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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives du tag : Histoire

17 octobre 1961 – 17 octobre 2018 : 57e anniversaire – Vérité et justice 12 octobre, 2018

Appel à rassemblement de plusieurs organisations, dont la LDH, le 17 octobre 2018

Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par le gouvernement de l’époque dont le Premier ministre, Michel Debré, était hostile à l’indépendance de l’Algérie, et le Préfet de Police Maurice Papon sous ses ordres. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés – notamment par la « force de police auxiliaire » – ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police.

57 ans après, la Vérité est partiellement en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, – en particulier la Guerre d’Algérie – non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’Etat que constitue le 17 octobre 1961. Le 17 octobre 2012, le Président de la République (François Hollande) avait certes fait un premier pas important, en déclarant : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » Mais le terme de crime n’est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n’est pas clairement définie. Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des « bienfaits de la colonisation », à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à « honorer » les criminels de l’OAS.

Dans ce domaine, il est donc nécessaire que des mesures significatives soient prises :

  • Que la lumière soit faite sur les soi-disant « retours vers leurs douars d’origine » des algériens survivants du 17 octobre envoyés en fait dans des camps de la mort de l’Algérie coloniale.
  • Que la création d’un lieu de mémoire voué à cet évènement, demandée dans la résolution votée par le Sénat en octobre 2012 qui reconnaissait elle aussi ce massacre, soit rapidement mise en œuvre par les autorités de l’Etat, de la Ville de Paris et la Région Ile-de-France.
  • Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs collègues algériens
  • La vérité doit être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains, comme au sein de la droite et extrême droite politique veulent la réhabiliter.

Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la Guerre d’Algérie, à savoir le racisme, l’islamophobie dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières.

On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations. Après plus d’un demi-siècle, il est temps :

  • Que le Président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d’Etat. Comme il vient de le faire pour l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française et pour l’existence d’un système de torture généralisé. Cette reconnaissance doit s’étendre aux milliers d’Algériens qui en ont été victimes (voir le site www.100autres.org)
  • Que l’Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l’internement arbitraire, pendant la Guerre d’Algérie, d’Algériens dans des camps ;
  • Que la liberté d’accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens ;
  • Que la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un cadre franco-algérien, international et indépendant.

A l’occasion de ce 57ème anniversaire, nous exigeons Vérité et Justice.

Rassemblement le 17 octobre 2018 à 18 heures au Pont Saint Michel à Paris

Associations, Organisations Syndicales : 17 octobre contre l’oubli, 4ACG (Association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre), AFASPA (Association française d’amitié et solidarité avec les peuples d’Afrique), ANPROMEVO (Association nationale de protection de la mémoire des victimes de l’OAS), Amis de l’Algérie à Rennes, APCV (Association pour la promotion de la culture et du voyage), ARAC (Association Républicaine des anciens combattants), Au Nom de la mémoire, association Maurice Audin,  Emancipation – Tendance intersyndicale, Comité Vérité et justice pour Charonne, FARR (Franco-Algériens républicains rassemblés), Fasti (Fédération des associations de solidarité avec tou-te-s les immigré-e-s), CAPJPO-EuroPalestine, CEDETIM/IPAM, Fondation Frantz Fanon, Fondation Copernic, Le 93 au cœur de la République, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Les Amis de Max Marchand – Mouloud Feraoun et leurs compagnons, Les Oranges, Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), Mouvement de la paix, SNES-FSU, Solidaires, Sortir du colonialisme,

Partis Politiques : EELV (Europe Ecologie les Verts), NPA (Nouveau parti anticapitaliste), Parti de gauche, PCF (Parti communiste français)

 

Source: 17 octobre 1961 – 17 octobre 2018 : 57e anniversaire – Vérité et justice

L’affaire Maurice Audin : la reconnaissance officielle après soixante et un ans d’un mensonge d’Etat 15 septembre, 2018

Communiqué LDH

Le président de la République a reconnu, dans une déclaration remise le 13 septembre 2018 à sa veuve, Josette Audin, et à ses enfants, la responsabilité de l’Etat dans l’enlèvement, la torture, l’assassinat de Maurice Audin par des militaires français à Alger, en 1957, durant la guerre d’Algérie. Cette déclaration met fin à un mensonge officiel répété par les autorités de la République française pendant près de soixante et un ans.

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) souligne aussi la reconnaissance par le chef de l’Etat que la torture a été utilisée alors comme un outil de terreur contre les combattants de l’indépendance de l’Algérie, et pointé la responsabilité du système politique qui a accepté qu’elle soit instituée.

Le combat pour cette reconnaissance n’a cessé, depuis 1958, d’être mené par la LDH sous l’impulsion de son président Daniel Mayer, opposé à la politique du gouvernement de Guy Mollet dans la guerre d’Algérie. Elle a soutenu le Comité Maurice Audin, présidé par le mathématicien Laurent Schwartz, et accueilli à sa direction des intellectuels comme Pierre Vidal-Naquet et Madeleine Rebérioux, qui en étaient les animateurs. Elle n’a cessé, depuis, de demander la vérité sur cet assassinat.

La LDH ne peut que saluer cette déclaration présidentielle qui donne raison au combat qu’elle a mené pendant plus de soixante ans. Elle salue la décision d’ouvrir les archives et d’appeler aux témoignages. Elle soutient la création, par l’Association Maurice Audin, du site Internet 1000autres.org pour contribuer à faire connaître la vérité sur le sort des nombreuses victimes de disparitions forcées durant cette guerre.

Pour la LDH, cette déclaration présidentielle favorise la réflexion nécessaire de la société française sur une page de son histoire qui pèse encore sur son présent, et permet que s’ouvre une ère nouvelle dans les relations entre les peuples algérien et français.

Paris, le 14 septembre 2018

Télécharger le communiqué en pdf.

 

Source: L’affaire Maurice Audin : la reconnaissance officielle après soixante et un ans d’un mensonge d’Etat

Le centenaire de 14-18 : le combat de la LDH continue 13 novembre, 2017

Communiqué LDH       

 

Le centenaire de la Grande Guerre doit, pour la Ligue des droits de l’Homme, être l’occasion de réintégrer pleinement dans la mémoire nationale les fusillés pour l’exemple, les mutins de 1917, les volontaires étrangers engagés dans l’armée française et les soldats originaires des colonies.

 

Dans le prolongement de l’affaire Dreyfus, la LDH a, dès le lendemain de la Première Guerre mondiale, dénoncé les injustices commises par les tribunaux militaires et obtenu la réhabilitation d’un certain nombre de fusillés pour l’exemple.

 

La LDH demande au président de la République, Emmanuel Macron, de marquer ce centenaire par un acte fort vis-à-vis de tous ceux qui n’ont pas encore été réhabilités, qui ont été victimes d’ordres arbitraires et injustes alors qu’ils voulaient, comme l’avait demandé Jaurès, être traités comme des citoyens sous l’uniforme. Leurs noms doivent être tous transcrits sur les monuments aux morts, leurs sépultures doivent être identifiées et dignement traitées, le transfert de leurs restes dans les communes dont ils étaient originaires doit contribuer à leur rendre justice.

 

Un travail est aussi nécessaire sur des questions insuffisamment connues de la Grande Guerre. En particulier celle des mutineries de 1917, qui ont affecté les deux tiers des divisions d’infanterie engagées sur le front, et de leur répression dans les bagnes coloniaux, compagnies de discipline et bataillons d’exclus, qui ont concerné des dizaines de milliers de soldats et provoqué beaucoup plus de morts que les fusillés pour l’exemple ; celle des engagés volontaires étrangers européens victimes de traitements brutaux dans des régiments de marche de la Légion étrangère ; celle des soldats coloniaux victimes de recrutements forcés, de promesses non tenues, d’un emploi inconsidéré et d’un quasi-abandon après-guerre ; et celle du recrutement, pour les usines d’armement, de dizaines de milliers d’indigènes coloniaux militarisés qui y ont connu une mortalité très élevée.

 

Paris, le 9 novembre 2017

Source: Le centenaire de 14-18 : le combat de la LDH continue

Lettre ouverte : reconnaissance du crime d’Etat du 17 octobre 1961 20 octobre, 2017

Lettre ouverte du Collectif du 17 octobre 1961, dont la LDH, au président de la République

Monsieur le Président,

Le 15 février 2017, à la chaîne privée Echorouk News, en Algérie, vous déclariez : « La colonisation fait partie de l’histoire française, c’est un crime contre l’humanité, une vraie barbarie« .

Le 5 mai, devant la rédaction de Mediapart, vous avez déclaré : « De fait, je prendrai des actes forts sur cette période de notre histoire« . Nous pensons donc, qu’à l’occasion de ce 56e anniversaire du crime d’Etat commis en plein Paris, vous pourriez (devriez ?) ainsi concrétiser cet engagement.

Nous sollicitons de votre bienveillance une audience pour connaitre votre position précise à ce sujet, afin de pouvoir en rendre compte lors du rassemblement prévu le 17 octobre 2017 au pont Saint-Michel à Paris.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute considération.

Pour le Collectif du 17 octobre 1961 : Olivier Le Cour Grandmaison (17 Octobre contre l’Oubli), Samia Messaoudi, Mehdi Lallaoui (Au nom de la Mémoire), M’Hamed Kaki (Les Oranges), Malik Salemkour (président de la Ligue des Droits de l’Homme – LDH), Renée Le Mignot (MRAP – Mouvement Contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples), Henri Pouillot (Sortir du Colonialisme).

 

Paris, le 9 octobre 2017

Source: Lettre ouverte : reconnaissance du crime d’Etat du 17 octobre 1961

François Nadiras (1941-2017) : Aucun droit, aucune liberté n’échappaient à sa vigilance 1 septembre, 2017

Communiqué LDH

 

François Nadiras vient de nous quitter et, avec cette disparition, la LDH perd un grand militant.

Ce professeur de mathématiques qui a adhéré à la LDH en 1995, au moment où le FN s’est emparé de la mairie de Toulon, n’a cessé de vouloir former et informer, agir et réagir. Avec autant de modestie que de détermination, il s’est engagé tout au long de sa vie dans la défense des droits de l’Homme.

Dès 2001, il a mis à profit ses connaissances en informatique pour créer le site Internet de la section de Toulon. Au prix d’un travail colossal et toujours rigoureux, il a fait de ce site un outil de référence incontournable pour les adhérents de la LDH mais bien au-delà. Bon nombre de chercheurs, de journalistes, d’historiens… ont salué la richesse de cette bibliothèque à clic ouvert.

François Nadiras n’a cessé d’œuvrer pour rétablir la vérité historique sur la colonisation de l’Algérie, et cela dans un environnement géographique souvent hostile. Mais la mémoire et l’histoire n’ont pas été ses seuls terrains de lutte. On se souvient de son inlassable énergie pour dénoncer le fichage sous toutes ses formes, la montée des extrêmes ou les discriminations qui frappent les Roms.

Très récemment encore, et en dépit de soucis de santé récurrents, il continuait de participer aux initiatives visant à défendre les droits des migrants. Aucun droit, aucune liberté n’échappaient à sa vigilance.

Dans une période où de nombreux repères s’effritent, où la solidarité ne semble plus être de mise, François Nadiras n’a jamais désespéré de l’action associative. Tout en sachant faire preuve de bienveillance et rester à l’écoute de l’autre, il demeurait un homme de convictions, épris de justice et de vérité.

Il a beaucoup apporté à la LDH et sa disparition nous laisse dans une peine immense. Nous ne l’oublierons pas et saurons faire en sorte que son travail continue, au-delà même de son indéfectible engagement.

 

Paris, le 1er septembre 2017

Source: François Nadiras (1941-2017) : Aucun droit, aucune liberté n’échappaient à sa vigilance

Le général André Bach, combattant de la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de 14-18 24 mai, 2017

Communiqué LDH

Le général André Bach, mort le 19 mai 2017, a été l’un des artisans majeurs de l’établissement de la vérité sur le rôle funeste des tribunaux militaires de la Première Guerre mondiale à l’égard des « fusillés pour l’exemple » et autres victimes de leurs décisions arbitraires. C’est lorsqu’il a été nommé en 1988 à la tête du 67e régiment d’infanterie, à Soissons, que ce général passionné d’histoire a pris conscience des traces encore vivantes de la Grande Guerre et de la mémoire occultée des victimes de ces tribunaux. Nommé chef du Service historique de l’armée de terre (SHAT) de 1997 à 2002, il a fait rechercher les registres de leurs décisions, exhumé les archives et publié plusieurs livres sur ce sujet.

A l’approche du centenaire de 1914, il a accompagné la Ligue des droits de l’Homme dans ses efforts pour reprendre l’œuvre de réhabilitation des victimes de la justice militaire qu’elle avait commencée dès le lendemain de la guerre. Tout en se félicitant, comme elle, de la place accordée à cette question au Musée de l’armée, aux Invalides, il a estimé, comme elle, que ce travail n’était pas achevé. En particulier, que toute la lumière n’avait pas été faite sur la répression des mutineries de mai et juin 1917 qui ont affecté, sous des formes diverses, la plupart des régiments d’infanterie de l’armée française. Sa mort survenue un siècle après cet événement, renforce la détermination de la LDH à poursuivre ses efforts pour que ces faits soient mieux connus et intègrent davantage notre mémoire nationale.

 

 

Source: Le général André Bach, combattant de la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de 14-18