Twitter Facebook Accueil

Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives par catégorie : Articles

Installation des crèches de Noël dans les mairies, une instrumentalisation partisane et illégale 5 décembre, 2025

Communiqué LDH

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) ne veut pas interdire les crèches ; elle refuse simplement de laisser faire celles et ceux qui instrumentalisent la religion catholique à des fins partisanes en installant en toute illégalité les crèches de la nativité au sein d’un bâtiment qui abrite le siège d’une collectivité publique ou d’un service public.

Une pratique illégale

Le principe de séparation de l’Etat et des cultes, énoncé dans la loi de 1905, impose à l’Etat et aux collectivités publiques la neutralité vis-à-vis de toutes les religions et interdit les signes ou emblèmes religieux dans les bâtiments publics abritant le siège d’une collectivité publique ou d’un service public. L’installation des crèches de la nativité dans les mairies est donc contraire à la loi.

Face à l’inaction des préfets qui se refusent d’exercer leur contrôle de légalité pour faire respecter le principe de laïcité, la LDH doit chaque année saisir la juridiction administrative pour faire interdire ces installations.

Des maires d’extrême droite récidivistes

En effet, chaque fin d’année certains maires d’extrême droite – comme à Beaucaire, Béziers et Perpignan – installent des crèches de Noël dans leur mairie. Ils ont pourtant connaissance de cette interdiction et du coût qui en découle pour leurs contribuables, la plupart d’entre eux ayant déjà été condamnés par les tribunaux administratifs. Ils récidivent à chaque période de Noël, avec des méthodes ubuesques pour tenter de contourner la loi, telle la crèche sur roulettes de Béziers.

Une instrumentalisation de la laïcité

Si ces maires mettent en avant les « origines chrétiennes de la France », les principes de la loi de 1905 s’appliquent à toutes les religions, et il n’existe aucune tradition d’installation de crèches au sein des mairies, maisons de toutes les citoyennes et tous les citoyens. Il ne s’agit que d’une pratique provocatrice destinée à afficher la préférence d’un culte au détriment des autres.

La laïcité doit être appliquée par tous les élu-e-s de la République, en respectant toutes les religions de la même façon. Ce principe républicain fondamental permet à toutes et tous de vivre ensemble sans discrimination.

Paris, le 1er décembre 2025

Télécharger le communiqué « Installation des crèches de Noël dans les mairies, une instrumentalisation partisane et illégale » en format PDF

Source: Installation des crèches de Noël dans les mairies, une instrumentalisation partisane et illégale

Le projet d’enquête nationale sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur et la recherche doit être revu 26 novembre, 2025

Pétition à l’attention de Philippe Baptiste, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace

Nous, étudiantes, étudiants, personnels de l’enseignement supérieur, citoyennes et citoyens attaché-e-s à la lutte contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme, exprimons notre profonde inquiétude quant à l’enquête nationale sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur et la recherche, annoncée dans un courrier daté du 18 novembre 2025 et signé par M. Jean-Luc Moullet, directeur général de la recherche et de l’innovation.  L’examen, tant de la méthodologie d’enquête que du questionnaire prévu, semble comporter de graves dangers.

Utiliser un recensement (tous les personnels sollicités par leur hiérarchie pour répondre à un questionnaire, ainsi que toutes les étudiantes et tous les étudiants par leurs établissements) n’est pas une opération courante et ne semble pas avoir fait l’objet des déclarations nécessaire auprès de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) ou d’une étude d’impact relative à la protection des données (article 35 du règlement général de protection des données – RGPD).

Le processus d’enquête retenu semble loin de garantir l’anonymisation et donc la protection des personnes répondantes. Il contient au contraire des questions dont le rapprochement est propre à permettre l’identification de chaque répondante et répondant.

Le recours à un lien de redirection Google, une entreprise soumise à la juridiction américaine, interroge sur sa compatibilité aux règles fixées par le RGPD.

La transmission du questionnaire par la voie hiérarchique place les personnels dans une situation ambiguë au regard de leur lien de subordination. Il ne peut y avoir de consentement libre et éclairé à répondre à des questions aussi sensibles dans un tel cadre.

Des questions dites sensibles vont être posées. Or, il n’appartient pas à l’Etat de collecter des données sur les opinions religieuses ou politiques des agents publics. La liberté d’opinion est un principe constitutionnel garanti. Le ministère ne peut, sans enfreindre les dispositions de la loi de 1983 sur le statut des fonctionnaires, ni solliciter, ni traiter de telles données, même sous couvert d’anonymat. Le détail des informations collectées (par université, par UFR, etc.) inquiète sur l’usage qui pourrait en être fait.

Concernant le questionnaire de recensement, il utilise des concepts comme « antisémitisme », « islamophobie », « sionisme » sans jamais les définir, ni demander comment les personnes les comprennent. Il opère des amalgames problématiques entre actes ou propos antisémites, questions sur la perception des personnes d’origine juive, opinions sur le conflit israélo-palestinien, positionnements politiques et soutien à la cause palestinienne. De telles confusions compromettent toute interprétation scientifique d’une enquête.

En associant dans les mêmes tableaux des positions politiques et des propos ou actes antisémites, le questionnaire contribue à politiser artificiellement un sujet qui requiert au contraire rigueur, précision et objectivité. Loin de renforcer la lutte contre l’antisémitisme, cette démarche contribue à créer de la confusion, à alimenter des polémiques et des émotions, au détriment de la protection nécessaire de toutes les personnes membres des communautés universitaires. Faire un recensement d’opinions auprès des fonctionnaires et d’étudiantes et étudiants n’apparaît en aucune façon adéquat à l’objectif affiché.

Tout semble concourir à ce que ce recensement donne lieu à des interprétations inappropriées pour éclairer l’action publique. Le traitement médiatique d’autres enquêtes menées sur des sujets controversés, avec des méthodologies inadéquates, invite également à la prudence.

Les enquêtes sur le racisme et l’antisémitisme sont nécessaires. Elles sont prévues par la loi du 13 juillet 1990 contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, dans son article 2 : chaque année, « la Commission nationale consultative des droits de l’Homme remet un rapport sur la lutte contre le racisme » au Premier ministre.

Etant donné tous les problèmes que soulève cette enquête, nous vous demandons instamment de la retirer.

Nous appelons les présidences d’université et autres établissements d’enseignement supérieur à ne pas la diffuser.

Nous recommandons aux étudiantes, étudiants et personnels de ne pas remplir ces questionnaires qui pourraient être utilisés contre elles et eux, y compris au niveau individuel.

Premières organisations signataires : Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESUP-FSU), CGT FERC Sup, Sud Education, SNPTES-UNSA, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Association pour la liberté académique (ALIA), Coordination Antifasciste pour l’affirmation des libertés académiques et pédagogiques (CAALAP), Observatoire des atteintes à la liberté académique (OALA).

Projet d’enquête nationale sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur et la recherche

Source: Le projet d’enquête nationale sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur et la recherche doit être revu

Palestine, pour une paix juste et durable, retrouvons-nous tous le 29 novembre à Paris ! 23 novembre, 2025

Appel à rassemblement dont la LDH est signataire

La population de Gaza reste soumise aux bombardements et destructions. Son quotidien est celui d’une pénurie de nourriture, d’eau et de médicaments. Le gouvernement israélien utilise toujours l’accès aux biens essentiels comme instrument de guerre. Il refuse ouvertement toute possibilité d’existence d’un Etat palestinien à ses côtés comme l’a confirmé le récent vote en première lecture d’un projet d’annexion de la Cisjordanie. Obtenir de la communauté internationale qu’elle intervienne est une urgence, une priorité immédiate et absolue.

La colonisation s’aggrave

Les actions violentes s’amplifient en Cisjordanie, là encore dans un contexte de passivité de la communauté internationale. La menace d’annexion du territoire palestinien se manifeste quotidiennement par les attaques des colons, avec le soutien de l’armée israélienne et par le maintien des restrictions.

Le plan Trump apparaît désormais comme une nouvelle étape pour conforter l’impunité et pour maintenir la passivité face à la négation de tous les droits du peuple palestinien, droit à la sécurité, droits économiques et sociaux, droits nationaux. Ce plan n’est évidement pas un plan de paix mais met les Palestiniens, et l’OLP qui les représente, sous tutelle, et les prive de leur droit à l’autodétermination.

Le silence n’est pas de mise. Nous ne devons pas le laisser s’installer.

Nous ne pouvons dans ce contexte que condamner la décision d’Emmanuel Macron d’autoriser « l’ensemble des entreprises israéliennes qui le souhaitent » à participer au salon de la sûreté et de la sécurité intérieure, le Milipol.

La mobilisation a permis de mettre un frein au génocide

Le 15 novembre 2025, à Barcelone, un appel ACT X PALESTINE a été lancé à l’initiative de trente associations palestiniennes de défense des droits humains, de construction de la paix, préparé en lien avec des associations des deux rives de la Méditerranée et des autres pays d’Europe.

La paix ne se fera pas sans écouter les voix palestiniennes et les voix dissidentes en Israël

Nous appelons nos partenaires français et européens à rejoindre toutes les mobilisations qui, partout dans le monde, contribuent à rompre l’inertie, à construire un rapport de force pacifique et déterminé pour qu’advienne le tournant décisif qui imposera la paix, juste et durable entre l’Etat de Palestine et celui d’Israël, s’appuyant sur le droit international, dont les frontières de 1967.

Une paix juste sera basée sur l’application des résolutions de l’ONU, des réparations pour les destructions illégales et les violations du droit humanitaire commises non seulement depuis le 7 octobre 2023 mais aussi tout au long de l’occupation et de la colonisation des territoires palestiniens.

Une paix durable repose sur une résolution politique conclue entre Palestiniens et Israéliens. La communauté internationale doit peser, y compris par des sanctions, pour que cela ait lieu, et tout particulièrement aujourd’hui l’imposer aux gouvernants d’Israël. Nous savons qu’elle pourra s’appuyer, dans les deux sociétés, sur les acteurs et organisations favorables à une telle paix.

Retrouvons-nous à Paris !

Dans un moment où l’on cherche à imposer la seule loi des plus forts, la solidarité avec la Palestine, c’est imposer la résolution du conflit par le respect du droit international et s’opposer fermement à la répression de cette solidarité.

Le 29 novembre, nous appelons à une manifestation nationale qui se déroulera à Paris, à 14h, place de la République.

Signataires : LDH (Ligue des droits de l’Homme), Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), Mouvement de la Paix, Association les ami.es de Standing Together en France,  Institut Mehdi Ben Barka – mémoire vivante, Réseau Féministe «Ruptures», Une autre voix juive (UAVJ), Confédération générale du travail (CGT), Syndicat National des Enseignements de Second degré (Snes-FSU), Union Nationale des Étudiants de France (Unef), Parti communiste français (PCF), L’Alliance pour une République écologique et sociale (L’APRÉS), Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF)

Source: Palestine, pour une paix juste et durable, retrouvons-nous tous le 29 novembre à Paris !

Appel à la marche blanche « Justice pour Mehdi », 20 ans, mort pour rien 23 novembre, 2025

Communiqué LDH

Une marche blanche se déroulera samedi 22 novembre 2025, à Marseille à partir de 15h depuis le rond-point Claudie-Darcy, à l’appel de la famille Kessaci, et partout en France.

C’est sur ce rond-point que Mehdi Kessaci a été assassiné ce jeudi. Son frère, Amine Kessaci, est un militant engagé dans une lutte politique contre le trafic de stupéfiant. Il était placé sous protection policière car faisant l’objet de menaces. Il dénonçait et dénonce encore sans relâche l’oubli des quartiers populaires et l’échec des méthodes de lutte contre le trafic.

L’association qu’il a fondée, Conscience, accompagne notamment les familles des victimes du trafic de stupéfiants. Elle en appelle à la justice, pour la famille Kessaci et pour toutes les autres.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) appelle à participer à cette marche blanche qui sera silencieuse, sans banderole ni drapeau. Les participant-e-s sont invité-e-s à se vêtir de blanc.

Paris, le 21 novembre 2025

Télécharger le communiqué LDH « appel à la marche blanche « Justice pour Mehdi », 20 ans, mort pour rien » en pdf

Appels à rassemblements partout en France avec les sections LDH

ILE-DE-FRANCE – Paris
Le samedi 22 novembre à 12h devant l’Hôtel de ville.

NORMANDIE – Fédération LDH de la Manche
Le samedi 22 novembre à 12h, devant la mairie de Coutances. Lire le communiqué

BOURGOGNE – LDH Dijon et agglomération
Le samedi 22 novembre à 16h30, place de la Libération.

RHONE-ALPES – LDH Lyon confluences
Le samedi 22 novembre à 13h, place de la Comédie à Lyon (face à l’Hôtel de ville). Organisé avec l’association Conscience Lyon.

Source: Appel à la marche blanche « Justice pour Mehdi », 20 ans, mort pour rien

L’accord franco-algérien du 27 décembre 1968 23 novembre, 2025

Lettre ouverte de la LDH et du Collectif de sauvegarde de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (CS-LADDH) adressée à Emmanuel Macron, président de la République

Monsieur le Président,

Nous, LDH (Ligue des droits de l’Homme) et Collectif de sauvegarde de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (CS-LADDH), nous permettons de vous écrire afin d’appeler votre attention sur la nécessité de rejeter la résolution récemment déposée par le Rassemblement national (RN) et adoptée à l’Assemblée nationale (à une voix près), visant à dénoncer l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968.

Cet accord est intervenu après plus d’un siècle de colonisation, une guerre meurtrière et enfin une reconnaissance mutuelle de l’Etat algérien et de l’Etat français. Il est utile d’en rappeler les jalons historiques pour souligner sa valeur symbolique car il porte sur la prise en compte des vies singulières dans un cadre de respect du droit international enfin acquis, à travers la définition des conditions de mobilités des personnes entre deux pays en paix.

Comme tout cadre juridique, il peut faire l’objet de révisions concertées. Il est regrettable que plusieurs modifications opérées ces dernières années conduisent nombre d’experts à considérer que ces accords ont été largement vidés de leur substance et que, dans certaines situations, les ressortissant-es algérien-ne-s sont désormais plus défavorisé-es que d’autres étrangers.

Les récentes décisions du Conseil d’Etat – celle du 30 juillet 2024 sur la régularisation de plein droit, et l’avis du 28 octobre 2025 remettant en cause le caractère automatique du renouvellement du certificat de résidence de dix ans – accentuent déjà la précarisation des ressortissant-es algérien-ne-s en France.
Cependant une remise en cause unilatérale, brutale et politiquement instrumentalisée comme celle votée au Parlement français il y a quelques jours serait un symbole désastreux de déni des conséquences de la guerre d’Algérie.

Ce vote est intervenu après des attaques répétées contre cet accord, de l’extrême droite comme de groupes adoptant une vision révisionniste de l’histoire coloniale. Il s’inscrit dans un contexte général de recul des droits des étrangers.

Dans ce climat tendu, la résolution visant à « dénoncer » l’accord de 1968 envoie un signal politique dangereux. Portée par un parti dont la logique repose sur la stigmatisation et l’exclusion, elle nourrit les discours racistes et xénophobes, attise sans raison les tensions et fragilise les multiples liens humains, économiques, culturels et universitaires qui unissent la France et l’Algérie. Nos associations rappellent que maltraiter ces liens contemporains tissés d’histoire ne peut aboutir qu’à un recul délétère du respect des droits humains. A contrario, l’esprit dans lequel a été rédigé l’accord de 1968 devrait être mis en valeur, par la France comme par l’Algérie, et les mesures concernant les droits des étrangers s’en inspirer en les adaptant à des réalités internationales qui appellent une politique déterminée en faveur des droits des étrangers et des binationaux.

Si nous saluons la remise en liberté de Boualem Sansal à la suite d’une grâce présidentielle, nous regrettons vivement que le journaliste Christophe Gleizes soit toujours incarcéré et formulons le vœu qu’une issue positive lui soit réservée à l’issue de son audience en appel le 3 décembre prochain. Nous insistons par ailleurs également sur la nécessité pour les autorités algériennes de garantir le respect des droits humains et de libérer toutes les personnes emprisonnées pour des raisons politiques ou d’opinion, simplement pour avoir exercé pacifiquement leurs libertés fondamentales. La situation de Mohamed Tadjadit, poète emblématique du Hirak, illustre tristement ces pratiques, puisqu’il a été condamné à cinq ans d’emprisonnement à la suite de multiples actes de harcèlement et d’intimidation à son encontre.
Monsieur le Président, au nom de nos deux associations, nous vous demandons solennellement d’intervenir pour vous opposer à la résolution visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968 et, plus largement, pour défendre une approche fondée sur les droits, et les principes républicains. Le moment exige de soutenir les efforts de réouverture du dialogue entre la France et l’Algérie, non de s’y soustraire sous l’effet de pressions visant à diviser la société française et à entretenir un climat permanent de tension préjudiciable entre nos deux pays.

En raison de l’importance du sujet, vous comprendrez que nos organisations aient décidé de rendre publique cette lettre.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.

Nathalie Tehio, présidente de la LDH, et Aissa Rahmoune, président du CS-LADDH

Paris, le 18 novembre 2025

Télécharger la lettre commune en pdf.

Source: L’accord franco-algérien du 27 décembre 1968

Jeux olympiques 2030 : Le recours des associations jugé recevable par le comité de la Convention d’Aarhus, la France devra s’expliquer devant les Nations unies sur l’absence de consultation des citoyens. 23 novembre, 2025

Jeux olympiques 2030 : Le recours des associations jugé recevable par le comité de la Convention d’Aarhus, la France devra s’expliquer devant les Nations unies sur l’absence de consultation des citoyens
Jeux olympiques 2030 : Le recours des associations jugé recevable par le comité de la Convention d’Aarhus, la France devra s’expliquer devant les Nations unies sur l’absence de consultation des citoyens
Jeux olympiques 2030 : Le recours des associations jugé recevable par le comité de la Convention d’Aarhus, la France devra s’expliquer devant les Nations unies sur l’absence de consultation des citoyens

Communiqué commun dont la LDH est signataire

Depuis le début, l’organisation des Jeux d’hiver dans les Alpes françaises est un véritable déni démocratique. De la décision de candidater jusqu’à présent, les citoyens n’ont jamais pu s’exprimer. Ce 19 novembre 2025, le Comité de contrôle du respect de la convention d’Aarhus, a jugé recevable notre recours. Cette première décision historique doit appeler la France à arrêter de mettre ses citoyen-ne-s devant le fait accompli et à organiser un débat public sur la tenue des jeux et leur opportunité sans plus attendre.

La Convention d’Aarhus signée et ratifiée par la France, impose aux autorités de garantir la participation du public aux décisions qui ont un effet important sur l’environnement, et ce dès le début du processus décisionnel, lorsque toutes les options – y compris ne pas faire – sont ouvertes. Il s’agit de s’assurer de la délibération collective sur les des différents impacts, notamment sur l’environnement, la biodiversité, la santé des populations… C’est le principe même de la démocratie environnementale.

Décision de candidater, engagements contractuels et financiers, projet de loi, premières décisions opérationnelles sur le terrain : les Jeux nous sont imposés, quitte à piétiner la démocratie environnementale et le droit fondamental de chacun à participer aux choix qui les concernent et engagent l’avenir des territoires où ces jeux se dérouleront. Les citoyen-ne-s sont mis devant le fait accompli et ne participent à aucune étape du processus décisionnel.

Une procédure inédite devant les Nations unies

Nos organisations – le Collectif Citoyen JOP 2030, France Nature Environnement AURA, France Nature Environnement Paca, France Nature Environnement (nationale), Mountain Wilderness et la LDH (Ligue des droits de l’Homme) – ont saisi le Comité d’Aarhus (Nations unies) pour dénoncer le déni démocratique dans lequel s’organisent les jeux et la violation par la France de ses obligations internationales.

C’est une première mondiale : jamais l’absence de participation du public dans le processus d’organisation de Jeux Olympiques n’avait été contestée devant l’ONU par la société civile.

Ce 18 novembre, lors de l’audience de recevabilité, le gouvernement a exposé avoir respecté les dispositions de la convention en invoquant notamment la réussite des JOP Paris 2024 notamment au niveau environnemental et ne pas voir le problème à l’absence d’information et de participation des citoyen-ne-s en amont de la décision d’organiser les jeux, prévoyant des mesures de consultation quand le projet sera suffisamment avancé.

Cette vision restrictive, en toute méconnaissance de ce que devrait être la démocratie environnementale, prive les citoyen-ne-s de toute possibilité de participer aux décisions et choix qui engagent leurs territoires, l’avenir de la montagne et celui des générations futures.

Les citoyen-ne-s devraient systématiquement avoir le droit de participer aux décisions qui les concernent, y compris d’accueillir ou non les jeux dans les Alpes.

Une première victoire

Le comité, en jugeant ce jour recevable notre action, permet de remettre la démocratie environnementale au-devant de la scène et interroge l’organisation de grands évènements sportifs.

La France ne peut plus piétiner la démocratie. Il est impérieux que l’examen du projet de loi olympique ainsi que les engagements financiers très lourds de conséquence prévus dans le PLF 2026 soient suspendus. Il n’est pas trop tard pour consulter la population et la France doit donc dès maintenant organiser une mesure d’information et de participation des citoyen-ne-s par le biais d’un débat public pour discuter enfin de l’opportunité d’organiser ou non ces jeux, qui, avec un coût plus de 4 Md€ dont 2,5 Md€ de financements publics et 804 000 tonnes de CO² émises auront un impact financier et environnemental démesuré.

Collectif citoyen JOP 2030, France Nature Environnement, France Nature Environnement AURA, France Nature Environnement Paca, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Mountain Wilderness.

Le 19 novembre 2025

Partager la publication « Jeux olympiques 2030 : Le recours des associations jugé recevable par le comité de la Convention d’Aarhus, la France devra s’expliquer devant les Nations unies sur l’absence de consultation des citoyens »

Source: Jeux olympiques 2030 : Le recours des associations jugé recevable par le comité de la Convention d’Aarhus, la France devra s’expliquer devant les Nations unies sur l’absence de consultation des citoyens.

Appel urgent à revenir sur la communication préjudiciable de la CCNUCC mettant en danger les peuples autochtones et le droit de manifester 18 novembre, 2025

Appel urgent à revenir sur la communication préjudiciable de la CCNUCC mettant en danger les peuples autochtones et le droit de manifester
Appel urgent à revenir sur la communication préjudiciable de la CCNUCC mettant en danger les peuples autochtones et le droit de manifester
Appel urgent à revenir sur la communication préjudiciable de la CCNUCC mettant en danger les peuples autochtones et le droit de manifester

Lettre ouverte collective à l’attention de M. Simon Stiell, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, dont la LDH est signataire

Belém, le 17 novembre 2025

Cher Monsieur Stiell,

Les organisations soussignées vous font part part de leur profonde inquiétude concernant votre lettre adressée au gouvernement de la République du Brésil, datée du 12 novembre 2025 (référence : EC-2025-263), et pour vous exhorter à prendre des mesures immédiates afin de remédier aux conséquences négatives de cette lettre sur les droits humains, en particulier ceux des peuples autochtones, des défenseurs de l’environnement et des droits humains, et de ceux qui souhaitent exercer leur droit de manifester pacifiquement.

En effet, cette lettre contribue à une tendance mondiale croissante visant à réduire au silence les dissidents, à répondre de manière militarisée aux manifestations et à marginaliser celles et ceux qui défendent la terre et l’environnement, notamment les peuples autochtones de l’Amazonie brésilienne. Cette lettre a entraîné une escalade massive de la présence des forces de sécurité dans et autour de la COP30, créant un effet dissuasif et un sentiment d’insécurité pour les peuples autochtones, les défenseurs de l’environnement et des droits humains, la société civile et les militants qui défendent leurs droits.

Les peuples autochtones qui défendent et revendiquent la reconnaissance juridique de leurs terres et de leur droit à l’ autodétermination, et qui protègent nos écosystèmes et notre planète, ne constituent pas une menace. Les femmes autochtones qui ont des enfants et qui réclament l’accès aux négociations qui déterminent leur avenir ne constituent pas une menace. Ces manifestations ne sont pas des actes de perturbation, mais l’expression de la volonté politique collective des peuples autochtones, fondée sur leurs systèmes d’autogouvernance, leurs traditions culturelles et leurs visions du monde. La présence massive des forces de sécurité est menaçante, en particulier dans un contexte mondial de violence croissante à l’encontre des défenseurs de l’environnement, y compris dans le pays hôte. Une déclaration publiée par le Forum international des peuples autochtones sur le changement climatique (IIPFCC) en réponse aux événements de mardi sur le site de la COP30 souligne que cette escalade « reproduit la forme de violence étatique à laquelle sont confrontés les peuples autochtones et les défenseurs des droits humains sur l’ensemble de nos territoires ».

Le secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a l’obligation légale de respecter tous les droits humains, y compris les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’expression, qui sont intrinsèques aux sociétés démocratiques.

Plutôt que de porter atteinte au droit de manifester pacifiquement des défenseurs qui appellent à l’action climatique – conformément aux objectifs de cette même convention –, le secrétariat de la CCNUCC devrait reconnaître à quel point la présence des peuples autochtones dans la ville de Belém et la possibilité pour toutes et tous de faire entendre leur voix dans ses rues sont propices à des résultats plus ambitieux, à des réponses socialement bénéfiques et à une plus grande responsabilité lors de ce sommet sur le climat. C’est un pouvoir qui a fait défaut au processus des COP27, COP28 et COP29, en raison des restrictions sévères imposées à l’exercice des droits humains dans les pays hôtes respectifs. Dans ce contexte, la société civile a exhorté la CCNUCC à prendre des mesures proactives pour garantir que les pays hôtes s’engagent à respecter les droits humains dans le cadre des sommets sur le climat, notamment par le biais de son accord avec les pays hôtes.

Cette lettre a eu l’effet inverse.

Au-delà de la situation actuelle à Belém, l’impact le plus important de votre lettre est le précédent qu’elle crée. Même si le gouvernement brésilien choisit de ne pas intensifier la répression, votre lettre risque d’accorder un mandat large et permissif aux futures présidences de la COP qui pourraient ne pas faire preuve de la même retenue. Elle risque de signaler que des mesures de sécurité expansives en réponse à des manifestations pacifiques sont acceptables dans le contexte de la CCNUCC, et elle invite les futurs hôtes à restreindre les droits fondamentaux, sous couvert d’un soutien institutionnel. Cela renforcerait une tendance qui expose les défenseurs des droits humains – en particulier les femmes et les défenseurs des peuples autochtones – à un risque encore plus grand lors des sommets sur le climat à venir.

Nous vous exhortons à publier une déclaration publique au début de la deuxième semaine afin de renverser les conséquences négatives de cette lettre, notamment en demandant au pays hôte de réduire la présence des forces de sécurité à proximité du lieu de la COP30 et dans l’ensemble de la ville de Belém, de reconnaître le rôle des peuples autochtones dans la préservation de notre environnement et leur rôle central dans le maintien de l’équilibre climatique, et de s’engager à défendre leurs droits et ceux de toutes et tous à manifester pacifiquement lors de cette COP et de toute future réunion de la CCNUCC.

Nous restons à votre disposition pour toute question.

Télécharger la lettre en format PDF et voir la liste des signataires

Partager la publication « Appel urgent à revenir sur la communication préjudiciable de la CCNUCC mettant en danger les peuples autochtones et le droit de manifester »

Source: Appel urgent à revenir sur la communication préjudiciable de la CCNUCC mettant en danger les peuples autochtones et le droit de manifester

Stop à la fabrique des sans-papiers 18 novembre, 2025

Communiqué LDH et appel à rassemblement le samedi 15 novembre 2025, à 12h, porte de Montreuil

De nombreuses personnes, femmes seules, étudiantes et étudiants, travailleuses et travailleurs, sont maltraitées par les préfectures lors de la demande de renouvellement de titres de séjour. Pendant des mois, il n’y a aucune suite à l’instruction du dossier. Les demandes de renouvellement ne sont pas formalisées par un écrit, laissant les personnes sans preuves de leur demande. La plupart du temps, ces personnes n’ont aucun interlocuteur au guichet de la préfecture.

Les conséquences pour les personnes étrangères souhaitant travailler, étudier et vivre de manière régulière en France sont catastrophiques : pertes d’emplois, de droits sociaux, de logements du jour au lendemain, leur faisant vivre une violence inutile et infondée.

Ce n’est pas acceptable !

Ces blocages, ces silences et ces non-renouvellements de titres de séjour visent en réalité à créer artificiellement de nouveaux sans-papiers pour pouvoir notifier toujours plus d’obligations de quitter le territoire français (OQTF), même à des personnes qui ont un emploi, un logement, des enfants scolarisés, des conjoints français, et qui demandent juste le renouvellement de leur titre de séjour.

Cette situation de déni des droits des personnes étrangères, également dénoncée par la Défenseure des droits, doit cesser. Les préfectures doivent assurer un accès sécurisé et rapide au renouvellement des titres de séjour.

Il faut mettre fin à la fabrique de personnes sans papiers, en privilégiant l’accueil physique dans les préfectures, la remise de récépissés le temps de l’émission des titres de séjour renouvelés et, surtout, un traitement digne et équivalent pour toutes et tous, quelles que soient leur nationalité et leur origine.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) appelle à la mobilisation le samedi 15 novembre 2025 à Paris, 12h porte de Montreuil.

Télécharger le communiqué « Stop à la fabrique des sans-papiers » en format PDF

Paris, le 14 novembre 2025

Source: Stop à la fabrique des sans-papiers

Parlement européen : en pleine COP30, droite et extrême droite s’allient pour sacrifier le climat et les droits humains 18 novembre, 2025

Communiqué commun dont la LDH est signataire

Par une alliance inédite de la droite et de tous les groupes d’extrême droite, le Parlement européen a adopté ce jour sa position concernant l’« Omnibus I », un texte de dérégulation revenant de manière brutale sur des avancées pourtant cruciales pour la protection des droits humains, de l’environnement et du climat. Sous la pression intense des lobbies et de puissances étrangères (Etats-Unis, Qatar), ce vote porte un coup très dur au devoir de vigilance européen (CSDDD) qui oblige les entreprises à prévenir et réparer leurs atteintes aux droits humains et à l’environnement.

Loin des caméras tournées vers la COP 30 à Belém, le Parlement européen a adopté aujourd’hui sa position sur la directive Omnibus I. Cette proposition de la Commission européenne, taillée sur mesure pour les lobbies industriels et jugée potentiellement illégale par une centaine de professionnels du droit européen, remet brutalement en cause certaines règles obligeant les entreprises à prévenir et réparer les atteintes qu’elles causent au climat, à l’environnement et aux droits humains.

Dans une alliance inédite qui marque un tournant dans l’histoire du Parlement européen, la droite et l’extrême droite ont démantelé la CSDDD en affaiblissant les positions déjà inquiétantes de la Commission européenne et du Conseil de l’Union européenne. Les Républicains de François-Xavier Bellamy ont donc voté avec le Rassemblement National de Jordan Bardella, le parti Reconquête de Sarah Knafo et le parti Identité Libertés de Marion Maréchal Le Pen.

Feignant de « simplifier » la vie des entreprises pour améliorer leur « compétitivité », la position du Parlement européen propose ainsi de revenir sur :

  • Les seuils d’application. Le Parlement propose de restreindre de manière significative le champ d’application du devoir de vigilance européen, en le limitant aux entreprises de plus de 5 000 salariés et de 1,5 milliards de chiffre d’affaires pour les entreprises européennes.
  • La responsabilité civile. Le Parlement européen accepte la proposition de la Commission européenne de renoncer à la création d’un régime européen de responsabilité civile.
  • Les plans de transition climatique. En pleine COP 30, les député.e.s ont voté pour intégralement supprimer l’obligation pour les multinationales d’adopter et de mettre en œuvre des mesures de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, pourtant indispensables pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris.
  • Harmonisation maximale. Le Parlement propose de limiter la possibilité laissée aux Etats membres de proposer des dispositions plus protectrices dans leur législation nationale.
  • Quant à la directive sur le reporting en matière de durabilité (CSRD), également concernée par l’Omnibus I, le Parlement propose d’augmenter le seuil d’application à 1750 salariés et 450M€ de chiffre d’affaires (contre 1000 salariés et 50M€ de chiffre d’affaires dans la proposition de la Commission).

Ces reculs sont le résultat d’une soumission historique des eurodéputé.e.s à :

  • Un chantage politique délétère. Ce résultat fait suite à des mois de chantage politique qui ont vu la droite européenne (PPE) menacer de s’allier avec l’extrême droite européenne pour obtenir un texte aussi faible que possible. Aujourd’hui, pour la première fois, la droite européenne et l’extrême droite ont ouvertement agi de concert pour vider la CSDDD de sa substance : l’intégralité des amendements déposés conjointement par la droite et l’extrême droite et soumis au vote ont été adoptés.
  • Une pression incessante des puissances étrangères. La position adoptée par le Parlement européen constitue un nouvel exemple du renoncement actuel de l’Union européenne face aux pressions extérieures. Alors qu’elle peut imposer ses règles à toutes les entreprises actives en Europe, les député.e.s ont fait le choix de la compromission, cédant à la pression diplomatique du Qatar et des Etats-Unis.
  • Des demandes de lobbies omniprésents. Les multinationales – pétro-gazières notamment – ont fortement poussé pour affaiblir la CSDDD, s’attaquant frontalement au volet climatique du texte. Le secteur privé, et notamment le patronat français et allemands avaient eux aussi fait pression sur les parlementaires en appelant à une abrogation pure et simple du texte.

Pourtant, nombre d’acteurs (société civile, syndicats, professeurs de droits et avocats, économistes, Banque centrale européenne…) ont alerté sur le caractère délétère de cette initiative visant à démanteler les normes européennes en matière environnementale, sanitaire et sociale. La médiatrice de l’Union européenne a d’ailleurs ouvert une enquête suite à ces alertes, et une contestation de ce processus législatif devant les tribunaux se profile.

Nos organisations dénoncent fermement cette capitulation du Parlement européen face à certains intérêts privés et étrangers. En remettant en cause les protections durement acquises pour les travailleurs et travailleuses, les droits humains et l’environnement, les parlementaires européens trahissent les valeurs de l’Union européenne et ajoutent à l’instabilité législative et à la crise démocratique en cours.

Alors que le Conseil de l’Union européenne a déjà adopté sa position de négociation sur l’Omnibus I, ce vote du Parlement ouvre la voie à des négociations entre institutions européennes pour s’accorder sur une version définitive du texte et entériner ces reculs historiques.

Face à ce rapprochement historique de la droite et de l’extrême droite pour affaiblir la protection du climat et des droits humains, les États Membres, dont la France, doivent défendre l’intérêt général et le devoir de vigilance dans le cadre du trilogue à venir.

Signataires : Amis de la Terre France, BLOOM, CCFD – Terre solidaire, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Notre Affaire à Tous, Reclaim Finance, Sherpa, Oxfam France.

Paris, le 13 novembre 2025 

Source: Parlement européen : en pleine COP30, droite et extrême droite s’allient pour sacrifier le climat et les droits humains

Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques : le moment est venu de concrétiser une Transition Juste répondant aux besoins des population 18 novembre, 2025

Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques : le moment est venu de concrétiser une Transition Juste répondant aux besoins des population
Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques : le moment est venu de concrétiser une Transition Juste répondant aux besoins des population
Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques : le moment est venu de concrétiser une Transition Juste répondant aux besoins des population

Lettre ouverte commune adressée au gouvernement français et aux négociateurs lors de la COP30 de Belém

A l’attention de Monique Barbut, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, et Benoît Faraco, ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique

Il y a dix ans, le texte de l’Accord de Paris portait une promesse en intégrant la « transition juste » en complément du principe de « responsabilité commune et différenciée »: l’action climatique protégerait les droits et les moyens de subsistance des populations – en faisant reposer l’effort de transition sur ceux qui en sont historiquement responsables. La « responsabilité commune et différenciée » impliquait donc une mise à contribution réelle des pays et des personnes les plus riches, ainsi que des entreprises multinationales. L’engagement à mettre en œuvre une Transition juste impliquait par ailleurs de placer au centre de la transition les travailleurs et travailleuses, avec leur syndicat, et plus généralement la société civile et les Peuples autochtones. Ce sont là des conditions essentielles pour construire un futur ancré dans les droits, l’équité, la justice et la solidarité. C’était aussi un appel à une coopération internationale sans précédent, afin que chaque pays puisse trouver de nouvelles voies vers la justice sociale et environnementale tenant compte des limites planétaires.

Dix ans plus tard, cette promesse reste inachevée.

Au lieu de cela, nous assistons à une action climatique au point mort, à des inégalités croissantes et à une intensification de la précarité et de la pauvreté, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Pire, les émissions de gaz à effet de serre et les diverses pollutions d’origine humaine continuent d’augmenter à un rythme effréné.

Nous continuons de soutenir le principe des COP comme espaces essentiels où les Etats du monde entier peuvent renforcer leurs engagements climatiques.

À la COP27 en 2022, la création du Programme de travail sur la Transition juste (JTWP) a constitué une première démarche importante pour placer la justice au cœur de l’action climatique. Mais les mots qui ne sont pas suivis d’action sont des mots creux. À la COP30 à Belém, les gouvernements ont la chance de transformer une politique trop longtemps reportée en réalité.

Nos organisations – représentant des travailleurs et travailleuses, des collectifs féministes, de jeunesse, des mouvements écologistes et sociaux, de défense des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, et les communautés en première ligne – appellent tous les pays négociateurs à prendre une décision à Belém qui améliorera tangiblement la vie et les moyens de subsistance de millions de personnes, en fixant une nouvelle orientation pour la coopération climatique : une orientation qui place les personnes et leurs droits au centre.

Nous appelons à l’adoption d’un ensemble décisif pour une Transition Juste à la COP30 :

  1. Le Mécanisme d’action de Belém (BAM) pour la Transition juste

Un nouveau mécanisme multilatéral pour orienter l’ensemble du système international et les Etats vers des transitions centrées sur l’humain aux niveaux local et national, qui permettent aux travailleurs et aux communautés de contrôler les décisions qui affectent leur vie et leurs moyens de subsistance. Le BAM doit rendre le financement et le soutien technique accessibles ; coordonner les efforts de transition juste au sein et en dehors de la COP ; s’attaquer aux règles mondiales, notamment commerciales, qui font obstacle à une Transition juste  ; construire un réseau mondial de coopération et d’apprentissage ; et garantir une représentation formelle des organisations de la société civile, notamment des groupes les plus exposés au changement climatique, ainsi que des syndicats et représentant.es des travailleur.ses. En France cela signifie le respect et l’approfondissement radical d’une démocratie sociale au service de la transition environnementale. Les syndicats et la société civile sont au cœur des enjeux climatiques, leurs voix ne peuvent rester dénigrées plus longtemps.

  1. Des normes contraignantes pour la Transition Juste dans le processus de la COP

Un cadre commun ancré dans les droits, la participation et l’égalité dans tous les secteurs – incluant les droits humains et du travail, le consentement libre, informé et préalable, une négociation collective et un dialogue social réels avec les travailleurs. Ces normes doivent garantir que les transitions créent un travail décent, s’attaquent aux inégalités, promeuvent le travail du soin (care), sont soutenues par la coopération internationale et disposent des moyens nécessaires à leur mise en œuvre. Les parties doivent également éviter de s’engager vers des solutions sans fondement scientifique et empirique solide, qui sont des échappatoires à un virage politique conséquent dans la lutte contre le changement climatique.

  1. Financer la Transition Juste

La COP30 doit reconnaître que la conception et la mise en œuvre de politiques de transition juste nécessitent des ressources dédiées. Le financement doit être nouveau, additionnel, sous forme de dons, public, adéquat, prévisible et ne pas générer de dette – conformément à l’équité et aux obligations légales des pays. Cela implique que la France respecte ses engagements financiers vis-à-vis des pays en développement, qui en 2021 promettait d’atteindre les 0,7% du PIB. C’est l’inverse de ce qu’on observe dans le projet de budget actuel où l’aide publique au développement est programmée en baisse de 19%.

  1. Intégration des plans de Transition juste dans les Contributions nationalement déterminées, les Plans nationaux d’adaptation et les Stratégies nationales bas carbone

Les pays doivent intégrer des actions de transition juste dans leurs documents officiels de planification climatique, en alignant les objectifs de développement et climatiques à long terme sur la justice sociale et l’équité.

  1. Institutions nationales pour la participation des travailleurs et des peuples

Les gouvernements doivent mettre en place des institutions et des processus de consultation et de participation robustes et inclusifs dans les processus de planification et de prise de décision aux niveaux national, régional et local. D’une part, grâce à un dialogue social tripartite impliquant le gouvernement, les employeurs et les travailleurs pour façonner les politiques du travail, et d’autre part, grâce à l’engagement des détenteurs de droits et des parties prenantes concernées sur tous les autres aspects de la Transition juste.

L’action climatique doit fonctionner pour les peuples, et non contre eux.

Bien menée, une Transition juste mène à des emplois décents, des moyens de subsistance sécurisés, la souveraineté alimentaire et énergétique, des communautés plus sûres et un avenir vivable pour tous et toutes. Ignorée, elle devient la prochaine excuse pour le retard, l’exclusion et la capture de l’intérêt public.

Nous sommes unis – syndicats, leaders autochtones, féministes, jeunes, environnementalistes, association de défense des droits de l’Homme et mouvements populaires – dans une demande commune de justice et de transformation, pour une action à la hauteur de l’ampleur de la crise et de la dignité de ceux et celles qui la vivent.

Que l’on se souvienne de la COP30 à Belém comme du moment où le monde a choisi l’équité plutôt que l’échec – quand les gouvernements ont prouvé que le multilatéralisme peut encore être au service des peuples et de la planète.

Cordialement,

Premiers signataires : Confédération générale du travail (CGT), Confédération française démocratique du travail, Fédération syndicale unitaire (FSU), LDH (Ligue des droits de l’Homme), Réseau action climat (RAC), Union nationale des syndicats autonome (UNSA), Union syndicale Solidaires (USS)

Le 12 novembre 2025

Télécharger la lettre ouverte commune en pdf.

Partager la publication « Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques : le moment est venu de concrétiser une Transition Juste répondant aux besoins des population »

Source: Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques : le moment est venu de concrétiser une Transition Juste répondant aux besoins des population