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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Jeunesse algérienne, la « mal-vie » 30 juin 2011

Quels que soient les indicateurs auxquels on se réfère (L’âge médian des algériens est de 27 ans ; la moitié de la population algérienne est constituée de jeunes entre 15 et 25 ans ; 70% de la population algérienne a moins de 30 ans), le constat est irréfutable : le poids de la jeunesse sur le présent et l’avenir de l’Algérie est énorme. En même temps, toutes les analyses de ce qu’il est convenu d’appeler le printemps arabe mettent en avant la jeunesse comme symptôme (social, économique, éducatif, culturel…) des difficultés auxquelles ces pays ont réagi et les jeunes comme principaux acteurs de cette réaction. Et dans ces pays, en effet, la jeunesse, parce qu’elle est particulièrement exposée à la précarité et parce qu’elle ressent davantage le manque de liberté, est en première ligne dans les affrontements avec les régimes en place. Par comparaison, la singularité de la situation algérienne en ce moment est que les jeunes ne jouent pas un rôle moteur dans la lutte pour le changement ; et pourtant sur le plan des difficultés qu’ils ont à affronter au quotidien et à celles que l’avenir leur réserve inéluctablement, ils sont parmi les plus défavorisés du Maghreb. Ils sont près de 20 millions à avoir grandi dans la terreur islamiste et dans la guerre civile (200.000 morts dans les années 90) et à affronter maintenant des problèmes de valeurs morales, de structures familiales, de qualité de la formation, d’attente d’un diplôme, de chômage, d’attente dans les rues et d’occupations qui meublent le temps quand les logements sont surchargés, de capital scolaire insuffisant, de mariage difficile, d’accès à certains biens impossibles etc. On peut segmenter à l’infini la catégorie et admettre qu’il existe une jeunesse dorée en Algérie (enfants des dirigeants politiques et économiques), que les étudiants ne sont pas à confondre avec les exclus de l’éducation et de la formation, que les problèmes ne sont pas les mêmes en ville (70% de la population est urbaine) et dans les campagnes etc., les jeunes algériens ne veulent qu’une chose : partir. Beaucoup s’expatrient, parfois au risque de leur vie. On estime à 5000 le nombre morts en tentant de traverser la mer à bord de barques de fortune ; c’est le phénomène des “harragas”, qui reflète lui aussi la détresse des jeunes aspirant à une vie meilleure.

Pris par le temps et l’immensité du problème abordé dans cet Eclairage, je préfère après cette présentation rapide vous proposer deux documents dans lesquels les jeunes algériens s’expriment.

Le premier est une série d’extraits d’entretiens réalisés par Isabelle Labeyrie, correspondante de France Info à Alger. Ils ont été diffusés en février 2011.

http://www.france-info.com/chroniques-le-plus-france-info-2011-02-21-la-mal-vie-de-la-jeunesse-algerienne-516958-81-184.html

Le deuxième est un reportage de « 66 minutes », une émission de M6, diffusé le 1er mai 2011. On y voit aussi une jeunesse qui se bat.

http://www.youtube.com/watch?v=5QO1qDFymDE&feature=player_embedded