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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives de l'auteur : psenegas

Justice : des conflits à (re)considérer 7 février, 2018

Communiqué LDH

La justice a relaxé fin janvier trois militants syndicaux de l’usine Ford de Blanquefort, près de Bordeaux. Ils étaient poursuivis pour dégradations après une manifestation, en 2012, au Salon de l’automobile. Il s’agissait pour eux d’exprimer leur volonté de sauvegarder l’emploi.

La Cour de cassation a confirmé les peines d’emprisonnement avec sursis à l’encontre de sept salariés de l’usine Goodyear d’Amiens qui avaient retenu, pendant une trentaine d’heures, le directeur des ressources humaines et le directeur de production. Goodyear et les deux cadres concernés ayant retiré leurs plaintes, les poursuites étaient intentées par le seul parquet. Là encore, il s’agissait de défendre l’emploi.

Le 6 février, le tribunal de Carpentras convoque une « faucheuse de chaises », accusée d’avoir « réquisitionné une chaise » de la BNP, dans le cadre d’une action collective. Il s’agissait de protester contre un des pires maux qui frappent le pays : l’évasion fiscale.

Le 12 février, le tribunal de Paris convoque l’association Attac à la suite d’une assignation en référé déposée par Apple. Il s’agit d’empêcher que se développe la campagne « ApplePayeTesImpôts ».

Cette énumération est loin d’être exhaustive et s’inscrit dans une longue tradition de judiciarisation des conflits collectifs. Que la justice soit saisie n’est évidemment pas en soi condamnable. Mais on constate une double accélération. D’une part, la tentation d’instrumentaliser le judiciaire non pour dépasser le conflit mais pour l’étouffer, et en nier la légitimité. D’autre part, un glissement vers un deux poids deux mesures, au détriment des accusés.

La Ligue des droits de l’Homme estime qu’un tel glissement ne laisse pas d’être préoccupant. La justice est en charge du retour à l’ordre public, lequel suppose une juste considération du conflit social et de toutes ses parties prenantes. L’issue du conflit de Notre-Dame-des-Landes devrait de ce point de vue déclencher une réflexion fondatrice sur l’économie générale des décisions administratives, de la place réelle et effective laissée au débat public, du rôle dévolu aux décisions de justice. Des enjeux tels que l’emploi, la santé, la justice environnementale ou fiscale ne seront en effet pas débattus, dépassés et résolus sans conflits ni mobilisations collectives.

Dans cette perspective, il est d’autant plus important que la justice, dans le respect du droit au conflit et à l’action collective, veille à ce que la pénalisation des acteurs des mouvements sociaux ne devienne pas un mode de gestion politique de la démocratie.

 

Paris, le 6 février 2018

 

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Source: Justice : des conflits à (re)considérer

ENFERMEMENT DES MINEUR-E-S, JUSTICE DES ENFANTS ET DES ADOLESCENT-E-S : UN ENJEU MAJEUR 3 février, 2018

Communiqué commun

Un anniversaire de plus et toujours rien à l’horizon du côté d’une réforme ambitieuse de l’ordonnance du 2 février 1945 régissant la justice des enfants et des adolescent.e.s. Après les rares modifications adoptées en 2016, ce texte fondateur est promis à une réforme à nouveau parcellaire, perdue dans la loi de programmation pour la justice, bien loin des besoins de la jeunesse.

Et les dispositions éparses qui s’annoncent, encore une fois, ne reviennent pas sur l’enfermement et le contrôle et ne tiennent pas compte de la variété des outils éducatifs. En effet, le projet de simplification de la justice des mineur.e.s avalise la création de 20 nouveaux centres éducatifs fermés. Face, au constat d’échec des prises en charge dans ces structures, il est question d’en « ouvrir les portes », notamment par des possibilités de périodes de placement sous d’autres formes sans peur de l’injonction paradoxale qui en découle. Il prévoit également l’expérimentation sur trois ans d’une activité d’accueil de jour, proposition qui loin d’être une nouveauté maintient le présupposé simpliste qu’en occupant les adolescent.es, en les contenant dans un emploi du temps, on évite la commission d’un nouveau délit, le tout sans les moyens, ni les garanties pédagogiques de rigueur.

Là où la Convention internationale des droits de l’enfant et l’ordonnance de 1945 prévoient le caractère exceptionnel de l’emprisonnement, au 1er décembre 2017, 799 mineur.e.s étaient encore incarcéré.es en France, dans les 44 quartiers mineur.es des maisons d’arrêt et les 6 établissements pénitentiaires pour mineur.es.

Au-delà de ce chiffre déjà inquiétant à lui seul, la population adolescente concernée par l’enfermement est bien plus importante : il faut y ajouter le chiffre « gris » des jeunes majeur.e.s incarcéré.e.s – statistique hélas inconnue – pour des faits commis pendant leur minorité, et qui subissent les conditions de détention des majeurs, sans prise en charge adaptée.

Cette inflation de l’incarcération trouve son prolongement dans l’enfermement dans les 52 centres éducatifs fermés, dont la nature prévaut sur l’éducatif, qu’elles que soient les intentions des professionnel.le.s y exerçant. Enfin, les mesures de probation – largement empreintes, aujourd’hui, de surveillance et de contrôle – prennent le pas sur les mesures éducatives, produisant mécaniquement des situations d’enfermement via la sanction du non respect des mesures. Entre 2005 et 2016, la part de contrôles judiciaires sur les mesures confiées à la Protection judiciaire de la jeunesse suite à la commission d’une infraction est en effet passée de 6,21% à 11,91%.
La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a été saisie d’une demande d’avis sur l’enfermement des mineurs. Cela témoigne de la prise de conscience de la ministre de la Justice, que nous avions à plusieurs reprises interpellée sur le sujet. Il est désormais urgent d’agir pour faire cesser cette situation.

Réorienter les moyens exorbitants dédiés aux lieux privatifs de liberté, dont les centres éducatifs fermés, vers les lieux destinés à l’accompagnement éducatif en milieu ouvert, dont les hébergements dits « classiques » et les services d’insertion, préférer les mesures éducatives aux mesures de probation, limiter voir supprimer la détention provisoire, renforcer la spécialisation des acteurs et actrices judiciaires sont autant de pistes à explorer pour remettre efficacement l’action éducative au cœur des prises en charge.

C’est pour raviver l’esprit de l’ordonnance de 1945, à proximité de sa date anniversaire que nous organisons un colloque les 9 et 10 février prochain à la Bourse du travail de Paris, revenant sur les mécanismes à l’œuvre dans les lieux d’enfermement, leurs effets spécifiques sur des adolescent.e.s et les implications sur le travail éducatif effectué avec ces jeunes.

Il ne s’agit pas, ici, de cultiver la nostalgie d’un texte qui, au gré des modifications y a perdu une partie de son essence, mais d’explorer des perspectives de nature à réhabiliter son objet même, contenu dans son préambule : la France n’est pas assez riche d’enfants pour qu’elle ait le droit d’en négliger tout ce qui peut en faire des êtres sains.

 

Paris, le 2 février 2018

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Source: ENFERMEMENT DES MINEUR-E-S, JUSTICE DES ENFANTS ET DES ADOLESCENT-E-S : UN ENJEU MAJEUR

Le CNDH Romeurope accueille avec intérêt et vigilance la nouvelle instruction pour la résorption des bidonvilles 3 février, 2018

Communiqué Romeurope

Ce mardi 30 janvier a été publiée une instruction « visant à donner une nouvelle impulsion à la résorption des campements illicites et des bidonvilles ».

Signée par 8 ministres, cette instruction a pour vocation de prolonger celle d’août 2012, en privilégiant l’action publique dès l’installation des personnes, et non plus en mettant uniquement l’accent sur le temps de l’expulsion.

Le CNDH Romeurope a participé à des groupes de travail sur l’élaboration de cette instruction, et y retrouve plusieurs de ses propositions.

Un objectif de résorption des bidonvilles est fixé à 5 ans : cet objectif, ambitieux, ne pourra être tenu qu’avec une bonne dose de courage politique. Il implique en effet de rompre avec des politiques publiques qui pendant 25 ans n’ont fait que privilégier les expulsions, faisant prévaloir le droit de propriété sur les droits fondamentaux des enfants, femmes et hommes vivant dans ces bidonvilles. Cet objectif ne pourra sérieusement devenir réalisable que dans la mesure où, d’un part, les habitants des squats et bidonvilles seront respectés et non triés et sélectionnés, et d’autre part, à condition que les personnes concernées, collectifs et associations soient systématiquement et obligatoirement associés tant sur la conception de cette stratégie que sur sa mise en œuvre locale.

La nouvelle instruction appelle les Préfets à mettre en place des stratégies globales à l’échelle intercommunale. Cette concertation locale est nécessaire et bienvenue, mais une stratégie ne suffit pas, si elle n’est pas suivie de moyens financiers et d’engagement politique. Toute stratégie doit par ailleurs être déclinée en mesures concrètes qui engagent les différents acteurs : personnes concernées avant tout, associations et collectifs, Etat, région, département, intercommunalités et municipalités.

L’instruction appelle aussi les pouvoirs publics à agir en assurant le respect des lois de la République : nous espérons que parmi ces lois, les droits à la scolarisation et à la domiciliation ou au bénéfice de la trêve hivernale seront des priorités.

Ce nouveau texte pourrait permettre de donner un nouveau souffle à l’action publique. Cependant il est important de se souvenir que la circulaire du 26 août 2012 a eu une application très partielle sur les territoires, quand elle n’a pas été piétinée dans certains départements. En 2017, ce sont plus de 11000 personnes qui ont été expulsées de leurs lieux de vie, dont 63% en Ile-de-France.

Pendant les 5 prochaines années, le CNDH Romeurope sera très vigilant quant à la mise en place concrète, à l’échelle locale et nationale, de ce que prévoit cette nouvelle instruction.

Paris, 1er février 2018

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Source: Le CNDH Romeurope accueille avec intérêt et vigilance la nouvelle instruction pour la résorption des bidonvilles

Sarcelles : inadmissible agression antisémite 3 février, 2018

Communiqué LDH

Un garçon de 8 ans qui portait une kippa a été frappé par deux jeunes passants, lundi à Sarcelles (Val-d’Oise). L’antisémitisme de cette agression est avéré, aucun autre mobile n’ayant été rapporté ou constaté.

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) s’élève vigoureusement contre cet acte et attend la plus grande diligence pour la suite de l’enquête. La LDH rappelle que le racisme n’a pas de justification quel que soit l’auteur, quelle que soit la victime. La LDH appelle à poursuivre toutes les actions qui s’opposent à ce que l’on divise les personnes selon une origine ou une croyance supposées ou réelles.

Paris, le 31 janvier 2018

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Source: Sarcelles : inadmissible agression antisémite

Lettre à l’attention du maire de Saint-Nazaire 29 janvier, 2018

 Lettre de l’Observatoire de la liberté de création

Paris, le 26 janvier 2018

 

Monsieur le Maire,

L’Observatoire de la liberté de création, créé en 2002 au sein de la Ligue des droits de l’Homme, a pris connaissance du courrier que vous avez adressé le 19 janvier 2018 à l’association Les Escales, et de la déprogrammation du concert de Bertrand Cantat.

Dans ce courrier, vous vous déclarez attaché aux grands principes, mais c’est pour aussitôt les méconnaître.

Vous ne pouvez regretter découvrir la programmation de ce festival par voie de presse et déclarer respecter la liberté de celle-ci. Aussi, nous ne comprenons pas comment vous entendez respecter la liberté de création et de programmation qui sont, nous en sommes d’accord, « des piliers essentiels pour favoriser l’ouverture aux autres ».

Vous exprimez votre « totale désapprobation quant à la programmation de ce concert ». Mais il ne s’agit pas d’un simple avis, que vous êtes certes parfaitement libre d’exprimer. Car en rendant publique votre désapprobation, en rappelant que vous financez le festival, en prétendant vouloir protéger la paix civile (rien que cela ?) et en émettant publiquement une critique de fond sur l’ensemble de la programmation, histoire de faire planer une menace sur la suite de cette manifestation, vous créez une pression à laquelle le festival n’a pas pu résister.

Vous vous dites « attaché à ce que les personnes condamnées et ayant exécuté leur peine retrouvent pleinement la vie de la cité », ce qui est la moindre des choses, mais vous considérez néanmoins que le concert de Bertrand Cantat constituerait un danger pour le « maintien de la paix civile », sinon pour les droits des femmes, leur vie et leur sécurité ! Mais comment un artiste peut-il participer à la vie de la cité mieux que par ses concerts ? Et comment y parviendra-t-il si tous les maires de France adoptent la même attitude ? Non, monsieur le maire, il ne s’agit pas de « protéger les droits des femmes », que ce concert ne met nullement en danger, mais de condamner à nouveau et à perpétuité, en lieu et place des juges et par la seule intimidation des acteurs culturels concernés, quelqu’un qui a déjà purgé sa peine. Aucun crime — et nous sommes bien d’accord sur la gravité exceptionnelle de celui pour lequel Bertrand Cantat a été condamné — ne justifie ce qui s’apparente à une condamnation à la mort civile sans terme ni rémission.

L’association Les Escales a annoncé la déprogrammation de Bertrand Cantat suite à la désapprobation de « plusieurs personnes des sphères publiques et privées ». Devant les réactions, vous avez aussitôt précisé que les pressions ne venaient pas de la mairie de Saint-Nazaire et « qu’il n’a jamais été question que la ville de Saint-Nazaire modifie sa subvention aux Escales en raison de leur décision ». Cet engagement sera sans doute de nature à rassurer les organisateurs. Mais il ne suffit pas. Face aux pressions qui ont motivé la déprogrammation, la mission des collectivités locales, selon la loi 2016-925 du 7 juillet 2016, consiste également à

« garantir la liberté de diffusion de la création et des expressions culturelles, en mobilisant notamment le service public des arts, de la culture et de l’audiovisuel ». Il est de votre devoir de garantir l’ordre public contre toutes les pressions publiques et privées à l’occasion de ce concert et de permettre qu’il soit à nouveau programmé dans les meilleures conditions.

Votre lettre ayant été publique, vous comprendrez que la nôtre le soit également.

Nous vous prions de croire, monsieur le Maire, à l’expression de nos sentiments choisis.

 

Jean-Claude Bologne, co-délégué de l’Observatoire

Agnès Tricoire, co-déléguée de l’Observatoire

Daniel Véron, co-délégué de l’Observatoire

Christian Hazebrouck, délégué régional du comité régional LDH Pays de la Loire

Henri Julien Castel, président de la section LDH de Saint-Nazaire

 

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Source: Lettre à l’attention du maire de Saint-Nazaire

29 janvier 2018 – Tribune de plusieurs associations, dont la LDH « Loger les personnes sans domicile, non pas les trier » publiée dans La Croix 29 janvier, 2018

33 associations, dont la LDH, s’expriment pour affirmer leur cohésion sur le sujet de la circulaire du 12 décembre 2017, pour une nouvelle politique du logement

Lire l’article

Source: 29 janvier 2018 – Tribune de plusieurs associations, dont la LDH « Loger les personnes sans domicile, non pas les trier » publiée dans La Croix

Pour les député-e-s aussi, un inquiétant recul des libertés 29 janvier, 2018

Communiqué LDH

Contrairement au dicton selon lequel l’habit ne fait pas le moine, le bureau de l’Assemblée nationale vient de décréter que le costume faisait le-la député-e. Sera en effet désormais prohibé « le port de tout signe religieux, ostensible, d’un uniforme, de logos ou de messages commerciaux ou de slogans de nature politique ». Cette modification s’est faite en toute discrétion et selon une procédure qui évite le contrôle du Conseil constitutionnel. C’est dire si les responsables de cette modification sont sûrs de leur assise juridique !

On serait tenté d’en rire, tout en rappelant quelques évidences. Par exemple, que l’abbé Pierre a siégé en soutane sur les bancs de l’Assemblée il y a soixante-dix ans, sans que la République ait à en souffrir. Egalement qu’exiger la neutralité d’un-e député-e revient tout bonnement à exiger son silence. Ou encore que le principe de laïcité, malheureusement évoqué en cette affaire, est ici plusieurs fois trahi. D’abord parce l’impératif de neutralité s’applique aux fonctionnaires ou aux exécutifs agissant au nom de l’Etat, certainement pas aux élu-e-s ! Ensuite, Aristide Briand, rapporteur du texte de loi de 1905, s’est toujours refusé à statuer sur le vêtement, quel qu’il soit. Enfin, et il est dommage d’avoir à le rappeler, parce que la loi de 1905 vise à assurer la liberté de conscience et à protéger la liberté d’expression, « même religieuse » (article 10 de la Déclaration de 1789).

La LDH dénonce une démarche dont le ridicule le dispute au toxique et qui entend évincer l’expression des convictions philosophiques et des croyances du débat public. Cette décision prise en catimini participe dangereusement de la prétention à étendre l’impératif de neutralité à l’ensemble de la société, faisant de la laïcité ce qu’elle n’est pas, une religion ou une morale.

La LDH a saisi le président de l’Assemblée nationale et les présidents de groupe afin d’obtenir l’annulation de cette décision.

Paris, le 29 janvier 2018

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Source: Pour les député-e-s aussi, un inquiétant recul des libertés

Refoulement immédiat d’un enfant de 12 ans à la frontière franco-italienne : le tribunal administratif de Nice sanctionne l’administration 29 janvier, 2018

Communiqué Anafé

 

Dans une ordonnance du 22 janvier 2018, le tribunal administratif de Nice constate les pratiques illégales de l’administration française à l’encontre d’un mineur isolé de 12 ans et enjoint la préfecture à réexaminer sa situation. Cette décision condamne les pratiques de refoulement immédiat des mineurs isolés étrangers à la frontière franco-italienne.

« Si l’Anafé se réjouit de la décision rendue par le tribunal administratif de Nice, un long chemin reste à parcourir pour que les droits de tous les mineurs se présentant à cette frontière soient respectés par l’administration française », déclare Alexandre Moreau, Président de l’Anafé.

Le 12 janvier, Halim (prénom modifié), jeune Erythréen âgé de 12 ans a été interpellé par les forces de l’ordre françaises à son arrivée en gare de Menton-Garavan. Il s’est vu opposer un refus d’entrée sur le territoire et a été refoulé, en toute illégalité, le jour même par train vers Vintimille. Halim s’y est retrouvé livré à lui-même sans aucune prise en charge. Alertée de cette situation par les acteurs associatifs italiens et français, l’Anafé a décidé, de déposer, aux côtés d’Halim et de son avocate Me Mireille Damiano, une requête en urgence (référé-liberté) afin de faire sanctionner les atteintes portées à ses droits fondamentaux par l’administration française.

Le juge des référés du tribunal administratif de Nice considère que la décision de refus d’entrée sur le territoire est une atteinte illégale et grave à l’intérêt supérieur de l’enfant, garanti par la convention internationale des droits de l’enfant. Il rappelle que des garanties particulières doivent encadrer toute décision de refus d’entrée sur le territoire pour un mineur isolé étranger, parmi lesquelles la désignation sans délai d’un administrateur ad hoc et le droit au jour franc automatique qui ne sont jamais respectés à la frontière franco-italienne depuis le rétablissement des contrôles aux frontières internes en novembre 2015.

Il enjoint au préfet des Alpes-Maritimes de prendre attache avec les autorités italiennes afin de remettre sous trois jours un sauf-conduit à Halim afin qu’il puisse se présenter au poste de la police aux frontières de Menton Pont Saint-Louis. Il lui enjoint également de saisir le procureur de la République afin qu’un administrateur ad hoc soit désigné pour le représenter dans ces procédures.

Si la décision du tribunal administratif de Nice redonne espoir quant au respect des droits des enfants se présentant à la frontière franco-italienne, l’Anafé demande que cessent immédiatement les pratiques telles que celles subies par Halim. L’administration française doit respecter ses engagements internationaux et la législation applicable pour assurer une protection effective à tout mineur isolé étranger, et plus largement à toute personne en besoin de protection, se présentant à la frontière franco-italienne.

 

Pour aller plus loin : voir l’ordonnance du tribunal administratif de Nice, 22 janvier 2018

Voir également : http://www.anafe.org/spip.php?article452

 

Paris/Nice, le 24 janvier 2018

 


Source: Refoulement immédiat d’un enfant de 12 ans à la frontière franco-italienne : le tribunal administratif de Nice sanctionne l’administration

Dénonciation on line, la nouvelle brise de Nice 19 janvier, 2018

Communiqué LDH

Pendant deux mois, la ville de Nice va tester une application nommée « Reporty », sans attendre l’avis de la Cnil, qu’elle a pourtant sollicité. La Ligue des droits de l’Homme (LDH) juge que cette expérimentation est dangereuse pour les libertés. Fonctionnant sur téléphone portable, ce dispositif permettra à deux mille citoyen-ne-s habilité-e-s (agents municipaux, membres des comités de quartier et voisins vigilants) de transmettre des vidéos de délits et d’infractions directement au Centre de supervision urbaine (CSU) où elles seront traitées et géolocalisées en direct comme les images des mille deux cents caméras de vidéosurveillance de la ville.

Cette décision traduit la volonté de plus en plus nette de certaines municipalités de se « substituer » à l’Etat, singulièrement lorsqu’il s’agit de missions de police.

La LDH dénonce cette « municipalisation » qui prétend assurer toujours plus de missions de sécurité à la place de la police nationale. Elle constitue un risque pour la sérénité de toutes et de tous. En effet cette conception de la police municipale, à laquelle s’ajoutent les dispositifs « Participation citoyenne »,
« Voisins vigilants », « Chasseurs vigilants » et maintenant « Reporty », ne s’appuie pas sur des garde-fous juridiques solides. L’utilisation de nouvelles technologies, loin de constituer une quelconque garantie, risque au contraire d’exacerber les risques de délation et de favoriser une escalade répressive. La LDH considère que l’évaluation d’une incivilité par l’auteur-e d’un signalement est tellement subjective qu’elle atteint gravement la façon de vivre ensemble.

Croire que la technologie va pallier l’absence de relation de proximité entre police et population est plus qu’une erreur. C’est une faute au regard des valeurs fondamentales de la citoyenneté. C’est pourquoi la LDH met en garde face à ces dérives et demande l’arrêt de cette expérimentation. Elle rappelle que la présence de multiples caméras de surveillance n’a pas empêché l’attentat de juillet 2016. La LDH considère que la meilleure des préventions, comme la meilleure des répressions, consiste à assurer une présence physique vigilante, efficace parce que respectueuse des libertés.

Paris, le 18 janvier 2018

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Source: Dénonciation on line, la nouvelle brise de Nice

En Autriche comme ailleurs, refuser la banalisation de la droite extrême 15 janvier, 2018

Communiqué AEDH, dont la LDH est membre
Bruxelles, 15 janvier 2018 – A l’occasion de la tournée européenne du chancelier autrichien qui se rend à Paris et à Berlin les 12 et 13 janvier 2018, l’Association européenne pour la défense des droits de l’Homme (AEDH) considère que la composition du gouvernement autrichien présidé par Christian Kurz ne peut être tenue pour normale et anodine.

Au cœur de l’Europe, il est particulièrement choquant qu’un gouvernement légal a cru bon d’assurer sa majorité en y faisant entrer le FPÖ, parti issu de la droite la plus extrême du pays. Ouvertement xénophobe, radicalement opposé à tout ce qu’il considère comme étranger, culturellement raciste, fondamentalement anti-européen, le FPÖ est directement l’héritier et le continuateur d’un part nazi dont les protagonistes et les idées n’ont pas été judiciairement écartés de la vie politique autrichienne.

A l’épreuve de l’instabilité du monde, en Autriche, comme dans d’autres États membres de l’Union européenne, des partis ouvertement fascistes et racistes sont soit entré dans des coalitions gouvernementales, soit sont aux marges du pouvoir, soit enfin pèsent de façon négative sur les politiques publiques. Ils tentent d’engager leur pays respectifs dans une voie que l’on voulait considérer comme impossible depuis 1945.

L’AEDH appelle les citoyennes et les citoyens autrichiens à être particulièrement vigilants dans leur observation du cours politique de leur pays. L’AEDH recommande aux citoyennes et aux citoyens européens de prendre la mesure du retour de la droite la plus extrême dans leur propre pays et de lutter contre les tentatives de coordination de ces partis dans toute l’Europe au nom d’une communauté ethnique inexistante qui nécessiterait l’exclusion, voire l’élimination des « autres », les allogènes, les juifs, les arabes, les noirs, les roms, les handicapés, les malades mentaux, les syndicalistes, les associatifs…

L’AEDH a appris que le chancelier Kurz n’est ni raciste ni xénophobe, ni bien sûr nazi. C’est donc à ses actes qu’il conviendra de mesurer le sens dans lequel ira la politique de l’Autriche. L’AEDH attend des gouvernements des Etats membres et des institutions européennes une vigilance sans faille pour éviter que les déviations et exactions d’extrême droite deviennent des idées normales et acceptables.

 


Source: En Autriche comme ailleurs, refuser la banalisation de la droite extrême