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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence

Archives du tag : Laïcité

7 décembre 2025 – Tribune collective « Le régime de laïcité protégeait hier la liberté individuelle, il défend aujourd’hui une prétendue “identité nationale” » publiée dans le Monde 11 décembre, 2025

7 décembre 2025 – Tribune collective « Le régime de laïcité protégeait hier la liberté individuelle, il défend aujourd’hui une prétendue “identité nationale” » publiée dans le Monde
7 décembre 2025 – Tribune collective « Le régime de laïcité protégeait hier la liberté individuelle, il défend aujourd’hui une prétendue “identité nationale” » publiée dans le Monde
7 décembre 2025 – Tribune collective « Le régime de laïcité protégeait hier la liberté individuelle, il défend aujourd’hui une prétendue “identité nationale” » publiée dans le Monde

Tribune collective dont Nathalie Tehio, présidente de la LDH, est signataire 

Lire la tribune dans le Monde

Alors que la France commémore, le 9 décembre, les 120 ans de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, un collectif d’associations s’alarme, dans une tribune au « Monde », de la transformation du régime de laïcité en un régime de surveillance des citoyens.

La célébration du 120e anniversaire de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905 est l’occasion de rappeler combien la laïcité est essentielle à l’agencement de la vie démocratique. C’est l’intention de la Constitution qui en a fait, en la plaçant au service de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, l’un des principes fondateurs de la République.

Reliant la France à la communauté des nations démocratiques, la laïcité trouve son origine dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. En fixant « le principe de toute souveraineté dans la nation » (article 3), la déclaration affirme l’autonomie du pouvoir politique à l’égard des lois divines ; en affirmant que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi » (article 10), elle permet à chacun de pouvoir choisir en toute indépendance ses propres croyances ou convictions. Se manifeste là une rupture décisive avec l’ordre d’Ancien Régime, fondé sur la primauté et l’unité de foi. Il est revenu à la législation de la IIIe République de confirmer le dispositif établi en 1789. La loi du 9 décembre 1905, dont le Conseil d’Etat a rappelé [dans son étude annuelle 2004] qu’elle était la « clé de voûte » de la laïcité française, couronne la construction laïque en instituant la séparation des Eglises et de l’Etat.

Le texte, s’il contient des dispositions techniques concernant l’organisation interne des cultes, comporte surtout deux éléments fondamentaux. Il consacre d’abord la liberté de conscience, considérée dans sa double dimension individuelle et collective. Celle-ci apparaît dès l’article premier. La liberté appelle ainsi l’égalité : la loi protège identiquement les croyants et les non-croyants, sans qu’on puisse discriminer quiconque en raison de ses opinions religieuses ou convictionnelles. Ensuite, en affirmant, dans son article 2, que « la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte », la loi affirme la neutralité de l’Etat. Ce dernier doit se tenir à égale distance de toutes les conceptions englobantes du bien, afin de préserver le droit à l’égale liberté de conscience des citoyens.

Or, au cours des trois dernières décennies, le régime de laïcité a subi un dévoiement de ses principes originels : il était hier un dispositif de protection de la liberté individuelle ; il est devenu un appareil de défense de la prétendue « identité nationale ». A la laïcité de l’autonomie s’est substituée celle de la surveillance. Le refus d’accepter l’ouverture de la société actuelle à la pluralité de ses composantes culturelles a conduit à une instrumentalisation de la laïcité – contrant ainsi l’éthique universaliste de la République, et révélant une conception identitaire, et parfois ethnique, de la nation. Ce nouveau modèle a pris une nouvelle forme juridique, à travers une succession de lois et de règlements qui ont trouvé leur consécration limitative dans la loi du 24 août 2021 visant à « conforter le respect des principes de la République ».

Cette législation inédite a introduit, en rupture avec les principes de 1905, une double mutation. Jusque-là, l’impératif de neutralité ne valait que pour les espaces et les agents de l’Etat ; l’espace social étant, en revanche et sous réserve des exigences de l’ordre public, une zone d’expression ouverte à l’expression de la pluralité des convictions. Or, en témoignent certaines propositions de loi récentes, on réclame désormais l’extension de la règle de la discrétion en matière religieuse aux citoyens ordinaires.

Chiffon rouge du « séparatisme »

Ensuite, la « nouvelle laïcité » a réduit la sphère de la liberté. En agitant le chiffon rouge du « séparatisme », en faisant valoir auprès de certains de nos compatriotes leur « devoir d’émancipation », en se faisant en cela le gardien des bons comportements, l’Etat est entré dans des domaines qu’il laissait jusque-là entièrement libres. Il intervient ainsi en réglementant le port du vêtement. Il soumet les collectivités locales à des contrôles inédits sur les questions religieuses et convictionnelles. Il réduit le champ d’autonomie à la fois des associations culturelles et des associations ordinaires. Malgré le principe de séparation, la loi du 24 août 2021 va ainsi jusqu’à offrir la possibilité aux préfets de refuser à certaines la qualité d’associations cultuelles, les obligeant par ailleurs à de lourdes démarches administratives, renouvelables tous les cinq ans, qui menacent leur pérennité.

Faut-il se résigner à cette dérive autoritaire ? Nous appelons, au contraire, à la résistance. Cette nouvelle interprétation accentue la défiance au sein de la société et empêche un vivre-ensemble harmonieux. Sans nier l’importance d’intégrer les citoyens dans un espace public organisé autour du respect de la liberté d’autrui et de la recherche de l’intérêt commun, il nous faut rétablir la laïcité sur ses bases historiques, en retrouvant la vision originelle qui en faisait un système de promotion de la liberté et non de surveillance de l’opinion.

Dans cette perspective, il s’agit de répondre à trois objectifs. D’abord, refaire droit à la liberté de conscience. Chacun doit pouvoir exprimer jusque dans l’espace social ses propres convictions et croyances sans qu’on lui impose, au nom d’un ordre moral que l’Etat se chargerait de définir, une quelconque invisibilité sociale, ni une artificielle homogénéité idéologique.

Mais il nous faut aussi reconstruire l’indépendance de la sphère politique. La loi de 1905 a placé l’Etat en dehors de tout contrôle des Eglises. Nous souhaitons renouer avec cette visée, qui est la condition d’une action publique autonome laissée, loin de toute soumission aux diverses cléricatures, aux seules déterminations de la délibération civique.

Il est nécessaire, enfin, de renouer avec l’idée de droit social. Au moment de la délibération de 1905, plusieurs défenseurs de la loi n’avaient-ils pas affirmé, tel Jean Jaurès, que « la République ne resterait laïque qu’à la condition d’être sociale » ? Nous l’affirmons à leur suite : il ne peut y avoir de réelle liberté indépendamment de l’amélioration des conditions matérielles dans lesquelles se déploient les existences individuelles.

Retrouvons le sens de la laïcité, battons-nous pour une laïcité de liberté qui se nourrit de fraternité et de bien commun, assurons-lui un avenir.

Signataires : Jean-Louis Bianco, président honoraire de la Vigie de la laïcité ; Christian Eyschen, secrétaire général de la Fédération nationale de la libre pensée ; Anne-Marie Harster, présidente de Solidarité laïque ; Emmanuelle Huisman-Perrin, responsable du groupe laïcité à l’Union rationaliste ; Hélène Lacassagne, présidente de la Ligue de l’enseignement ; Nathalie Tehio, présidente de la LDH (Ligue des droits de l’Homme).

Paris, le 7 décembre 2025

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Installation illégale de crèches de la nativité dans des mairies 5 décembre, 2025

Episode 51  “Des voix et des droits”, le podcast de la LDH, avec Sophie Mazas, avocate, membre du Comité national et présidente de la fédération de l’Hérault de la LDH

« Des voix et des droits » donne la parole à Sophie Mazas, avocate, membre du Comité national et présidente de la fédération de l’Hérault de la LDH, au sujet de l’installation illégale de crèches de la nativité dans des mairies. Elle revient sur le principe même de la laïcité qui impose à l’Etat, aux collectivités et leurs agents la neutralité vis-à-vis de toutes les religions et interdit les signes ou emblèmes religieux au sein des bâtiments abritant le siège d’une collectivité publique, conformément à la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat. Sophie Mazas alerte également sur une dégradation de l’Etat de droit avec des préfets qui n’appliquent plus des décisions de justice.

Temps d’écoute : 18 min 12 s

Pour en savoir plus :

Communiqué LDH « Installation des crèches de noël dans les mairies, une instrumentalisation partisane et illégale » 01/12/2025

Communiqué LDH « Ne laissons pas défigurer la laïcité ! » 04/12/2025

Episode 29 « Des Voix et des droits », le podcast de la LDH, avec Nathalie Tehio, présidente de la LDH : Pourquoi les crèches de noël, comme tout signe ou emblème religieux, n’ont pas leur place dans les bâtiments publics ?   (18/12/2024)

Source: Installation illégale de crèches de la nativité dans des mairies

Ne laissons pas défigurer la laïcité ! 5 décembre, 2025

Communiqué LDH

Le 9 décembre 2025, nous célébrons la loi de 1905, loi de séparation des Eglises et de l’Etat.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme), fondamentalement attachée de par son histoire et dans ses combats à cette loi de liberté, la défend comme garantie des droits de toutes et tous dans une République assurant l’égalité devant la loi « de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».

Ce 120e anniversaire est l’occasion de rappeler ce qu’est la loi de 1905. Mettant fin au Concordat et aux cultes reconnus, elle proclame la liberté de conscience et la liberté de culte et pose le principe de séparation entre Etat et religions, dont découlent les exigences de neutralité religieuse de l’Etat et de non-financement public des cultes. La neutralité de l’Etat protège la liberté religieuse des citoyennes et des citoyens : la police des cultes doit garantir l’effectivité du libre exercice des cultes et l’absence d’ingérence de l’Etat dans les expressions religieuses, dans l’intérêt même de l’ordre public (qui interdit par exemple, aux termes de l’article 28 de la loi, d’apposer des signes religieux sur les bâtiments publics, ce qui est étendu à l’intérieur des mairies, notamment).

Mais cet anniversaire intervient alors que les principes fondateurs de la laïcité ont été altérés par une inflation législative et un dévoiement politicien.

Affublé d’adjectifs multiples et contradictoires, le mot même de laïcité se trouve vidé de son sens. On confond principe de laïcité et régime de neutralité, alors que la neutralité de l’Etat face aux religions n’est que le moyen d’assurer l’égalité de toutes et tous face à un Etat impartial. Pire encore, le débat public finit par glisser de la neutralité de l’Etat à la neutralisation de la société. Et c’est ainsi que, d’affaire médiatico-politique en polémique sur des tenues vestimentaires musulmanes, une loi de liberté finit par être vécue comme un deux poids, deux mesures et une menace pour nombre de nos concitoyennes et concitoyens.

Depuis un peu plus d’une vingtaine d’années, la laïcité a été abîmée par toujours plus d’invisibilisation de l’expression de la foi et toujours moins de séparation entre le public et le culte.

Concrètement, l’hypertrophie de la neutralisation a commencé par l’école avec la loi du 15 mars 2004, puisque l’obligation de neutralité des agents publics a été étendue aux élèves, qui sont des personnes privées et des usagers du service public. Puis, la neutralisation a touché le travail, les entreprises privées (affaires Baby Loup [2013-2014] et suivantes), et même l’espace public dans son ensemble (loi du 11 octobre 2010).

Et en même temps le régime de séparation s’est altéré : d’un côté l’Etat a assoupli le principe de non-financement public des cultes, de l’autre il en a accru la surveillance.

Dévoyant les principes juridiques de 1905 pour promouvoir une morale imposée, les gouvernants ont mis la laïcité au service d’un contrôle administratif, voire politique, via le contrat d’engagement républicain (CER), de la vie démocratique et des associations, comme si elle était le credo d’une orthodoxie voire d’une orthopraxie. A quoi s’ajouterait aujourd’hui, avec la proposition de loi sur la laïcité dans le sport, la prétention à interdire l’expression de la liberté religieuse des sportives et sportifs, prétention créant un véritable ordre public moral du sport. De surcroît, visant en réalité quasi exclusivement les femmes musulmanes portant le voile, elle créerait une discrimination de genre.

Face à ces déformations, la LDH reste fidèle à la défense du modèle laïque fondé en 1905.

Car préserver ce modèle, c’est défendre une société qui garantisse un accès égal et effectif aux droits et libertés pour toutes et tous. Alors que notre démocratie est menacée par la montée d’idéologies excluantes, qui restreignent les droits sur des critères relevant de fantasmes identitaires et régressifs, il nous faut plus que jamais défendre l’Etat de droit, les libertés d’expression et d’association, les libertés académiques, les droits économiques et sociaux. Notre laïcité est le contraire du carcan dont certains rêvent : elle émancipe, elle respecte, elle garantit les droits sous la seule réserve des droits des autres.

Cette laïcité-là, non défigurée, reste une idée d’avenir. Portons-la ensemble.

Le 9 décembre 2025, nous célébrons la loi de 1905, loi de séparation des Eglises et de l’Etat.

La LDH (Ligue des droits de l’Homme), fondamentalement attachée de par son histoire et dans ses combats à cette loi de liberté, la défend comme garantie des droits de toutes et tous dans une République assurant l’égalité devant la loi « de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».

Ce 120e anniversaire est l’occasion de rappeler ce qu’est la loi de 1905. Mettant fin au Concordat et aux cultes reconnus, elle proclame la liberté de conscience et la liberté de culte et pose le principe de séparation entre Etat et religions, dont découlent les exigences de neutralité religieuse de l’Etat et de non-financement public des cultes. La neutralité de l’Etat protège la liberté religieuse des citoyennes et des citoyens : la police des cultes doit garantir l’effectivité du libre exercice des cultes et l’absence d’ingérence de l’Etat dans les expressions religieuses, dans l’intérêt même de l’ordre public (qui interdit par exemple, aux termes de l’article 28 de la loi, d’apposer des signes religieux sur les bâtiments publics, ce qui est étendu à l’intérieur des mairies, notamment).

Mais cet anniversaire intervient alors que les principes fondateurs de la laïcité ont été altérés par une inflation législative et un dévoiement politicien.

Affublé d’adjectifs multiples et contradictoires, le mot même de laïcité se trouve vidé de son sens. On confond principe de laïcité et régime de neutralité, alors que la neutralité de l’Etat face aux religions n’est que le moyen d’assurer l’égalité de toutes et tous face à un Etat impartial. Pire encore, le débat public finit par glisser de la neutralité de l’Etat à la neutralisation de la société. Et c’est ainsi que, d’affaire médiatico-politique en polémique sur des tenues vestimentaires musulmanes, une loi de liberté finit par être vécue comme un deux poids, deux mesures et une menace pour nombre de nos concitoyennes et concitoyens.

Depuis un peu plus d’une vingtaine d’années, la laïcité a été abîmée par toujours plus d’invisibilisation de l’expression de la foi et toujours moins de séparation entre le public et le culte.

Concrètement, l’hypertrophie de la neutralisation a commencé par l’école avec la loi du 15 mars 2004, puisque l’obligation de neutralité des agents publics a été étendue aux élèves, qui sont des personnes privées et des usagers du service public. Puis, la neutralisation a touché le travail, les entreprises privées (affaires Baby Loup [2013-2014] et suivantes), et même l’espace public dans son ensemble (loi du 11 octobre 2010).

Et en même temps le régime de séparation s’est altéré : d’un côté l’Etat a assoupli le principe de non-financement public des cultes, de l’autre il en a accru la surveillance.

Dévoyant les principes juridiques de 1905 pour promouvoir une morale imposée, les gouvernants ont mis la laïcité au service d’un contrôle administratif, voire politique, via le contrat d’engagement républicain (CER), de la vie démocratique et des associations, comme si elle était le credo d’une orthodoxie voire d’une orthopraxie. A quoi s’ajouterait aujourd’hui, avec la proposition de loi sur la laïcité dans le sport, la prétention à interdire l’expression de la liberté religieuse des sportives et sportifs, prétention créant un véritable ordre public moral du sport. De surcroît, visant en réalité quasi exclusivement les femmes musulmanes portant le voile, elle créerait une discrimination de genre.

Face à ces déformations, la LDH reste fidèle à la défense du modèle laïque fondé en 1905.

Car préserver ce modèle, c’est défendre une société qui garantisse un accès égal et effectif aux droits et libertés pour toutes et tous. Alors que notre démocratie est menacée par la montée d’idéologies excluantes, qui restreignent les droits sur des critères relevant de fantasmes identitaires et régressifs, il nous faut plus que jamais défendre l’Etat de droit, les libertés d’expression et d’association, les libertés académiques, les droits économiques et sociaux. Notre laïcité est le contraire du carcan dont certains rêvent : elle émancipe, elle respecte, elle garantit les droits sous la seule réserve des droits des autres.

Cette laïcité-là, non défigurée, reste une idée d’avenir. Portons-la ensemble.

Paris, le 4 décembre 2025

Télécharger le communiqué LDH « Ne laissons pas défigurer la laïcité ! » en pdf.

Source: Ne laissons pas défigurer la laïcité !

A l’approche des fêtes de Noël, la LDH saisit le ministre de l’Intérieur pour le rappeler au principe de laïcité 5 décembre, 2025

Installation des crèches de Noël au sein des mairies de Béziers, Beaucaire et Perpignan : la LDH poursuit son action.

A l’approche des fêtes de Noël, ces maires décident en effet de réitérer, chaque année, la violation du principe de laïcité en installant une crèche de la Nativité au sein de leurs Hôtels de ville.

Ces décisions sont systématiquement censurées sur le fond par la juridiction administrative, en première instance ou en appel, sur le fondement de l’article 1er de notre Constitution, des articles 1er, 2 et 28 de la loi du 9 décembre 1905 et de la jurisprudence du Conseil d’Etat (CE, 9 novembre 2016, fédération de la libre pensée de Vendée N° 395223 CE, 9 novembre 2016, fédération départementale des libres penseurs de Seine-et-Marne N° 395122).

La haute juridiction administrative a en effet décidé que « Dans l’enceinte des bâtiments publics, sièges d’une collectivité publique ou d’un service public, le fait pour une personne publique de procéder à l’installation d’une crèche de Noël ne peut, en l’absence de circonstances particulières permettant de lui reconnaître un caractère culturel, artistique ou festif, être regardé comme conforme aux exigences attachées au principe de neutralité des personnes publiques ».

Toutefois, les requêtes en référé-suspension, qui permettent au juge de se prononcer avant la désinstallation de la crèche, sont rejetées ces dernières années par le juge des référés du tribunal administratif de Montpellier pour défaut d‘urgence. Ainsi les maires de Béziers et de Perpignan récidivent chaque année, en toute impunité, dans l’atteinte à l’un des fondements constitutionnels de notre République.

Pourtant, l’Etat, à travers l’exercice du contrôle de légalité dont est pourvue l’autorité préfectorale, possède des moyens de le faire respecter. Elle dispose à cette fin d’un outil parfaitement adapté, par le biais d’un déféré préfectoral qu’est le déféré-suspension laïcité et pour lequel la condition d’urgence n’est pas à démontrer, prévu à l’article L.2131-6 du code général des collectivités territoriales, issu de la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République.

Depuis 2022, la LDH demande chaque année aux préfets des départements de l’Hérault, du Gard et des Pyrénées Orientales de mettre en œuvre cette prérogative, en vain. Seul celui du Gard, saisi le 8 décembre 2023 contre la décision du maire de Beaucaire, l’avait déférée au tribunal administratif de Nîmes le 18 janvier 2023, soit bien trop tardivement pour rendre effective la censure juridictionnelle.

Aussi, et face aux annonces déjà formulées par les maires de Béziers et de Beaucaire de procéder à nouveau à l’installation d’une crèche au sein de leurs Hôtels de ville, la LDH a saisi, le 14 novembre 2025, le ministre de l’Intérieur afin que les préfets de ces trois départements introduisent dès cette année, et en temps utile, le déféré-suspension laïcité dont ils disposent, permettant à la juridiction administrative de mettre un terme à la violation réitérée du principe de laïcité dans ces communes.

Source: A l’approche des fêtes de Noël, la LDH saisit le ministre de l’Intérieur pour le rappeler au principe de laïcité

Installation des crèches de Noël dans les mairies, une instrumentalisation partisane et illégale 5 décembre, 2025

Communiqué LDH

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) ne veut pas interdire les crèches ; elle refuse simplement de laisser faire celles et ceux qui instrumentalisent la religion catholique à des fins partisanes en installant en toute illégalité les crèches de la nativité au sein d’un bâtiment qui abrite le siège d’une collectivité publique ou d’un service public.

Une pratique illégale

Le principe de séparation de l’Etat et des cultes, énoncé dans la loi de 1905, impose à l’Etat et aux collectivités publiques la neutralité vis-à-vis de toutes les religions et interdit les signes ou emblèmes religieux dans les bâtiments publics abritant le siège d’une collectivité publique ou d’un service public. L’installation des crèches de la nativité dans les mairies est donc contraire à la loi.

Face à l’inaction des préfets qui se refusent d’exercer leur contrôle de légalité pour faire respecter le principe de laïcité, la LDH doit chaque année saisir la juridiction administrative pour faire interdire ces installations.

Des maires d’extrême droite récidivistes

En effet, chaque fin d’année certains maires d’extrême droite – comme à Beaucaire, Béziers et Perpignan – installent des crèches de Noël dans leur mairie. Ils ont pourtant connaissance de cette interdiction et du coût qui en découle pour leurs contribuables, la plupart d’entre eux ayant déjà été condamnés par les tribunaux administratifs. Ils récidivent à chaque période de Noël, avec des méthodes ubuesques pour tenter de contourner la loi, telle la crèche sur roulettes de Béziers.

Une instrumentalisation de la laïcité

Si ces maires mettent en avant les « origines chrétiennes de la France », les principes de la loi de 1905 s’appliquent à toutes les religions, et il n’existe aucune tradition d’installation de crèches au sein des mairies, maisons de toutes les citoyennes et tous les citoyens. Il ne s’agit que d’une pratique provocatrice destinée à afficher la préférence d’un culte au détriment des autres.

La laïcité doit être appliquée par tous les élu-e-s de la République, en respectant toutes les religions de la même façon. Ce principe républicain fondamental permet à toutes et tous de vivre ensemble sans discrimination.

Paris, le 1er décembre 2025

Télécharger le communiqué « Installation des crèches de Noël dans les mairies, une instrumentalisation partisane et illégale » en format PDF

Source: Installation des crèches de Noël dans les mairies, une instrumentalisation partisane et illégale

31e Université d’automne de la LDH : Laïcité 1905-2025 – Défendre une loi de liberté 28 septembre, 2025

Samedi 29 et dimanche 30 novembre 2025, au Centre des colloques du Campus Condorcet

place du Front Populaire 93300 Aubervilliers (métro Front Populaire – ligne 12 – sortie 2)

La LDH consacre sa 31e Université d’automne à la laïcité. L’occasion du 120e anniversaire de la loi de 1905 permet à notre association de rappeler son attachement à cette loi de liberté en interrogeant le contexte de ses transformations, parfois de ses trahisons.

Vingt-cinq ans se sont passés depuis l’Université d’automne de novembre 2000, consacrée à la laïcité ; le contexte d’aujourd’hui a changé et se sont multipliées les affaires médiatico-politiques en rapport avec de nouvelles lois.

L’Université d’automne de novembre 2000 était intitulée « La laïcité à l’épreuve de la diversité ». Une attention particulière y était portée à « la pluralité culturelle et confessionnelle » d’une « France pluriculturelle », à la question de l’émancipation. Nous y défendions un « pluralisme culturel et religieux ». Cette Université d’automne très ouverte et polémique à la marge s’inscrivait dans une inquiétude qu’avait exprimée notre résolution du congrès de Clermont-Ferrand de 1997 (« Islam et laïcité ») et que devait reprendre le congrès de Limoges de 2001. La résolution de 1997 alertait sur le fait que « l’islam, en tant qu’élément de visibilité sociale, [était] utilisé comme une raison supplémentaire, presque comme un alibi, pour rejeter ces populations dont, en fait, c’est la présence en France qui est mise en cause ».

Nous disions, et disons toujours, qu’il faut défendre la laïcité et la loi de 1905 parce que la loi de 1905 est à la fois un moment et un produit — élaboré par la représentation parlementaire — d’une dynamique collective démancipation, déjà à l’œuvre dans les combats de l’Affaire Dreyfus… et dans la naissance de la LDH. Ce qui allait advenir de la laïcité (le retour d’un néo-républicanisme, de la « nouvelle laïcité » du rapport Baroin) passerait par la mise en crise du collectif, de l’émancipation et de la représentation (notamment parlementaire)… ce qui se joue au moins à partir de 2002. Le dévoiement et la trahison de la loi de 1905 ne sont donc pas surprenants, ainsi a été ouvert le champ au backlash d’ordre moral autoritaire de la droite à l’extrême droite.

Le contexte de notre Université d’automne de 2025 manifeste que nos craintes n’étaient pas vaines. Quand par exemple dans un dossier de notre revue de juin 2012 l’interrogation portait sur la « focalisation sur l’islam », ou quand dans l’éditorial du même dossier nous interrogions le changement d’adversaire des polémiques laïques, visant dorénavant non plus l’Eglise catholique mais « l’Autre, étranger radical et naturalisé dans sa foi, qu’il faudrait résolument éloigner ou détruire », nous cherchions à comprendre le moment d’une « tempête sur [contre] la laïcité ».

De loi en loi, du début des années 2000 à aujourd’hui, nous avons assisté à une extension du principe de neutralité qui concernait d’abord l’Etat et ses fonctionnaires et qui pour la première fois (avec la loi de 2004) s’appliquait aux personnes privées, point d’appui pour les revendications de neutralisation autour de la sphère éducative (parents accompagnateurs, étudiantes…). Plus encore, en adjoignant les « valeurs de la République » à l’idée de laïcité, la loi de 2021 en a changé la nature : la laïcité passait alors de la protection de la liberté (liberté de conscience et de culte) à la promotion d’une morale et à une conception normative de la « bonne vie » sociale. Ce changement conduit à une mise en tension entre ce principe de laïcité dévoyé, qui se veut pourtant toujours émancipateur, et des principes éminemment progressistes comme le féminisme, l’antiracisme, l’internationalisme et même le caractère social et égalitaire de notre République. Suite aux attentats subis par la France, on peut parler d’un double tournant, sécuritaire et substantiel. Il ne s’agira plus seulement de respecter la loi mais de lui faire révérence.

Politistes, juristes, historien-nes nous aideront à comprendre ce qui s’est passé depuis un peu plus de vingt ans, ce qui articulera notre défense de la laïcité au refus des instrumentalisations politiciennes. Une attention au travail de nos sections et de nos juristes montrera nos actions contre les dévoiements de politiciens qui peuvent à la fois défendre les crèches de Noël, en infraction avec la loi de 1905, et interdire les tenues des femmes musulmanes malgré les décisions juridiques. Un retour réflexif sur nos démarches en direction des quartiers populaires nous aidera à œuvrer à la défense de la laïcité et des libertés publiques que promeut la loi de 1905.

Samedi 29 novembre

9h30-10h

Ouverture

10h-12h

Table ronde 1 – La laïcité en France et dans le monde

Animation : Emmanuelle Jourdan-Chartier, cosecrétaire générale de la LDH

Etat du travail de recherche sur la loi de 1905 ? Des diverses inflexions subies par la laïcité ? Où en est-on aujourd’hui : une inflexion sécuritaire ? La France dans l’Europe, y a-t-il véritablement une spécificité française en matière de laïcité ? Qu’en est-il de la finalité émancipatrice ?

Jean Baubérot-Vincent

Bertrand Ogilvie

Philippe Portier

13h30-15h

Table ronde 2 – La LDH et la laïcité

Animation : Marie-Christine Vergiat, membre du Comité national de la LDH

La LDH à l’origine de la loi de 1905 ? La défense de la laïcité est inhérente à l’identité de la LDH. Comment l’association a accompagné (et combattu) les inflexions autoritaires de la laïcité dans les 25 dernières années ? Quels sont ses engagements et ses pratiques aujourd’hui ?

Jean-Pierre Dubois, président d’honneur de la LDH

Emmanuel Naquet, coresponsable du groupe de travail « Mémoires, histoire, archives »

Marion Ogier, membre du Bureau national de la LDH

15h15-16h45

Ateliers – Les actions de la LDH

Interventions en milieu scolaire

Action juridique : l’exemple des crèches

La laïcité à l’hôpital

La laïcité dans l’entreprise, quel rôle de la LDH

La loi sur le voile dans le sport

17h-18h30

Table ronde 3 – Jeunes, écoles, laïcité

Animation : Martine Cocquet, coresponsable du groupe de travail « Education,  jeunesse et droits de l’enfant »

La loi de 2004 a constitué un double point de bascule : d’une part, on est passé de l’obligation de neutralité pour les agents du service public à une obligation pour une partie des usagers, les élèves ; d’autre part, la question des signes religieux à l’école a supplanté la bataille contre l’école privée. Comment apprécier les conséquences de cette loi ? Les discours récurrents sur la difficulté de faire vivre la laïcité à l’école sont-ils conformes à la réalité ? Quels effets ont eu sur les personnels et sur les élèves les attentats, notamment le meurtre de Samuel Paty ?

Vanille Laborde

Françoise Lantheaume

Françoise Lorcerie

19h

Verre de l’amitié

dimanche 30 novembre

9h-9h45

Compte rendu des ateliers

9h45-11h

Table ronde 4 – La laïcité dévoyée, l’offensive réactionnaire

Animation : Daniel Boitier, coresponsable du groupe de travail « Laïcité » de la LDH

Jean Baubérot-Vincent parle de laïcité « falsifiée ». Le rapport Baroin de 2003 opposait laïcité et droits de l’Homme. Aujourd’hui, les partis d’extrême droite se prétendent défenseurs de la laïcité. Comment l’extension de la neutralité s’est retournée contre la liberté de conscience et de culte, inscrite à l’article 1 de la loi de 1905, ou à la liberté religieuse, pourtant défendue par les textes européens et internationaux ? Mais aussi comment la loi séparatisme et le contrat d’engagement républicain ont pu mettre en crise les libertés associatives ? Au point que, si l’on observe les populations le plus souvent visées, notre défense de la laïcité se heurte au soupçon que la laïcité soit devenue discriminatoire ?

Nicolas Cadène

Martine Cohen

Stéphanie Hennette-Vauchez

Alain Policar

11h15-12h45

Table ronde 5 – Laïcité et féminisme

Animation : Joël Roman, membre de la LDH et membre du groupe de travail « Laïcité » de la LDH

On ne compte plus les débats, les mesures – souvent illégales – et les propositions de loi qui au nom de la laïcité se focalisent sur les femmes, plus précisément les femmes musulmanes et/ou racisées. Si la laïcité est incontestablement une garantie pour les droits et les libertés des femmes, quels sont les enjeux et les conséquences de ces débats et des surenchères qu’ils suscitent ? Dans quelle mesure au nom de l’émancipation des femmes aboutissent-ils à rogner leur liberté et à produire des discriminations ?

Hélène Ba

Françoise Dumont, présidente d’honneur de la LDH

Suzy Rojtman

14h30-16h30

Table ronde 6 – La laïcité dans les quartiers populaires

Animation : Joëlle Bordet, coresponsable du groupe de travail « Laïcité » de la LDH

Les quartiers populaires sont souvent montrés du doigt en matière de laïcité. Pourtant, la réalité est complexe et n’a rien à voir avec la vision caricaturale qu’en ont certains. Cette table ronde se place dans le prolongement d’un travail initié par le groupe de travail « Laïcité » dans un certain nombre de quartiers populaires.
Elle vise à montrer la diversité de la réalité vécue en croisant les expériences d’un élu d’une grande ville, d’un religieux intervenant dans une double perspective d’éducation populaire et religieuse, d’un directeur de centre social et d’un sociologue.

Saliou Faye

Wajdi Liman

Patrice Leclerc

Julien Talpin

16h30

Conclusion

Nathalie Tehio, présidente de la LDH


Source: 31e Université d’automne de la LDH : Laïcité 1905-2025 – Défendre une loi de liberté

Carton rouge pour la PPL « Laïcité dans le sport » ! 3 juin, 2025

Table-ronde organisée par la LDH le mercredi 11 juin 2025, à 18h, au siège de la LDH (Ligue des droits de l’Homme), 138 rue Marcadet 75018 Paris ou en visioconférence, sur inscription

« Laïcité dans le sport » ou islamophobie ?

Le Sénat ayant adopté en première lecture une proposition de loi (PPL) « visant à assurer le respect du principe de laïcité dans le sport », la commission des affaires culturelles et de l’éducation doit examiner ce texte.

Il prévoit à la fois d’interdire le port de signes religieux dans les compétitions sportives et d’imposer le « respect des principes de neutralité du service public et de laïcité » dans les règlements d’utilisation d’une piscine ou d’une baignade artificielle publique à usage collectif.

Ces deux points nous semblent particulièrement problématiques au regard du droit à la liberté de conscience et de religion garantie par l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’Homme.

Cette proposition de loi entre également en contradiction avec le droit de disposer de son corps et plus spécifiquement l’autonomie personnelle, protégée par l’article 8 de cette Convention.

Enfin, il ressort de l’exposé des motifs et des travaux parlementaires que la proposition de loi, en dépit de son énoncé universel, cible les femmes musulmanes qui portent le foulard. Partant, elle revêt un caractère discriminatoire.

Nous voudrions discuter, lors de cette table ronde, de l’impact d’une telle interdiction sur la pratique du sport, ses valeurs, et plus généralement sur l’émancipation des femmes. Nous nous interrogerons également sur sa dimension islamophobe.

Interventions :

  • Hélène Ba, juriste et co-fondatrice de Basket pour toutes ;
  • Emmanuelle Bonnet-Ouladj, co-présidente de la FSGT de 2017 à 2024 et administratrice du Comité national olympique et sportif français ;
  • Sabine Gagnier, responsable du programme justice de genre et non-discrimination à Amnesty international France ;
  • Marion Ogier, avocate au Barreau de Paris ;
  • Nathalie Tehio, présidente de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) ;
  • Haïfa Tlili, sociologue spécialiste du sport.

Source: Carton rouge pour la PPL « Laïcité dans le sport » !

Défendre la laïcité, célébrer la loi du 9 décembre 1905 7 décembre, 2024

Communiqué LDH

La LDH (Ligue des droits de l’Homme), liée par son histoire à la loi de 1905, tient à rappeler, en ce jour anniversaire, l’intérêt et l’actualité de cette loi séparant l’Etat et les cultes.

Ce texte, en date du 9 décembre 1905, instaure une séparation entre les  institutions publiques et les cultes et par conséquent leur liberté de s’organiser comme ils l’entendent et la consécration de l’égalité des religions devant la loi, mettant un terme au concordat avec Rome et l’Eglise catholique. Cela permet aussi l’expression critique des religions.

La LDH a toujours combattu, y compris au plan juridique, pour assurer le respect du principe de laïcité qui impose à l’Etat et aux collectivités publiques la neutralité vis-à-vis de toutes les religions et interdit les signes ou emblèmes religieux au sein des bâtiments abritant le siège d’une collectivité publique.

Elle s’inquiète aujourd’hui de ce que certains se réclament indûment de la laïcité pour mener des combats idéologiques et politiques de division alors même que la loi de 1905 permet de rassembler et de faire société.

Outil de préservation de la liberté de conscience, la laïcité semble en effet devenue pour certains le prétexte à affirmer une identité nationale fantasmée, aux contours plus que contestables.

C’est ainsi que certains maires, tout en se prétendant laïques, persistent à installer des crèches catholiques dans leurs mairies, où elles sont pourtant interdites depuis 1905. C’est ainsi que des responsables politiques de haut niveau prétendent aujourd’hui « transformer » cette loi en constituant un droit spécifique aux musulmans, souhaitant leur imposer un concordat – concordat qui leur est par ailleurs refusé en Alsace-Moselle –, ce qui reviendrait à étendre encore davantage un traitement différencié des religions. Le projet est particulièrement dangereux puisqu’il fait écho aux activités d’individus et de groupes qui s’en prennent à la laïcité au nom d’identités culturelles ou religieuses placées au-dessus du droit commun. C’est ainsi encore que la laïcité est faussement invoquée et à contre-sens des principes posés tant par la loi de 1905 que par la Convention européenne des droits de l’Homme, pour discriminer les femmes musulmanes interdites d’expression de leur religion dans l’espace public ou dans le sport.

Face à cette même logique des uns et des autres, logique délétère en ce qu’elle divise, oppose, nourrit les discriminations, les exclusions et les violences, la LDH rappelle qu’en séparant l’Etat et les cultes, la loi de 1905 s’inscrit dans un esprit d’universalité et d’égalité des droits. Ce faisant, elle promeut la liberté de conscience et de culte, permet la liberté d’expression des religions autant que son corollaire, la liberté de critique des religions.

C’est pourquoi la LDH appelle à faire vivre la loi de 1905 pour ce qu’elle est : une loi de liberté.

Paris, le 7 décembre 2024

Télécharger le communiqué LDH en pdf.

Source: Défendre la laïcité, célébrer la loi du 9 décembre 1905

L’école n’est pas un outil de recensement des pratiques religieuses de ses élèves 23 mai, 2023

Communiqué LDH

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) a pris connaissance des articles de presse faisant état de la demande faite par des policiers, à une centaine  d’établissements scolaires de la région toulousaine, d’indiquer le taux d’absentéisme de leurs élèves le 21 avril 2023, date de la fête musulmane de l’Aïd-el-Fitr marquant la fin du ramadan.

Cette demande est scandaleuse dans la mesure où elle vise à s’enquérir des pratiques religieuses d’élèves en instrumentalisant l’Education nationale, le personnel administratif des établissements et les enseignants eux-mêmes qui se retrouvent dans une situation où on leur enjoint de se faire le relai d’une information concernant leurs élèves alors même qu’ils ont pour mission d’enseigner les principes de laïcité et d’égalité incompatibles avec cette remontée d’information.

Vérifier le taux d’absentéisme d’élèves un jour de fête religieuse spécifiquement musulmane dénote la volonté des pouvoirs publics d’appliquer une règle spécifique à une pratique ou une croyance religieuse parmi toutes autres pratiques, croyances ou non croyances.

L’école ne saurait être l’outil du recensement des pratiques et des croyances de ses élèves.

La LDH exige que la lumière soit faite sur l’origine de cette enquête et est inquiète de telles dérives qui s’inscrivent dans une multitude de pratiques insidieuses visant spécifiquement les personnes à raison de leur croyance et de leur pratique de l’islam.

Paris, le 22 mai 2023

Télécharger le communiqué LDH en pdf.

Source: L’école n’est pas un outil de recensement des pratiques religieuses de ses élèves

Lettre de soutien à la Libre Pensée 3 mai, 2023

Lettre de soutien de la Présidence.

Paris, le 2 mai 2023

La Libre Pensée (LP) est, dans sa défense de la laïcité et de la loi de 1905, objet de polémiques, certains de ces militants sont attaqués sur les réseaux sociaux, sa librairie vient d’être taguée. Sont particulièrement visées par la droite et l’extrême droite (Reconquête) ses actions contentieuses portant sur les crèches catholiques installées dans des bâtiments publics, ou encore, en Vendée, la réinstallation de la statue de Saint-Michel dans l’espace public.

Les attaques contre LP mêlent ignorance laïque, mauvaise foi et volonté de changer la loi de 1905. Il suffit en effet de rappeler l’article 28 de la loi de 1905 pour saisir la légitimité des recours juridiques de LP : « Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions ».

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) a plusieurs fois rappelé avec un collectif d’associations laïques historiques qu’il ne faut pas toucher à la loi de 1905 et qu’il faut défendre la laïcité. Il s’agissait en particulier de s’opposer à ceux qui voudraient inscrire dans la Constitution « les racines chrétiennes de la France » et qui, en conséquence, en violation de l’article 1 de la Constitution, contestent « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion » en stigmatisant nos concitoyens de confession musulmane ou supposés tels.

Depuis 1847, date de sa fondation, la Libre Pensée, association de conviction, défend l’athéisme philosophique tout en refusant d’en faire un principe constitutionnel, et promeut la laïcité comme mode d’organisation des services publics et de l’Etat et non comme une philosophie. Cet équilibre entre positions convictionnelles et défense d’une laïcité de liberté pourrait inspirer les défenseurs de convictions religieuses ou autres dans le cadre d’une promotion de la laïcité et de la liberté de conscience.

Pour toutes ces raisons, la LDH apporte son soutien à la Libre Pensée, objet de campagnes diffamatoires.

Patrick Baudouin
Président

Marie-Christine Vergiat
Vice-présidente

 

Source: Lettre de soutien à la Libre Pensée