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Ligue des droits de l'Homme

Section du Pays d'Aix-en-Provence
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Cercle de silence

12 avril @ 11:30 - 12:00

Chers amis,

Pour combattre l’agressivité que développent à l’égard des étrangers certains hauts responsables politiques, en France comme dans de nombreux pays européens, il est absolument nécessaire que les citoyens manifestent dans tous les réseaux possibles leur opposition à l’intoxication xénophobe qui se déploie sans fard et à tout moment dans notre environnement médiatique.

Cette intox s’édifie toujours sur les mêmes faux arguments ressassés depuis plus d’un siècle et c’est particulièrement le cas du lien qui est invariablement fait entre l’immigration et les taux de criminalité.

Or selon la tribune publiée dans le Monde le 25 mars dernier par trois économistes de renom, Gianmarco Daniele, Olivier Marie et Paolo Pinotti, « [il n’y a] aucun lien significatif {…]. Au contraire, en utilisant des méthodes statistiques rigoureuses, il apparaît que, même dans les régions où l’immigration est importante, les taux de criminalité n’augmentent pas. »

Ils précisent à l’inverse que « les recherches montrent […] que les politiques d’intégration peuvent réduire significativement la criminalité. L’octroi d’un statut légal aux immigrants favorise leur insertion économique et sociale tout en diminuant les comportements déviants. A l’inverse, les mesures restrictives qui criminalisent les immigrés en situation irrégulière ou limitent leur accès à l’emploi peuvent, paradoxalement, accroître la criminalité. Privés d’opportunités légales, ils deviennent plus vulnérables à l’exploitation ou aux activités illégales. L’élargissement de l’accès à l’emploi légal, notamment pour les demandeurs d’asile et les groupes vulnérables, contribuerait ainsi à des communautés plus sûres. »

Soulignons que c’est à travers les interventions de ségrégationnistes patentés dans les grands médias, ainsi que par les publications racistes de la presse réactionnaire, qu’un certain public s’habitue à ces représentations falsifiées de l’immigration et au système de plus en plus répressif mis en place, un public qui devient alors insensible aux véritables persécutions que subissent les exilés.

C’est ainsi que les 26 et 27 mars une vaste opération de contrôles, une rafle selon la Cimade, s’est déroulée à la frontière franco-espagnole – grâce à la mise en place d’une « Force Frontière » – et aussi ensuite dans la région Nouvelle-Aquitaine sur les principaux axes de circulation, les gares, les péages et les aires de repos des autoroutes.

Résultat : interpellation de 224 étrangers en situation irrégulière dont 10 ont été mis en centre de rétention, 35 assignés à résidence, 49 mis sous OQTF… et très peu de remous citoyens !

Rappelons qu’une dizaine de jours auparavant, le 17 mars, une violente expulsion de jeunes migrants – près de 450 dont une forte proportion de mineurs isolés en attente de leur audience devant le juge des enfants pour la reconnaissance de leur minorité – avait été programmée par le préfet de police de Paris, à 6h du matin, au théâtre de la Gaîté Lyrique.

 

Des militants et collectifs de soutiens avaient alors réussi à se mobiliser rapidement mais n’ont pu empêcher, dès 5h40, ni les charges policières et les jets de grenades lacrymogènes, ni la chasse aux jeunes gens qui ne voulaient en aucun cas monter dans les cars réquisitionnés à destination de différentes villes de France…

L’un de ces jeunes qui a réussi à échapper au dispositif policier, assis près d’un supermarché du boulevard Sébastopol semble choqué : « pourquoi ils nous agressent comme ça ?», lâche ce jeune Ivoirien arrivé il y a huit mois en France. « Je n’ai rien fait de mal, je vous jure, j’attends juste mon rendez-vous chez un juge, je ne pose de problème à personne », assure-t-il. « C’est juste qu’il fait trop froid pour dormir dehors, alors c’est mieux d’être là, à la Gaîté », dit-il les yeux rougis par les gaz lacrymogènes.

Les cercles de silences participent, modestement certes, à la résistance contre les idées nauséabondes répandues sur les exilés, il est important de poursuivre ces témoignages en faveur de la fraternité, laquelle s’oppose radicalement à toute discrimination fondée sur la qualité des personnes qui vivent sur un même sol.

Nous vous invitons à nous rejoindre au prochain cercle de silence, samedi 12 avril 2025 de 11h30 à midi, place de la Rotonde à l’orée des Allées Provençales.

Philippe Chouard

Détails

Date :
12 avril
Heure :
11:30 - 12:00

Lieu

Allées Provençales