Twitter Facebook Accueil

Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives du tag : Liberté de la presse

18 septembre 2025 – Tribune de Nathalie Tehio « La liberté d’information, pilier de la démocratie » publiée sur Mediapart 20 septembre, 2025

18 septembre 2025 – Tribune de Nathalie Tehio « La liberté d’information, pilier de la démocratie » publiée sur Mediapart
18 septembre 2025 – Tribune de Nathalie Tehio « La liberté d’information, pilier de la démocratie » publiée sur Mediapart
18 septembre 2025 – Tribune de Nathalie Tehio « La liberté d’information, pilier de la démocratie » publiée sur Mediapart

Tribune de Nathalie Tehio, présidente de la LDH

Lire la tribune sur Mediapart

Il n’y a pas de débats publics de qualité, pas de contrôle citoyen sur l’action publique, pas de liberté d’expression ou de campagne électorale équitable sans liberté d’information et sans une presse et des médias libres et indépendants. La liberté de la presse est un indicateur de la santé d’une démocratie et la Cour européenne des droits de l’Homme juge que la mission des journalistes consiste à en être les « chiens de garde »[1]. Là aussi, comme pour d’autres libertés, la France recule.

Il existe de nombreuses façons de s’attaquer à la liberté de la presse : baisse des subventions (comme l’a fait D. Trump s’agissant des financements par l’Agence américaine pour les médias mondiaux, dont ceux de neuf médias sur les dix d’Ukraine), refus d’accès de journalistes à certains lieux, mise au pas de journaux, désinformation, « procédures bâillon », assassinat (par exemple celui de Jamal Khashoggi par l’Arabie saoudite à Istanbul)… Si nous avons pu nous réjouir de la libération de Julian Assange, une hirondelle ne fait pas le printemps. Nous ne pouvons que nous inquiéter de voir la multiplication des attaques dans le monde, et singulièrement dans notre pays.

Ainsi, le Schéma national sur les violences urbaines (SNVU), que la LDH (Ligue des droits de l’Homme) a attaqué avec des syndicats de journalistes, visait à exclure les journalistes de certaines opérations de sécurité, au nom de leur protection. Devant cette mobilisation, le ministre de l’Intérieur a supprimé la disposition litigieuse, se souvenant certainement de la victoire des mêmes organisations devant le Conseil d’Etat s’agissant du Schéma national du maintien de l’ordre, tant pour la liberté d’informer des journalistes que celle des observateurs indépendants. Pour le pouvoir, il s’agit bien, comme lorsque la loi Sécurité globale voulait interdire de filmer la police, de maintenir ces opérations dans un huis clos entre les forces de sécurité intérieure et la population, sans prendre le risque de devoir rendre des comptes sur l’usage de la force et les éventuelles violences policières que le « maintien de l’ordre » aurait générées. Le rêve de la police, comme de toutes les armées, est de tenir les journalistes éloignés du champ de bataille pour ne leur laisser à commenter que les images choisies accompagnées des éléments de langage auto-justificateurs de leur action, quand elle ne les embarque pas directement dans des opérations de communication. C’est évidemment contraire au principe de redevabilité posé par l’article 15 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789. Il n’est pas anodin que le Beauvau de la sécurité n’ait pas intégré le thème des rapports des journalistes avec la police à ses travaux. La Commission Delarue avait alors dû être créée, pour répondre aux protestations des syndicats ou associations de journalistes. L’absence de réactivité sur les cas de violences subies par des journalistes ou sur le SNVU de la part du comité de suivi de ses recommandations interroge.

Nous réaffirmons à chaque occasion qu’il ne peut y avoir de liberté d’informer sans liberté d’aller et venir pour les journalistes, sans la prise en compte de cette liberté et de sa protection par les forces de sécurité. Les images, désormais régulières, d’actes de violence exercés par des policiers contre des journalistes clairement identifiés lors d’opérations contre les manifestants, y compris lors de la mobilisation du 10 septembre 2025, laissent penser qu’à défaut de pouvoir exclure la profession de jure de ces opérations, on tente de les exclure de facto par la peur. L’absence de sanction pour ces faits, et l’impunité que cela crée dans le rapport police journaliste, laissent craindre que les autorités politiques ne partagent ce souhait et tentent par tous les moyens de maintenir les journalistes au sein des cellules de crise, loin de la réalité du terrain. De tels agissements sont inacceptables dans un Etat de droit. Ils nous font glisser vers un Etat policier.

Le même souhait de contrôler les images et de cadrer les commentaires irrigue la sphère politique. Au nom de la logistique des déplacements présidentiels, les présidents sélectionnent les journalistes les accompagnant, créant un effet de cour puisqu’il est préférable de ne pas déplaire pour être adoubé. La réduction de l’accès à l’information est une autre dérive : depuis les gilets jaunes, le contenu de l’agenda présidentiel est très succinct. En particulier, l’information sur ses déplacements est lacunaire, pour éviter que les citoyennes et citoyens ne puissent exprimer leurs revendications ou que les journalistes soient présents pour couvrir ces moments de contestation.

Hélas, cette pratique se diffuse également au sein des partis politiques qui pensent ainsi contrôler leur image. Alors que seule l’extrême droite excluait de ses rassemblements des journalistes qui lui déplaisaient, ce procédé s’étend désormais aux autres courants politiques, comme en 2022 lors de l’unique meeting du candidat Macron, où des médias gênants, comme Reporterre, n’ont pas été accrédités « faute de place » dans une salle pourtant à moitié vide, ou plus récemment avec l’exclusion d’un journaliste du Monde de l’université d’été de LFI[2]. Qu’un parti de gauche, dont nous pourrions attendre que la défense intransigeante des libertés publiques guide l’action, puisse s’aligner sur ces pratiques est un très mauvais signe vis-à-vis de la liberté de la presse. La liberté d’expression protégée par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’Homme concerne aussi les opinions minoritaires, y compris « celles qui heurtent, choquent ou inquiètent ; ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’est pas de société démocratique »[3].

Il ne peut cependant y avoir de liberté de la presse sans des journalistes libres. La concentration actuelle de 90% de notre presse dans les mains d’une dizaine de milliardaires diffusant une même doxa libérale autoritaire ne permet pas cette information libre et contradictoire à laquelle nous avons droit. En 1944, au sortir d’une guerre ayant vu le gros des médias basculer dans la collaboration, mais aussi après les années 30 où des milliardaires ont acheté des titres de presse pour servir leurs intérêts économiques et politiques au service d’une extrême-droitisation des esprits, une ordonnance a réformé le secteur de la presse : interdiction de posséder une entreprise de presse, et une autre entreprise pour ne pas mettre de journaux au service d’intérêts financiers, interdiction de concentrer les journaux pour préserver les points de vue différents qui permettent une information plus honnête. Aujourd’hui, la situation est telle, en France comme dans nombre de pays de l’Union européenne, que la présidente de la Commission européenne a dit dans son discours annuel au Parlement, début septembre : « Nous allons utiliser nos outils pour soutenir les médias indépendants et locaux. La liberté de la presse constitue le fondement de toute démocratie. Et nous aiderons la presse européenne à préserver sa liberté ». Il est temps de revenir aux fondements de l’ordonnance de 1945 avant qu’une presse sous contrôle de milliardaires, qui diffuse une vision contraire à la République sociale affirmée par le Préambule de la Constitution de 1946, ne finisse par conduire l’extrême droite au pouvoir.

La décision de 2024 du Conseil d’Etat protégeant le pluralisme des opinons devrait guider le choix lors de la répartition des concessions de chaîne sur la TNT, de même que le respect des cahiers des charges exigeant de ne pas diffuser des contenus de haine (raciste, antisémite, anti-LGBTI, etc.). La LDH s’était prononcée contre le renouvellement de C8 ou de CNews, pour leurs contenus contrevenant à tous ces principes[4]. Elle n’a pourtant été entendue que pour C8.

La protection du secret des sources n’est pas encore bien affermie puisque des journalistes, comme Ariane Lavrilleux (ayant dévoilé pour Disclose un possible crime d’Etat), ont pu être placés en garde à vue et faire l’objet d’enquêtes pour connaître leurs sources[5]. La loi de 2010 prévoit en effet une exception dangereuse pour l’effectivité de la protection des sources : la possibilité de faire prévaloir « l’impératif prépondérant d’intérêt public ».

Enfin, et nous n’en sommes heureusement pas là en France, s’attaquer à la liberté de la presse c’est aussi s’attaquer à la vie de journalistes. C’est ce que nous voyons Israël faire à Gaza depuis plus de deux ans, dans l’indifférence d’une grande partie de nos médias[6]. Plus de 240 journalistes sont morts à Gaza[7] depuis le début des opérations israéliennes, tués pour que nous puissions entendre aussi la voix de ceux qui survivent sous les bombes depuis plus de deux ans, ou à la famine organisée par Israël. Ces journalistes sont morts parce que leur mission d’information leur paraissait plus importante dans ces circonstances que leur vie, dans le silence assourdissant de notre Etat ou de l’Union européenne. L’Unesco a par ailleurs dénoncé l’impunité pour 85% des meurtres de journalistes dans le monde.

Il n’y a pas de liberté de la presse sans des journalistes libres. Cela nécessite du courage, de l’impertinence. Non pas celui qui consiste à couper la parole au plus faible pour lui faire dire ce que l’on souhaite entendre mais le courage de rompre avec une forme d’entre-soi afin d’avoir l’impertinence de dire ce qui est au cœur du métier de journaliste : la vérité. Seule la vérité nous sauvera du programme sectaire de l’extrême droite et pour cela il nous faut urgemment une presse libre et indépendante, respectée par les pouvoirs publics et les partis et recherchant le vrai et non pas l’acceptable.

Nathalie Tehio, présidente de la LDH

[1] Voir par exemple CEDH 7 juin 2007, Dupuis c. France, n°1914/02 ou l’arrêt Goodwin c. RU de 1996

[2] Référence au refus d’accréditation par LFI à ses universités d’été d’août 2025 du journaliste du Monde Olivier Pérou, en raison de la publication de La Meute – Enquête sur La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

[3] CEDH 7 décembre 1976, Handyside c. Royaume-Uni

[4] https://www.ldh-france.org/renouvellement-des-frequences-tnt-dont-les-chaines-c8-et-cnews

[5] https://www.ldh-france.org/wp-content/uploads/2024/02/DL204-Actualites-3.-Menaces-sur-la-protection-des-sources.pdf

Article de Pierre-Antoine Cazau, membre du Bureau national de la LDH

[6] La LDH et le SNJ organisent un colloque au théâtre de la Concorde à Paris le 27 septembre 2025 : « Gaza, autopsie d’une couverture médiatique ».

[7] https://www.ldh-france.org/stop-a-la-guerre-et-au-ciblage-des-journalistes-au-proche-orient/

La Fédération internationale des journalistes et l’Union internationale de la presse francophone ont lancé en 2024 le prix Shireen Abu Akleh pour récompenser le courage et l’engagement des femmes journalistes, en hommage à cette journaliste tuée dans le camp de réfugiés de Jénine, alors qu’elle effectuait un reportage en direct le 11 mai 2022.

Partager la publication « 18 septembre 2025 – Tribune de Nathalie Tehio « La liberté d’information, pilier de la démocratie » publiée sur Mediapart »

Source: 18 septembre 2025 – Tribune de Nathalie Tehio « La liberté d’information, pilier de la démocratie » publiée sur Mediapart

Pour la liberté d’informer et d’être informé ! Pour la liberté d’expression contre une loi liberticide ! 21 novembre, 2020

Appel à se rassembler les 17 et 21 novembre 2020

Ce mardi 17 novembre 2020, le groupe LREM présentera en séance publique sa proposition de loi sur la sécurité globale. Ce texte s’inscrit dans la foulée du Schéma national du maintien de l’ordre promulgué le 16 septembre dernier par le ministre de l’Intérieur.

L’article 24 de cette proposition de loi interdit à toute personne de diffuser « l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale, autre que son numéro d’identification individuel, lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police » et que cette diffusion a pour « but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique ».

En réalité le fait de diffuser l’image notamment en direct serait donc, de fait, quasiment impossible.

Le seul fait de filmer ou photographier conduira à des d’interpellations et des violences par les forces de l’ordre comme c’est déjà trop souvent le cas aujourd’hui.

Clairement, ce sont non seulement les journalistes, reporteurs-photo, reporteurs d’images, documentaristes, membres d’observatoires citoyens qui sont visés, mais aussi quiconque, qui avec son téléphone portable prendra des photos, notamment lors de manifestations ou mouvements sociaux.

Comment caractériser l’intention ? Comment prendre le risque que quelqu’un d’autre se serve des images pour nuire ? L’autocensure sera massive dans les médias et sur les plateformes.

En revanche, les membres des forces de l’ordre pourront tout à loisir filmer ou photographier la population.

La démarche des député-e-s LREM porteurs-euses de cette proposition relaie la volonté du gouvernement qui entend museler la liberté d’informer, de s’exprimer et par là-même de manifester.

Aussi, les organisations syndicales de journalistes SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes et SGJ-FO, la Fédération internationale des journalistes, la Fédération européenne des journalistes, ainsi que la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et un grand nombre d’organisations professionnelles, d’associations et de collectifs appellent à un rassemblement mardi 17 novembre à partir de 16 heures place Edouard-Herriot (derrière l’Assemblée nationale).

Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, sera présent à ce rassemblement à l’Assemblée nationale. La LDH appelle à s’y associer, dans le strict respect des règles sanitaires.

Un deuxième rassemblement citoyen avec les associations humanitaires, de défense des droits de l’Homme, collectifs, partis et syndicats est prévu samedi 21 novembre à 14h30, place du Trocadéro, à Paris.

Paris, le 13 novembre 2020

Autre rassemblements en région

Le lundi 16 novembre à 17h30 devant la préfecture de la Savoie, place Caffe à Chambéry.

Le mardi 17 novembre à 17h30 devant la préfecture de Troyes.

Le mardi 17 novembre 17h30 devant la préfecture de Nantes.

Le mardi 17 novembre à 18h, place de Beaune à Chalon sur Saône (près du kiosque).

Le mardi 17 novembre à 18h devant le tribunal judiciaire de Nice.

Le mardi 17 novembre à 18h au monument aux combattants de la Haute-Garonne, allées Forain-François Verdier à Toulouse.

Le mardi 17 novembre à 18h sur le Parvis des droits de l’Homme à Bordeaux.

Le mardi 17 novembre à 18h devant la préfecture de la Sarthe au Mans.

Le mardi 17 novembre à 18h devant la préfecture à Lyon.

Le samedi 21 novembre à 10h sous l’arbre de la liberté à Périgueux.

Le samedi 21 novembre à 10h place Jeanne Hachette à Beauvais.

Le samedi 21 novembre à 10h30 sur le parvis des droits de l’Homme à Niort.

Le samedi 21 novembre à 11h devant la préfecture à Limoges.

Le samedi 21 novembre à 11h devant la sous-préfecture à Roanne.

Le samedi 21 novembre à 11h sur le parvis des droits de l’Homme à Lille.

Le samedi 21 novembre à 11h devant l’Hôtel de Police, 206 rue du Comté de Melgueil, à Montpellier.

Le samedi 21 novembre à 14h30 devant la sous-préfecture, à Béziers.

Le samedi 21 novembre à 14h30 devant le palais de justice à Rouen.

Le samedi 21 novembre à 14h30 sur l’esplanade de l’Hôtel de ville du Havre.

Le samedi 21 novembre à 14h30 sur le Paquier à Annecy.

Le samedi 21 novembre à 15h place de l’Hôtel de ville à Poitiers.

Le samedi 21 novembre à 15h place de l’Hôtel de ville à Saint-Quentin.

Le samedi 21 novembre à 15h place Aristide Briand à Lorient.

Le samedi 21 novembre à 15h place Jean Jaurès à Saint-Etienne.

 Le lundi 23 novembre à partir de 18h devant la sous-préfecture de Dunkerque.

 

Kit pour manifester pendant le confinement

Retrouvez tous les documents nécessaires pour aller manifester pendant le confinement, ainsi que plusieurs conseils pratiques.

Télécharger également la lettre ouverte aux députés

Premiers signataires : SNJ – SNJ-CGT – CFDT-Journalistes – SGJ-FO – Fédération européenne des journalistes (FEJ) – Fédération internationale des journalistes (FIJ) – Ligue des droits de l’Homme (LDH) – la Scam – La GARRD – Collectif REC (Reporters en Colère) – SDJ de LeMédiaTV – Association de la presse judiciaire (APJ) – Acrimed – Ras la plume – Reflets.info – Collectif LaMeutePhotographie – Divergence-Images – les pigistes du Collectif Tu piges – We Report – Les Plumé.e.s – Youpress – Informer N’est Pas un Délit (INPD) – Association de journalistes scientifiques de la presse d’information – Prix Albert Londres – SIPMCS-CNT (Syndicat interprofessionnel de la presse, des médias, de la culture et du spectacle) – Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE) – Prenons la Une – Société des réalisateurs de films – Association des cinéastes documentaristes – Reporters sans frontières –

 

Source: Pour la liberté d’informer et d’être informé ! Pour la liberté d’expression contre une loi liberticide !

Une proposition de loi sécurité globale contre la liberté de la presse 10 novembre, 2020

Communiqué commun LDH – SNJ – SNJ-CGT – CFDT – SGJ-FO – FIJ – FEJ


La proposition de loi dite de « sécurité globale », déposée par la majorité gouvernementale, entend interdire la diffusion, par tous moyens, de l’image d’un policier, d’un gendarme ou d’un militaire en opération, dans le but de porter atteinte à leur intégrité physique ou psychique.

Ce texte est une réponse clientéliste du ministère de l’Intérieur à la plupart des syndicats de police.

La protection des forces de l’ordre, nécessité indéniable dans une société démocratique, est déjà assurée dans le Code pénal et la loi de 1881 qui sanctionnent le cyberharcèlement, la provocation à la commission d’un crime ou d’un délit et les menaces de commettre un délit ou un crime. Seuls les moyens de mise en œuvre de ces infraction doivent être renforcés pour protéger les forces de l’ordre.

Le nouveau délit instauré par cette proposition de loi a pour objectif réel de restreindre le droit des journalistes et la liberté de la presse de manière disproportionnée par rapport à la réalité de la  menace non étayée par les promoteurs de ce texte. Il permettrait d’interpeller tout journaliste qui filme et est soupçonné de diffuser en direct une opération de police, de le placer en garde à vue et de l’envoyer devant un tribunal en saisissant son matériel professionnel. Seul le tribunal sera à même de déterminer si l’intention malveillante est établie. Le mal serait déjà fait.

Ce texte vise également à empêcher la révélation d’affaires de violences policières illégitimes souvent dissimulées par la hiérarchie des fonctionnaires en cause, comme ce fut le cas dans les affaires de Geneviève Legay et de Cédric Chouviat.

Nous syndicats et associations de défense des journalistes et des droits de l’Homme appelons à une suppression pure et simple de cet article et, si ce n’est pas le cas, nous nous y opposerons avec la plus grande fermeté pour protéger la liberté de la presse.

Nous appelons le ministère de l’Intérieur et le groupe parlementaire de La République en Marche à ouvrir enfin une concertation avec les représentants des journalistes.

Paris, le 8 novembre 2020

Premiers signataires : LDH – SNJ – SNJ-CGT – CFDT-Journalistes – Fédération internationale des journalistes – Fédération européenne des journalistes – SGJ-FO

 

 

Source: Une proposition de loi sécurité globale contre la liberté de la presse

Convocations judiciaires de journalistes 3 juin, 2020

Communiqué LDH

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) a pris connaissance avec stupeur de la convocation de Pascale Pascariello, journaliste de Mediapart, en qualité de suspect pour des faits de recel de secret professionnel, s’inscrivant dans le cadre de l’affaire Geneviève Legay. Agée de 74 ans, cette dernière a été victime de violences policières particulièrement graves, au cours d’une manifestation pacifique à Nice.

La communication mensongère du procureur de la République de Nice et du président de la République, déniant l’implication des forces de police dans ses blessures, avait été démontée à la suite d’un travail journalistique important, avec notamment la collaboration de forces de l’ordre qui avaient refusé les ordres de violence, manifestement disproportionnés, ordonnés par le commandant de police. La révélation de ces mensonges avait conduit à la mutation du procureur de la République de Nice vers la cour d’appel de Lyon.

La convocation de cette journaliste, qui a réalisé ses investigations en parfaite adéquation avec les textes et la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) protégeant les investigations journalistiques, constitue une nouvelle violation évidente de la liberté de la presse visant à contourner le principe essentiel du secret des sources en intimidant ces dernières pour paralyser la manifestation de la vérité dans de tels scandales.

La liste de ces mesures de rétorsion ne cesse de s’allonger. Ainsi de citer les dernières en date : tentative de perquisition des locaux de Mediapart en février 2019, audition de journalistes de Disclose par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) en avril 2019 pour la révélation d’une note classifiée concernant l’utilisation d’armes françaises dans la guerre au Yémen, audition d’Ariane Chemin, journaliste du Monde, par la DGSI comme suspect en mai 2019 dans l’affaire Benalla, audition de quatre journalistes de Mediapart, dont son directeur de la publication, comme suspects dans le cadre de la même affaire Benalla, en octobre 2019. 

La LDH leur apporte son soutien sans faille et condamne avec la plus grande fermeté l’instrumentalisation de la justice visant à entraver le travail journalistique, essentiel au fonctionnement démocratique.

Paris, le 2 juin 2020

Télécharger le communiqué en format PDF

Source: Convocations judiciaires de journalistes

Pour la liberté d’informer sur l’agroalimentaire en Bretagne et ailleurs 3 juin, 2020

Pétition signée par Malik Salemkour, et soutenue par la LDH

C’est la première région laitière de France. Près de la moitié de la viande y est produite. La Bretagne est au cœur du système agricole national, au cœur de tous les enjeux d’ampleur qui y sont liés : santé, environnement, social… Et pourtant, il est très difficile d’être informés correctement sur un secteur omniprésent dans notre région : l’agroalimentaire.
 
Des journalistes sont poursuivi·es en diffamation ou mis·es au placard pour leurs enquêtes, tandis que d’autres, précaires, peinent à retrouver des emplois. Des articles sont censurés, des sujets pas abordés de peur de fâcher les annonceurs, et des subventions municipales sont coupées, comme ce fut le cas pour une radio en pleine émission sur l’élevage intensif.
 
Le cas d’Inès Léraud est l’exemple de trop. Journaliste et co-auteure de la bande dessinée « Algues vertes, l’histoire interdite », elle subit des pressions, dénoncées par un comité de soutien qui s’est monté pour défendre son travail. Le salon du livre de Quintin l’invite ? Sa venue est annulée après l’intervention d’un élu local, également salarié de la chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor, comme le révèle Le Canard enchaîné en mars 2020. Une édition en breton de sa BD est à l’étude ? L’éditeur Skol Vreizh y renonce, en partie « du fait de l’influence au sein du conseil régional de personnes en charge de l’agriculture », selon son président cité par France 3, le 20 mai 2020.
 
Il est inacceptable qu’une maison d’édition en arrive à s’auto-censurer de peur d’être sanctionnée financièrement par la collectivité. Que doit-on y voir ? Que des intérêts privés liés à l’agro-industrie pourraient influencer les attributions de budgets et les décisions des représentant·es de la région ? Il aura fallu la publication d’une tribune, le 8 mai, dans Libération pour qu’une partie du monde culturel breton s’indigne. Une réaction à la suite de laquelle vous, MM. Chesnais-Girard et Le Boulanger, avez décidé d’apporter publiquement votre soutien à la journaliste Inès Léraud. Mais les interrogations persistent quant à la liberté réelle d’informer sur ce sujet.
 
Les citoyen-nes et administré-es ont besoin d’enquêtes journalistiques qui lèvent le voile. La région Bretagne, collectivité que vous présidez, ne peut laisser place au doute quant à son attachement à la liberté d’informer et d’être informé·es correctement. D’autant plus que le succès de l’ouvrage « Algues vertes, l’histoire interdite », écoulé à 46.000 exemplaires, témoigne de l’intérêt croissant des citoyen·s sur les enjeux et pratiques de l’agroalimentaire.
 
C’est pourquoi, par la présente, nous, citoyen-es, soutenons les journalistes et professionnel.les de la presse qui vous demandent de :

  • Contribuer à garantir une information et une parole publique libre sur les enjeux de l’agroalimentaire en Bretagne, et veiller à ce qu’aucune subvention de média associatif ne soit supprimée, au motif que des journalistes auraient signé cette lettre. Nous y veillerons aussi.
  • Certifier que nous, journalistes, pouvons interroger en toute transparence et indépendance des élu·es et membres des services régionaux sur ces sujets chaque fois que cela est nécessaire.
  • Assurer qu’aucune maison d’édition ne verra ses subventions coupées, maintenant ou dans les prochaines années, pour avoir édité la BD d’Inès Léraud et Pierre Van Hove, « Algues vertes, l’histoire interdite », en breton et en gallo.
  • Intervenir plus largement pour le soutien et la restauration de lieux de formations universitaires à l’information en région.

Et, puisque les ministères de l’Intérieur et de l’Agriculture ont impulsé la création des observatoires départementaux de « l’agribashing », nous vous demandons expressément de contribuer à la création d’un observatoire régional des libertés de la presse. Cet outil indépendant aura pour but de réunir les conditions d’une information transparente et intelligible par tous les Breton-nes. Il devra permettre l’écoute et la protection de journalistes qui viendraient à être inquiété·es pour leurs travaux, et soutenir les enquêtes en cours et à venir.

Le collectif à l’origine de la lettre ouverte originale rassemble une quinzaine de journalistes d’âges, de parcours et de médias différents. Il s’est spontanément constitué face aux difficultés persistantes à produire et diffuser une information digne de ce nom : ici en Bretagne en 2020, dans un contexte où la compréhension des enjeux est fondamentale et à l’heure où l’éclairage des choix de société est essentiel, l’agro-industrie continue à être une zone interdite.

Paris, le 29 mai 2020

Signer la pétition

Source: Pour la liberté d’informer sur l’agroalimentaire en Bretagne et ailleurs

Des pressions inacceptables sur la presse 5 juin, 2019

Communiqué LDH

Après l’invraisemblable tentative de perquisition dans les locaux de Mediapart, le procureur de la République multiplie les actes d’intimidation à l’égard de journalistes.

Si, comme l’a rappelé la porte-parole du gouvernement, les journalistes ne sont pas au-dessus des lois, la protection de leurs sources et leur déontologie impliquent qu’ils gardent le silence sur l’origine de leurs informations.

Dès lors, en convoquant à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour audition libre ces journalistes en raison des informations qu’ils ont publiées, le procureur de la République de Paris ne peut ignorer l’inutilité de cette démarche sauf à la qualifier pour ce qu’elle est, une tentative d’intimidation.

En ajoutant à ces manœuvres, la convocation du président du directoire du Monde, le procureur de la République s’essaie à une autre forme d’intimidation en s’en prenant au responsable du journal lui-même.

La LDH dénonce ces manœuvres du gouvernement et d’un procureur de la République qui lui doit sa nomination.

Elle appelle à la vigilance face aux pressions que subissent les médias. De leur liberté dépend, en effet, la nôtre.

Elle assure les journalistes et les médias concernés de sa solidarité et de son soutien.

Paris, le 24 mai 2019

Télécharger le communiqué au format PDF

Source: Des pressions inacceptables sur la presse

17 ONG dénoncent les menaces de poursuites contre des journalistes enquêtant sur les armes françaises au Yémen 16 mai, 2019

Communiqué commun

17 ONG humanitaires et de défense des droits humains, dont la LDH, ont dénoncé aujourd’hui les menaces qui pèsent sur la liberté de la presse après la convocation par les services de renseignement français de trois journalistes français ayant enquêté sur la présence d’armes françaises dans le conflit au Yémen.

Geoffrey Livolsi et Mathias Destal du média d’investigation Disclose, ainsi que Benoît Collombat de la cellule investigation de Radio France, sont entendus mardi et mercredi par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dans le cadre d’une enquête préliminaire pour «compromission du secret de la défense nationale» ouverte par le parquet de Paris après le dépôt d’une plainte par le ministère des Armées.

Le 15 avril dernier, Disclose et ses partenaires ont publié des notes classées « confidentiel défense » de la Direction du renseignement militaire (DRM) confirmant ce que nos ONG mettent en lumière depuis des mois (notamment l’ACAT, Amnesty International, la FIDH et l’Observatoire des armements) : les équipements militaires français achetés par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont engagés dans la guerre au Yémen, avec un risque majeur d’ utilisation dans des attaques illégales contre des populations civiles.

Les documents révélés par Disclose montrent également que les autorités françaises n’ont aucune certitude sur l’utilisation qui est faite des armes françaises, contrairement aux assurances encore affichées ces derniers jours par le Président de la République, la ministre des Armées et le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, pourtant destinataires des notes de la DRM.

Depuis le 15 avril, Disclose a continué à  enquêter sur les armes françaises au Yémen en révélant l’arrivée au Havre d’un cargo saoudien venu charger du matériel militaire français. L’information, que  la ministre des Armées Florence Parly a été contrainte de confirmer, a suscité une forte mobilisation de nos ONG et de parlementaires, et le navire a finalement quitté la France vendredi dernier sans la cargaison prévue.

Les ONG signataires de cet appel estiment que les informations révélées par Disclose et ses partenaires sont d’un intérêt public essentiel. Elles confirment le risque majeur que des armes de fabrication française soient utilisées dans des crimes de guerre au Yémen, en contradiction avec les obligations internationales de la France au regard du Traité sur le commerce des armes, dont la France est par ailleurs l’un des principaux défenseurs, et de la Position commune 2008/944/PESC de l’Union européenne.

Dans ces conditions, la menace de poursuites contre les trois journalistes, réaffirmée la semaine dernière par Florence Parly, constitue une atteinte inacceptable à la liberté de la presse et la protection des sources journalistiques.

Benoît Collombat, Mathias Destal, Geoffrey Livolsi sont inquiétés pour avoir exercé leur métier, celui d’informer le public, de manière responsable, sans révéler d’opérations militaires françaises en cours ni mettre aucun personnel français en danger.

Les ONG signataires expriment leur totale solidarité avec les trois journalistes convoqués cette semaine. Elles demandent au ministre de l’Intérieur, à la ministre des Armées et au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de cesser les intimidations contre la presse et de respecter le secret des sources.

Signataires : Acat, Action Contre la Faim, Alliance internationale pour la défense des droits et des libertés (AIDL), Amnesty International, Care France, Collectif Solidarité Yémen / Yemen Solidarity Coalition, Fédération Internationale des Ligues Droits de l’Homme (FIDH), Handicap International (HI), Human Right Watch, Ligue des Droits de l’Homme (LDH), Médecins du monde, Observatoire des Armements, Oxfam France, Salam for Yemen, STAND France, Mouvement étudiant de lutte contre les génocides et crimes de masse, Sherpa, SumOfUs

Ressources :

Paris, le 13 mai 2019

Télécharger le communiqué au format PDF


Source: 17 ONG dénoncent les menaces de poursuites contre des journalistes enquêtant sur les armes françaises au Yémen

Contre la sortie de la répression des délits racistes de la loi de 1881 sur la liberté de la presse 25 février, 2019

Courrier de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) adressé aux parlementaires

 

Paris, le 22 février 2019

Madame, Monsieur,

Vous êtes appelés par la Licra à soutenir la sortie de la répression des délits racistes de la loi de 1881 sur la liberté de la presse.

Au-delà de la méthode qui conduit, en quelque sorte, à vous sommer de signer cet appel avant midi, le 22 février, et s’appuie sur l’émotion plus que légitime provoquée par les récents actes antisémites, nous voudrions attirer votre attention sur les conséquences d’une telle démarche.

Celle-ci n’apportera rien à la lutte contre le racisme mais présente de graves dangers pour les libertés publiques.

Nous tenons à rappeler que le racisme est déjà un délit prévu et réprimé par la loi de 1881 mais aussi par d’autres textes quand il s’agit du refus de biens ou de services et constitue, de plus, une circonstance aggravante dans nombre de délits ou crimes.

Transférer le traitement de ce contentieux aux audiences de comparution immédiate, comme le dit et le réclame la Licra, reviendrait à priver l’ensemble des médias de toutes les garanties de la loi de 1881 et à générer de graves atteintes aux libertés publiques.

C’est la raison pour laquelle tous les éditeurs de presse et tous les syndicats de journalistes sont unanimement opposés à cette revendication de la Licra, laquelle est seule à la porter, à notre connaissance, parmi les organisations antiracistes.

Nous ne pensons pas qu’un tel sujet puisse être traité de cette manière. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme mérite davantage qu’une réaction prise sous le coup de l’émotion.

Nous vous enverrons sous quinze jours de plus amples éléments de réflexion.

Mais la précipitation dans laquelle la Licra vous demande de réagir nous conduit, d’ores et déjà, à vous demander de ne pas donner suite à sa démarche sans avoir connaissance de tous les éléments du dossier.

Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en l’assurance de mes sentiments les meilleurs.                     

 

Malik Salemkour

Président de la LDH

 

Voir le communiqué de la LDH « Rien ne justifie d’affaiblir la loi sur la liberté de la presse pour combattre le racisme »

Source: Contre la sortie de la répression des délits racistes de la loi de 1881 sur la liberté de la presse