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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives par catégorie : Non classé

L’étau se resserre sur les contrôles d’identité « au faciès » 26 janvier 2017

Après le Défenseur des droits, la cour d’appel de Paris et la Cour de cassation, le Conseil constitutionnel recadre à son tour les contrôles d’identité.

Bien que le Conseil constitutionnel ait jugé les articles 78-2 alinéa 7 et 78-2-2 conformes à la constitution, les organisations de la plateforme En finir avec les contrôles au faciès considèrent que les réserves formulées par les neuf sages confirment l’urgence d’une réforme en profondeur du cadre législatif et des pratiques en matière de contrôle d’identité. 

Tandis que les occupants successifs du ministère de l’Intérieur s’échinent, au Parlement et dans les instances contentieuses, à en nier l’ampleur, des voix de plus en plus pressantes et nombreuses s’élèvent pour en dénoncer l’existence et les conséquences délétères. A la dénonciation vient s’ajouter une critique désormais répandue des insuffisances législatives qui nourrissent cette pratique discriminatoire, de l’absence de récépissé de contrôle à l’imprécision des critères juridiques autorisant un contrôle.

Après la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) qui, le 8 novembre 2016, a recommandé « aux pouvoirs publics d’assurer la traçabilité des opérations de contrôle d’identité », et d’introduire dans le texte encadrant les contrôles d’identité l’exigence d’objectivité des critères pour les justifier ;

Après la Cour de cassation, qui, le 9 novembre 2016, a confirmé la condamnation de l’Etat pour faute lourde en raison de contrôles d’identité discriminatoires ;

Après le Défenseur des droits, qui, ajoutant à ses recommandations de 2012 et observations de 2015, publie le 20 janvier 2017 une enquête soulignant l’ampleur et la persistance des contrôles au faciès. Il insiste, par ailleurs, sur « la nécessité de conduire une réflexion partagée sur l’encadrement juridique des contrôles d’identité sur leur efficacité et leurs effets » ;

Le Conseil constitutionnel vient de rendre sa décision suite à deux questions prioritaires de constitutionnalité visant notamment l’article 78-2 alinéa 7 et l’article 78-2-2 du Code de procédure pénale, qui permettent les contrôles d’identité autorisés par réquisition du procureur dans un lieu et un temps déterminé et aux fins de recherches et poursuites d’infractions, quel que soit le comportement de la personne.

Certes, le Conseil constitutionnel a jugé ces dispositions conformes à la Constitution. Mais il a fermement énoncé, dans deux réserves d’interprétation, que le procureur ne peut retenir des lieux et périodes sans lien avec la recherche des infractions visées dans ses réquisitions, ni autoriser la pratique de contrôles d’identité généralisés dans le temps ou dans l’espace.

Cette décision devrait mettre fin à la pratique actuelle qui voit des procureurs prendre des réquisitions tellement larges et répétées qu’elles constituent une autorisation perpétuelle et sans condition de contrôler les identités des passants, incontestable terreau du contrôle d’identité « au faciès ».

Si les organisations de la plateforme « En finir avec les contrôles au faciès » regrettent que le Conseil constitutionnel ait admis la constitutionnalité de contrôles d’identité décidés sur des critères sans lien avec le comportement de la personne, elles notent avec satisfaction que le Conseil a rappelé que ces contrôles doivent « s’opérer en se fondant exclusivement sur des critères excluant toute discrimination de quelque nature que ce soit entre les personnes ».

La succession de ces décisions, avis et recommandations venant des plus hautes autorités judiciaires, constitutionnelles et consultatives, impose aujourd’hui au législateur de réformer en profondeur le droit des contrôles d’identité pour ne les admettre que s’ils sont fondés sur des critères objectifs et effectués dans le seul but de la prévention et de la répression des infractions pénales et d’imposer la délivrance d’un récépissé de contrôle.

A télécharger : le communiqué de la plateforme En finir avec les contrôles au faciès

Signataires :

GISTI

Human Rights Watch

Ligue des droits de l’Homme

Maison Communautaire pour un Développement Solidaire

Open Society Justice Initiative

Pazapas

Syndicat des Avocats de France

Syndicat de la Magistrature

#Quoimagueule

Source: L’étau se resserre sur les contrôles d’identité « au faciès »

Bulletin « Les droits de l’Homme en Chine » n° 112 – décembre 2016 20 janvier 2017

Un coup d’État progressif

Comme s’il pressentait une zone de turbulences, le régime chinois accumule les précautions. Il accentue son contrôle sur les medias, n’admet pas qu’on s’interroge sur ses choix, redoute les paroles libres et celles qui se réclament d’autres valeurs que les siennes. L’évolution est continue depuis quatre ans avec, comme première étape sans doute, le congrès de 2017. En même temps qu’il lutte contre les fractures internes – et peut-être pour mieux lutter contre elles – le régime n’oublie pas de s’affirmer sur le plan international. Il développe et expose sa force militaire et s’efforce de limiter l’affaiblissement de son économie. […]

Pour lire la suite, téléchargez la lettre Chine n°112

Source: Bulletin « Les droits de l’Homme en Chine » n° 112 – décembre 2016

Protégé : Je soutiens l’accueil des migrantes et des migrants ! 24 novembre 2016

A l’initiative de la Ligue des droits de l’Homme, 179 élues locales et élus locaux ont signé à ce jour ce manifeste de soutien à l’accueil des migrantes et migrants partout sur notre territoire.

  • Parce que je n’oublie pas que notre pays a toujours donné refuge à ceux qui fuyaient des terres lointaines pour des terres plus hospitalières,
  • Parce que je n’oublie pas que nos aïeux ont été accueillis lorsqu’ils fuyaient guerre, dictature ou misère,
  • Parce que je n’oublie pas que personne ne s’exile par plaisir mais pour des raisons graves,
  • Parce que je n’oublie pas que chacun-e a droit au respect de sa personne dans sa dignité et dans ses droits,
  • Parce que je ne veux pas avoir honte du sort réservé aux migrants qui ont réussi à rejoindre notre pays,
  • Parce que les réactions xénophobes dont les migrants sont victimes, suite aux accords de relocalisation prévus par l’Union européenne et au démantèlement de la « jungle » de Calais, ternissent la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » portée par notre République,

Je déclare soutenir toutes les initiatives, proches de chez moi comme partout sur le territoire, qui offrent aux migrants des conditions d’accueil respectueuses de leurs droits fondamentaux.

 

Derniers signataires :

Dernières signatures
35 Martine Lavaux Martigues 24/11/2016 @ 07:46
34 Laurent Cessou Pontchâteau LDH 24/11/2016 @ 07:23
33 marie-hélène Boileau Sète Sète 24/11/2016 @ 06:39
32 Emmanuel Drogue lyon graphiste 24/11/2016 @ 06:29
31 Lazare BENNACEUR Leers Educateur retraité 24/11/2016 @ 05:48
30 Gerard CHEVROT 74800 retraité 24/11/2016 @ 05:24
29 Laurent Dior Tours Manager 24/11/2016 @ 04:23
28 anne marie routier Montreal retraitée 24/11/2016 @ 04:01
27 José COLLADO Conseiller départemental 24/11/2016 @ 00:30
26 daniel ladurelle 38760 24/11/2016 @ 00:27
25 François Caussarieu Pau Ensemble! 24/11/2016 @ 00:16
24 jean gabriel tournier ANOYE ANOYE 23/11/2016 @ 23:32
23 christian Charles-Fouilloux Manosque LDH 23/11/2016 @ 23:30
22 Serge FOURESTIER 94120 23/11/2016 @ 23:25
21 Nathalie Lichtensztein Paris 23/11/2016 @ 23:22
20 Sonia Najid le havre le havre 23/11/2016 @ 23:18
19 jean claude recolin toulouse retraité 23/11/2016 @ 23:03
18 Patrick Herbecq 59100 23/11/2016 @ 22:47
17 Annie Molinet Séderon retraitée 23/11/2016 @ 22:34
16 ghyslaine kouidri pujo infirmiere 23/11/2016 @ 22:30
15 Sylviane Moritz Paris 23/11/2016 @ 22:26
14 Frédéric Lafargue Pau Épicier 23/11/2016 @ 22:10
13 Cedric Yhuel Aix en provence Directeur commercial 23/11/2016 @ 22:00
12 Jean-Luc KERENFLEC’H La CRAU Citoyen 23/11/2016 @ 21:53
11 Candice Lelièvre Montpellier Sage-femme 23/11/2016 @ 21:45
10 Joelle DAUDEY BESANCON infirmiere retraitéé 23/11/2016 @ 21:41
9 Jean-Pierre Pertuy Laperriere sur Saône 23/11/2016 @ 21:40
8 Christophe Dumont Charleville-Mézières conseiller municipal 23/11/2016 @ 21:37
7 emmanuelle gourdain 23/11/2016 @ 21:30
6 corinne PELTA toulouse 23/11/2016 @ 21:09
5 Jérémie Griard Enghien-les-Bains 23/11/2016 @ 20:50
4 Bernard-Albert VAUTHIER RODEZ Retraité 23/11/2016 @ 20:31
3 Franck Mohimont Charleville Mézières Délégué centres Sociaux 08 23/11/2016 @ 19:51
2 Daniel VAGOST BOUSSE 23/11/2016 @ 18:41
1 Odile Morvan 23/11/2016 @ 17:47

 

Premiers signataires :

XXX, XXX

Source: Protégé : Je soutiens l’accueil des migrantes et des migrants !

Réforme du droit au séjour des étrangers malades : les malades étrangèr-e-s abandonné-e-s par le gouvernement ? » 24 novembre 2016

En France, les personnes étrangères gravement malades qui ne pourraient pas avoir accès à un traitement et à un suivi dans leur pays d’origine, sont censées être protégées contre toute mesure d’expulsion et avoir droit à un titre de séjour. Ce dispositif vise un double objectif : le respect de la santé individuelle et la protection de la santé publique.

Mais les rédacteurs des décrets d’application de la loi du 7 mars 2016 relative au droit des étrangers semblent l’avoir oublié. Cette loi prévoit le transfert de l’évaluation médicale des demandes de cartes de séjour pour soins, des Agences régionales de santé (ARS) à un collège du service médical de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), organisme placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. L’Observatoire du droit à la santé des étrangers, ainsi que la Commission nationale consultative des droits de l’Homme et le Défenseur des droits avaient déjà fait part de leurs inquiétudes face à une telle mesure qui illustrait une volonté de faire primer les contrôles migratoires sur la santé publique.

Le gouvernement aurait pu tenir compte de ces avertissements en confiant, comme la loi le lui permettait, aux médecins traitants des demandeurs, plus aptes à rendre parfaitement compte de l’état de santé de leurs patients, la rédaction des rapports médicaux destinés à l’examen par le collège des médecins de l’OFII.

Tel n’est pas ce que prévoient les décrets : la décision se prendra en effet au regard d’un rapport médical « établi par un médecin de l’OFII », sur la base d’un simple « certificat médical » du médecin traitant ou « d’un praticien hospitalier ». Le « tout-OFII » l’a emporté marquant le dessaisissement du ministère de la Santé et la mainmise du ministère de l’Intérieur sur la procédure. Seuls les enjeux de contrôle de l’immigration semblent désormais primer au mépris des considérations sanitaires.

Cette décision gouvernementale est d’autant plus inquiétante qu’elle intervient dans un contexte où les services du ministère de l’Intérieur continuent d’entraver massivement les avis médicaux des médecins des Agences régionales de santé ainsi que les décisions préfectorales, et s’adonnent à de nombreuses violations ou incitations à la violation du secret médical. Plusieurs de ces médecins se sont d’ailleurs plaints de ces pressions préfectorales auprès de leurs Conseils de l’ordre.

Afin que les médecins du service médical de l’OFII puissent exercer leur mission en adéquation avec les principes déontologiques, et qu’ils ne fassent l’objet d’aucune pression, l’ODSE demande des garanties permettant de maintenir le pilotage de l’évaluation médicale des demandes de cartes de séjour pour soins sous la compétence exclusive du ministère de la Santé.

 

Le mardi 15 novembre 2016

Source: Réforme du droit au séjour des étrangers malades : les malades étrangèr-e-s abandonné-e-s par le gouvernement ? »

Contrôles au faciès : l’Etat condamné 24 novembre 2016

En 2012, François Hollande avait pris l’engagement de mettre en place des mesures pour réduire les contrôles au faciès. Il semblait ainsi prendre en compte une réalité incontestable : ces contrôles, souvent accompagnés de palpations abusives ou de propos vexatoires, contribuent lourdement à tendre les rapports entre la police et la population.  En visant le plus souvent des jeunes, ils entraînent régulièrement des condamnations pour « outrage et rébellion ».Pourtant lorsque la Cour d’appel de Paris a condamné l’Etat en 2015 pour faute lourde dans cinq cas de plaignants sur treize, celui-ci s’est pourvu en cassation, démontrant ainsi sa volonté de ne rien céder en la matière. L’exécutif n’a eu de cesse, par ailleurs, de nier l’existence même du problème.

La Cour de cassation vient de trancher en condamnant définitivement l’Etat. Ce jugement est une double victoire : victoire pour les plaignants d’abord, qui sortent ainsi la tête haute de trois ans de procédure, mais aussi pour toutes les victimes potentielles de ces contrôles. Dorénavant, elles pourront exercer un recours pour les contester, et l’Etat devra prouver que le contrôle est fondé sur des critères objectifs.

La LDH se félicite de la décision de la Cour de cassation car ces contrôles d’identité au faciès, souvent répétitifs, mettent à mal le principe d’égalité, et sont vécus, à juste titre, comme autant de pratiques discriminantes. A un moment où les policiers manifestent leur mécontentement et s’interrogent, semble-t-il, sur le sens de leurs missions, la disparition de telles pratiques contribuerait, avec d’autres mesures, à réinstaurer une partie de la confiance de la population envers les forces de sécurité.

Elle invite enfin les pouvoirs publics à entendre les associations et collectifs mobilisés sur cette question et à prendre d’urgence les mesures qui s’imposent pour se conformer au droit.

Paris, le 10 novembre 2016

Source: Contrôles au faciès : l’Etat condamné

Le maire de Cannes interdit la baignade et baigne dans la haine religieuse 14 août 2016

Le maire de Cannes vient d’interdire l’accès aux plages de cette commune et la baignade aux personnes qui n’auraient pas une « tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité, respectant les règles d’hygiène et de sécurité des baignades adaptées au domaine public maritime »… Le maire précise sa pensée en indiquant que le port de vêtements pendant la baignade ayant une connotation contraire à ces principes est également interdit.

Bien entendu, ce que le maire de Cannes veut interdire c’est le port de vêtements de bains intégraux, portés par des femmes de confession musulmane.

Détournant la laïcité de sa vocation, le maire de Cannes organise la discrimination contre des femmes qui ne commettent aucun délit, si ce n’est aux yeux du maire, d’avoir une certaine pratique de leur religion.

S’appuyant sur l’état d’urgence et faisant explicitement référence aux deux derniers attentats, le maire de Cannes pratique ainsi un amalgame périlleux pour la paix sociale.

Et il est désolant de constater que le préfet n’a engagé aucun recours contre cette délibération, engageant ainsi la responsabilité du gouvernement.

La LDH a décidé de saisir la juridiction administrative d’une procédure en suspension de cet arrêté et de saisir le procureur de la République d’une plainte pénale contre le maire.

Paris, le 12 août 2016

Source: Le maire de Cannes interdit la baignade et baigne dans la haine religieuse

Réforme du Code de procédure pénale : sortir de la surenchère sécuritaire 7 avril 2016

Source: Réforme du Code de procédure pénale : sortir de la surenchère sécuritaire

Le Sénat doit voter, ce mardi 5 avril, le projet de loi dit de « lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, et améliorant l’efficacité et les garanties de la procédure pénale ».

Ce texte a été contesté par différentes institutions indépendantes et qualifiées de notre pays. La Commission nationale consultative des droits de l’Homme, la Conférence des premiers présidents de cours d’appel et même le Conseil d’Etat ont pu dire que plusieurs propositions du projet sont de nature à entraîner des atteintes excessives à la liberté individuelleSourd à ces interpellations, le gouvernement a choisi la procédure accélérée pour l’examen du texte.

Cette loi donnerait au ministère de l’Intérieur et à la police des pouvoirs directement inspirés de l’état d’urgence : retenue administrative de quatre heures avec possibilité de consulter l’ordinateur de la personne, d’accéder à ses communications, de capter et d’enregistrer toutes ses données informatiques… Le projet introduit également une forme d’irresponsabilité pénale des forces de l’ordre, fondée non plus sur une stricte légitime défense mais sur la notion plus floue d’état de nécessité. Enfin, il développerait encore les moyens d’une surveillance massive des citoyennes et des citoyens.

Plus largement, le texte s’inscrit dans la continuité d’un ensemble de textes législatifs qui ont renforcé les pouvoirs de police administrative ainsi que les règles de répression. Dans ce cadre, il poursuit une logique de transfert des compétences et pouvoirs du juge judiciaire vers le parquet et l’autorité administrative qui dépendent plus directement du pouvoir exécutif.

La Ligue des droits de l’Homme constate que les lois comportant des dérives sécuritaires qui s’empilent depuis trente ans n’ont pas fait la preuve de leur efficacité, et refuse une société du contrôle généralisé glissant du principe de la présomption d’innocence à celui de la culpabilité potentielle. Ces dérives renforcent les discours populistes remettant en cause les principes guidant l’exercice des droits, et mettent en place des outils de contrôle de masse et de limitation des libertés particulièrement dangereux.

La LDH réaffirme la nécessité de maintenir le principe de la séparation des pouvoirs – exécutif, législatif, judiciaire –, fondement de la démocratie. Elle affirme qu’il est possible et nécessaire d’agir face au terrorisme et à la criminalité en respectant les libertés et en redonnant toute sa place à la justice.

La LDH demande donc aux parlementaires de rejeter ce projet de loi.

Paris, le 5 avril 2016

Téléchargez le communiqué

Lettre ouverte sur la politique de la France menée à l’égard de la Chine 7 avril 2016

Source: Lettre ouverte sur la politique de la France menée à l’égard de la Chine

Paris, le 1er avril 2016

Monsieur le Ministre,

À l’occasion de votre nouvelle prise de fonction et sachant l’importance que vous accordez au respect des droits de l’Homme, aussi bien comme magistrat élu de Nantes que comme ministre, nous tenons à vous exprimer les inquiétudes que suscite en nous la politique menée depuis des années à l’égard de la Chine.

Le 22 octobre 2013, la Ligue des droits de l’Homme a demandé à votre prédécesseur que le gouvernement français ne soutienne pas la candidature de la Chine au Conseil des Nations unies pour les droits de l’Homme « compte tenu des violations répétées et continues que le gouvernement de ce pays commet au fil des années ». La puissance économique et démographique ne suffit pas pour donner droit à arbitrer sur les droits de l’Homme. La Chine a pourtant été élue.

Nous constatons que les recommandations adressées à la Chine lors de l’Examen périodique universel, – y compris celles de la France – ne sont suivies d’aucun effet. Les pays qui les ont formulées semblent s’en contenter, comme si l’essentiel était non pas le résultat à atteindre mais la parole à prononcer. Les autorités chinoises ne peuvent que se réjouir des faiblesses exposées par leurs interlocuteurs et se sentent encouragées à ne faire aucun cas de leurs observations.

Le 23 décembre 2014, la Ligue des droits de l’Homme a adressé une lettre au président de la République à l’occasion du cinquantenaire des relations diplomatiques franco-chinoises. Elle s’y interrogeait sur les fondements et la qualité des liens noués dans le cadre du « partenariat stratégique global » décidé en 2004, au regard des espérances formulées par le général de Gaulle en 1964. Cette année du cinquantenaire fut en effet marquée par une intensification de la répression à l’encontre des militants des droits civiques, défenseurs de valeurs identiques aux nôtres et dont on ne peut que se sentir solidaire.

Cette répression, dont la lettre donnait de nombreux exemples, s’est depuis amplifiée. Elle touche les cybernautes, la presse – nationale et étrangère –, les avocats, les universitaires et les organisations non gouvernementales. Elle accompagne une concentration institutionnelle des pouvoirs sans précédent dans les mains du chef de l’Etat, chef du Parti, chef des armées et président de nombreux comités ad hoc constitués au sein du parti pour asseoir son autorité. La presse nationale, a-t-il récemment affirmé, doit être la voix du parti et ce dernier prend ouvertement la place de l’Etat. Cette évolution est dangereuse.

Elle s’exprime aussi à l’extérieur et la France ne peut y rester indifférente. Les tensions militaires s’accroissent dans le Pacifique occidental et en Asie du Sud-Est ; elles se traduisent par une course régionale aux armements qui devrait inquiéter les grandes puissances, l’Europe et les Nations unies. À tout le moins, la France pourrait s’abstenir d’y participer en respectant l’embargo sur les ventes d’armes décidé après le massacre du mouvement démocratique en 1989. Or une étude récente affirme qu’elle était le deuxième fournisseur d’armes de la Chine dans la période 2011-2015. Il nous semble préoccupant de substituer le commerce des armes à une politique de paix et de défense des valeurs universelles qui recueillerait l’adhésion enthousiaste du courant démocrate chinois.

Le gouvernement chinois ne trouve qu’avantage dans la complaisance des capitales occidentales qui font tout pour éviter qu’il perde la face et refusent voir ou de tenir compte de son expansion hégémonique. L’Europe, première puissance économique mondiale, dont la Chine a besoin pour son progrès industriel et technique, n’a pas plus à redouter de chantage économique que les Etats-Unis. Elle s’est exprimée pourtant ces dernières années lors de dialogues de routine sur les droits de l’Homme avec une discrétion et un manque de fermeté qui ne sont pas à son honneur.

Nous souhaitons que votre gouvernement se prononce avec clarté et conviction quand sont violés en Chine ces droits de l’Homme qui font partie de notre identité nationale. Nous souhaitons aussi qu’il use de son influence pour que l’Europe s’exprime avec la même netteté et sans craindre de rétorsions économiques, lesquelles ne nuiraient qu’à la Chine.

Plus précisément nous attendons de votre ministère,

1) dans son action nationale :

  • qu’il place les relations franco-chinoises dans un cadre purement interétatique et s’abstienne de parler constamment d’amitié avec un régime qui rejette ouvertement les fondements de notre vie sociale ;
  • qu’il réintègre les droits de l’Homme dans la liste des problèmes abordés dans le « dialogue de haut niveau sur les échanges humains » initié par votre prédécesseur ;
  • qu’il tienne à jour une liste des prisonniers politiques ou des prisonniers de conscience et interroge à leur sujet les autorités chinoises lors des discussions renouvelées sur les droits de l’Homme ;
  • qu’il demande leur libération sur la base des engagements pris au titre de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, du Pacte pour les droits civiques et politiques et de la Constitution chinoise ;
  • qu’il tire des conséquences concrètes des acceptations ou des refus de la partie chinoise, faute de quoi ces discussions n’auraient aucun intérêt ;
  • qu’il respecte l’embargo sur les livraisons d’armes tant que le régime chinois n’aura pas reconnu ses responsabilités dans la sanglante répression du mouvement démocratique de 1989 et tant que ne seront pas retombées les menaces liées à la tension militaire dans la mer de Chine méridionale ;

2) dans son action extérieure :

  • qu’il redonne vigueur aux discussions sur les droits de l’Homme au niveau européen en favorisant des prises de position solidaires dans le dialogue avec la Chine, notamment dans une action concertée avec la République fédérale d’Allemagne ;
  • qu’il redonne toute son importance au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU et exige de la Chine qu’elle réponde de façon concrète et précise aux questions posées lors de l’Examen périodique universel ;
  • qu’il exige, sous peine de nullité de la consultation, que des ONG authentiques chinoises aient la possibilité de présenter leurs observations au Conseil des droits de l’Homme, comme le prévoit la procédure de l’EPU ;
  • qu’il lutte pour le respect de l’embargo européen sur les livraisons d’armes à la Chine, tant que la direction chinoise continuera de nier le massacre de 1989 et tant que la course aux armements se poursuivra en Asie orientale ;
  • qu’il veille au respect des engagements pris par la Chine lors de la COP 21 en matière de réduction des gaz à effet de serre, alors même que ce pays prévoit d’accroître sa consommation de charbon dans les années prochaines.

Vous comprendrez que je rende publique cette lettre.

Je vous prie d’agréer, monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

Françoise Dumont
Présidente de la LDH

 

La LDH soutient le film documentaire « Merci patron ! », de François Ruffin 20 février 2016

Source: La LDH soutient le film documentaire « Merci patron ! », de François Ruffin

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Sortie le 24 février 2016

 

C’est à François Ruffin, rédacteur en chef, et à son journal alternatif Fakir, qu’on doit ce film réjouissant sur un sujet qui ne l’est pas du tout. Il raconte l’histoire d’une famille d’ouvriers du Nord, les Klur, licenciés d’une usine textile appartenant à LVMH et délocalisée en Pologne. Chômeurs depuis quatre ans, ils vivent sans chauffage et en mangeant le moins possible, et sont menacés de saisie sur le seul bien qui leur reste : leur maison. Serge, le père, a décidé de faire comme dans La Petite Maison dans la prairie : si on veut lui prendre sa maison, il va la détruire.

Arrivent François Ruffin et sa bande de pieds nickelés, bien décidés à monter un coup fumant contre Bernard Arnault, crédité de plus de 30 milliards de chiffre d’affaires en 2015 et fragilisé par l’annonce de sa demande de naturalisation en Belgique. Ils tentent d’abord, sous prétexte d’établir un dialogue avec le patron, de s’immiscer dans une assemblée d’actionnaires mais se font rapidement éjecter ; c’est alors qu’ils changent de tactique et décident d’aider les Klur. Et ça va marcher.

Ils envoient une lettre à LVMH, réclamant 35 000 euros, le montant des dettes des Klur dont le patron est tenu pour responsable, et menacent de faire connaître leur situation à la presse et aux autorités politiques. Le groupe les rappelle et envoie un conseiller sécurité pour négocier : d’accord pour l’argent et un CDI chez Carrefour pour Serge Klur, mais surtout ne le dire et n’écrire à personne, et surtout pas à la CGT : « Vous êtes l’exception qui confirme la règle, pour les autres, c’est terminé. » La négociation est filmée en caméra cachée, dans la salle à manger des Klur, avec François Ruffin qui se fait passer pour leur fils.

Tout va bien : sauf que montrer le film est impossible, vu que le contrat prévoit le remboursement en cas de fuite… On vous laisse chercher par quelle combine ahurissante ils vont réussir à ficeler LVMH et à obliger Bernard Arnault, apeuré, à tenir son AG d’actionnaires suivante sous protection de la police, par peur de dangereux révolutionnaires…

Pour finir, barbecue dans le jardin, en chantant en chœur : « Merci patron ! » Bernard Arnault, cordialement invité, n’est pas venu.

L’histoire est véridique, et Fakir pas peu fier. Entre dénonciation satirique à la Michael Moore, rebondissements rocambolesques, carnaval nordique et conte de fées, ils ont aussi réussi leur film : une dénonciation des dérives effrénées du capitalisme, au mépris cynique de la vie des êtres humains qui travaillent pour lui.

 

Merci patron !
Film documentaire satirique franco-belge, 2015
Durée :
1h30
Réalisation : François Ruffin
Production : Mille et une productions – Fakir
Distribution : Jour2Fête – Fakir

 

 

Consultez la liste des projections-débats, régulièrement mise à jour.

Facebook mercipatronfakir






#etatdurgence – L’urgence d’en sortir ! 5 février 2016

Analyse juridique de l’état d’urgence et des enjeux de sa constitutionnalisation

Voici un document d’analyse du régime juridique de l’état d’urgence et des enjeux de sa constitutionnalisation dans le projet de loi dit « de protection de la nation ».

Il est le fruit d’un travail collectif de juristes réunis à l’initiative du Syndicat de la magistrature. Ses auteurs y ont pris part soit à titre personnel soit comme représentants d’une association ou d’une organisation syndicale.

Lire le rapport