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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives de l'auteur : psenegas

Au Collège de France la liberté de recherche doit prévaloir ! 11 novembre, 2025

Communiqué LDH

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) a appris avec consternation la décision de l’administrateur du Collège de France d’annuler le colloque intitulé « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines », prévu les 13 et 14 novembre 2025. Il était co-organisé par l’historien Henry Laurens, titulaire de la chaire Histoire du monde arabe du Collège de France et le Centre arabe de recherches et d’études politiques (Carep).

Après avoir proposé aux organisateurs un événement à huis clos, l’administrateur a finalement décidé de l’annuler suite à une polémique, en invoquant la sécurité des biens et des personnes et le besoin de sérénité des débats. Cette décision interroge sur l’exercice de la liberté académique et la nécessaire diffusion auprès des citoyens du travail scientifique.

Notre préoccupation est d’autant plus forte que le ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, s’autorise à porter un jugement sur le programme de l’évènement en approuvant l’annulation au motif que le colloque contreviendrait à la liberté académique du fait qu’il ne serait pas apte, à son sens, d’assurer un débat libre, respectueux et pluriel.

Le débat académique n’a pas lieu d’être neutre. S’il se doit d’être pluraliste, cela n’implique nullement que chaque table ronde, chaque panel, chaque colloque doive refléter la totalité de la diversité des approches et points de vue – ce qui irait à l’encontre d’approfondissement pour des approches particulières. La présence d’acteurs ou de témoins est une pratique courante dans le cadre de colloques et de débats, et la sollicitation en l’occurrence de Dominique de Villepin et Francesca Albanese, rapporteure spéciale de l’ONU pour les Territoires palestiniens, n’était pas de nature à entacher le caractère scientifique du colloque prévu.

Les modes de mise en cause et les motifs invoqués laissent présumer que le débat scientifique, même dans l’enceinte du Collège de France, devient vulnérable face à des pressions extérieures ou à des intimidations, en instrumentalisant l’argument de la sécurité. De nombreux sujets d’histoire, de sociologie, d’économie, de philosophie peuvent être considérés comme sensibles : ce motif ne peut suffire à justifier de graves entraves aux libertés académiques.

La LDH tient à rappeler le rôle central de la liberté de la recherche pour nos démocraties et de son expression au service de la connaissance. Une institution comme le Collège de France, forte de sa tradition, doit être exemplaire dans la protection du débat scientifique. Particulièrement sur des sujets sensibles. Les chercheurs doivent pouvoir librement, indépendamment de toutes pressions directes ou indirectes, organiser des événements scientifiques sur le thème, sous le format et les modalités qui leur paraissent appropriés.

Paris, le 11 novembre 2025

Télécharger le communiqué LDH « Au Collège de France la liberté de recherche doit prévaloir ! » en pdf.

Source: Au Collège de France la liberté de recherche doit prévaloir !

La désobéissance civile est justifiée par la liberté d’expression sur l’urgence climatique 11 novembre, 2025

Communiqué LDH

L’urgence climatique est démontrée et la COP30 à Belem doit être l’occasion d’engagements forts de la part des Etats. Or, en dépit des discours sur la transition écologique d’Emmanuel Macron à Belem, les reculs en France des politiques publiques pour lutter contre les effets de la pollution et du réchauffement climatique, la déréglementation (loi Duplomb et Omnibus en Europe) et la suppression d’agences de contrôle ne peuvent qu’inquiéter toute personne sensée et soucieuse tant des générations futures que de la biodiversité.

Dans ce contexte, des militants agissent pour alerter et réclamer des lois protectrices par des actions de désobéissance civile, c’est-à-dire la commission d’une infraction en produisant un dommage léger, pacifiquement et en le revendiquant politiquement, dans le cadre d’une question d’intérêt général. C’est le cas de Rachel, 23 ans, ancienne militante du collectif Dernière rénovation, qui a jeté de la peinture orange sur l’hôtel de Matignon le 8 novembre 2023. Cette action visait à obtenir des politiques publiques ambitieuses pour lutter contre le fléau des passoires thermiques et diminuer l’empreinte carbone nationale.

Pourtant, et à rebours de la jurisprudence admettant le fait justificatif de la liberté d’expression pour de tels actes, ou même de la dernière décision de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) qui n’admet une éventuelle répression lorsque le dommage a été définitif que si la peine est très faible, le tribunal correctionnel de Paris a condamné cette militante à six mois de prison ferme.

Le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement au titre de la Convention d’Aarhus, Michel Forst, a déjà averti que la répression des défenseur-e-s de l’environnement constatée en Europe constituait « une menace majeure pour la démocratie ». Il avait conclu : « La seule réponse légitime au militantisme environnemental et à la désobéissance civile pacifique, c’est que les autorités, les médias et le public réalisent à quel point il est essentiel pour nous tous d’écouter ce que les défenseurs de l’environnement ont à dire ».

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) ne peut que souscrire à ces propos et demander à ce que la liberté d’expression prime sur la répression.

Paris, le 11 novembre 2025

Télécharger le communiqué LDH « désobéissance civile est justifiée par la liberté d’expression sur l’urgence climatique » en pdf.

Source: La désobéissance civile est justifiée par la liberté d’expression sur l’urgence climatique

Arrêter les flammes et prendre ses responsabilités 11 novembre, 2025

Communiqué de l’Observatoire de la libération de création (OLC) dont la LDH est membre

À la suite des évènements qui se sont déroulés lors du concert de l’Orchestre Philharmonique d’Israël à la Philharmonie de Paris le 6 novembre 2025, l’Observatoire de la liberté de création souhaite rappeler qu’il préconise, depuis sa création il y a plus de 20 ans, le débat plutôt que la censure ou l’autocensure.
On ne s’en prend pas à des artistes en raison de leur nationalité. L’OLC l’affirme depuis sa création. Et l’entrave à la liberté de création et de diffusion des œuvres est un délit.
Le maintien de la programmation de l’Orchestre philharmonique d’Israël, qui représente par définition son pays, le 6 novembre, par le conseil d’administration de la Philharmonie de Paris réuni le matin du concert, sous la double tutelle de l’Etat et de la ville de Paris, dans le contexte de guerre, de crimes de guerre et d’accusation de génocide, peut faire légitimement débat.
Dans ce contexte, affirmer que les artistes vont librement jouer et faire une prestation purement artistique ne suffit pas, étant précisé que l’orchestre en question a joué l’hymne israélien en mars 2025 à San Francisco après qu’un débat a eu lieu dans la salle (le concert n’a d’ailleurs pas été interrompu). Cette programmation, dans ce contexte, est un acte politique dont il convient d’assumer la responsabilité. Ce qui suppose d’accepter que cette décision soit critiquée, et d’accompagner le débat qu’elle suscite.
De même que l’on ne doit pas traiter les œuvres de façon autoritaire, nous pensons qu’il faut entendre les contestations, qui relèvent d’un débat légitime dans une démocratie, et permettre une confrontation des idées et des positions. Un débat aurait permis d’éclairer la complexité de ce qui était en train de se jouer. Le silence institutionnel relève de l’affirmation péremptoire : ils doivent jouer et c’est de l’art. En face, s’est élevée une affirmation tout aussi péremptoire : ils ne doivent pas jouer et c’est de la politique.
C’est le rôle de l’Etat et des collectivités territoriales, c’est le rôle des institutions culturelles subventionnées : organiser le débat pour que chacun puisse s’écouter. C’est difficile ? Nous le savons. Mais c’est indispensable pour que les institutions culturelles puissent continuer à diffuser les œuvres des artistes dont les pays sont en conflit, et cela vaut, de façon générale, pour tout type de polémique autour des œuvres.
En l’espèce, cet orchestre a joué sans débat, sans prise de parole. Il était pourtant prévisible que la parole étouffée jaillirait sous forme violente et ce fut le cas, ce qu’unanimement nous condamnons.
Nous dénonçons la forme de l’intervention choisie par les manifestants : interrompre un concert, menacer la sécurité du public et des musiciens par l’utilisation de fumigènes. Nous dénonçons avec la même fermeté la violence physique de quelques spectateurs contre un manifestant, comme le montre une vidéo. Ces violences sont manifestement disproportionnées et doivent être pareillement sanctionnées.
Pour rappel, lorsque la question s’est posée de l’attitude à adopter concernant la programmation d’artistes russes, il a été affirmé, notamment par le ministère de la Culture, que la déprogrammation doit rester l’exception et ne se justifier que pour les artistes ou formations artistiques dont les liens directs avec le gouvernement russe sont avérés et qui ont publiquement soutenu la guerre en Ukraine. Nous constatons que le ministère de la Culture n’a rien affirmé de tel à propos des artistes israéliens, ce qui peut donner le sentiment d’un deux poids deux mesures corroboré par un contexte où la libre expression, et désormais la liberté académique, sur le conflit israélo-palestinien, sont régulièrement mises à mal.
En l’espèce, si l’Orchestre philharmonique israélien est un ambassadeur culturel de son pays, c’est un ambassadeur artistique. Aucune déclaration publique de ses représentants n’est un soutien aux exactions, crimes de guerre et violations des lois internationales commises par le gouvernement israélien et l’armée israélienne à Gaza et dans les territoires occupés.
Pourtant le risque de récupération n’était pas négligeable et, à cet égard, nous regrettons que l’orchestre ait pris l’initiative de jouer l’hymne israélien en dernier rappel, en réaction aux tentatives de le faire taire. Ce faisant, les musiciens ont pris le risque que soit mise à mal la distinction qui les protège entre expression artistique autonome et déclaration politique.
Enfin, l’OLC tient à rappeler que, de façon générale et cela concerne toutes les formes d’expression artistique, depuis le 7 octobre 2023, des artistes palestinien-ne-s font l’objet de censures, de déprogrammations ou de menaces de censure, dans un silence général. Le soutien aux libertés de création et de diffusion des œuvres et à la liberté de programmation n’est pas à géométrie variable. Il est indivisible.

Paris, le 10 novembre 2025

Télécharger le communiqué de l’Observatoire de la création en pdf.

Retrouvez ce communiqué sur le site de l’Observatoire de la liberté de création.

Source: Arrêter les flammes et prendre ses responsabilités

10 novembre 2025 – Tribune collective « Restreindre l’accès à la santé ne redresse pas les comptes publics, mais fragilise la société » publiée dans Ouest-France 11 novembre, 2025

10 novembre 2025 – Tribune collective « Restreindre l’accès à la santé ne redresse pas les comptes publics, mais fragilise la société » publiée dans Ouest-France
10 novembre 2025 – Tribune collective « Restreindre l’accès à la santé ne redresse pas les comptes publics, mais fragilise la société » publiée dans Ouest-France
10 novembre 2025 – Tribune collective « Restreindre l’accès à la santé ne redresse pas les comptes publics, mais fragilise la société » publiée dans Ouest-France

Tribune collective dont Nathalie Tehio est signataire

Lire la tribune sur Ouest-France

Franchises, ALD, AME : restreindre l’accès à la santé ne redresse pas les comptes publics, cela fragilise la société tout entière

Une vingtaine de responsables d’associations engagées dans le travail médico-social, – parmi lesquelles Médecins du Monde, le Secours Catholique, Médecins sans Frontières, Emmaüs, AIDES – s’unissent pour lancer un cri d’alarme face aux différentes mesures envisagées dans le cadre des actuelles discussions budgétaires : augmentation des franchises médicales, durcissement des conditions d’accès à l’Aide médicale d’Etat (AME)…

Nous assistons à une offensive sans précédent du gouvernement contre l’accès aux soins des personnes malades et précaires. Le doublement des franchises médicales, la restriction de l’aide médicale de l’État (AME) et la remise en cause du régime des affections longue durée (ALD) s’inscrivent dans une même logique : faire payer davantage les malades et exclure les plus vulnérables. Ces mesures marquent une dérive inquiétante : qu’elles soient françaises ou étrangères, avec ou sans papiers, ce sont les personnes déjà victimes d’un système de santé en crise qui s’en retrouvent aujourd’hui désignées comme boucs émissaires.

Restreindre l’accès à la santé ne redresse pas les finances publiques : cela affaiblit la société dans son ensemble.

Franchises médicales et ALD : une pénalisation injuste des malades

Le doublement des franchises médicales, que le gouvernement prévoit d’adopter par décret, ferait payer davantage les personnes malades. Chaque boîte de médicaments, acte médical ou transport sanitaire entraîne déjà une franchise. Leur hausse frapperait de plein fouet les personnes atteintes de maladies chroniques, les personnes âgées ou en situation de handicap.

Dans le même temps, la révision du régime des affections de longue durée (ALD), en discussion dans le cadre du PLFSS, suscite de vives inquiétudes. Aujourd’hui, les personnes reconnues en ALD sont dispensées du ticket modérateur uniquement pour les soins liés à cette affection, ce qui est remis en cause par des projets de décrets concernant certains médicaments et les cures thermales, et restent redevables des franchises, forfaits hospitaliers, dépassements d’honoraires ainsi que de l’ensemble des frais non recensés par les comptes publics. Ces patients, souvent âgés ou en précarité, sont déjà parmi celles ceux qui accusent le plus de reste à charge. Ce dispositif protecteur constitue un rempart essentiel contre les inégalités sociales de santé.

Ces restrictions creuseraient encore ces inégalités de santé, menaceraient l’accès aux traitements et entraîneraient des retards de prise en charge lourds de conséquences. Les économies espérées sont illusoires : en réalité, ces mesures renchérissent les coûts pour l’ensemble du système de santé.

Décret AME : des milliers de personnes privées d’accès aux soins

Le gouvernement a de nouveau saisi la CNAM d’un projet de décret visant l’Aide médicale de l’État (AME). Reprenant les dispositions déjà présentées par le précédent gouvernement début septembre, ce texte prévoit de limiter les justificatifs d’identité acceptés aux seuls documents avec photo.

Une telle mesure exclurait de fait des milliers des personnes pourtant éligibles, parmi lesquelles nombre de personnes exilées ayant fui sans papiers, les ayant perdus, volés ou confisqués, ou vivant dans des conditions où il est impossible de les conserver. Les démarches consulaires pour les renouveler peuvent prendre jusqu’à 18 mois – quand elles ne sont pas tout simplement impossibles.

Selon les données de Médecins du Monde, plus d’une personne sur trois accompagnée par l’association est dans l’incapacité de produire un document d’identité avec photo. Cette réalité de terrain contredit frontalement l’idée qu’il s’agirait d’une mesure « technique » : elle exclurait massivement des personnes déjà fragilisées.

L’AME soufre déjà d’un non-recours massif : près d’une personne sur deux qui y aurait droit n’a pas ses droits ouverts (enquête Premiers Pas, IRDES). Restreindre encore l’accès reviendrait à aggraver ce non-recours et à priver de soins des personnes déjà vulnérables, malades ou en attente de régularisation, au nom d’une fraude quasi inexistante (0,026% des dossiers selon la CNAM). Un tel décret serait un non-sens de santé publique et une aberration économique, dans un système déjà à bout de souffle.

Nous refusons que l’AME soit instrumentalisée à des fins politiques, pour opposer les personnes françaises et étrangères, avec ou sans papiers, malades ou les bien portantes. Soigner tout le monde, c’est protéger tout le monde.

Un choix de société

Nous interpellons solennellement le gouvernement. En ce début de mandat, vous avez l’occasion d’envoyer un signal fort : protéger plutôt qu’exclure,  soigner plutôt que stigmatiser.

Nous demandons expressément :

–        de renoncer au doublement des franchises médicales ;

–        de mettre un terme aux projets de restriction du régime ALD ;

–        d’abandonner toute réforme restrictive de l’aide médicale de l’État ;

–        de réaffirmer que la santé est un droit fondamental, garanti pour toutes et tous, sans discrimination.

Il ne s’agit pas seulement de défendre les personnes les plus vulnérables : il s’agit de préserver un système de santé qui, depuis 80 ans, constitue l’un des socles les plus précieux de notre République : un système solidaire, universel et protecteur.

Nous ne pouvons pas accepter que la France recule sur ce droit essentiel.

(*) SIGNATAIRES : Dr Samah Chaaban, présidente de la Case de santé ; Cathy Claverie, présidente de Dom’Asile ; Jean-François Corty, président de Médecins du Monde ; Dr Isabelle Defourny, présidente de Médecins Sans Frontières ; Didier Duriez, président du Secours Catholique – Caritas France ; Sarah Durocher, présidente du Mouvement pour le Planning familial ; Gwenaëlle Ferré, Mélanie Lagrange, Camille Picard, administratrices membres de la collégiale du Réseau des Centres de Santé Communautaire (1) ; Daniel Goldberg, président de l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux ; Monique Guyot-Berni, présidente de La Cimade ; Dr Martine Lalande, membre du Collectif des Médecins généralistes pour l’accès aux soins (CoMeGAS) ; Dr Hélène Leroy, directrice médicale du Réseau Louis Guilloux ; Sarah Mc Grath, directrice générale de Women for Women France ; Pascal Mélin, président de la Fédération SOS hépatites & maladies du foie ; Bruno Morel, président d’Emmaüs France ; Gérard Raymond, Président de France Assos Santé ; Vanina Rochiccioli, co-présidente du Gisti ; Delphine Rouilleault, présidente du collectif Alerte ; Christine Rouzioux, présidente d’Arcat et Checkpoint ; Camille Spire, présidente intérimaire du TRT5-CHV ; Camille Spire, présidente de AIDES ; Nathalie Tehio, présidente de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) ; Florence Thune, directrice générale de Sidaction ; Arnaud Veïsse, directeur général du Comede ; L’Observatoire du droit à la santé des étranger.es (ODSE) (2).

1) Le Réseau des Centres de Santé Communautaire est composé de dix centres adhérents :  CCSBE – La Place Santé, La Case de Santé, Le Village 2 Santé, Le Château en Santé, Santé Commune, Human Santé, Stétho’Scop, Centre de santé communautaire du Blosne, Centre de santé communautaire et planétaire Le Jardin, MaRePoSa

2) L’Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE) est composé de : Act Up Paris, Association des familles victimes du saturnisme (AFVS), AIDES, Arcat, Case de Santé, Centre Primo Lévi, Cimade, Comede, CoMeGAS, Créteil-Solidarité, Dom’Asile. Droits d’Urgence, Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), Ligue des droits de l’Homme, Médecins du Monde, Médecins sans frontières, Migrations Santé Alsace, Mouvement français pour le Planning Familial, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), Réseau Louis Guilloux, Sidaction, Sida info service, Réseau Solipam, Solidarité Sida, Fédération SOS hépatites & maladies du foie

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10 novembre 2025 – Tribune collective « Non à la répression anti-syndicale à Hénin-Beaumont ! » publiée sur Mediapart 11 novembre, 2025

Tribune  collective signée par Nathalie Tehio, présidente de la LDH

Lire la tribune sur Mediapart

« Face à l’extrême droite et sa violence, nous devons faire front, ne pas leur céder un pouce de terrain. » Presque dix ans après s’être attaqué au secrétaire de la CGT des agent·es de la commune d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois a engagé une procédure disciplinaire contre Djelloul Khéris, secrétaire de la section SUD Collectivités Territoriales. Un large collectif d’organisations et de personnalités appelle à un rassemblement lundi 17 novembre 2025 devant la mairie d’Hénin-Beaumont.

Après les associations et la culture, Steeve Briois s’en prend une fois de plus aux syndicalistes.

Presque dix ans après s’être attaqué au secrétaire de la CGT des agent·es de la commune d’Hénin-Beaumont, dont il est maire depuis 2014, Steeve Briois a engagé une procédure disciplinaire contre Djelloul Khéris, représentant du personnel et secrétaire de la section SUD Collectivités Territoriales de la commune d’Hénin-Beaumont.

Cette attaque n’est que la dernière d’une longue série visant les militant·es depuis la création de cette section : attaques nominatives dans la revue municipale, courriers adressés aux agent·es, propos insultants et diffamatoires visant parfois les familles. Sur les réseaux sociaux, S. Briois est allé jusqu’à qualifier publiquement des camarades de « cloportes » lors des manifestations du 1er mai.

Mais, pour la première fois, l’offensive est d’une telle ampleur qu’elle vise directement à exclure un syndicaliste et à le priver de sa rémunération jusqu’à deux ans. C’est ni plus ni moins que de la répression anti-syndicale, une répression qui cherche manifestement à faire cesser toute action de résistance et de défense du service public et des agent·es au sein de la commune d’Hénin-Beaumont.

Les attaques se multiplient ces derniers mois ; l’extrême droite, déjà en position dominante dans certaines collectivités, montre qu’elle n’hésite pas à utiliser le pouvoir pour intimider et faire taire les organisations syndicales. D’autres villes (Beaucaire, Bollène…) ont vu la présence syndicale s’étioler face à la violence des attaques, au point que, à Beaucaire, des représentant·es du personnel, agent·es tiré·es au sort en l’absence de liste syndicale, ont finalement démissionné.

C’est la réalité du RN au pouvoir : loin du « on n’a jamais essayé », nous le subissons chaque jour en tant qu’agent·es, administré·es, syndicalistes et militant·es associatif·ves. En réalité, l’essayer, ce n’est pas l’adopter : c’est le dénoncer et le combattre.

Djelloul est un enfant du pays, investi dans la vie locale et dans diverses associations. On lui reproche, entre autres, un prétendu conflit d’intérêt. Le dossier disciplinaire a été construit exclusivement à charge, sans le moindre élément matériel fiable justifiant les accusations portées par le maire RN.

Dans le collimateur de l’exécutif d’extrême droite, il est évident que l’engagement syndical et les prises de position, notamment antifascistes, de Djelloul et de l’équipe syndicale expliquent les tentatives répétées de la municipalité de les neutraliser. Cette procédure disciplinaire apparaît comme une tentative d’affaiblir une voix critique qui porte haut les valeurs du service public, de l’intérêt général et de la solidarité.

La Fédération SUD Collectivités Territoriales, l’Union syndicale Solidaires, SUD CT 62 et les organisations signataires de cette tribune dénoncent ces agissements extrêmement graves visant un syndicaliste. C’est une attaque inadmissible contre le droit syndical, pilier de notre démocratie sociale, et contre la liberté d’expression des représentant·es du personnel.

Face à l’extrême droite et sa violence, nous devons faire front, ne pas leur céder un pouce de terrain. Nous appelons à un rassemblement le lundi 17 novembre 2025 dès 11h00 devant la mairie d’Hénin-Beaumont, sous les fenêtres de Steeve Briois, pour soutenir notre camarade lors du conseil de discipline.

Soyons nombreux·ses pour montrer notre solidarité et rappeler aux forces d’extrême droite qu’elles ne pourront pas briser le lien entre les travailleuses et travailleurs, leurs représentant·es et leurs organisations. Toucher à l’un·e d’entre nous, c’est nous attaquer toutes et tous !

Pour signer ce texte, cliquez ici.

Premiers Signataires : 

Syndicats : Union syndicale Solidaires, Fédération SUD Collectivités Territoriales, Confédération CGT, FSU, Solidaires Fonction Publique, Confédération paysanne, Unef (Union nationale des étudiant-e-s de France), Mouvement National Lycéen (MNL), Solidaires Etudiant-e-s, Fédération SUD PTT, SUD Rural Territoires, SNPES-PJJ-FSU, Syndicat national des journalistes CGT (SNJ-CGT), Union régionale Solidaires des Pays de la Loire, Syndicat CGT du Conseil départemental de la Seine-Maritime, CSD CGT 76, FO Action Sociale 35

Partis politiques / Mouvements : La France insoumise (LFI), Groupe parlementaire LFI, Les Ecologistes, Les Jeunes Ecologistes, Ensemble ! Mouvement pour une Alternative de Gauche Ecologiste et Solidaire, NPA – L’Anticapitaliste, NPA – Révolutionnaire, Génération-s, L’Après, Réseau coopératif Gauche Alternative, UCL (Union Communiste Libertaire)

Associations, Collectifs et ONG : Les Amis de la Terre France, LDH (Ligue des droits de l’Homme), MRAP, Victoires Populaires, AES (Alliance Écologique et Sociale), NousToutes, Collectif Antifasciste du Bassin Minier, UJFP (Union Juive Française pour la Paix), Collectif National pour les Droits des Femmes, Organisation de Solidarité Trans (OST), ATTAC France, VISA, SOS Racisme, Réseau Féministe « Ruptures », Les Femmes Ont de la Voix !, RAAR, Observatoire national de l’extrême droite, Les Amis de la Terre Paris, Les Amis de la Terre Normandie, APRES Arles/Alpilles, SOS Racisme Nord, ATTAC Centre-Essonne

Presse : FAKIR, BLAST, StreetPress.com

Personnalités : Murielle Guilbert, co-déléguée de l’Union syndicale Solidaires, Julie Ferrua, co-déléguée de l’Union syndicale Solidaires, Gaëlle Martinez, déléguée générale Solidaires Fonction Publique, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, Élie Lambert, secrétaire national Union syndicale Solidaires, Ugo Bernalicis, député, David Guiraud, député, Aurélien Le Coq, député, Thomas Portes, député, Eva Sas, députée, Raymonde Poncet, sénatrice, Akli Mellouli, sénateur, Daniel Kuperstein, réalisateur, Sophie Djigo, philosophe et membre de la CAALAP, Francine Mazière, professeure émérite, Thomas Hutin, conseiller régional des Hauts-de-France, Julien Wojcieszak, adjoint au maire de Vimy, Pascale Martin, secrétaire nationale L’Après, Karima Chouia, co-secrétaire régionale Nord–Pas-de-Calais Les Écologistes, Alexis Debuisson, conseiller délégué, Armentières, Samia Lakehal, trésorière nationale Les Écologistes, Salima Zerrour, élue municipale, Marianne Floch, co-secrétaire des Jeunes Écologistes, Clément Choulet, co-secrétaire des Jeunes Écologistes, Mathilde Larrère, historienne, Bruno Riondet, auteur et professeur, Angélique Grosmaire, secrétaire générale SUD PTT, Gérard Ré, secrétaire confédéral CGT, Nathalie Tehio, présidente de la LDH, Mathieu Molard, co-rédacteur en chef StreetPress.com, Laila Ducos, militante féministe, Monique Dental, présidente fondatrice du Réseau féministe Ruptures, Youlie Yamamoto, porte-parole ATTAC, Denis Robert, journaliste et directeur de la publication BLAST, Tristan Quémener, directeur du journal FAKIR, Vincent Brengarth, avocat au barreau de Paris, Anne-Sophie, membre du bureau FO Action Sociale, Marielle Hauchercorne, co-secrétaire nationale SNPES-PJJ-FSU, Françoise Hickel, retraitée syndiquée FSU, Lucky Thiphaine, Nicole Quilici, éducatrice retraitée, Éric Corsin, ancien membre du bureau national SNPES-PJJ-FSU, Kylian Chouchaoui, militant écologiste, Amar Mekdad, militant écologiste, Maria Traoré, secrétaire CGT Poste Paris 11, Jacques Tallec, secrétaire départemental FO Action Sociale 35, Pierre Bordone, secrétaire de l’AFPS Noisy Est-Ensemble, Sophie Martinez, co-animatrice CSD CGT 76

Source: 10 novembre 2025 – Tribune collective « Non à la répression anti-syndicale à Hénin-Beaumont ! » publiée sur Mediapart

Révélations sur Sainte-Soline : l’Etat doit encore rechercher des responsabilités 11 novembre, 2025

Communiqué LDH

Révélés par voie de presse, les éléments du dossier d’enquête concernant les blessures graves infligées à quatre manifestant-e-s et l’entrave aux secours qui avait empêché dans un premier temps de leur porter assistance remettent en lumière l’entêtement des pouvoirs publics à se dérober pour éviter de rendre des comptes sur le dispositif d’encadrement de la manifestation du 25 mars 2023 à Sainte-Soline.

Plusieurs constats établis par l’interobservatoires, que la LDH (Ligue des droits de l’Homme) contribue à animer, sont confortés, y compris par les investigations de l‘Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), notamment sur l’usage indiscriminé de la force ou sur les entraves aux secours.

L’enquête confirme ainsi la mise en place d’une zone d’exclusion, alors que les autorités refusaient de la confirmer, ainsi que l’absence d’anticipation et d’organisation des secours qui a, « sans aucun doute, considérablement ralenti les délais d’engagement » des secours. Si l’enquête affirme qu’il n’y aurait pas eu d’entrave « au sens littéral », il n’en demeure pas moins que cette zone d’exclusion décidée par les autorités en est un élément constitutif.

L’enquête de l’IGGN semble vouloir globalement minimiser la responsabilité des autorités publiques dans la répression violente qui s’est abattue sur la manifestation contre les mégabassines. Ainsi, se réfugiant derrière la « confusion » de la suite d’évènements, l’enquête ne tire pas les conclusions qui s’imposent sur la chaîne de responsabilités, préférant se concentrer sur la très délicate identification des agents auteurs des tirs vulnérants.

Concernant l’entrave aux secours, le choix de ne pas recouper les témoignages tend à faire accroire l’impossibilité pour la chaîne de commandement de juger du moment opportun pour permettre aux ambulances de parvenir aux blessé-e-s, alors que même les enregistrements réalisés du côté des gendarmes montrent leurs commentaires sur le calme revenu entre 14h08 et 15h08. Et, en tout état de cause, la zone d’exclusion ne pouvait prévaloir sur la détresse vitale des personnes blessées. En effet, il incombe aux Etats une obligation de « faciliter l’accès aux médecins » et de ne pas « interférer avec [leur] devoir professionnel […] y compris en cas de troubles et de violence »1.

L’absence d’indépendance de l’IGGN montre une nouvelle fois ses limites, déjà visibles tant sur le plan judiciaire que sur le plan administratif, avec le rapport tronqué d’avril 2023 sur l’emploi des LBD à Sainte-Soline, ou l’audition à l’Assemblée nationale de son chef, accumulant les contre-vérités sur la manifestation en juillet 2023. Aussi le souhait du ministre de l’Intérieur de lui confier de nouveau une mission sur les propos contraires à la déontologie tenus par les agents au cours de la manifestation du 25 mars 2023 résonne-t-il étrangement, quand on sait que l’hostilité vis-à-vis des manifestant-e-s a été violemment attisée avant cette journée par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur alors en fonction.

Le fait qu’il soit établi par les documents révélés que des consignes ont été données sur le terrain pour que les agents procèdent à des tirs irréguliers (notamment des « tirs tendus ») permet de rechercher les responsabilités hiérarchiques au sein de l’Etat, à quoi la LDH s’emploiera par tout moyen. Il incombe plus que jamais au ministère public de se saisir pleinement des voies de droit à sa disposition pour poursuivre les infractions commises, y compris dans la chaîne de commandement. C’est ainsi que sera satisfaite la fonction essentielle en démocratie de faire prévaloir la redevabilité de l’administration, aux termes de l’article 15 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen.

Paris, le 7 novembre 2025

  1. Commission de Venise et BIDDH de l’OSCE, « Lignes directrices sur la liberté de réunion pacifique », 3e édition.https://www.coe.int/fr/web/venice-commission/-/lignes-directrices-conjointes-sur-la-libert%C3%A9-de-r%C3%A9union-pacifique-3%C3%A8me-%C3%A9dition-1

Télécharger le communiqué LDH « Révélations sur Sainte-Soline : l’Etat doit encore rechercher des responsabilités » en pdf.

Source: Révélations sur Sainte-Soline : l’Etat doit encore rechercher des responsabilités

Soudan : une action internationale est urgente pour empêcher de nouvelles atrocités à El Fasher 3 novembre, 2025

Communiqué commun dont la LDH est signataire

Après dix-huit mois de siège sans interruption, la ville soudanaise d’El Fasher est tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) le 26 octobre 2025. Des preuves de massacres de masse et de nettoyage ethnique s’accumulent. Une action internationale urgente, décisive et coordonnée est nécessaire pour protéger les civil·es, permettre l’accès humanitaire et garantir la responsabilité des crimes graves commis à El Fasher et dans l’ensemble du Soudan.

Paris, Kampala, le 29 octobre 2025. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et ses organisations membres soudanaises, l’African Centre for Justice and Peace Studies (ACJPS) et le Sudanese Human Rights Monitor (SHRM), expriment leur profonde inquiétude après la chute d’El Fasher aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) le 26 octobre 2025, qui marque une escalade catastrophique du conflit en cours au Soudan. Après un siège de 18 mois qui a laissé des centaines de milliers de civil·es piégé·es, affamé·es, et soumis·es à des attaques incessantes, la prise de la ville s’est suivie d’atrocités généralisées faites de massacres, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité.

Une ville assiégée : 18 mois de violence dévastatrice

El Fasher, capitale du Darfour-Nord et dernier bastion des Forces armées soudanaises (SAF) au Darfour, subit depuis mai 2024 un siège brutal mené par les RSF. Ce siège a coupé tout accès humanitaire pendant plus d’un an, laissant environ 260 000 civil·es, dont la moitié sont des enfants, piégé·es sans nourriture, sans eau potable, sans soins médicaux et sans sécurité. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies n’a pas été en mesure d’acheminer l’aide alimentaire par la route depuis plus d’un an, les denrées alimentaires de base coûtant jusqu’à 460 % plus cher que dans d’autres régions du Soudan.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a recensé environ 1 850 morts parmi les civil·es dans le nord du Darfour entre le début de l’année 2025 et le 20 octobre, dont environ 1 350 à El Fasher. Ce chiffre est considéré comme largement sous-estimé en raison des coupures de télécommunications et du manque d’accès sur le terrain. Rien qu’en octobre, au moins 115 civil·es ont été tué·es et 102 blessé·es lors de six attaques contre la ville assiégée, dont 17 enfants parmi les morts.

Des preuves d’atrocités de masse et de nettoyage ethnique

Depuis la prise d’El Fasher par les RSF le 26 octobre, des informations crédibles font état d’atrocités généralisées, notamment des exécutions sommaires, des raids de maison en maison, des attaques contre des civil·es fuyant le long des voies d’évacuation et des obstacles destinés à empêcher les civil·es d’atteindre un lieu sûr. Le laboratoire de recherche humanitaire de l’École de santé publique de Yale a mis en lumière des preuves concordantes avec la commission de massacres par les forces de la RSF dans la ville. L’analyse d’images satellites a révélé la présence de formes ressemblant à des corps humains près des véhicules des RSF et une décoloration rougeâtre du sol, identifiée comme étant du sang provenant des massacres. Les images montrent des véhicules des RSF déployés dans des formations tactiques correspondant à des opérations de nettoyage maison par maison. Le fait que les membres des RSF aient documenté et diffusé publiquement leurs crimes sur les réseaux sociaux démontre un profond mépris du droit international et un sentiment d’impunité profondément ancré.

En parallèle des événements à El Fasher, les RSF ont mené des attaques meurtrières contre des civil·es à Bara, dans l’État du Kordofan du Nord, du 25 au 27 octobre 2025, immédiatement après le retrait des SAF. Ces massacres se sont déroulés dans un contexte de coupure totale des communications, empêchant la vérification totale de l’ampleur des atrocités, facilitant les exécutions massives visant des civils non armés, notamment des femmes, des enfants et des personnes âgées, ainsi que des pillages et des tortures généralisés. Ces deux événements soulignent une stratégie systématique de nettoyage ethnique menée par les RSF, qui s’étend du Darfour au Kordofan.

« La chute d’El Fasher, ainsi que le récent massacre de Bara, représentent un échec catastrophique de la communauté internationale à protéger les civil·es et à prévenir les atrocités de masse, malgré les avertissements répétés des organisations de défense des droits humains, de l’ONU et des observateurs locaux », a déclaré Mossaad Ali, directeur exécutif de l’ACJPS. « La campagne systématique de nettoyage ethnique menée par les RSF à El Fasher doit cesser immédiatement. Les civil·es piégé·es dans la ville sont exposés à un risque imminent de massacres, de violences sexuelles et de déplacements forcés. La communauté internationale doit aller au-delà des déclarations d’inquiétude et passer à des actions concrètes, notamment des mesures de lutte contre l’impunité, des sanctions et des mécanismes de protection des civil·es sur le terrain. »

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme rapporte que les combattants de la RSF ont procédé à des exécutions sommaires de civil·es qui tentaient de fuir la ville, avec des indications de motivations ethniques derrière ces meurtres. Le Yale Humanitarian Research Lab a conclu qu’« un processus systématique et délibéré de nettoyage ethnique est en cours à El Fasher, visant les populations Fur, Zaghawa, Berti et autres populations non arabes par le biais de déplacements forcés et d’exécutions sommaires ».

Les violences sexuelles contre les femmes et les filles continuent d’être signalées à grande échelle, l’ONU indiquant que le nombre de personnes exposées à des violences sexistes a triplé pour atteindre 12,1 millions dans tout le Soudan. La dernière maternité en activité à El Fasher s’est effondrée, laissant plus de 6 200 femmes enceintes sans accès à des services de santé sexuelle et reproductive vitaux. Les installations médicales ont été pillées et prises pour cible lors d’attaques, détruisant l’infrastructure sanitaire essentielle de la ville.

Contexte

Dans son rapport de septembre 2025 intitulé « Une guerre d’atrocités », la Mission d’enquête internationale indépendante des Nations unies sur le Soudan a conclu que les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) étaient responsables d’attaques directes et à grande échelle contre des civils et de la destruction massive d’infrastructures essentielles. La Mission a constaté que les RSF avait commis une multitude de crimes contre l’humanité pendant le siège d’El Fasher, notamment des meurtres, des actes de torture, des viols, de l’esclavage sexuel, des déplacements forcés et des persécutions pour des motifs ethniques, sexistes et politiques.

Les RSF ont utilisé la famine comme méthode de guerre et ont privé les civil·es d’objets indispensables à leur survie, ce qui pourrait constituer un crime contre l’humanité d’extermination. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Volker Türk, a averti que « le risque de nouvelles violations et atrocités à grande échelle motivées par des considérations ethniques à El Fasher augmente de jour en jour ».

Le conflit entre les SAF et les RSF, qui a éclaté en avril 2023, a provoqué l’une des pires catastrophes humanitaires au monde. Plus de 150 000 personnes ont été tuées, plus de 14 millions ont été déplacées et plus de 25 millions sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, la famine étant confirmée dans plusieurs régions.

« Ce à quoi nous assistons à El Fasher n’est pas seulement une catastrophe humanitaire, mais une campagne délibérée de terreur contre les populations civiles », a déclaré Magdi El Na’im, directeur exécutif de SHRM. « Les RSF ont utilisé la famine comme arme de guerre, détruit systématiquement les infrastructures civiles et commis des atrocités à grande échelle, notamment des exécutions sommaires et des violences sexuelles. »

Appel à l’action

La communauté internationale a reçu des avertissements répétés concernant le risque d’atrocités de masse à El Fasher tout au long de l’année 2025. Malgré ces avertissements, les mesures concrètes prises pour prévenir la catastrophe actuelle ont été insuffisantes. La FIDH, l’ACJPS et SHRM appellent de toute urgence la communauté internationale à :
Exercer une pression diplomatique urgente sur toutes les parties afin qu’elles cessent immédiatement les hostilités à El Fasher et dans tout le Soudan. Les RSF doivent mettre fin à toutes les attaques contre les civil·es, les infrastructures civiles et les travailleur·ses humanitaires.
Garantir un passage sûr aux civil·es qui tentent de fuir El Fasher et d’autres zones de conflit. Toutes les voies d’évacuation doivent être ouvertes immédiatement et les civils doivent pouvoir se mettre en sécurité sans obstruction, détention ou violence.
Garantir un accès humanitaire sans entrave par toutes les voies transfrontalières possibles. Supprimer tous les obstacles bureaucratiques et permettre aux organisations humanitaires de fournir de la nourriture, de l’eau, des médicaments et d’autres fournitures essentielles aux populations piégées.
Convoquer une réunion urgente du Conseil de sécurité des Nations unies afin de faire appliquer la résolution 2736 (2024) existante, qui exige que les RSF lève le siège d’El Fasher ; inviter la Mission d’enquête internationale indépendante à informer les membres du Conseil ; adopter une résolution ferme pour faire face à l’escalade actuelle des atrocités à El Fasher, notamment en envisageant des sanctions supplémentaires ciblées contre les dirigeants de la RSF responsables d’atrocités et en imposant des mécanismes concrets de protection des civil·es au-delà des déclarations de préoccupation.
Renforcer la surveillance au sein des instances internationales et régionales chargées des droits humains, notamment en veillant à ce que la Commission africaine des drtois de l’Homme et des peuples (CADHP) et la Mission d’enquête des Nations unies disposent des ressources et du personnel nécessaires pour poursuivre leur travail essentiel de documentation des violations des droits humains. Le Soudan et les pays voisins doivent accorder un accès immédiat et sans restriction à la CADHP et à la Mission d’enquête des Nations unies afin de faciliter la conduite d’investigations approfondies.
Soutenir les enquêtes et les poursuites en cours de la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes relevant du droit international commis au Soudan. En outre, renouveler l’appel lancé au procureur de la CPI pour qu’il accélère et élargisse les enquêtes et délivre des mandats d’arrêt non seulement à l’encontre des dirigeants des RSF et des militaires, mais aussi à l’encontre de toutes les personnes dont il est prouvé qu’elles ont planifié, financé, armé ou soutenu de quelconque manière ces crimes.
Appliquer des sanctions ciblées contre les personnes et les entités responsables d’atrocités, y compris les dirigeants des RSF (notamment Mohamed Hamdan Dagalo et Abdul Rahim Dagalo), et celles qui permettent la poursuite des violences, en particulier les Émirats arabes unis (EAU), qui ont été maintes fois désignés comme la principale source d’armes et de soutien financier des RSF, en violation des embargos sur les armes décrétés par l’ONU.
Augmenter les fonds d’urgence pour permettre l’acheminement d’une aide vitale aux personnes piégées à El Fasher et aux civils qui fuient vers les zones environnantes. Soutenir les centres d’intervention d’urgence locaux et les organisations de la société civile qui travaillent sur le terrain pour protéger les droits humains, fournir des secours et documenter les atrocités.

Le soutien au peuple soudanais ne peut plus attendre. Une action internationale urgente, décisive et coordonnée est nécessaire dès maintenant pour protéger les civil·es, permettre l’accès humanitaire et garantir que les auteurs des crimes graves commis à El Fasher et dans tout le Soudan soient tenus responsables de leurs actes. L’impunité persistante pour les crimes antérieurs — à Geneina, Zalingei, El Gezira, Khartoum, East Gezira, Sennar, Blue Nile et dans d’autres régions — a créé les conditions propices à la commission de nouvelles atrocités de plus en plus graves, notamment à El Fasher et Bara. Toute nouvelle inaction sera interprétée comme un mandat implicite pour des massacres encore plus importants.

Signataires :

African Center for Justice and Peace Studies (ACJPS); Al-Haq;  Al Mezan Center for Human Rights; Association africaine des droits de l’Homme (Asadho); Association Nigérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (ANDDH); Association rwandaise pour la défense des droits de la personne et des libertés publiques (ADL); Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme (ATPDH); Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS); Centre for Democracy and Human Rights (CDD); DITSHWANELO – The Botswana Centre for Human Rights; Egyptian Initiative for Personal Rights; Ethiopian Human Rights Council (EHRCO); Foundation for Human Rights Initiative (FHRI); Groupe LOTUS; International Federation for Human Rights (FIDH); Kenya Human Rights Commission (KHRC); Lawyers for Human Rights (LHR); Legal and Human Rights Centre Tanzania (LHRC); Les mêmes droits pour tous (MDT Guinée); Ligue Bissao Guinéenne de droits de l’homme (LGDH); Ligue Burundaise des droits de l’homme Iteka; Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme (LCDH); Ligue des Droits de l’Homme (LDH); Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH); Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (LIDHO); Ligue Senegalaise des Droits Humains ( LSDH); Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH); Maison des Droits de l’Homme du Cameroun (MDHC); Moroccan Association for Human Rights; Moroccan Human Rights Organization; Mouvement Ivoirien des Droits Humains (MIDH); Mozambique Human Rights Defenders Network (RMDDH); Observatoire Congolais des Droits de l’Homme (OCDH); Observatoire des droits de l’Homme au Rwanda (ODHR); Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH); Organisation Nationale des Droits de l’Homme Senegal (ONDH); Palestinian Center for Human Rights; Palestinian Human Rights Organisation; Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (Raddho); Riposte Internationale Algeria; Safeguarding Committee of the Algerian League for the Defense of Human Rights; Sudanese Human Rights Monitor (SHRM); Tunisian League for Human Rights; Zimbabwe Human Rights Association

Le 31 octobre 2025

Source: Soudan : une action internationale est urgente pour empêcher de nouvelles atrocités à El Fasher

D&L 211 – Comment parler du racisme aux enfants ? Un livre de Rokhaya Diallo 3 novembre, 2025

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Livre recensé :
– Comment parler du racisme aux enfants ? Un livre de Rokhaya Diallo. On ne compte pas pour du beurre.

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D&L 211 – A l’écoute des « voix du génocide » 3 novembre, 2025

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D&L 211 – Gaza : ce que dit le droit international 3 novembre, 2025