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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives du tag : Roms

Le collectif CADDRIS a rencontré le sous-préfet d’Aix 17 février 2012

Cinq représentants du Collectif Aixois pour les droits et la dignité des Rroms, des immigrés et des sans-papiers ont été reçus le 14 février en Sous-préfecture d’Aix-en-Provence.

Nous avons redit l’urgence à agir pour trouver des solutions dignes, humaines et durables afin d’en finir avec la précarité des bidonvilles de l’Arbois et de Vasarely.

Nous avons réclamé qu’une table ronde, sous l’égide de l’Etat garant des solidarités, réunisse les partenaires institutionnels et associatifs, les travailleurs sociaux et les populations concernées.

Monsieur le Sous-préfet s’est engagé à demander aux autorités aixoises et à celles du Conseil Général – propriétaires fonciers – de se réunir pour étudier la question ; il leur fera part de la volonté du Collectif de sortir rapidement d’une situation humainement intolérable. Il a également souligné l’importance du rôle des associations qui devraient participer à la mise en place de solutions concrètes.

Pour autant il n’a pas l’intention d’aller plus loin et n’envisage pas la convocation d’une table ronde sous son autorité.

Même s’il suivra avec attention les résultats éventuels de la rencontre Mairie d’Aix – Conseil Général, le CADDRIS ne peut se satisfaire de la position prise par l’Etat. Nous continuons en effet de plaider pour la réunion de toutes les parties concernées afin de trouver des solutions aux problèmes d’accueil et d’intégration des Roms sur tout le territoire de la Communauté du Pays d’Aix.

C’est ensemble et seulement ensemble que les collectivités territoriales, le Conseil Général, le Conseil Régional, l’Etat, l’Europe, les partenaires associatifs et les représentants des Roms seront capables d’élaborer les solutions adaptées. En conséquence, le CADDRIS continuera à œuvrer pour que cette démarche de table ronde soit enclenchée.

Il demande d’ores et déjà à la Mairie et au Conseil général d’être associé à leurs futurs travaux.

Il soutiendra toutes les initiatives pour mobiliser la population jusqu’à ce que les questions posées soient vraiment prises en compte.

Claudie Hubert, Philippe Chouard, Marc Durand, Hervé Guerrera, Philippe Sénégas

Pièces jointes

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Mme Joissains et les roms : nous sommes indignés 6 juillet 2011

Lors du dernier conseil municipal, Madame Joissains s’en est prise violemment aux Roms-migrants (qui viennent des pays de l’Est) et a réclamé au Président de la République de rétablir les frontières intérieures de l’Union européenne.

Oui, la mendicité nous dérange, même si on ne peut la dire agressive.

Oui, la majorité des enfants Roms du Centre Ville ne sont pas scolarisés.

Oui, les Roms-migrants constituent une population difficile à accueillir et à gérer.

Oui, il existe en France des réseaux mafieux et des gangs « bien de chez nous ». La Police les connaît. Ils ne sont pas « LA population Rom ».

Que doit faire un maire devant une telle situation ? Assurer la sécurité des citoyens, bien sûr. Mais sont-ils en danger ? distiller la peur remplace-t-il une politique ? et la sécurité de cette population que l’on redoute, qu’en fait-on ? Le rôle d’un maire est aussi d’accueillir toute population, qu’elle lui plaise ou non :

Qu’a fait la maire pour aider l’accès au travail ? Pour corriger l’effet de réglementations et de lois (qu’elle a votées) interdisant de fait à ces Roms d’être embauchés ?

Qu’a fait la maire pour la scolarisation des enfants ?

Qu’a fait la maire pour permettre à ces gens, quel que soit leur statut administratif, de disposer du minimum en-dessous duquel les conditions de vie sont infrahumaines ?

Au contraire, Madame Joissains, avec ses collaborateurs M Susini et Mme Draouzia, produit un discours où les affirmations les plus éculées, les plus basses, sont reprises comme en un temps qu’on pensait révolu. Elle parle d’agressions, de « professionnels », de » réseaux », de « méthodes », d’enfants pour lesquels « il y a forcément des produits pour qu’ils se tiennent tranquilles », de « pratiques indignes », de la peur des personnes âgées (elles ont bon dos !), etc. Elle fait un numéro de « grand cœur », « ému par le sort de ces enfants ». Mais là, quand on sait son attitude, son (in)action, sa hargne, l’écœurement est total. D’autres habitants d’Aix, et des institutions, sont préoccupés de ce sort et tous se heurtent à ce rejet orchestré par la maire.

On a voulu faire l’Europe, source de richesse. Dans le panier se trouvaient aussi des pauvres : 15 000 roms (sur environ deux millions) sont venus en France, peut-être 2 à 300 à Aix. Et il n’y a rien d’autre à faire que les rejeter, les stigmatiser, les expulser ?

Voilà pourquoi nous sommes indignés. Et la honte nous submerge.

Comme la majorité à laquelle elle appartient Mme Joissains défigure la République ; elle participe et contribue à la xénophobie, se défausse sur des groupes ethniques de l’insécurité que le régime met en scène.

Oui, il faut en finir avec cette politique de la peur et de la discrimination. Et reconstruire une République où chacun peut être fier d’être citoyen, la République « libre, égale et fraternelle » qui est la nôtre.

Ligue des Droits de l’Homme, section d’Aix-en-Provence

Les Roms roumains à Aix 4 septembre 2010

Sur la ville, on compte trois groupes de Roms roumains, et quelques isolés. Il y a aussi des « Yougoslaves » dont nous ne parlons pas ici.

Ces groupes ont chacun moins de 30 personnes. Ce sont des sédentaires roumains, qui essayent de gagner un peu d’argent pour faire vivre les familles restées en Roumanie. Mais la France a pris des dispositions pour qu’ils ne puissent pas être autorisés à travailler, et qu’ils soient facilement expulsables, bien que citoyens de l’union européenne. Ils vivent dans des caravanes pourries récupérées lorsqu’elles sont abandonnées par les Gens du Voyage. Ils ne font pas partie des Gens du Voyage, n’ont d’ailleurs pas de contacts avec eux. Il s’agit simplement de gens discriminés chez eux et cherchant un lieu qui leur permette de survivre. Mais sans droit au travail ni aux soins, il leur est impossible d’obtenir de logement.

Un premier groupe, d’abord repoussé du pont de l’Arc vers Luynes, a été fortement incité par la mairie annexe de Luynes à déménager sur le plateau de l’Arbois. On leur a expliqué qu’il s’y trouvait l’aire d’accueil des Gens du Voyage, qu’ils s’y installeraient, auraient alors de l’eau et l’électricité. Et ils l’ont cru.

Mais ce ne sont pas des Gens du Voyage. Les Gens du Voyage sont des Français qui ont un carnet de circulation, c’est très précisément défini. Et les aires d’accueil ne peuvent pas recevoir d’autres personnes que des Gens du Voyage. La mairie, responsable de l’aire d’accueil, le sait fort bien.

Ce groupe se trouve donc sur un terrain vague sur le plateau de l’Arbois, loin de tout, et bien sûr sans eau ni électricité. Ne parlons pas des possibilités de scolariser ou soigner les enfants.

Un second groupe se trouvait chemin des flâneurs à la ZAC, après avoir été chassés en janvier d’un terrain situé entre la ZAC et les Milles. Le chemin des flâneurs est une impasse en terre, coincée entre l’autoroute et des clôtures d’entreprises. Ils étaient sur le bas-côté. Ils ont d’abord subi une demande d’expulsion parce qu’ils seraient dangereux pour l’autoroute. Elle passe deux mètres en contrebas et ils en étaient séparés par une clôture de deux mètres de hauteur et une haie d’arbres. La Justice a estimé que la demande d’expulsion était infondée. Alors la Maire d’Aix a contre attaqué, et a demandé leur expulsion parce qu’ils seraient un trouble manifeste à l’ordre public.

Le trouble est-il dû à leur implantation en un lieu invisible de tous, ou parce que certains faisaient la manche en ville ? Mais on ne peut pas expulser parce qu’on fait la manche.

La Maire a rajouté qu’ils devaient eux aussi monter à l’Arbois, pour s’installer sur l’aire d’accueil des Gens du Voyage. Et cette fois-ci la Justice a accepté l’expulsion. Mais ils ne sont pas des Gens du Voyage, et n’ont pas droit à l’aire d’accueil. Le jugement était du 20 juillet, la Maire a demandé l’aide de la puissance publique pour expulser, qui lui a été accordée par un arrêté du Sous-Préfet en date du 3 août. La Police qui faisait déjà de fortes pressions depuis deux mois a augmenté ses pressions, et ils ont disparu d’un coup un peu avant le quinze août, par peur des interventions policières. Ils ont disparu dans la nature sans laisser de traces…on les retrouvera probablement cet hiver.

Un troisième groupe est situé près de la voie ferrée de Rognac entre ZUP et ZAC, à 300 mètres des précédents, depuis quelques années. La Police a profité de l’expulsion des précédents pour faire de fortes pressions sur eux afin qu’ils partent. On mélange les affaires, on leur dit que le tribunal a décidé de leur expulsion, etc…Et on les contrôle sans cesse. Ils avaient très peur, mais ils avaient compris que le Tribunal n’avait jamais décidé de leur expulsion et qu’ils n’étaient pas sur un terrain communal. Ils sont restés.

Alors « on » a organisé le grand cirque. Le 19 août, après avoir informé la presse, ont débarqué CRS, PAF, les polices d’Aix, pour faire un contrôle d’identité et écraser avec des bulls les caravanes abandonnées par les précédents. Cela permet de les terroriser (ce genre de contrôles ne se fait pas dans la douceur, ni le respect des personnes), et de tout mélanger, contrôle d’un côté, destruction de caravanes de l’autre, pour bien montrer qu’à Aix on expulse, et avec la manière forte.

Un petit grain de sable : l’Evêque voulait les visiter, il est arrivé en même temps que les policiers, et ce qu’il a vu ne lui a pas plu.

Enfermé à Dachau de 1937 à 45, le pasteur Martin Niemöller a écrit ce texte qui sera la conclusion :

« Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas Juif.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas catholique.

Et lorsqu’ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour protester. »

Nous sommes ici pour protester.

Marc Durand, Ligue des Droits de l’Homme

Contrôle d’identité d’un petit groupe de Roms 20 août 2010

Ce soir du 19 août une descente de Police a été organisée sur un petit camp de Roms roumains fait de quelques caravanes ou baraques. Ce camp est bien connu depuis longtemps de la part des autorités.

La mairie d’Aix avait obtenu le 20 juillet une décision d’expulsion d’un autre petit groupe situé à 300 mètres de là, parqués sus les bas côté d’une impasse de terre, bloquée entre l’autoroute et des clôtures d’entreprises. Cette douzaine de personnes étaient accusée de créer de « nombreux troubles à l’ordre public », ils étaient priés de se rendre sur l’aire d’accueil des Gens du Voyage. La mairie fait semblant d’ignorer qu’il ne s’agit pas de « Gens du Voyage » et que l’aire d’accueil, sous sa responsabilité, ne peut donc les recevoir. Ces Roms ont disparu de l’horizon. Ils étaient sur un terrain municipal (le bas-côté du chemin), ce qui a facilité la décision de justice.

Cette fois-ci il s’agissait d’une grande opération médiatique contre ceux qui n’occupent pas un terrain municipal. La presse était informée afin de pouvoir faire écho au « bon travail » de la Sous-Préfecture. Y –a-t-il besoin de dizaines de policiers pour vérifier l’identité de quelques personnes apeurées que l’on connait déjà ? Il s’agissait bien de montrer qu’on peut leur faire peur…ou que ces gens seraient dangereux pour nécessiter de tels moyens ?

Nous condamnons de telles méthodes qui ne sont pas respectueuses des gens. Un policier doit-il tutoyer ceux qu’il contrôle, doit-il les terroriser pour faire son travail ? Le respect des citoyens, quels qu’ils soient, est un devoir, nous estimons qu’en l’occurrence ce devoir n’a pas été respecté.

Nous condamnons cette sorte de rejet qui nous fait honte.

Notre sécurité est bafouée chaque fois qu’on traite inhumainement des groupes de citoyens. Comment après demander de leur part le respect de nos institutions et de leurs représentants, ou simplement de la population qui les rejette ?