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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE LA CIMADE 8 mars 2013

La section d’Aix-en-Provence de la LDH vient d’écrire au président national de la Cimade pour dire son émotion après qu’il ait désavoué ses délégués régionaux qui avaient refusé de participer à une initiative du CRIF.

Voici la lettre.

Le 5 mars 2013

Monsieur Patrick Peugeot

Président

de la CIMADE

64 Rue Clisson

75013 Paris

Monsieur le Président,

Dans un courrier au Président du CRIF vous présentez les excuses de la Cimade pour la lettre écrite par les deux délégués régionaux de Marseille dans laquelle ils déclinaient l’invitation à une manifestation du CRIF régional. C’est par le journal Mediapart que nous venons de prendre connaissance de l’ensemble de l’affaire.

Nous sommes concernés par ces excuses et la teneur de votre lettre dans la mesure où nous travaillons avec la Cimade dans la région, et en particulier avec ces deux délégués qui sont extrêmement impliqués dans toutes les actions auprès des plus démunis. Cette collaboration exige d’avoir confiance entre nous et votre lettre pourrait la détruire.

Ne revenons pas sur l’ensemble des lettres, tant celle de Monsieur Prasquier que la vôtre, nous imaginons que d’autres ont déjà fait les commentaires qu’elles appellent. Mais nous voudrions soulever deux points qui nous concernent directement.

Monsieur Prasquier ose écrire : « Il n’est que d’écouter certaines déclarations de son délégué régional à Marseille, cosignataire de cette lettre honteuse à la Présidente du CRIF régional, pour se rendre compte qu’il n’agit pas pour aider les démunis, mais pour mener un combat politique virulent contre notre société, combat dans lequel il utilise amalgames et insinuations sans la moindre mesure. Vous avez dit humanitaire ? ». Venant de Monsieur Prasquier, cela n’a aucune importance et ne mérite aucune réponse. Mais que votre lettre critique fortement vos deux délégués sans reprendre cela nous semble proprement scandaleux. C’est tout le travail que nous sommes nombreux à effectuer avec votre association qui est ainsi nié, déconsidéré. Si les instances nationales de la Cimade laissent dire cela, elles déconsidèrent tout le travail fait avec votre association, vous comprendrez que cela mette gravement en cause notre collaboration. Cela est « grave » et non la soi-disant « offense » faite aux instances régionales du CRIF.

Second point : vous écrivez « je leur reproche d’avoir pris le risque de donner la possibilité à des gens qui ne nous font pas de cadeaux de dire que nous sommes antisémites ». Mais justement c’est une constante du CRIF d’user et d’abuser de la lutte contre l’antisémitisme pour condamner toute critique tant d’Israël que du CRIF ou de ses amis. La Shoah est constamment instrumentalisée par ce lobby – qui, heureusement, n’est pas représentatif des Juifs de France – pour interdire toute expression qui lui déplaît (et couvrir les crimes que l’on sait). Le reproche d’antisémitisme par ces gens n’a pas de sens, tant il est perverti par son usage. Et nous nous honorons de garder une parole libre quoique ces gens puissent alors proclamer. Rentrer dans leur jeu est une faute. Là encore se pose une question de confiance entre nous et votre association, si vos instances nationales imposent une telle attitude.

Nous soutenons totalement l’attitude de J.P. Cavalié et F. Rocheteau ; on ne peut pas participer à certaines manifestations à l’invitation d’une association telle le CRIF actuel, et le leur dire est un devoir car ce refus n’est pas honteux. D’ailleurs Monsieur Prasquier, par ses déclarations faites à la mort de Stéphane Hessel, confirme, s’il en était besoin, l’impossibilité de se trouver à ses côtés.

Quant à nous, nous continuerons à travailler avec J.P. Cavalié et F. Rocheteau en qui notre confiance est entière, mais nous avons besoin d’une clarification de la part des instances de la Cimade pour que cette collaboration dépasse les deux personnes en cause et s’étende à votre association en qui nous avions toute confiance jusqu’à présent.

Compte tenu des enjeux en cause nous nous réservons de rendre publique cette lettre.

Nous vous prions, Monsieur le Président, d’agréer nos salutations.

Philippe Sénégas

Président de la section d’Aix-en-Provence de la LDH