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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives de l'auteur : psenegas

Soudan : une action internationale est urgente pour empêcher de nouvelles atrocités à El Fasher 3 novembre, 2025

Communiqué commun dont la LDH est signataire

Après dix-huit mois de siège sans interruption, la ville soudanaise d’El Fasher est tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) le 26 octobre 2025. Des preuves de massacres de masse et de nettoyage ethnique s’accumulent. Une action internationale urgente, décisive et coordonnée est nécessaire pour protéger les civil·es, permettre l’accès humanitaire et garantir la responsabilité des crimes graves commis à El Fasher et dans l’ensemble du Soudan.

Paris, Kampala, le 29 octobre 2025. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et ses organisations membres soudanaises, l’African Centre for Justice and Peace Studies (ACJPS) et le Sudanese Human Rights Monitor (SHRM), expriment leur profonde inquiétude après la chute d’El Fasher aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) le 26 octobre 2025, qui marque une escalade catastrophique du conflit en cours au Soudan. Après un siège de 18 mois qui a laissé des centaines de milliers de civil·es piégé·es, affamé·es, et soumis·es à des attaques incessantes, la prise de la ville s’est suivie d’atrocités généralisées faites de massacres, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité.

Une ville assiégée : 18 mois de violence dévastatrice

El Fasher, capitale du Darfour-Nord et dernier bastion des Forces armées soudanaises (SAF) au Darfour, subit depuis mai 2024 un siège brutal mené par les RSF. Ce siège a coupé tout accès humanitaire pendant plus d’un an, laissant environ 260 000 civil·es, dont la moitié sont des enfants, piégé·es sans nourriture, sans eau potable, sans soins médicaux et sans sécurité. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies n’a pas été en mesure d’acheminer l’aide alimentaire par la route depuis plus d’un an, les denrées alimentaires de base coûtant jusqu’à 460 % plus cher que dans d’autres régions du Soudan.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a recensé environ 1 850 morts parmi les civil·es dans le nord du Darfour entre le début de l’année 2025 et le 20 octobre, dont environ 1 350 à El Fasher. Ce chiffre est considéré comme largement sous-estimé en raison des coupures de télécommunications et du manque d’accès sur le terrain. Rien qu’en octobre, au moins 115 civil·es ont été tué·es et 102 blessé·es lors de six attaques contre la ville assiégée, dont 17 enfants parmi les morts.

Des preuves d’atrocités de masse et de nettoyage ethnique

Depuis la prise d’El Fasher par les RSF le 26 octobre, des informations crédibles font état d’atrocités généralisées, notamment des exécutions sommaires, des raids de maison en maison, des attaques contre des civil·es fuyant le long des voies d’évacuation et des obstacles destinés à empêcher les civil·es d’atteindre un lieu sûr. Le laboratoire de recherche humanitaire de l’École de santé publique de Yale a mis en lumière des preuves concordantes avec la commission de massacres par les forces de la RSF dans la ville. L’analyse d’images satellites a révélé la présence de formes ressemblant à des corps humains près des véhicules des RSF et une décoloration rougeâtre du sol, identifiée comme étant du sang provenant des massacres. Les images montrent des véhicules des RSF déployés dans des formations tactiques correspondant à des opérations de nettoyage maison par maison. Le fait que les membres des RSF aient documenté et diffusé publiquement leurs crimes sur les réseaux sociaux démontre un profond mépris du droit international et un sentiment d’impunité profondément ancré.

En parallèle des événements à El Fasher, les RSF ont mené des attaques meurtrières contre des civil·es à Bara, dans l’État du Kordofan du Nord, du 25 au 27 octobre 2025, immédiatement après le retrait des SAF. Ces massacres se sont déroulés dans un contexte de coupure totale des communications, empêchant la vérification totale de l’ampleur des atrocités, facilitant les exécutions massives visant des civils non armés, notamment des femmes, des enfants et des personnes âgées, ainsi que des pillages et des tortures généralisés. Ces deux événements soulignent une stratégie systématique de nettoyage ethnique menée par les RSF, qui s’étend du Darfour au Kordofan.

« La chute d’El Fasher, ainsi que le récent massacre de Bara, représentent un échec catastrophique de la communauté internationale à protéger les civil·es et à prévenir les atrocités de masse, malgré les avertissements répétés des organisations de défense des droits humains, de l’ONU et des observateurs locaux », a déclaré Mossaad Ali, directeur exécutif de l’ACJPS. « La campagne systématique de nettoyage ethnique menée par les RSF à El Fasher doit cesser immédiatement. Les civil·es piégé·es dans la ville sont exposés à un risque imminent de massacres, de violences sexuelles et de déplacements forcés. La communauté internationale doit aller au-delà des déclarations d’inquiétude et passer à des actions concrètes, notamment des mesures de lutte contre l’impunité, des sanctions et des mécanismes de protection des civil·es sur le terrain. »

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme rapporte que les combattants de la RSF ont procédé à des exécutions sommaires de civil·es qui tentaient de fuir la ville, avec des indications de motivations ethniques derrière ces meurtres. Le Yale Humanitarian Research Lab a conclu qu’« un processus systématique et délibéré de nettoyage ethnique est en cours à El Fasher, visant les populations Fur, Zaghawa, Berti et autres populations non arabes par le biais de déplacements forcés et d’exécutions sommaires ».

Les violences sexuelles contre les femmes et les filles continuent d’être signalées à grande échelle, l’ONU indiquant que le nombre de personnes exposées à des violences sexistes a triplé pour atteindre 12,1 millions dans tout le Soudan. La dernière maternité en activité à El Fasher s’est effondrée, laissant plus de 6 200 femmes enceintes sans accès à des services de santé sexuelle et reproductive vitaux. Les installations médicales ont été pillées et prises pour cible lors d’attaques, détruisant l’infrastructure sanitaire essentielle de la ville.

Contexte

Dans son rapport de septembre 2025 intitulé « Une guerre d’atrocités », la Mission d’enquête internationale indépendante des Nations unies sur le Soudan a conclu que les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) étaient responsables d’attaques directes et à grande échelle contre des civils et de la destruction massive d’infrastructures essentielles. La Mission a constaté que les RSF avait commis une multitude de crimes contre l’humanité pendant le siège d’El Fasher, notamment des meurtres, des actes de torture, des viols, de l’esclavage sexuel, des déplacements forcés et des persécutions pour des motifs ethniques, sexistes et politiques.

Les RSF ont utilisé la famine comme méthode de guerre et ont privé les civil·es d’objets indispensables à leur survie, ce qui pourrait constituer un crime contre l’humanité d’extermination. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Volker Türk, a averti que « le risque de nouvelles violations et atrocités à grande échelle motivées par des considérations ethniques à El Fasher augmente de jour en jour ».

Le conflit entre les SAF et les RSF, qui a éclaté en avril 2023, a provoqué l’une des pires catastrophes humanitaires au monde. Plus de 150 000 personnes ont été tuées, plus de 14 millions ont été déplacées et plus de 25 millions sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, la famine étant confirmée dans plusieurs régions.

« Ce à quoi nous assistons à El Fasher n’est pas seulement une catastrophe humanitaire, mais une campagne délibérée de terreur contre les populations civiles », a déclaré Magdi El Na’im, directeur exécutif de SHRM. « Les RSF ont utilisé la famine comme arme de guerre, détruit systématiquement les infrastructures civiles et commis des atrocités à grande échelle, notamment des exécutions sommaires et des violences sexuelles. »

Appel à l’action

La communauté internationale a reçu des avertissements répétés concernant le risque d’atrocités de masse à El Fasher tout au long de l’année 2025. Malgré ces avertissements, les mesures concrètes prises pour prévenir la catastrophe actuelle ont été insuffisantes. La FIDH, l’ACJPS et SHRM appellent de toute urgence la communauté internationale à :
Exercer une pression diplomatique urgente sur toutes les parties afin qu’elles cessent immédiatement les hostilités à El Fasher et dans tout le Soudan. Les RSF doivent mettre fin à toutes les attaques contre les civil·es, les infrastructures civiles et les travailleur·ses humanitaires.
Garantir un passage sûr aux civil·es qui tentent de fuir El Fasher et d’autres zones de conflit. Toutes les voies d’évacuation doivent être ouvertes immédiatement et les civils doivent pouvoir se mettre en sécurité sans obstruction, détention ou violence.
Garantir un accès humanitaire sans entrave par toutes les voies transfrontalières possibles. Supprimer tous les obstacles bureaucratiques et permettre aux organisations humanitaires de fournir de la nourriture, de l’eau, des médicaments et d’autres fournitures essentielles aux populations piégées.
Convoquer une réunion urgente du Conseil de sécurité des Nations unies afin de faire appliquer la résolution 2736 (2024) existante, qui exige que les RSF lève le siège d’El Fasher ; inviter la Mission d’enquête internationale indépendante à informer les membres du Conseil ; adopter une résolution ferme pour faire face à l’escalade actuelle des atrocités à El Fasher, notamment en envisageant des sanctions supplémentaires ciblées contre les dirigeants de la RSF responsables d’atrocités et en imposant des mécanismes concrets de protection des civil·es au-delà des déclarations de préoccupation.
Renforcer la surveillance au sein des instances internationales et régionales chargées des droits humains, notamment en veillant à ce que la Commission africaine des drtois de l’Homme et des peuples (CADHP) et la Mission d’enquête des Nations unies disposent des ressources et du personnel nécessaires pour poursuivre leur travail essentiel de documentation des violations des droits humains. Le Soudan et les pays voisins doivent accorder un accès immédiat et sans restriction à la CADHP et à la Mission d’enquête des Nations unies afin de faciliter la conduite d’investigations approfondies.
Soutenir les enquêtes et les poursuites en cours de la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes relevant du droit international commis au Soudan. En outre, renouveler l’appel lancé au procureur de la CPI pour qu’il accélère et élargisse les enquêtes et délivre des mandats d’arrêt non seulement à l’encontre des dirigeants des RSF et des militaires, mais aussi à l’encontre de toutes les personnes dont il est prouvé qu’elles ont planifié, financé, armé ou soutenu de quelconque manière ces crimes.
Appliquer des sanctions ciblées contre les personnes et les entités responsables d’atrocités, y compris les dirigeants des RSF (notamment Mohamed Hamdan Dagalo et Abdul Rahim Dagalo), et celles qui permettent la poursuite des violences, en particulier les Émirats arabes unis (EAU), qui ont été maintes fois désignés comme la principale source d’armes et de soutien financier des RSF, en violation des embargos sur les armes décrétés par l’ONU.
Augmenter les fonds d’urgence pour permettre l’acheminement d’une aide vitale aux personnes piégées à El Fasher et aux civils qui fuient vers les zones environnantes. Soutenir les centres d’intervention d’urgence locaux et les organisations de la société civile qui travaillent sur le terrain pour protéger les droits humains, fournir des secours et documenter les atrocités.

Le soutien au peuple soudanais ne peut plus attendre. Une action internationale urgente, décisive et coordonnée est nécessaire dès maintenant pour protéger les civil·es, permettre l’accès humanitaire et garantir que les auteurs des crimes graves commis à El Fasher et dans tout le Soudan soient tenus responsables de leurs actes. L’impunité persistante pour les crimes antérieurs — à Geneina, Zalingei, El Gezira, Khartoum, East Gezira, Sennar, Blue Nile et dans d’autres régions — a créé les conditions propices à la commission de nouvelles atrocités de plus en plus graves, notamment à El Fasher et Bara. Toute nouvelle inaction sera interprétée comme un mandat implicite pour des massacres encore plus importants.

Signataires :

African Center for Justice and Peace Studies (ACJPS); Al-Haq;  Al Mezan Center for Human Rights; Association africaine des droits de l’Homme (Asadho); Association Nigérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (ANDDH); Association rwandaise pour la défense des droits de la personne et des libertés publiques (ADL); Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme (ATPDH); Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS); Centre for Democracy and Human Rights (CDD); DITSHWANELO – The Botswana Centre for Human Rights; Egyptian Initiative for Personal Rights; Ethiopian Human Rights Council (EHRCO); Foundation for Human Rights Initiative (FHRI); Groupe LOTUS; International Federation for Human Rights (FIDH); Kenya Human Rights Commission (KHRC); Lawyers for Human Rights (LHR); Legal and Human Rights Centre Tanzania (LHRC); Les mêmes droits pour tous (MDT Guinée); Ligue Bissao Guinéenne de droits de l’homme (LGDH); Ligue Burundaise des droits de l’homme Iteka; Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme (LCDH); Ligue des Droits de l’Homme (LDH); Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH); Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (LIDHO); Ligue Senegalaise des Droits Humains ( LSDH); Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH); Maison des Droits de l’Homme du Cameroun (MDHC); Moroccan Association for Human Rights; Moroccan Human Rights Organization; Mouvement Ivoirien des Droits Humains (MIDH); Mozambique Human Rights Defenders Network (RMDDH); Observatoire Congolais des Droits de l’Homme (OCDH); Observatoire des droits de l’Homme au Rwanda (ODHR); Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH); Organisation Nationale des Droits de l’Homme Senegal (ONDH); Palestinian Center for Human Rights; Palestinian Human Rights Organisation; Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (Raddho); Riposte Internationale Algeria; Safeguarding Committee of the Algerian League for the Defense of Human Rights; Sudanese Human Rights Monitor (SHRM); Tunisian League for Human Rights; Zimbabwe Human Rights Association

Le 31 octobre 2025

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D&L 211 – Comment parler du racisme aux enfants ? Un livre de Rokhaya Diallo 3 novembre, 2025

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Livre recensé :
– Comment parler du racisme aux enfants ? Un livre de Rokhaya Diallo. On ne compte pas pour du beurre.

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D&L 211 – A l’écoute des « voix du génocide » 3 novembre, 2025

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D&L 211 – Gaza : ce que dit le droit international 3 novembre, 2025

D&L 211 – Gaza au coeur – article introductif 3 novembre, 2025

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D&L 211 – Bruno Retailleau, héritier d’une tradition algérophobe 3 novembre, 2025

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– Idées en débat, article, 3 pages.
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Soudan : urgence à l’arrêt des massacres 3 novembre, 2025

Communiqué LDH et appel à rassemblement le 1er novembre à 15h place de la République à Paris

Depuis deux ans et demi une guerre dévastatrice oppose dans le silence de la communauté internationale l’armée du général au pouvoir Abdel Fattah al-Burhan à la milice des Forces de Soutien Rapide (FSR) dirigées par le général Mohamed Hamdan Dagalo dit Hemetti.

Depuis le 26 octobre 2025, les paramilitaires des FSR ont conquis la capitale du Darfour du Nord El Fasher, entraînant la fuite désespérée de dizaines de milliers de personnes, et se livrant aux pires atrocités : massacres, viols, pillages, dans un sentiment de totale impunité.

En présence d’un tel drame humanitaire et de crimes de masse documentés en direct, y compris par leurs auteurs, donnant lieu à un nettoyage ethnique en cours, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) en appelle aux Nations unies, à la France, à la communauté européenne, et à tous les Etats impliqués dans le conflit pour la mise en œuvre d’extrême urgence de tous les moyens à leur disposition afin de faire cesser les massacres, de venir en aide aux populations victimes de violences barbares, de relancer sans délai un processus de paix, et de poursuivre devant la justice les responsables de crimes contre l’humanité.

La LDH appelle à manifester son soutien au peuple soudanais pour la paix, la liberté et la justice, samedi 1er novembre à 15h place de la République à Paris.

Paris, le 30 octobre 2025

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Source: Soudan : urgence à l’arrêt des massacres

Proposition de loi rétablissant le délit de séjour irrégulier : on ne lutte pas contre l’extrême droite en votant ses propositions 3 novembre, 2025

Dans sa niche parlementaire le Rassemblement national (RN) ambitionne de rétablir le délit de séjour irrégulier. C’est ce texte qui sera discuté en séance publique ce jeudi 30 octobre 2025. Celui-ci prévoit d’instaurer une amende de 3 750 euros à toute personne étrangère âgéé de plus de 18 ans qui séjourne en France sans titre de séjour. L’étranger-e ainsi condamné-e pourrait également encourir une peine complémentaire d’interdiction du territoire français d’une durée maximale de 3 ans.

Le délit de séjour irrégulier a été abrogé en 2012 car il était contraire à la directive retour de l’Union européenne qui impose de laisser un délai à la personne pour quitter le territoire de sa propre initiative.

Mais, ce n’est pas la première fois que le délit de séjour irrégulier est remis sur la table. En effet, même s’il était absent du projet de loi initial qui a donné lieu à la loi immigration du 26 janvier 2024, ce délit a été réintroduit par les sénateurs « les Républicains », dont M Retailleau, avant d’être supprimé par les député-e-s en commission des lois, puis finalement réintégré par la commission mixte paritaire à la suite de l’avis favorable de Gérald Darmanin. Le Conseil constitutionnel l’a ensuite censuré comme cavalier législatif.

A nouveau ce délit de séjour irrégulier refait surface, porté par l’extrême droite. Nos organisations condamnent fermement cette volonté de stigmatiser et criminaliser les étrangères et étrangers vivants sur notre territoire. Celles et ceux qui voteront ce texte porteront la responsabilité d’un naufrage politique et moral en soutenant un des projets loi qui vient en contradiction avec les fondements de la République.

Nos organisations exigent au contraire des mesures pour la régularisation, notamment par le travail, qui permettraient de sortir de la clandestinité des milliers de personnes qui contribuent à la richesse de notre pays.

Ce n’est pas d’une énième loi sur l’immigration et contre les étrangères et étrangers dont ont besoin les citoyennes et citoyens de notre pays, c’est de progrès social, de mesures de justices sociales et fiscales qui permettent de vivre dignement de son travail ou de sa retraite.

Voter ce texte ne fera pas oublier les exigences sociales qui s’expriment fortement depuis quelques mois, nous appelons l’ensemble des député-e-s qui se disent de l’arc républicain à ne pas voter ce texte.

Signataires : CGT, LDH, Cimade, Femmes égalité, CFDT, UNSA, FSU, Solidaires, Attac, SOS Racisme

Montreuil, le 29 octobre 2025

Lire le communiqué « Proposition de loi rétablissant le délit de séjour irrégulier : on ne lutte pas contre l’extrême droite en votant ses propositions » en format PDF

Source: Proposition de loi rétablissant le délit de séjour irrégulier : on ne lutte pas contre l’extrême droite en votant ses propositions

Non, l’accord UE-Mercosur n’est toujours pas acceptable – Nous vous appelons à vous y opposer fermement et à construire une minorité de blocage 29 octobre, 2025

Non, l’accord UE-Mercosur n’est toujours pas acceptable – Nous vous appelons à vous y opposer fermement et à construire une minorité de blocage
Non, l’accord UE-Mercosur n’est toujours pas acceptable – Nous vous appelons à vous y opposer fermement et à construire une minorité de blocage
Non, l’accord UE-Mercosur n’est toujours pas acceptable – Nous vous appelons à vous y opposer fermement et à construire une minorité de blocage

Lettre ouverte adressée au président de la République et dont la LDH est signataire

Monsieur le président de la République,

Par ce courrier, nous, organisations de la société civile soussignées, exprimons nos plus vives inquiétudes et notre totale incompréhension devant les réactions complaisantes provenant de l’Elysée et de plusieurs ministères suite à la décision de la Commission européenne de transmettre l’accord de libre-échange UE-Mercosur au Conseil des 27 Etats-membres de l’Union européenne pour une ratification expresse et sans consultation démocratique des Parlements des Etats membres sur la partie commerciale de l’accord.

Rappelons que le 6 décembre 2024, alors que la présidente de la Commission européenne annonçait avoir conclu les négociations du contenu de l’accord, vous faisiez savoir que le texte « restait inacceptable en l’état » (1). Lors du dernier Salon de l’agriculture, en février 2025, vous qualifiez encore le contenu de « mauvais texte », précisant que vous feriez « tout pour qu’il ne suive pas son chemin, pour protéger cette souveraineté alimentaire française et européenne » (2).

Nos inquiétudes et notre incompréhension sont d’autant plus vives que le contenu de l’accord n’a été l’objet d’aucune modification de substance depuis décembre 2024. Seules une révision légale et la traduction de l’accord ont été menées à bien. Subitement, l’exécutif français est donc passé d’un « Non en l’état » à un « Oui probablement », abandonnant en rase campagne les trois lignes rouges qu’il avait fixées en 2020 suite à la publication du rapport Ambec, et acceptant de facto ce que la France jugeait inacceptable il y a encore peu.

Rien ne saurait justifier ce brusque changement de position, particulièrement dans le contexte où la distorsion de concurrence et de normes environnementales et sociales entre les produits en France et dans l’UE et les produits importés des pays du Mercosur est l’objet de débats brûlants et légitimes. Car non, l’accord présenté par la Commission européenne ne va pas « dans le bon sens ». L’analyse attentive de son contenu montre bien que l’ouverture des marchés agricoles européens a servi de monnaie d’échange.

Ce n’est pas « la clause de sauvegarde » mise en avant par la Commission européenne, et présente dans l’accord depuis 2019, qui saurait changer la donne : on ne règle pas des risques de déstabilisation structurelle de marchés agricoles par l’activation d’une mesure par définition temporaire et dont l’usage est limitatif et exceptionnel. Face à ces risques structurels persistants, la réponse de l’UE consiste à mettre sur pied un fonds de compensation des agriculteurs mis en danger par cette concurrence déloyale : les agricultrices et agriculteurs veulent vivre de leur travail, pas être indemnisés pour disparaître.

Précisons également que l’analyse du contenu de l’accord montre que les lignes rouges énoncées par la France à l’automne 2020 ne sont pas satisfaites par l’ajout d’une annexe sur le développement durable. Ni sur la déforestation puisque la promesse ne comporte aucune dimension exécutoire et que la mise en œuvre du règlement européen contre la déforestation, initialement porté par la France, serait compromise par l’accord commercial. Ni sur le climat puisque l’accord ne saurait être suspendu si un État menait des politiques contraires à la lutte contre le changement climatique. Ni sur le respect des normes sanitaires et environnementales de l’Union européenne puisqu’il ne saurait être exigé des produits importés qu’ils soient produits selon des processus similaires aux produits européens.

Ce changement de position soudain de la France est d’autant plus préoccupant que cet accord de libre-échange soulève toujours des objections sévères pour ses impacts des deux côtés de l’Atlantique en matière de climat, de droits humains et des peuples autochtones en particulier, de déforestation, de biodiversité, de bien-être animal, d’extraction minière, d’emplois et de justice sociale.

Raison pour laquelle, nous vous demandons de :

– clarifier publiquement la position française et expliquer comment vous allez vous y prendre pour bloquer la ratification de cet accord ;

– construire une minorité de blocage avec les autres pays européens critiques de cet accord (Autriche, Irlande, Pays-Bas, Pologne, etc) ;

– vous opposer par tous les moyens à votre disposition à la division de l’accord en deux (« splitting ») voulu par la Commission européenne afin d’accélérer la ratification de la partie commerciale de l’accord.

Nous souhaitons enfin profiter de ce courrier pour rappeler que les derniers sondages d’opinion montrent que les accords de libéralisation du commerce sont largement rejetés par l’opinion publique de nombreux pays, notamment en France (3) : il n’y a plus de majorité sociale en faveur d’accords qui contribuent à importer et exporter toujours plus de biens et services par delà les frontières au détriment des bons emplois, de l’activité agricole et industrielle, des productions de qualité, du climat et de la biodiversité, des droits humains et sociaux, etc.

Veuillez recevoir, Monsieur le Président de la République, nos respectueuses salutations.

Les organisations signataires : 

ActionAid France, Action non-violente COP 21 (ANV-COP 21), Agir pour l’environnement, Aitec, all4trees, Alofa Tuvalu, Alternatiba, Amis de la Terre France, Attac France, Bio Consom’acteurs, BLOOM, CADTM France, Canopée, Collectif national Stop Mercosur, Commerce Equitable France, Confédération Générale du Travail – CGT, Confédération paysanne, CRID, Ekō, Emmaüs International, Fédération Artisans du Monde, foodwatch, Fondation Copernic, France Amérique Latine – FAL, France Nature Environnement, FSU – Fédération Syndicale Unitaire, GAFE-France, Générations Futures, Greenpeace France, Ingénieurs sans frontière Agrista, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Les Ami·e·s de la Confédération paysanne, Max Havelaar France, MIRAMAP, MRJC – Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne, Nature & Progrès, Notre Affaire à Tous, Pôle InPact, Réseau Action Climat, Slow Food en France, SOL, Solidaires, SOLIDAIRES Douanes, Terre de Liens, VRAC France

NOTES :
1. ACCORD UE-MERCOSUR : « CE N’EST PAS LA FIN DE L’HISTOIRE », RÉAGIT L’ELYSÉE, POUR QUI LE TEXTE « RESTE INACCEPTABLE EN L’ÉTAT »
2. FACE AUX AGRICULTEURS, MACRON FUSTIGE L’ACCORD MERCOSUR, « UN MAUVAIS TEXTE »
3. 76% DES FRANÇAIS S’OPPOSENT À L’ACCORD AVEC LE MERCOSUR

Paris, le 28 octobre 2025

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25 novembre 2025 contre le patriarcat : ni oubli, ni silence, marchons contre les violences ! 29 octobre, 2025

Communiqué commun dont la LDH est signataire, manifestations le samedi 22 novembre et le mardi 25 novembre 2025

Pour la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes du 25 novembre, nous manifesterons en solidarité, comme nous l’avons déjà fait le 11 octobre, avec et pour les femmes du monde entier : celles qui sont victimes des violences machistes, des conflits armés, des famines, des spoliations de terres et de leurs biens naturels, des gouvernements réactionnaires et des Etats théocratiques. Avec toutes celles qui ne peuvent pas parler, dont les voix sont étouffées, qui subissent des violences sexuelles, des tortures et des mutilations.

Le 25 novembre nous marcherons pour rendre hommage à toutes les victimes de la violence machiste, les femmes, les filles, les personnes LGBTQIA+, à toutes celles qui souffrent et qui luttent, en dépit des risques encourus. A toutes celles que nous avons perdues.

Les violences et l’impunité des agresseurs persistent 8 ans après l’élection d’Emmanuel Macron, en plein #MeToo. La plupart du temps, encore, les victimes ne sont pas crues, les plaintes classées sans suite. Le parcours judiciaire revictimise bien souvent les femmes et constitue un obstacle à la sortie de la violence comme la baisse du financement public des associations d’accompagnement des victimes.

Les violences sexistes et sexuelles surviennent partout, et tout le temps : dans nos espaces familiaux, sur nos lieux de travail et d’études, dans l’espace public, dans les transports, dans les établissements de soin, les cabinets gynécologiques, dans les maternités, dans les ateliers des chaînes d’approvisionnement des multinationales, les commissariats, les centres de rétention, dans les milieux du théâtre, du cinéma, du sport, en politique… Dans tous les milieux sociaux. Elles trouvent racine dans le patriarcat et se situent au croisement de plusieurs systèmes d’oppressions.

Ainsi les femmes les plus touchées par ces violences sont celles qui souffrent déjà de multiples oppressions : les femmes victimes de racisme, d’antisémitisme, d’islamophobie, les femmes migrantes, sans papiers, les travailleuses précaires, les femmes sans domicile et autres femmes précarisées, femmes en situation de handicap, les femmes lesbiennes et bi, les femmes trans, les femmes en situation de prostitution, et celles victimes de l’industrie pédo et pornocriminelle.

Sans autorisation de travailler, les femmes étrangères dont les demandeuses d’asile sont très vulnérables aux réseaux de prostitution, de proxénétisme et de traite des êtres humains.

En France, en 2024, c’est encore plus d’un féminicide tous les trois jours commis par un conjoint ou un ex-conjoint Des femmes assassinées parce qu’elles sont femmes. Le nombre de femmes victimes de violences dans le couple et les enfants co-victimes ne diminue pas, tout comme les viols ou tentatives.

La quasi-totalité des agresseurs sont des hommes (97,3%).

Une femme en situation de handicap sur cinq a été victime de viol. 50% des lesbiennes et 75% des bi ont été confrontées à des violences dans l’espace public et 85 % des personnes trans ont déjà subi un acte transphobe. Les femmes âgées de plus de 70 ans ne sont pas prises en compte dans les enquêtes sur les violences, elles représentent pourtant 21% des féminicides.

160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année, en majorité au sein de la famille. Sur les lieux de travail plus de 8000 viols ou tentatives ont lieu chaque année et un tiers des femmes subissent du harcèlement sexuel. Les employeurs publics et privés doivent faire cesser les violences et protéger les victimes, y compris de violences conjugales.

La montée de l’extrême droite en Europe et dans le monde constitue une menace majeure pour les droits des femmes et en France, le danger de son accession au pouvoir n’est pas écarté. Ces droits sont attaqués dès que l’extrême droite est au pouvoir.

Depuis quelque temps, elle prétend lutter contre les violences faites aux femmes. Sous couvert de défendre certaines d’entre elles, ces mouvements exploitent la question des violences sexistes à des fins racistes et fémonationalistes, ne s’indignant que selon l’origine, la nationalité ou la religion réelle ou supposée des agresseurs. Dans ce climat délétère, les femmes portant le voile sont de plus en plus souvent la cible d’agressions dans la rue, dans les médias, comme dans les discours politiques.

Les groupuscules fascistes attaquent régulièrement des militantes et militants sans réaction des pouvoirs publics.

Derrière les slogans et les postures prétendument féministes, l’extrême droite ne défend ni la liberté des femmes, ni leur émancipation, ni l’égalité, et se désintéresse profondément de la réalité et des droits des femmes qui luttent dans le monde.

Sans politique publique à grands moyens, sans prévention et sans éducation, les garçons et les hommes continueront de perpétrer des violences.

Les organisations féministes et syndicales exigent :

· une loi-cadre intégrale contre les violences, comme en Espagne ;

· 3 milliards d’euros nécessaires pour la mettre en œuvre ;

· une éducation à la vie affective relationnelle et à la sexualité (EVARS) effective partout ;

· l’arrêt immédiat de la baisse des financements ;

· et un rattrapage du budget des associations qui accompagnent les victimes et assurent l’éducation populaire sur les questions de violences et d’égalité femmes-hommes.

Tant que l’une d’entre nous n’est pas libre, tant que les violences machistes s’exerceront sur une seule d’entre nous, nous lutterons !

Nous appelons à participer aux mobilisations à l’occasion de la Journée internationale des droits des enfants et pour le Jour du souvenir trans (TDoR).

Contre les violences faites aux femmes et aux filles, les violences sexistes et sexuelles, manifestons partout le samedi 22 novembre 2025 et le mardi 25 novembre 2025 !

Manifestons partout le samedi 22 novembre 2025 et le mardi 25 novembre 2025 !

Premières signataires au 25 octobre 2025 :

ACDI Cameroun , ActionAid France, Assemblée des Femmes, Attac France, CGT confédération Générale du Travail, CNT-SO Éducation/Recherche, Coalition féministe et enfantiste pour une loi-cadre intégrale contre les violences sexuelles, Collectif National pour les Droits des femmes, Collectif des Féministes Narbonnais.es , Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF), CRID, Égalités, Excision parlons-en !, FAGE, FEMEN France, Femmes Égalité , Femmes Solidaires, Femmes Solidaires 80, Fondation Copernic, Force Féministe (57), France Amérique latine FAL , FSU, Genre et altermondialisme , Iran Justice , Las Rojas Paris, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie-LFID, Maison des femmes Thérèse Clerc de Montreuil, Marche Mondiale des Femmes France, Mouvement de la Paix, Mouvement des femmes kurdes, Organisation de Solidarité Trans (OST), UNEF le syndicat étudiant, Union des femmes socialistes SKB, Union Étudiante , Union syndicale Solidaires, Visa – Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes.

En soutien :

Génération-s, L’APRÈS , La France insoumise, Les Jeunes de L’APRÈS, NPA-l’Anticapitaliste, Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), Parti Communiste Français, Parti de Gauche, Parti Socialiste, Socialisme ou Barbarie France, Réseau coopératif Gauche Alternative, Union communiste libertaire

Paris, le 28 octobre 2025

Source: 25 novembre 2025 contre le patriarcat : ni oubli, ni silence, marchons contre les violences !