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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives du tag : LGBTI

25 juin 2025 – Tribune collective « Virginie Despentes, Anna Mouglalis, Ian Brossat et un collectif : « Accepter la présence d’un groupe identitaire au sein de la Pride revient à acter une forme de renoncement » » publiée dans le Monde 26 juin, 2025

25 juin 2025 – Tribune collective « Virginie Despentes, Anna Mouglalis, Ian Brossat et un collectif : « Accepter la présence d’un groupe identitaire au sein de la Pride revient à acter une forme de renoncement » » publiée dans le Monde
25 juin 2025 – Tribune collective « Virginie Despentes, Anna Mouglalis, Ian Brossat et un collectif : « Accepter la présence d’un groupe identitaire au sein de la Pride revient à acter une forme de renoncement » » publiée dans le Monde
25 juin 2025 – Tribune collective « Virginie Despentes, Anna Mouglalis, Ian Brossat et un collectif : « Accepter la présence d’un groupe identitaire au sein de la Pride revient à acter une forme de renoncement » » publiée dans le Monde

Tribune collective signée par Nathalie Tehio, présidente de la LDH

Lire la tribune sur le Monde

A l’initiative du média « Problematik », un collectif d’organisations LGBTQI et de personnalités publiques, parmi lesquelles Virginie Despentes, Anna Mouglalis et Ian Brossat, se positionne, dans une tribune au « Monde », contre la participation du groupuscule d’extrême droite Eros à la Marche des fiertés de Paris, le 28 juin, et dénonce l’ingérence de l’Etat et du gouvernement dans les mobilisations sociales.

Partout dans le monde, les personnes LGBTQIA+ [pour lesbiennes, gays, bisexuels, transexuels, queers, intersexués, asexués + tous les autres] sont la cible d’attaques menées par des gouvernements et mouvements d’extrême droite.

Aux Etats-Unis, plus de 400 projets de loi visant à restreindre les droits des personnes trans ont été déposés en 2023, selon le Human Rights Campaign — un record. En Russie, en novembre 2023, la Cour suprême a classé le mouvement LGBT parmi les organisations « extrémistes », criminalisant tout engagement en sa faveur. En Hongrie, la police a interdit la pride de Budapest cette année, invoquant une récente loi anti-LGBT+ du gouvernement nationaliste de Viktor Orban. Une loi de 2021 y interdit de fait toute représentation de l’homosexualité ou de la transidentité dans les médias destinés aux mineurs ; et les études de genre y sont désormais proscrites. En Italie, le gouvernement Meloni tente d’entraver la reconnaissance parentale des couples de même sexe.

Dans ce climat d’hostilité, la tentative d’un groupe identitaire français d’investir la Marche des fiertés de Paris s’inscrit dans une stratégie plus vaste de banalisation de l’extrême droite et de ses codes, y compris au sein de mobilisations historiquement construites contre elle.

Le 12 juin 2025, Yohan Pawer, fondateur du groupuscule masculiniste et homonationaliste Eros, a annoncé publiquement la participation de son organisation à la Marche des fiertés de Paris. Cet ancien candidat du parti d’Eric Zemmour, Reconquête !, est aussi proche du Rassemblement national, et s’est fait connaître en 2023 en attaquant des événements organisés par des drag-queens. Depuis plusieurs mois, Eros multiplie les actions de rue contre des événements culturels LGBTQIA+ et se revendique d’une vision identitaire, viriliste et sécuritaire. Le maire de Nice, Christian Estrosi, a même déposé une plainte, en mai 2025, à la suite d’une de leurs actions, lors d’un événement municipal local.

Cette volonté d’intégrer la Pride parisienne intervient alors que le mot d’ordre choisi cette année par les organisateurs et organisatrices est sans ambiguïté : « Contre l’internationale réactionnaire ». Pour Yohan Pawer, ce mot d’ordre serait « trop politique ». Il a indiqué vouloir déposer une plainte contre l’inter-LGBT, tout en affirmant avoir sollicité le cabinet du ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, et obtenu un encadrement policier — une cinquantaine de CRS — pour imposer la présence de son groupuscule au sein de la marche.

Une évolution préoccupante

De tels dispositifs ont déjà été observés dans d’autres mobilisations. Le 25 novembre 2024, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la participation de groupes identitaires comme Némésis, qui n’étaient pas les bienvenus dans le cortège organisé à Paris, a été préparée et facilitée par la Préfecture, qui leur a offert la protection d’un cordon de police. Un dispositif similaire a été mis en place, le 8 mars, après que Bruno Retailleau a indirectement exprimé son soutien à Némésis.

Ces exemples témoignent d’une évolution préoccupante : l’idée, de plus en plus présente au sein des pouvoirs publics, que les manifestations publiques pour les droits humains devraient être des lieux ouverts à la participation de l’extrême droite, indépendamment de sa compatibilité avec les valeurs portées par les luttes elles-mêmes. Au nom du respect du pluralisme, on tend à effacer les frontières entre les mouvements d’émancipation et ceux qui en nient les fondements.

Or, les marches des fiertés sont tout sauf apolitiques. Elles s’inscrivent dans une histoire précise : celle des émeutes de Stonewall, en 1969, déclenchées par les violences policières contre des personnes homosexuelles et trans qui fréquentaient et fréquentent toujours ce bar à New York. Les marches des fiertés ont été, dès l’origine, des lieux de résistance face à plusieurs systèmes de domination : homophobie, transphobie, sexisme, racisme, classisme. C’est dans cette tradition que s’inscrit le mot d’ordre de la marche organisée cette année.

Imposer dans ces marches la présence de collectifs comme Eros, contre l’avis des autres associations, revient à mettre en danger les participantes et participants de la Pride, à court et moyen terme. La présence d’un groupe affilié à l’extrême droite affaiblit la capacité des mobilisations à porter un message clair, cohérent, compréhensible par l’opinion publique. Cela crée une dangereuse confusion, car l’extrême droite peut se présenter comme une force parmi d’autres, voire comme une alternative légitime au sein même des luttes sociales.

Ingérence

La responsabilité des pouvoirs publics est ici déterminante. En s’impliquant dans l’organisation d’une mobilisation — comme l’illustre l’intervention planifiée des forces de police lors des défilés de novembre 2024 et mars 2025 et, selon Yohan Pawer, lors de la Marche des fiertés du samedi 28 juin —, l’Etat entend peser sur la composition des cortèges, et délibérément favoriser la présence de groupes identitaires.

Cette ingérence doit être nommée pour ce qu’elle est, tout comme la décision de la région Ile-de-France de retirer 50 000 euros de subventions à la Marche des fiertés parisienne à cause de l’affiche choisie. Quoiqu’on pense de l’illustration, il n’est pas normal de sanctionner aussi durement une organisation LGBT historique. Cette décision compromet l’organisation d’un événement essentiel, et elle agit comme un avertissement pour toutes les organisations minoritaires.

On ne peut demander aux mouvements sociaux de rester muets face à celles et ceux qui œuvrent méthodiquement à leur disqualification ni d’ouvrir leurs rangs à ceux-ci. Imposer l’extrême droite dans les cortèges LGBTQIA+ ou féministes est bien plus qu’un simple affront : c’est offrir à des forces réactionnaires les moyens de s’approprier des espaces construits par et pour celles et ceux qu’elles ont toujours marginalisés — afin de les annihiler de l’intérieur.

Accepter la présence d’un groupe identitaire au sein de la Pride revient à acter une forme de renoncement, non seulement à l’égard des luttes passées, mais aussi de celles à venir. Car l’extrême droite ne cherche pas à dialoguer : elle avance pour conquérir. Et si l’on ne marque pas de ligne claire, elle finira par être la seule à pouvoir occuper le terrain.

Premiers signataires : Ian Brossat, sénateur (PCF) de Paris (75), coprésident du groupe communiste au Conseil de Paris ; Virginie Despentes, écrivaine et réalisatrice ; Grégory Doucet, maire (Les Ecologistes) de Lyon (69) ; Bilal Hassani, chanteur ; Mélissa Laveaux, chanteuse ; Anna Mouglalis, actrice ; Danièle Obono, députée (LFI) de la 17e circonscription de Paris (75) ; Paloma, drag queen ; Jean-Luc Romero-Michel, adjoint (PS) à la maire de Paris ; Mélanie Vogel, sénatrice (Les Ecologistes) des Français de l’étranger, Nathalie Tehio, présidente de la LDH (Ligue des droits de l’Homme)…

VOIR LA Liste COMPLETE es signataires

Cette tribune est à l’initiative de et a été rédigée par « Problematik », évolution collective du média « Mécréantes ».

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Source: 25 juin 2025 – Tribune collective « Virginie Despentes, Anna Mouglalis, Ian Brossat et un collectif : « Accepter la présence d’un groupe identitaire au sein de la Pride revient à acter une forme de renoncement » » publiée dans le Monde

Pour la journée de solidarité intersexe le 8 novembre 2024, la LDH réitère son soutien plein et entier aux personnes concernées et à leurs proches 8 novembre, 2024

Communiqué LDH

En 2021, à l’occasion du processus de révision du cadre législatif en matière de bioéthique, le Parlement s’est penché sur la prise en charge des enfants intersexes par le corps médical.

Désormais, la loi de bioéthique envisage, parmi les propositions thérapeutiques adressées aux enfants intersexes et à leur famille, l’abstention thérapeutique[1], augurant un changement d’approche. Cette loi a pu générer ou renforcer des pratiques médicales, sociales ou encore parentales davantage respectueuses des droits des enfants et adolescent-e-s intersexes. Toutefois, trois ans plus tard, les personnes concernées et les collectifs qui les représentent font état de plusieurs préoccupations que la LDH (Ligue des droits de l’Homme) partage.

S’agissant du cadre légal d’abord, la loi de 2021 présente certaines lacunes dans son approche, par exemple en n’interdisant pas explicitement les mutilations génitales des enfants intersexes. En outre, sa mise en œuvre dépend d’un arrêté qui ne prévoit pas lui-même de garanties suffisantes.

S’agissant de la réalité des pratiques médicales, dans certains cas, les informations délivrées aux enfants et à leur famille sur les différentes alternatives thérapeutiques et leurs conséquences continueraient d’être parcellaires ou orientées, les privant de leur droit de « procéder à un choix éclairé », en contradiction avec la lettre de la loi de 2021 et, plus généralement, avec le principe de consentement libre et éclairé préalable à tout soin.

Par ailleurs, des centres de référence ne collaboreraient pas suffisamment avec les autorités et les scientifiques, par exemple, en ne remontant pas les chiffres et les conditions relatives à la prise en charge des personnes, empêchant ainsi l’évaluation de leurs pratiques.

Dans le prolongement de sa résolution de 2019, la LDH réitère son soutien plein et entier à la lutte contre les violences et les discriminations dont sont victimes les personnes intersexes, majeures comme mineures, et déplore que les enjeux auxquels elles sont confrontées demeurent un point aveugle des politiques publiques[2].

Elle rappelle également la nécessité pour les autorités de s’aligner avec les normes internationales et européennes[3] de protection et de garantie des droits des personnes intersexes, par exemple en interdisant explicitement toutes les interventions chirurgicales ou traitements des enfants qui ne seraient pas absolument nécessaires pour des raisons de santé, ainsi que l’a rappelé, entre autres, en juin 2023, le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies[4].

En outre, pour que la loi déploie ses effets dans le respect des droits des personnes intersexes, les protocoles de prise en charge et d’accompagnement devraient être élaborés en collaboration étroite avec les personnes concernées et les collectifs les représentant.

L’ensemble des professionnel-le-s impliqué-e-s dans la prise en charge des enfants et de leur famille doivent recevoir une formation tant initiale que continue fondée sur des données factuelles, afin, entre autres, de leur délivrer des informations exactes[5], fiables, actualisées et de qualité.

Enfin, la LDH rappelle que sans l’octroi des moyens financiers, matériels et humains, suffisants aux services de santé et aux associations de personnes concernées, une prise en charge respectueuse des droits des personnes intersexes ne pourra se concrétiser.

[1] Art. 30 de la loi de bioéthique, 2021.
[2] Commission nationale consultative des droits de l’Homme, Évaluation du Plan national d’actions pour l’égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ (2020-2023), A-2023-4, 30 novembre 2023, spéc. p. 26.
[3] En ce sens, voir notamment : Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Promouvoir les droits humains et éliminer les discriminations à l’égard des personnes intersexes, Résolution 2191 (2017), 12 octobre 2017 ; Parlement européen de l’Union européenne, Résolution sur les droits des personnes intersexuées, 2018/2878(RSP), 14 février 2019.
[4] Comité des droits de l’enfant, Concluding observations on the combined sixth and seventh reports of France, CRC/C/FRA/CO/6-7, 2 juin 2023, § 30 b).
[5] Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, Résolution 55/14. Lutte contre la discrimination, la violence et les pratiques préjudiciables à l’égard des personnes intersexes, avril 2024 (https://documents.un.org/doc/undoc/gen/g24/060/58/pdf/g2406058.pdf), § 3.

Paris, le 8 novembre 2024

Télécharger le communiqué « Pour la journée de solidarité Intersexe le 8 novembre 2024, la LDH réitère son soutien plein et entier aux personnes concernées et à leurs proches » en format PDF

Source: Pour la journée de solidarité intersexe le 8 novembre 2024, la LDH réitère son soutien plein et entier aux personnes concernées et à leurs proches

Reconnaissance des prénoms des personnes trans : faire reculer la transphobie 8 février, 2022

Communiqué LDH

Alors que la loi du 18 novembre 2016 a déjudiciarisé les procédures de changement de prénom afin de rendre plus accessible le droit des personnes trans de faire reconnaître les prénoms qu’elles ont choisis en fonction de leur identité de genre, trop de pratiques administratives font encore obstacle à l’effectivité de ce droit et au respect de leur dignité.

Ainsi dans plusieurs villes, les services d’état civil exigent encore et de façon arbitraire des preuves médicales afin d’enregistrer le changement de prénom d’une personne trans. Or, rien dans la loi ne permet de conditionner un tel enregistrement à des éléments médicaux. Ces demandes sont non seulement contraires à la loi, mais elles sont aussi l’expression d’une vision erronée de la transidentité qui ne relève pas du domaine médical ou psychiatrique mais du social.

Changer de prénom à l’état civil est une démarche ouverte à toute personne, et n’est pas réservée aux personnes trans. Il n’y a donc aucune raison d’exiger des documents de ce type pour elles.

Les services administratifs doivent veiller au respect de l’identité de genre des personnes telles qu’elles se présentent, sans jugement personnel ni questions intrusives et encore moins de demandes de preuves supplémentaires. Ce respect inclut de genrer correctement les personnes, c’est-à-dire d’utiliser la civilité, les pronoms et les prénoms choisis par les personnes intéressées, en toute égalité.

 Or, il s’avère que des municipalités, au lieu de procéder au changement de prénom, saisissent parfois le procureur de la République en remettant à l’administration judiciaire la responsabilité de prendre une décision dans une procédure pourtant clairement guidée par la loi de 2016. Ces pratiques que l’on retrouve sur tout le territoire sont le signe d’une trop grande méconnaissance de la loi par les administrations et les élus. Il en résulte que le parcours de reconnaissance sociale des personnes trans est rendu plus long et difficile au lieu d’être simple et rapide.

Les parquets, de leur côté, font parfois preuve de refus en opposant l’absence d’intérêt légitime à ces changements de prénom. Les personnes trans doivent alors prouver qu’elles sont identifiées dans la société par un prénom que l’administration refuse de reconnaître… Les personnes les plus isolées se voient ainsi dans une impasse qui renforce leur isolement et peut les mettre en danger. Ces difficultés doivent être levées.

Même lorsqu’il n’est pas demandé un changement du prénom sur l’acte d’état civil, les institutions sont trop souvent réticentes à admettre l’emploi des prénoms d’usage des personnes trans. De manière générale, l’usage, contre leur volonté, du prénom de naissance abandonné (“dead name”) par les personnes trans porte atteinte à leur dignité. 

Ainsi, à Thonon-les-Bains, le maire a récemment refusé l’apposition du prénom d’usage d’une femme trans sur sa plaque funéraire malgré les sollicitations répétées de ses parents. Pour s’y opposer, le maire affirme que cela porterait atteinte à l’ordre public. Rien pourtant ne permet de justifier une telle interprétation de cette notion, ce que la préfecture de Haute-Savoie a notifié à la mairie. La loi reconnaît les changements de prénoms et de sexe. L’ordre public invoqué ici par le maire cache mal en réalité la transphobie de ce refus.

C’est enfin à l’école que ces difficultés sont le plus souvent rencontrées. La parole des enfants et des adolescent.es trans est trop souvent ignorée, même lorsque les parents soutiennent leurs démarches.

Faciliter la reconnaissance des changements de prénom tant dans l’inscription à l’état civil que dans les usages est constitutif du respect de leur dignité, et de leur droit de mener librement leur vie privée sans subir de discriminations.

Paris, le 7 février 2022

Télécharger le communiqué LDH “Reconnaissance des prénoms des personnes trans : faire reculer la transphobie” en pdf.

 

Source: Reconnaissance des prénoms des personnes trans : faire reculer la transphobie