faye

Wajdi Liman

Patrice Leclerc

Julien Talpin

16h30

Conclusion

Nathalie Tehio, présidente de la LDH


Source: 31e Université d’automne de la LDH : Laïcité 1905-2025 – Défendre une loi de liberté