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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives du tag : Ciné

La LDH soutient le film “Litlle Palestine, journal d’un siège” d’Abdallah Al-Khatib 4 janvier 2022

Sortie en salle le 12 janvier 2022

Situé à 7 kilomètres du centre de Damas, Yarmouk était initialement un camp de réfugiés créé par l’ONU dans les années 1950 pour accueillir les Palestiniens chassés de leurs terres ou fuyant la guerre israélo-arabe après la création de l’État hébreu en 1948. Il s’est transformé au fil des décennies en un quartier résidentiel et commercial, qui s’étend sur deux km², mais a gardé son nom de « camp ». Avant le début du conflit syrien, environ 160 000 Palestiniens, ainsi que des Syriens, y vivaient. A partir de 2011, le quartier devint un champ de bataille entre forces du régime et rebelles syriens appuyés chacun par des groupes palestiniens. C’est le camp des rebelles qui l’emporta fin 2012, et quelque 140 000 personnes ont fui Yarmouk en une semaine. Pendant deux ans, de 2013 à 2015, le régime de Bachar el-Assad imposa au camp un siège impitoyable. Plus personne ne pouvait ni entrer ni sortir. Peu à peu, les habitants furent privés de nourriture, d’eau, d’électricité, de médicaments. 181 habitants de Yarmouk sont morts de faim pendant ce siège.

Le réalisateur de Little Palestine. Journal d’un siège, Abdallah Al-Khatib, vivait à Yarmouk. Il n’avait jamais tenu de caméra auparavant : « De temps à autre, mes amis et moi prenions une caméra pour enregistrer la vie quotidienne pendant le siège. (…) Je filmais sans imaginer qu’un jour j’envisagerais d’en faire un film. Je ne savais pas que je survivrais au siège. » Après la prise de contrôle du camp par Daech en mars 2015, Abdallah Al-Khatib est expulsé comme nombre de Palestiniens. Réfugié en Allemagne, il peut récupérer, via des amis, les disques durs contenant ses enregistrements et commencer à les monter : « Au cours des deux années [de montage] j’ai compris que je ne pouvais pas couvrir tous les événements de Yarmouk et du siège, que je faisais un film sur l’expérience humaine et qu’à travers cela je pouvais peut-être faire la lumière sur ce qui s’est passé dans le camp, sans avoir à raconter toute son histoire. »

Little Palestine est tourné presque entièrement en extérieur, dans des rues en ruines où les gens déambulent dans une quête sans fin de nourriture. Le réalisateur accompagne sa mère, une femme énergique et rayonnante, qui s’est improvisée infirmière pour porter secours aux personnes âgées isolées. Avec un grand sens de l’observation et du cadrage, il filme pendant de longs mois les efforts de survie des habitants confrontés à une situation d’extrême précarité. Il recueille leurs paroles de révolte et de désespoir. Mais on voit aussi des enfants, avec lesquels on sent qu’il a une grande complicité, qui jouent joyeusement et expriment leurs rêves et leurs désirs devant la caméra. Toute la beauté du film tient à cet équilibre entre la dureté d’une situation et l’humanité qui subsiste malgré tout. De sa voix douce, le réalisateur ponctue le film de quelques-unes de ses réflexions personnelles sur l’expérience du siège qu’il a rassemblées dans un livre, Les 40 règles du siège.

Avec la sensibilité de son regard, Abdallah Al-Khatib réussit à transformer une expérience vécue en un film puissant qui témoigne avec force et sans pathos de la dignité et de la résistance d’un peuple face à un des nombreux crimes commis par Bachar el-Assad.

 

Little Palestine. Journal d’un siège a fait partie de la sélection de l’Acid au festival de Cannes en 2021 et a été primé dans une trentaine de festivals dans le monde.

 

Mots-clés : Syrie/guerre – Crimes de guerre – Palestiniens dans le monde

Little Palestine. Journal d’un siège. Liban/France/Qatar.

Réalisation : Abdallah Al-Khatib.

Distribution : Dulac Distribution. 

2021.

89 min

Source: La LDH soutient le film “Litlle Palestine, journal d’un siège” d’Abdallah Al-Khatib

La LDH soutient le film “La voix d’Aïda (Quo vadis Aïda ?)”, de Jasmila Žbanic 8 septembre 2021

Sortie en salle le 22 septembre 2021

« A titre personnel, Srebrenica occupe une place particulière, parce que j’ai survécu au siège de Sarajevo et qu’on aurait facilement pu finir comme Srebrenica. Je m’étais toujours dit qu’il faudrait faire un film à partir de ce qui s’était passé… ». « J’étais déterminée à réaliser un film qui permette au spectateur de bien comprendre, en 1h 40, ce qui s’est passé à l’époque, tout en restant fidèle aux émotions, aux personnages et aux faits. »

C’est par le biais d’une tragédie individuelle, celle d’Aïda, professeur d’anglais réquisitionnée comme interprète sur la base des Casques bleus de l’ONU, que la réalisatrice de ce film exceptionnel fait revivre de façon haletante et dans une tension extrême, à la manière d’un thriller, le siège de Srebrenica par l’armée serbe de Bosnie, entre le 11 et le 16 juillet 1995, qui se termina par le massacre de plus de 8000 hommes.

Des milliers d’habitantes et d’habitants de Srebrenica, terrorisés par l’arrivée imminente des troupes bosno-serbes commandées par le général Mladic dans la ville, viennent chercher refuge dans le camp des Casques bleus néerlandais, stationnés aux abords de la ville, et littéralement débordés par l’afflux des civils qu’ils ne peuvent plus accueillir à l’intérieur de leur base. C’est là, à l’intérieur, qu’Aïda traduit les consignes, les échanges entre les Casques bleus sur place et la direction de l’ONU, c’est sa voix qui est chargée de rassurer la foule paniquée.  

Aïda a un mari et deux grands fils, qui sont toute sa vie, parmi la foule des civils qui attendent aux portes de la base, menacés par l’attaque imminente des troupes de Mladic. Elle croit encore que l’ONU a le pouvoir de les protéger, elle et sa famille. De par sa position d’interprète, privilégiée et par là même ambiguë, elle comprend avant les autres que les Casques bleus ne sont plus soutenus dans leurs efforts pour tenter de sauver la population, pire, qu’ils sont eux-mêmes impuissants et abandonnés ; dès lors, dans une angoisse absolue, son seul objectif est de tout faire pour mettre les siens hors de danger. Au milieu d’une foule terrorisée, dont elle préfère ignorer les vagues d’espoir ou de résignation, elle tente, dans une course folle entre eux et Karremans, de convaincre celui-ci de les inscrire sur la liste de ceux qui pourront quitter la base avec les Casques bleus, et dont elle-même fait partie.

Aïda survivra aux siens, et à tous ceux qui ont eu « moins de chance » qu’elle. Comment dès lors affronter la douleur et la culpabilité et échapper à la folie ? Brisée, Aïda tentera de se reconstruire.  Sa tragédie personnelle et sa « trajectoire émotionnelle » sont en fait le véritable sujet du film, selon la réalisatrice, qui fait d’Aïda un symbole des victimes des guerres contemporaines dans un monde qui ne cesse pourtant de produire des textes destinés à protéger les droits des populations civiles et à faire jouer la solidarité internationale ; elle souhaiterait « que les spectateurs repartent de la projection avec les émotions et les questions que suscite le film », et a choisi pour incarner le personnage d’Aïda et sa trajectoire vers l’enfer de l’abandon une actrice magnifique, Jasna Duricic, entourée d’autres acteurs également formidables et tout aussi crédibles. C’est cela entre autres qui contribue à donner à « La voix d’Aïda » une résonance universelle, tout particulièrement dans le contexte actuel.

Mots-clés : droits humains, guerre, nettoyage ethnique, génocide, organisations internationales, Conseil de sécurité de l’ONU,  conventions internationales, solidarité, réfugiés,  reconstruction, travail de mémoire.

Un film écrit et réalisé par Jasmila Žbanic 2020

Couleur – 104 mn

Bosnie, Allemagne, France

 

Source: La LDH soutient le film “La voix d’Aïda (Quo vadis Aïda ?)”, de Jasmila Žbanic

La LDH soutient le film “Des hommes” de LUCAS BELVAUX 24 août 2020

Sortie en salle le 11 novembre

« Ils ont été appelés en Algérie au moment des « événements » de 1960. Deux ans plus tard Bernard, Rabut, Février et d’autres sont rentrés en France. Ils se sont tus. Ils ont vécu leurs vies.  Mais parfois il suffit de presque rien […] pour que quarante ans après le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier. »

Tout commence par une fête d’anniversaire dans une petite ville de province à l’occasion de laquelle remontent, comme un secret de famille longtemps étouffé, des événements qui ont lourdement marqué le passé de plusieurs des hommes réunis à cette occasion : les séquelles de ce qu’on n’appelait pas alors « la guerre » d’Algérie, où ils ont été appelés en 1960 alors qu’ils avaient à peine vingt ans ;  ils n’avaient pour la plupart d’entre eux jamais voyagé, et ont découvert à la fois « la beauté du monde et l’horreur dont l’humanité est capable ». Ils en sont revenus marqués à vie, sans pouvoir ni vouloir en parler ; et personne de leur entourage n’ose ou ne souhaite en parler avec eux. 

Pour le réalisateur Lucas Belvaux le thème majeur de ce film, adapté du très beau roman éponyme de Laurent Mauvignier, œuvre de fiction inspirée de la réalité, est « la confrontation des destins individuels avec la grande Histoire, les souvenirs, la culpabilité, les blessures secrètes et les marques indélébiles que la guerre laisse dans les consciences ». Le comportement de Feu-de-bois (surnom donné à Bernard âgé), personnage essentiel de ce récit, tourmenté, alcoolique, va être le facteur déclenchant de souvenirs pluriels, de soliloques de la mémoire, ressurgissant en flash-back après cette soirée ; chacun des hommes que sont devenus tous ces appelés de vingt ans, Bernard, Rabut, Février,  se retrouve confronté à ce qu’il a vécu sur cette terre coloniale qu’il croyait naïvement partir défendre ;  il en revoit, il en commente intérieurement, dans une sorte d’aller et retour avec sa vie d’aujourd’hui, des épisodes qu’il n’a jamais pu partager avec ses proches, sa femme, ses amis, et dont ce sera peut-être enfin le moment de parler. Au fil des récits des divers personnages (qui sont donc remarquablement interprétés par deux générations d’acteurs), sont évoqués par bribes : l’histoire d’amour malheureuse de Bernard avec la fille d’un colon pied-noir ; les battues dans les villages algériens à la recherche de caches des « fellagas », leurs habitants, femmes, vieux et enfants maltraités, humiliés, souvent tués et les maisons saccagées ; la découverte du cadavre du médecin du poste, assassiné après avoir été enlevé et torturé,  et sur lequel on a épinglé l’affiche « Soldats français, vos familles pensent à vous ! Retournez chez vous ! » ; les expéditions punitives, la peur des bruits dans la nuit, les histoires atroces qui circulent, la position intenable des harkis du poste ; et puis en contrepoint déchirant l’accueil chaleureux de Bernard dans la famille du harki Idir lors d’une permission à Oran… Mais quand ils reviendront de cette sale guerre qui ne dit pas son nom, toutes les questions qu’ils se seront posées sur les actions auxquelles ils ont participé là-bas et sur leur légitimité ne pourront plus être abordées. Comment et à qui raconter ce qu’on a fait, dont on a honte et qu’on n’aurait jamais cru pouvoir faire ?

Soulignons que la construction en flash-back et voix off qu’a gardée Lucas Belvaux, comme dans le livre de Laurent Mauvignier, n’a pas qu’une importance formelle ; elle renvoie simultanément au silence dans lequel sont enfermés les acteurs de ce drame et aux souvenirs, aux interrogations et aux doutes qui les taraudent, avant d’avancer peut-être vers un échange qu’ils ne savent pas encore possible ; et elle permet, par ces allers et retours incessants entre passé et présent, « de montrer le regard d’un homme au début de sa vieillesse sur ce qu’il était quand il avait vingt ans », de faire dialoguer les personnages d’aujourd’hui avec ceux qu’ils étaient au moment des « événements » d’Algérie, le temps ayant créé la distance nécessaire à la rupture du silence. Elle ouvre ainsi à la confrontation des récits et des points de vue différents qui illustrent bien la complexité de cette « guerre sans nom », ainsi que la qualifiaient Bertrand Tavernier et Patrick Rotman dans un documentaire de 1992, et de ses conséquences et donne à des destins individuels une place dans l’histoire et la conscience politique françaises.

Thématiques : Algérie, colonialisme, racisme, discriminations, guerre, torture, mémoire, Maghreb
Des hommes
Durée : 1h40
Réalisation
: Lucas Belvaux
Avec Gérard Depardieu, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin


Source: La LDH soutient le film “Des hommes” de LUCAS BELVAUX

La LDH soutient le film “Un pays qui se tient sage” de David Dufresne 17 août 2020

Sortie en salle le 30 septembre

Nul besoin de présenter David Dufresne, le journaliste qui a suivi et comptabilisé les violences policières notamment tout au long du mouvement des “gilets jaunes”. 
Il nous présente aujourd’hui un film qui s’interroge sur ces violences en prenant comme point de départ une citation de Max Weber : « L’Etat revendique le monopole de la violence légitime ».
A partir de là, le film nous interroge sur ce qu’est l’Etat, ce qu’est la violence légitime mais aussi ce qu’est ce monopole et quelles en sont les limites. Pour ce faire, des témoins, d’horizons sont convoqués à nous donner leur point de vue en partant des images de violences policières prises par David Dufresne et d’autres acteurs.
Ce film ouvre donc un débat qui est actuellement au cœur des combats de la LDH.

Avant-première le 15 septembre, au cinéma 5 Caumartin à Paris, en présence de David Dufresne, le réalisateur du film, Michel Forst, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme, Nicolas Kramayer, responsable du programme Libertés d’Amnesty International et un membre de la LDH.

Thématiques : Violences policières, “gilets jaunes”, Etat, violence légitime
Un pays qui se tient sage
Film documentaire, France
Réalisation : David Dufresne


Source: La LDH soutient le film “Un pays qui se tient sage” de David Dufresne

La LDH soutient le film documentaire « Islam pour mémoire », de Bénédicte Pagnot 24 mai 2017

 Sortie le 22 mars 2017

 

Islam pour mémoire est d’abord un voyage dans l’espace : d’Espagne en Iran, du Maroc à Jérusalem et aux Emirats. Voyage aussi dans le temps, à l’écoute des savants, théologiens, poètes qui ont construit, depuis le plus haut moyen Age, une richissime culture musulmane.

C’est en même temps un film déclenché par une émission de radio de France-Culture, Cultures d’Islam, et un hommage à son auteur disparu en 2014 : Abdelwahab Meddeb, philosophe tunisien, érudit et humaniste, ami de Mahmoud Darwich et de Benjamin Stora. La réalisatrice, passionnée par les réponses qu’il apporte aux questions qu’elle se pose sur l’Islam, quitte sa Bretagne pour de grands périples, convainc Meddeb de l’intérêt de son projet de film – ce film qu’il n’aura pas vu terminé –, l’accompagne dans certains de ses voyages et lui donne la parole dans ses méditations sur une civilisation dont il refuse la mort.

On découvre avec eux des terres de beauté et de misère, des sociétés non laïques où le religieux et le politique sont imbriqués, où les femmes sont durement discriminées, ainsi que les mécréants et les étrangers. Cependant l’Occident tient de plus en plus l’Islam comme une religion d’exclus, entend le partage au sens de division et non plus de mise en commun, s’épouvante du terrorisme islamique, patauge dans l’amalgame, reste indifférent aux révolutions dites du printemps arabe et vote chez lui pour les extrêmes droites.

Comment en est-on arrivé là ? Le film énonce des causes nombreuses et en donne des éléments ; internes à l’Islam, à commencer par l’effondrement précoce d’une civilisation entière dans l’obscurantisme, comme à Bagdad, capitale intellectuelle avec sa maison de la Sagesse, dévastée au XIIIe siècle ; des luttes de pouvoir, comme en Andalousie où la catholicité triomphante écrase les Infidèles ; au XXe siècle, les politiques des grandes puissances, de la course aux dollars et au pétrole. S’ensuit la montée du wahhabisme, du salafisme et du djihad meurtrier, qui aggrave le rejet de l’Islam et les effets en retour de ce rejet, quand nous confondons les défenseurs de l’Islam avec ses destructeurs.

Meddeb propose une solution, celle de la connaissance, celle qu’il a assidûment enseignée toute sa vie. Il faut étudier l’Islam rationaliste et progressiste du moyen Age et des Lumières ; rappeler que les premiers traités d’optique et l’invention de la perspective viennent de l’Irak médiéval ; favoriser la recherche, alors que la plupart des quatre millions de manuscrits arabes conservés ne sont pas étudiés ; relire Goethe qui disait son admiration pour le poète persan Hâfêz, qui glorifiait le vin et l’amour charnel ; connaître et entretenir les jardins et les monuments persans, arabes, afghans, les protéger des destructions criminelles des talibans, phobiques de la représentation humaine mais aussi chasseurs de trafics rémunérateurs ; ouvrir les anciennes mosquées à toutes les religions au lieu de les réserver au culte catholique, comme à Cordoue, ou de les couper en deux, mosquée et synagogue, comme à Hébron.

Idéalisme, dira-t-on : soit. Incomplet, certes, le film n’évoque ni l’Algérie de la colonisation, ni la Syrie de la guerre ; partiel et partial dans ses réponses, peut-être.

Mais très utile panorama d’un monde à la fois obsédant et méconnu, en même temps que bel hommage à la passion de paix et de culture d’un penseur disparu.

 

Islam pour mémoire

Film documentaire, 2016

Durée : 1 h. 42

Réalisation : Bénédicte Pagnot

Production : Mille et une Films.

 

Source: La LDH soutient le film documentaire « Islam pour mémoire », de Bénédicte Pagnot

La LDH soutient le film documentaire « Retour en Algérie », d’Emmanuel Audrain 4 février 2017

Retour en AlgérieLa guerre d’Algérie – dont ils n’ont pu parler – a dévasté leurs jeunesses. Comme deux millions de jeunes Français, leur seul service militaire ce fut la guerre d’Algérie. Torture et « corvées de bois » sont les blessures dont leur génération n’a pas pu parler. A 65 ans, au moment de toucher leurs « retraites du combattant », ils disent : « Cet argent, nous ne pouvons pas le garder, pour nous-mêmes ». Alors, ils le collectent et le redistribuent à des associations, en Algérie. C’est ainsi qu’en 2004 naissent les 4ACG (Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre). Avec ces projets solidaires, leurs cœurs ont rajeuni. Eux, qui s’étaient tus si longtemps, parlent enfin, rencontrent des jeunes… Et retournent en Algérie. Ils ajoutent : « Cette Histoire a bouleversé nos vies. Aujourd’hui c’est une autre page que nous voulons écrire… Solidaire et fraternelle, celle-là ».

Ce film est à voir absolument parce que, comme le disent les protagonistes : « On ne peut pas tourner la page, elle s’écrit encore », et si l’association qu’ils ont créée leur permet de prendre la parole c’est aussi pour transmettre, dans l’espoir que les jeunes d’aujourd’hui soient capables de désobéir aux ordres inhumains.

Même si cela est évoqué, ce n’est pas l’aspect « guerre coloniale » et le racisme terrible qui la sous-tendait que le film s’attache à dénoncer (la parole est très peu donnée aux Algériens). Ce qu’il montre essentiellement c’est la situation de ces hommes (ils sont sept dans le film) qui ont été appelés et ont passé 27 mois en Algérie à faire la guerre et à obéir à des ordres qui allaient à l’encontre de leurs convictions éthiques : fouiller, brûler, tuer indistinctement… Ils témoignent de la violence inouïe de cet univers où des hommes et des enfants étaient torturés chaque jour, leurs cris de douleur se confondant avec les hululements des chacals, où des femmes et des jeunes filles étaient violées, des villages entiers mis à feu et à sang. On les ressent profondément blessés. Ils se sont tus pour la plupart et aujourd’hui, parce qu’ils ont pu se regrouper en association, ils se sont sentis autorisés à parler ; la présence de Simone de Bollardière, femme du seul général de l’armée française à avoir dénoncé ces agissements (il a été condamné à deux mois de forteresse), qui les a rejoints dès la création de l’association, les aide car elle sait quelles pressions ils ont subies et ce que signifiait manifester son désaccord. Cette parole les délivre de l’oppression que représentait leur silence.

Aussi la question que pose fondamentalement le film est celle de l’obéissance à l’injonction de torturer, humilier, anéantir. Et comment est-il possible que les dirigeants du « pays des droits de l’Homme » aient pu laisser faire, autoriser, couvrir de telles ignominies !

Le film les montre assez peu de retour dans l’Algérie d’aujourd’hui où l’argent de leurs soldes sert à soutenir des projets menés de façon autonome par des Algériens. L’un deux qui semble être le président de l’association, a participé physiquement au projet-phare : la restauration d’un village presque entièrement détruit. Toutefois ces échappées dans de somptueux paysages aident à reprendre souffle car le film est centré sur les interviews de ces anciens appelés. En effet le réalisateur dit s’être rendu compte au stade du montage que le vrai voyage de ces hommes était leur voyage intérieur « celui qui va de leurs 20 ans à aujourd’hui ». Ce long chemin où, avec cœur et intelligence, ils ont su retrouver l’estime d’eux-mêmes.

Ce film fait l’objet de projections-rencontres en présence du réalisateur et d’invités chaque samedi à 11h jusqu’au 25 mars au cinéma Luminor-Hôtel de Ville à Paris.

Attention : Il s’agit d’un film dur car les horreurs évoquées, même si on nous épargne un récit circonstancié, sont difficiles à supporter.

Retour en Algérie

Documentaire, France

Durée : 52mn

Réalisation : Emmanuel Audrain

Source: La LDH soutient le film documentaire « Retour en Algérie », d’Emmanuel Audrain

La LDH soutient le film « Algérie du possible », de Viviane Candas 7 décembre 2016

ADP 40x60 bat mailSortie le 7 décembre 2016

Yves Mathieu, né en Algérie en 1924, a combattu à 20 ans pour la libération de la France, puis, devenu avocat, il a pris parti dès 1957 pour la cause de l’indépendance algérienne, ce qui lui a valu d’être exclu du PCF. Il a défendu pendant la guerre des militants du FLN algérien, en particulier, en mai 1960, devant le Tribunal permanent des forces armées de Marseille, les auteurs de l’attentat du 25 août 1958 contre le dépôt de pétrole de Mourepiane, près de l’étang de Berre. Cela lui valut des menaces de mort, au moment où l’un de ses confrères, Maître Amokrane Ould-Aoudia, était assassiné en plein Paris par un commando aux ordres des services secrets français. Après les Accords d’Evian, Il est resté vivre en Algérie sous le gouvernement de Ben Bella et a participé à la rédaction des décrets sur les biens vacants et à l’expérience de l’autogestion. Le 16 mai 1966, au lendemain de la destitution de Ben Bella par le coup d’Etat militaire du 19 juin 1965, il est mort à l’âge de 42 ans dans un accident d’automobile provoqué par un camion militaire. Sa fille, Viviane Candas, dans ce film émouvant et utile, a mené une enquête dans le temps et dans l’espace qui l’a conduite à découvrir qu’il fréquentait des opposants au pouvoir de Boumedienne et à entrevoir ce qui a pu conduire à sa perte cet homme dévoué à la cause de la justice et du droit. Un film qui nous confronte à ce moment oublié et peu traité au cinéma des années qui ont suivi l’indépendance de l’Algérie.

Algérie du possible
Documentaire, France, 2016
Durée : 88 mn
Réalisation : Viviane Candas
Production : Seconde Vague Productions
Distribution : Les Films de l’Atalante

 

Source: La LDH soutient le film « Algérie du possible », de Viviane Candas

La LDH soutient le film documentaire « Les Pépites », de Xavier de Lauzanne 13 octobre 2016

Affiche_LesPepites_72dpiSortie le 5 octobre 2016

La Ligue des droits de l’Homme soutient le film documentaire de Xavier de Lauzanne, Les Pépites.

Ce pourrait être la simple illustration d’une belle action humanitaire, l’histoire de l’association Pour un sourire d’enfant, mais dans Les pépites on trouve beaucoup plus que cela.

Xavier de Lauzanne, dont la LDH a soutenu le précédent documentaire sur Les Enfants valises, filme à nouveau des enfants, au Cambodge cette fois, et il nous raconte comment un couple de retraités, grands voyageurs depuis toujours, ont, depuis plus de vingt ans, changé le sort de près de dix mille enfants.

C’est en 1995 que Christian et Marie-France des Palières s’intéressant aux enfants des rues de Phnom-Penh ont été conduits par ceux-ci sur la décharge à ciel ouvert de la ville. Ils ont découvert là des centaines d’enfants de 6 à 15 ans qui fouillaient les immondices, pour la plupart à mains nues, souvent pieds nus, cherchant de quoi se nourrir ou des matériaux à revendre. Ce fut pour eux un choc tellement fort qu’ils ont commencé tout de suite à distribuer sur place un repas par jour à ces enfants (c’était ce qu’ils demandaient en premier, le souhait le suivant étant de pouvoir aller à l’école). Ils ont alors construit une paillote un peu éloignée de la décharge à cause des odeurs et des mouches, et commencé à leur donner des soins médicaux, de quoi se laver et recruté des enseignants sur place pour ouvrir quelques classes. Puis ils ont vendu tous leurs biens en France et commencé à construire les bâtiments en dur d’une école, créé l’association Pour un sourire d’enfant (PSE) qui leur permet de faire parrainer les enfants et de donner aux familles une quantité de riz tous les mois pour compenser la perte de « revenus » due au fait que l’enfant est scolarisé. Au fil des ans les structures ont évolué avec la construction d’un internat pour les orphelins, d’une école secondaire et la mise en place de plusieurs filières de formation professionnelle (restauration, informatique, mécanique, mais aussi métiers de la mode…). C’est ainsi que le réalisateur a pu travailler pour son film avec des techniciens cambodgiens formés dans le centre de formation aux métiers du cinéma de PSE. Il a collaboré avec les élèves et les enseignants, enthousiastes à l’idée de raconter leur propre histoire.

Si l’on peut être gêné parfois par l’insistance du réalisateur à faire dire par les enfants (sur les images d’archives) leur histoire familiale, les sévices subis, cela permet de comprendre que la dictature épouvantable des khmers rouges n’a pas laissé seulement ce pays exsangue, il a aussi entraîné une perte des repères moraux qui sont pour beaucoup dans la maltraitance de ces enfants.

Mais il faut vraiment voir le bonheur d’apprendre de ces enfants, le sourire de chacun d’eux lorsqu’il reçoit son « paquetage » (cahiers, livres, stylos, uniforme) signifiant qu’il est admis à l’école pour comprendre combien l’accès à l’éducation est un besoin vital.

Aujourd’hui les premiers bénéficiaires de l’œuvre du couple des Palières sont devenus adultes, entrés dans la vie active, certains sont devenus enseignants ou responsables de différents services au sein de l’école, ce qui est certainement le meilleur gage de pérennité de cette entreprise : qui mieux qu’eux pourrait en effet comprendre les besoins de ces enfants.

Si Christian des Palières affirme avoir été « […] capable de faire un choix radical quand vous sentez qu’il va vous rapporter beaucoup. Ce n’est pas du mérite, ce n’est pas une vocation, c’est de la recherche du plaisir, c’est de l’égoïsme », on souhaiterait que l’égoïsme et la recherche du plaisir se manifestent plus souvent de la même façon ! L’humanité, la solidarité, témoignées par le couple, pour qui les droits de l’enfant ne sont pas un vain mot, ainsi que l’efficacité de leur action ne peuvent que susciter notre admiration.

Les Pépites
Documentaire français, 2016

Durée : 1h28
Réalisation : Xavier de Lauzanne
Production : Aloest Productions
Distribution : Rezo Films

Visitez le site du film

Facebook/lespepiteslefilm

Twitter @Lespepitesfilm

© DR

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© Aloest Productions Bonne Pioche

Source: La LDH soutient le film documentaire « Les Pépites », de Xavier de Lauzanne